Si les parents de Vanellope avaient pu choisir une date de naissance pour leur fille, ça n’aurait pas été un première avril. Sans doute, cette fatalité correspondait bien à ce qui allait suivre.

Issu d’une famille de sang-pur installée dans la ville de Schwerte et tissant son influence dans tout le district d'Arnsberg en Allemagne, Vanellope n’avait pas conscience de la déception qu’elle serait pour ces adultes aux attentes si typiques de la bourgeoisie magique.

Le domaine, appartenant au Von Schweetz, n’accueillait pas seulement la famille proche depuis des générations, mais également quelques sang-purs du nord-ouest du pays. Ainsi, une forme de petite communauté s’était mise en place sur les terres du domaine. Et si les parents de Vanellope auraient dû se trouver maîtres en leur demeure, un sorcier qui, de ses dires, était rattaché par les liens du sang au propriétaire originel des lieux, avait pris la tête de la gestion de la communauté : Lord Süßigkeiten. Personne n’avait osé ou pensé remettre en cause ni ses dires ni ses décisions. Sans doute l’œuvre de quelques magies noires.

Les premières années de la demoiselle furent néanmoins très heureuses. Du moins à hauteur des souvenirs qu’il reste à un enfant de 4 ans. Une atmosphère joyeuse, colorée, pleine de désirs assouvis, de cadeaux et de câlins. Ses deux parents n’attendaient pas encore que leur fille réponde à des quelconques critères. De quoi bien se faire voir afin de se faire une place de choix au côté de Lord Süßigkeiten. Non. Pour l’heure, ils aimaient leur fille et attendaient avec impatience de voir se développer ses premières manifestations magiques.

Vanellope avait bénéficié de cours distribués dans la bibliothèque locale, réservés aux enfants dont les pouvoirs devaient un jour se manifester. Loin d’être aux goûts de la demoiselle qui avait tout le mal du monde à rester dans un lieu fermé plus de temps qu’il n’en faudrait pour vexer un hippogriffe, les cours avaient finis par être une option pour la jeune fille qui tardait à démontrer le moindre signe de magie. La moindre occasion était bonne pour se soustraire à la vigilance de l’instituteur. Avec la quinzaine d’enfants que l’instituteur avait sur les bras, plus ou moins doué en sorts et enchantements, tous du même âge que la petite, la tâche avait des aires de facilité.

Pour une jeune fille dont les défis étaient le mode de fonctionnement par défaut, il lui fallait quelque chose à sa hauteur. Quelque chose de l’ordre de l’escapade. Les adultes seraient sûrement impression par son endurance et ses capacités d’esquive si elle arrivait à se rendre jusqu’au village moldu le plus. Elle n’en saurait jamais rien, car ses 7 ans ne lui permettaient que d’en rêver et finalement, ce fut le village qui vient à elle.

Un garçon à qui Vanellope aurait facilement pu donner la dizaine se présenta, ou plutôt échoua, aux portes du domaine. Et si la demoiselle n’avait jamais réussi à en passer le seuil, le garçon lui, y avait mis les pieds sans rencontrer de résistance. Après quelques boutades, quelques parties de cache-cache avec les adultes qui ignoraient même être en train d’y jouer les loups, les enfants devinrent ami.
Le garçon apporta à la fillette les jeux vidéo rétro, développant le goût de Vanellope pour les jeux de cours, et de quoi réaliser les projets les plus fous de la demoiselle. À ses côtés, elle construit des pistes de courses, des châteaux-forts et des voitures en cartons dont seule l’imagination pouvait leur donner un moteur fonctionnel.

Leur plus belle réalisation vient suite à découverte inopiné du karting chez les Von Schweetz. Une télévision oubliée et allumée sur une chaîne coûteuse de sport. Des F4 lancés à toute allure, la carrosserie brillante au soleil, les pneus crissant dans les virages. Vanellope senti son cœur battre plus fort, fascinée par la dextérité des coureurs. C’était CA qu’elle voulait construire avec son ami ! Elle fit des dessins et encore des dessins jusqu’à ce qu’elle-même ne sache plus très bien où elle voulait en venir.
Elle apporta son œuvre. Ralph trouva les pièces. Les vacances suffirent tout juste à voir naître le véhicule le plus hétéroclite de l’histoire du monde magique. Les couches de peinture n’enlevèrent pas la touche rafistolée du bolide qui avait eu le malheur de subir des intempéries avant même sa première utilisation. Ne manquait plus qu’à le faire rouler, en un seul morceau, sur une de leurs nombreuses pistes de course.

Vanellope y croyait assez pour qu’un bruit de moteur commence à ronronner à l’avant de la voiture de course faite de bouts de bois et de cartons. Le vent dans ses cheveux était également d’avis de croire au rêve de la demoiselle. La voiture fonctionnait ! Sans doute aurait-il été plus prudent de tester si toutes les commandes répondaient aux attentes rudimentaires d’un véhicule, mais la petite ne savait déjà pas comment elle avait fait pour la faire avancer, alors la faire tourner ou la stopper, c’était beaucoup lui en demander.

C’est ainsi que la classe assista également à la première manifestation magique de la jeune fille, sous une pluie de livres et le crissement des bureaux renversés. Le moteur ronronnait encore, crachant des gerbes de paillettes roses et turquoise avant de partir en fumée dans un beau ton rose fushia. Vanellope était aux anges. Sa magie était le reflet de son énergie débordante. Impulsive et explosive, jamais dépourvu de bonnes intentions.

Dans ce genre d’affaire, le Ministère fini toujours par avoir voix au chapitre. Du moins ce fut l'explication donnée à la demoiselle lorsque Ralph fut renvoyé chez lui. Vanellope ne pu savoir ni ce qu’on allait lui faire ni ce qu'on lui avait déjà fait. Après tout peut-être que le garçon possédait aussi des pouvoirs et qu’il avait aidé à la mise en marche de la voiture ! Au fond, elle ne connaissait pas ses origines. Elle fut contrainte de faire confiance au dirigeant de sa communauté et à sa décision de tenir éloigné le garçon. Pragmatique, la petite savait que le temps du jeu était fini et que le vrai temps des études allait commencer. Maintenant que ses pouvoirs s’étaient manifestés, elle avait un avenir dans sa communauté. Sa première manifestation magique avait été assez spectaculaire pour s’attirer les bonnes grâces de ses camarades. Lord Süßigkeiten allait être ravi d’avoir une sorcière aussi prometteuse à ses côtés.

S’il y avait bien des choses à reprocher au Lord, son goût pour l’innovation n’en faisait pas partie. L’homme avait pour horreur d’être laissé sur la touche et avait bien pour idée de progresser au même rythme que son temps voir plus vite encore. Avec une première manifestation magique intimement liée à ce nouveau courant mêlant technologie moldu et magie, Vanellope bénéficia d’une attention toute particulière durant ses dernières années d’enseignement à Schwerte.

C’est à cette période que la vie commença à se présenter à la demoiselle sous son vrai jour. La magie de Vanellope était complexe à maîtriser et la demoiselle était loin de fournir les efforts nécessaires pour répondre aux attentes des adultes. Les techniques d’apprentissage de la magie, trop conservatrices, étaient en si grande opposition avec le goût pour l’innovation du Lord Süßigkeiten. Elle ne comprenait pas qu’avec l’enthousiasme qui avait suivi ses premiers pas dans le monde des futurs sorciers, les enseignants la briment de la sorte. Il n’était de fait pas question de se conformer aux méthodes des plus vieux. Elle, souhaitait tester, expérimenter, réinventer la façon d’user de son don magique.

Le bureau du dirigeant lui semblait tout destiné à répondre à ses attentes, en vue des inclinaisons de son occupant. Mal lui en prit de réussir à s’y infiltrer. Plutôt que d’y trouver des grimoires novateurs ou bien des dossiers de recherches mêlant usage moldu et sortilèges, la petite fille y découvrit des vérités plus sombres, dont un acte de propriété au nom de ses parents. Et si la politique et les histoires de pouvoirs intéressent peu les enfants de 9 ans, les adultes eux avaient tendance à voir le monde à leur hauteur.

Dès le lendemain, Vanellope se découvrit une nouvelle capacité. Plus une malédiction qu’un nouveau don, cette dernière enclenchait un phénomène proche du transplanage. La jeune fille se sentait transportée à quelques mètres de sa position précédente. Ce n’était pas grand-chose, mais les inquiétudes apparentes du Lord Süßigkeiten finir par se rependre dans le domaine. Les autres enfants de la communauté ne furent pas longs à exclure la demoiselle de leurs jeux, puis, assez rapidement, de leurs vies, aidés par les préconisations parentales.  

En apparence soucieux du bien-être de la petite, Lord Süßigkeiten réussi à glisser l’idée qu’une éducation extérieur pourrait lui faire le plus grand bien et peut-être guérir son anomalie qui à n’en pas douter venait de l’incapacité de Vanellope à maîtriser son pouvoir. Il connaissait une très bonne école qui, suite à un changement de direction, ne pourrait que se montrer à la hauteur pour redresser la jeune fille.

Ce ne pourrait être que pour le mieux. Avec des nouveaux camarades, elle s’offrirait un nouveau départ, loin de tout préjugé.

(c) Ilukaan