Finnegan est le deuxième fils de la famille O’Connor, une grande famille de Sang-Purs dont le nom est connu depuis des générations par toutes les autres familles Sang-Pures. Sa mère, Isibeal O’Connor, est une avocate du Magenmagot ; son père, Donovan O’Connor, est un médicomage renommé, notamment car il est celui de plusieurs joueurs de Quidditch d’équipes différentes. Ils se sont rencontrés plutôt jeunes, suite à une soirée organisée par une autre famille de Sang-Purs. Ça se passe souvent comme ça, dans le milieu…

Finnegan ressemblait tant à son frère, quand il est né. Quel dommage qu’il soit le deuxième. Sean avait déjà tout fait, alors forcément, Finnegan ne faisait pas figure de nouveauté. C’était du réchauffé. Mais il vaut toujours mieux avoir un deuxième enfant, pour les successions, au cas où.
Il a eu une enfance plutôt solitaire. Toute l’affection de ses parents était concentrée sur Sean, qui lui non plus ne portait pas beaucoup d’attention à son petit frère. Même quand toute la famille était réunie, les cousins, les tantes, les oncles, tout le monde ne faisait que vanter les mérites de Sean. Sean, Sean, Sean. Finnegan finissait par le détester. Pas tant parce qu’on l’aimait, mais parce que lui-même finissait tout simplement par être invisible. C’était comme s’il n’existait pas. Pourtant, chaque fois qu’il faisait quelque chose qui n’allait pas, on n’oubliait pas de le corriger et de le remettre directement dans le “droit chemin”.

Quand il eut environ 6 ou 7 ans, on décida de lui faire faire des activités artistiques et sportives. Si le sport lui sembla plus être une corvée qu’autre chose, il fut cependant très vite épris des sons qu’il pouvait faire avec son violon et son archet. Au début, parce que les sons étaient si horribles qu’ils énervaient tout le monde (mais il fallait bien qu’il s’entraîne !) et ensuite, parce que les mélodies mélancoliques et douces l’apaisaient. Ensuite, parce que quand il jouait sur scène, c’était lui qui avait la vedette, l’espace d’un instant, et pas Sean (qui lui, n’avait vraiment pas la fibre artistique - il avait abandonné le piano au bout de deux mois). Finnegan se voyait déjà musicien. Il se voyait déjà devant des salles combles, dans un orchestre, faire son solo de violon. Mais ses parents le ramenèrent vite à la réalité : la musique, ce n’est pas un vrai métier, c’est juste un hobby. De toute façon, comme ses parents, et comme leurs parents avant eux, il deviendrait médicomage ou avocat. Pourquoi vouloir déroger à une règle qui existait depuis des temps immémoriaux ?

Ce fut lors d’une énième “dispute” à base de “déception” que Finnegan eut sa première manifestation magique. De colère, il avait fait éclater toutes les ampoules du grand salon. Seule celle au-dessus de l’arbre généalogique avait encaissé le choc.

Pendant sa dixième année, il fut invité à se rendre aux différents bals qu’organisaient les familles Sang-Pures d’Europe de l’Ouest. Le but avoué de ces réceptions était de marier les enfants, afin que la pureté du sang perdure tout en évitant la consanguinité. Sans lui demander son avis, il fut “fiancé” à une fille de son âge, Hilda Wagner, jeune demoiselle venue d’Autriche. Elle était plutôt jolie, mais ils n’avaient absolument rien en commun. Et plus ils passaient de temps ensemble, moins ils s’appréciaient.

Le temps vint d’inscrire Finnegan à une école de magie, et rapidement, on décida de l’envoyer à Ilukaan, tout comme son grand frère avant lui. Partir dans une école internationale lui permettrait de rencontrer d’autres Sang-Purs de différents horizons ; pourquoi se limiter à l’Europe, après tout, quand la planète toute entière nous tendait les bras ? De plus, cette école offrait une éducation de qualité, et il pourrait faire toutes ses années de médecine ou de droit là-bas. De toute façon, il n’eut pas voix au chapitre. Même quand ça le concernait, on ne lui demandait jamais son avis.

Il n’était pas inquiet. Il n’était pas triste non plus. En fait, il était même plutôt soulagé de ne plus avoir ses parents sur le dos. Bien sûr, il restait son frère, qui n’avait que trois ans de plus que lui, mais c’était mieux que rien. Ses premiers mois furent passés à suivre son frère comme son ombre - lui qui voulait tant s’en détacher, il se rendait compte qu’il était en fait vraiment difficile de perdre toute attache avec quelque chose de familier dans un environnement qui lui, était loin de l’être. Même si cela voulait dire fermer les yeux sur les brimades que son frère et sa bande faisaient subir à d’autres élèves plus jeunes. Combien de fois s’était-il mis en retrait, le temps que les autres en aient fini avec ceux qui devenaient leurs victimes ? Il n’aurait su le dire.

Lélio Murphy l’avait impressionné. Parce qu’au lieu de subir en attendant que ça passe, il s’était relevé et défendu. Il n’avait jamais cédé, malgré les coups, malgré les insultes. Alors, il avait voulu devenir son ami. Se détacher définitivement de son frère, essayer peut-être de réparer les pots cassés. Mais quand il s’était présenté, Lélio l’avait tout bonnement envoyé balader. A coups d’insultes, lui aussi. Eh bien… Il n’avait pas insisté plus que ça. Par contre, Lélio avait visiblement décidé que Finnegan était devenu sa victime à lui. C’était Sean, le premier, à lui dire qu’il ne devait pas se laisser faire par les “Sang-de-Bourbe”, ce qui avait fait froncer les sourcils à Finnegan. Ce n’était pas pour ça, qu’il allait se défendre, mais parce qu’il ne voulait pas que ça continue ainsi quand il n’avait rien fait de plus qu’essayer d’être amical.

Alors il rendait la pareille à Lélio, chaque fois qu’ils se croisaient. Quand Lélio lui faisait une crasse, il s’arrangeait pour se venger. Cela finit par devenir un cercle vicieux. Et il détestait penser à lui, même si ce n’était que pour chercher des vengeances à la hauteur. Mais sa vie ne tournait pas autour de Lélio. Durant ces années à Ilukaan, il put expérimenter de nombreuses choses. Des premiers crush, des premiers couples même, bien loin de la fiancée qu’il était censé avoir avant que Sean ne la trouve mignonne et ne la lui vole. Grand bien leur fasse, au moins il était un peu plus libre.

Et cette année, ce sont les ASPIC. Et il n’est toujours pas décidé sur la voie à suivre.

(c) Ilukaan