L’histoire des jumeaux Davis commence le 19 janvier 2007 dans la ville de Bloombury. Si c’est le plus beau jour de sa vie pour Robert Davis, Minerva donne presque l’impression que c’est un vendredi comme un autre. Elle donne naissance à une fille, Allison, et un garçon, Alistair.

Pendant les premières années de leur vie, les jumeaux sont élevés par leurs deux parents. Les mots d’ordre de Minerva ? Discipline et excellence. La mère a toujours vécu dans l’ombre de sa jumelle, Athéna, avec laquelle elle avait toujours été mise en compétition, alors s’il y avait bien un terrain sur lequel elle pouvait vaincre sa sœur, c’était avec sa progéniture. Mais l’éducation stricte de la sang-pur n’est pas au goût du sang-mêlé, et le couple se sépara alors qu’ils étaient encore bambins.

Si en termes de romance, Minerva ne pouvait pas se vanter d’avoir fait mieux que sa sœur, elle pouvait au moins se targuer d’avoir gardé contact avec ses enfants, dont ils se partageaient la garde. Dès leurs six ans, ils oscillèrent entre la demeure chaleureuse de leur père, et le foyer discipliné de leur mère.

Alistair ne se souvient que de son enfance passée chez son père, mais dans tous ses souvenirs il ressent vivement l’étouffant étau maternel dans sa cage thoracique. Il se souvient parfaitement de la sensation de ne pas se sentir capable de rire comme sa sœur et son père, d’avoir parfois l’impression d’être de trop dans le tableau chaleureux qu’était leur relation. Comme d’être observateur de sa propre vie. Il était incapable de se défaire des règles dictée par sa mère et ce même lorsqu’il était loin d’elle.

Bien que Minerva les poussait toujours vers l’excellence, Allison ne devint jamais une rivale à ses yeux. La demoiselle était plus adepte de l’artisanat et de la création, lui se tournait plus vers les matières théoriques. Cela se réfléta aussi dans leurs premières manifestations de magie.

Les jumeaux Davis étaient des enfants précoces. A 6 ans, ils avaient tous révélé leur magie, à moins de vingt-quatre heures de différence. Allison chez leur père. Alistair c’était chez leur mère, le lendemain matin. Il butait sur un exercice de mathématiques et, frustré, jeta sa plume sur la table. Il était en train de contenir ses émotions, les bras croisés, quand sa sœur se mit à rire. Le son lui apparut si étranger chez leur mère qu’il releva immédiatement les yeux pour voir que sa plume dansait sur le parchemin devant lui et dessinait des fleurs à avec des chiffres et autres symboles logiques.

Avec cela, les adelphes eurent l’occasion d’apprendre quelques sorts simples avant même de rejoindre Ilukaan. L’école correspondait aux standards de Minerva, et était assez proche pour plaire également à Robert. Les deux parents étaient satisfaits.

Les jumeaux furent tous deux envoyés dans la maison Ursirre. Alistair eut quelque peu de peine à se faire des amis au début, mais cela ne dura pas longtemps grâce à sa sœur qui semblait avoir un don naturel pour approcher les gens. Très vite, le Canadien se trouva un intérêt pour les potions, lui qui depuis tout petit rêvait de devenir médicomage. Leur scolarité à l’école canadienne se déroula sans encombre et en fin de cinquième, Alistair eut la sensation qu’enfin l’emprise de sa mère s'amenuisait quand ils allaient chez leur père.

Si Allison avait été la première à atteindre des jalons dans leur vie, elle fut malheureusement la première à s’éteindre. La magie et la connaissance peuvent faire bien des choses, mais elles ne peuvent empêcher la course de Faucheuse. Les jumeaux faisaient de la randonnée en montagne avec leur père. Un moment d’inattention, une pente glissante, un pied qui dérape, il n’en faut parfois pas plus. Alistair se trouvait derrière elle, en contrebas lorsque c’est arrivé. Il a vu son pied se poser sur la pierre glissante, mais il n’en pensa pas plus. Aujourd’hui, il culpabilise. Il est persuadé qu’il aurait pu empêcher la tragédie et est persuadé d’être fautif.

Mais les accidents arrivent.

La vie suit son cours depuis. Il doit naviguer dans le monde sans celle qu’il considérait comme sa seule alliée, sa moitié. Comment prendre soin de la relation paternelle maintenant qu’il n’y a plus qu’eux ? Comment s’ouvrir à l’autre à nouveau quand la première fois une tragédie arrive ? Comment combattre ce sentiment d’imposture dans sa propre famille ? Comment prendre soin de soi quand sa mère lui a offert comme seule manière de se définir l’excellence académique ?

(c) Ilukaan