Nathaniel Abram Wesninski a 6 ans, quand sa mère décide de quitter Baltimore et surtout son père avec lui sous le bras. Il ne sait absolument pas ce qui l’a décidé à faire cela, ce qui a été la goutte de trop pour elle et il ne lui demandera jamais. Malheureusement Nathan Wesninski n’est pas quelqu'un qu’on quitte, surtout quand on emmène avec soi une partie de sa fortune malhonnêtement acquise, en plus de son unique héritier. Ça n’aurait pas dû se passer comme cela, selon ses plans. Sa femme, Mary Hatford, aurait dû rester à ses côtés et l’aider à étendre son empire. La lignée des Hatford est connue aux États-Unis pour être une grande famille de potionnistes assez peu regardants sur la provenance des produits ou les potions qu’on leur demandait de préparer. Ce mariage aurait dû donc être une opportunité parfaite pour lui, Nathan Wesninski, qui cache derrière son commerce florissant d’ingrédients de potions son appartenance à un grand groupe de trafiquants d’animaux magiques sévissant aux États-Unis. Il gère pour l’organisation des territoires allant des ports de l’est à la Virginie occidentale et on l’appelle le Boucher de Baltimore, vu qu’il utilise régulièrement des sortilèges de découpe sur tout ceux qui osent se mettre en travers de son chemin. Nathan Wesninski aime tout contrôler et n’hésite pas à utiliser la force même sur ses subordonnés pour les discipliner. Et même sur sa famille, aussi. Le corps de Nathaniel en a gardé de nombreuses cicatrices et il en est de même pour celui de sa mère.

Le plan de Mary pour survivre à son mari est simple : courir jusqu'à ce qu’il les oublie ou qu’il passe l’arme à gauche, ce qui est probable vu ses activités. Clairement plus probable que l’oubli, vu qu’il a la rancune tenace. Alors que Nathaniel se souvient très peu des années avec son père, il se rappelle par contre très bien de ses années de fuite. Ils ont tout d’abord essayé de se cacher dans d’autres États américains, avant de décider que ce serait finalement plus sûr de changer de pays. Nathaniel se souvient de Montréal, puis après les pays européens s'enchaînent. La France, la Suisse, l’Autriche et finalement l’Allemagne. À chaque fois qu’ils arrivent dans un nouveau lieu, Mary lui donne une nouvelle identité à apprendre pour les quelques mois où ils vont y vivre. C’est une question de vie ou de mort pour eux. Il est Alex, Stefan, Chris… Mais il lui est formellement interdit d’être Nathaniel ou même Junior comme son père aime le surnommer. Sa mère veille que rien dans les mensonges qu’elle lui fait apprendre ou dans son physique ne puisse le lier à son géniteur. Elle utilise moults sorts de métamorphose pour cacher ses cicatrices, changer la couleur de ses cheveux ou de ses yeux. Sans ces artifices, Nathaniel est le portrait craché de son père et elle en est bien consciente. En tout cas, mentir devient une seconde nature pour cet enfant, un réflexe de survie.

C’est un coup de téléphone qui met fin à leur fuite, le jour du neuvième anniversaire de Nathaniel. Sa mère étant occupée dans la cuisine, le garçon décroche son portable dans le but de lui passer et qu’elle ne loupe pas l’appel. La voix à l’autre bout du fil glace le sang de l’enfant. “Joyeux neuvième anniversaire Junior”, voilà les mots de son père avant que cette journée ne se transforme en cauchemar. Il entend la vitre se briser, sa mère hurler puis plus rien. Ce n’est que deux jours plus tard que Nathaniel se réveille dans un hôpital magique, entouré d’aurors, le corps douloureux et couvert de bandages. Tout ce qui l’intéresse, c’est de savoir où est sa mère. Il n’a toujours compté que sur elle depuis 3 ans, c’est la seule personne à qui il doit faire confiance. Puis il n’est surtout qu’un petit garçon totalement affolé. Finalement, on lui explique que sa mère a fait le choix pendant l’altercation de transplaner à l’hôpital magique le plus proche qu’elle connaissait, même si elle savait que cela mettrait fin à leur cavale. Elle a échangé des soins et une protection contre sa liberté. Bien sûr, elle va fournir aux autorités toutes les informations en sa connaissance concernant son mari, son organisation et même sa propre famille, pour obtenir une réduction de peine, mais surtout pour qu’il n’y ait plus de menaces pour son fils en liberté. Malgré le fait qu’ils vont être placés sous un programme de protection des témoins, elle ne veut prendre aucun risque. Ce n’est donc qu’une fois soigné et de retour sur le sol américain que Nathaniel est définitivement arraché à sa mère. Et il doit encore une fois apprendre une identité, qui sera cette fois-ci la dernière.

Neil Abram Josten est né le 31 mars 2008 à Millport aux États-Unis. Il est élevé par son parrain, Stuart Hatford, le temps que sa mère, Marissa Josten, sorte de prison. Elle a été incarcérée pour trafic d'œuvres d’art. Voilà le dernier mensonge que Nathaniel doit apprendre. D’ailleurs, il n’est plus Nathaniel maintenant, il est Neil. Cette histoire n’est pas si loin de la vérité, quand on la regarde d’un peu plus près. Stuart Hatford n’est pas son parrain, mais son oncle. Il a tourné le dos à sa famille lors de son adolescence, préférant lutter contre la magie noire que la perpétrer. Il travaille au département des mystères en tant que langue de plomb, ce qui est plutôt pratique pour garder une identité secrète. Et il est surtout la plus proche famille de Neil qui soit vivante, hors de prison et de confiance selon le ministère. C’est pour cela que l’enfant lui a été confié. Les débuts sont difficiles, Neil réclamant sa mère à corps et à cris, se méfiant de Stuart et refusant qu’il l’approche. Mais l’homme prend le temps qu’il faut pour apprivoiser Neil, essayant de lui montrer ce qu’est une vie normale. L’enfant abaisse petit à petit ses barrières en remarquant que Stuart ne défoule pas sur lui sa mauvaise humeur, qu’il ne le sanctionne pas sévèrement à chacune de ses erreurs, qu’il accepte et sèche ses larmes… Qu’il ne lui demande tout simplement pas de s’endurcir pour survivre, finalement. Il va falloir des années à Neil pour se reconstruire, mais Stuart lui a enlevé un poids de ses épaules en lui permettant d’être juste un enfant.

Le procès de sa mère est aussi douloureux que de rouvrir une plaie et d’y mettre du sel, pour Neil. Il est tenu d’y assister pour y témoigner, en tant que Nathaniel, mais cela le replonge brutalement dans le passé qu’il essaye d’oublier. Puis surtout, ce procès transforme son héroïne en criminelle. Sa mère qui a toujours tout fait pour le protéger, avec plus ou moins de douceur, avait fait partie du trafic de son père. Beaucoup des chefs d’accusation retenus contre son géniteur le sont aussi contre elle. Elle ne sortira clairement pas avant la majorité de Neil et il ne sait pas comment digérer cette information, en plus de toutes celles qu’il a apprises pendant le procès. C’est peu après cet événement que les crises de panique de Neil commencent. Quand une situation lui rappelle un souvenir ou que quelqu'un lui semble trop proche de deviner qui il est réellement, son corps ne lui répond plus. Sa respiration se bloque, le monde tourne autour de lui, il tremble… Et il a juste envie de fuir le plus loin possible, jusqu'à ce que ses jambes ne puissent plus le porter ou qu’il trouve un endroit où il se sente en sécurité. C’est lors d’une de ses crises, déclenchée par une sonnerie de téléphone trop proche de celle de sa mère, que sa magie se manifeste pour la première fois, formant une bulle pour le protéger du monde extérieur. Fort utile que se mettre en sécurité, certes, mais beaucoup moins pratique quand on est Stuart et qu’on essaye de calmer l’enfant. C’est suite à cet incident que Neil est forcé par son oncle à voir un psychomage une fois par mois. Stuart s’est rendu compte que même avec toute la bonne volonté du monde, il ne peut pas soigner seul toutes les blessures de Neil.

Stuart inscrit aussi Neil dans l’équipe de Quidditch pour enfants sorciers locale, dans l’espoir qu’il apprenne à interagir avec des gamins de son âge. L’adulte sait que dans un an, Neil va devoir entrer dans une école de magie, alors il veut qu’il s’habitue le plus tôt possible à côtoyer d’autres personnes que lui. Par miracle, tout se passe bien pour une fois dans la vie du jeune homme, il adore ce sport, veut aller voir les matchs des grandes équipes et commence même à espérer devenir professionnel un jour. C’est sa mère qui met fin à ce rêve, lors d’une des visites trimestrielles de Neil au parloir. Il est hors de question pour elle que son fils fasse un sport qui attire autant de regards sur lui, alors qu’il doit cacher sa véritable identité. Même si elle n’a plus aucune autorité parentale sur l’enfant, ses paroles ont encore de l’influence sur lui et ses mots poussent Neil à arrêter ce sport qui le fait tant vibrer malgré les encouragements de Stuart à continuer. Ce n’est pas la première fois que Marissa sape le travail qu’il effectue avec Neil pour le faire grandir normalement, et ça ne sera sûrement pas la dernière. Mais en même temps, qui est-il pour empêcher Neil de voir sa mère ? Il essaye donc de faire avec, et surtout de faire comprendre à Neil que sa mère a tort parfois, qu’elle est restée dans un monde de crimes et de violence alors que lui, il en est sorti. Ça ne marche pas toujours mais il espère qu’avec le temps, Neil apprendra à faire la part des choses.

Les 11 ans de Neil finissent par arriver, et avec ça le choix d’un établissement pour sa scolarité magique. Ilvermorny est éliminé d’office, ses parents y sont allés et ce n’est donc pas le bon plan pour empêcher qu’on fasse le rapprochement entre Neil et Nathan Wesninski. Stuart choisit donc Ilukaan, qui lui paraît être une école sérieuse et assez réputée pour son petit protégé. Il prend même rendez-vous avec le directeur pour s’assurer que le programme de protection des témoins sous lequel est Neil soit compatible avec une scolarité dans cet établissement. Il ne révèle bien sûr pas la véritable identité de l’enfant, mais il voit quand même ce qu’il est possible de mettre en place pour que Neil puisse continuer d’aller voir régulièrement son psychomage et sa mère au parloir malgré l’internat. De fil en aiguille, Neil Josten se retrouve en septembre devant une fontaine, son reflet laissant place à celui d’un ours alors qu’un cri animal retentit dans tout le dôme. Ursirre, la maison de la magie protectrice, marrant pour quelqu'un qui a passé sa vie à fuir en abandonnant tout le monde derrière lui.

Mais il y a une chose que Neil ne peut pas fuir, c’est sa passion pour le Quidditch. Il a tout fait pour éviter le terrain lors de ses premières semaines à Ilukaan, pour ne pas replonger. Puis il y a les cours de vol et sport, qui l’obligent à monter sur un balai… Et l’obsession de Neil reprend. Il commence par traîner quotidiennement autour du terrain pour voir les autres élèves s'entraîner. Puis il s’exerce seul, essayant de reproduire ce qu’il a vu. C’est là qu’il rencontre Andrew Minyard, un élève de Lupy qui vient d’intégrer l’équipe de Quidditch de sa maison. Au début, le blond l’observe et ce manège dure presque un an avant qu’Andrew finisse par rejoindre ses entraînements. Neil trouve ça bizarre, mais c’est plus simple de se perfectionner à deux plutôt que seul. Ce n’est qu’au début de sa troisième année qu’un élève d’Ursirre l’approche, pour lui proposer de rejoindre l’équipe. Un blond immense qui occupe le poste de batteur. Neil décline tout d’abord, avant de prendre la poudre d’escampette, les paroles de sa mère le hantant encore. Mais quand Andrew est au courant de son refus, alors que Neil est vraiment accro à ce sport, il le provoque pour le pousser à rejoindre l’équipe. Il lui suffit de quelques phrases, sous-entendant que Neil est un lâche qui a peur de perdre contre lui lors d’un vrai match, pour que l’Ursirre fasse finalement machine arrière et accepte de rejoindre l’équipe bleue. Il fait par contre promettre à Stuart de ne rien dire à sa mère, de peur de sa réaction. Mais Neil se sent tellement vivant sur un balai, entouré de son équipe. Il s’ouvre très légèrement à eux, travaillant d’arrache-pied pour les rendre fiers. Il se met même à espérer devenir capitaine un jour, puis son rêve de devenir professionnel refait surface. Tant pis pour ce que sa mère dira quand elle le découvrira, il sera majeur de toute façon quand elle sortira de prison. Il ne veut pas arrêter le Quidditch une nouvelle fois, perdre les amis qu’il est en train de se faire pour la première fois de sa vie et le but qu’il s’est enfin trouvé.

(c) Ilukaan