Partout dans le monde, il y a des croyances concernant la date de naissance de quelqu’un. Que ce soit le signe astrologique ou l’arbre de vie, beaucoup pensent que le jour où on naît a une grande importance, qu’il influe sur comment sera notre personnalité, ou ce que sera notre vie, comme si un simple chiffre suivi d’un mois pouvait tracer contre notre grès notre destinée. Dans ce cas, quel destin funeste pouvait-on bien attendre d’un enfant né le jour de la fête des morts? Allister est né le 1er novembre, on ne pouvait vraiment pas faire mieux pour établir une connexion avec la mort dès les premières secondes de son existence. Ca avait amusé ses parents sur le coup. Tous les deux des sorciers de sangs mêlés travaillant dans l’occulte, ils avaient bien ri en réalisant la date à laquelle leur fils était né prématurément. Ils s’étaient dit que pour marquer cette “drôle” de coïncidence, il fallait trouver un prénom en conséquence. Si le destin n’existait pas, on pouvait quand même dire que ces deux là l’avaient quand même bien provoqué. Le hasard avait fait qu’ils partageaient leur nom de famille avec un célèbre oculiste et écrivain britannique, Aleister Crowley, et ils s’étaient dit que ça serait un nom assez approprié pour leur fils. Heureusement pour lui, il suffit d’une erreur d'inattention, une petite faute d’orthographe, et Aleister devint Allister. Ca ne faisait pas une grande différence, je vous l’accorde, mais il était passé à ça de s’appeler exactement pareil qu’un homme malsain au possible.

On dit souvent qu’avoir un enfant est un grand bouleversement dans la vie d’un couple. Leur vie à deux se retrouve transformée par une nouvelle présence qui met de l’animation dans une maison, c’est normal que cela représente un immense changement. L’arrivée d’Allister n’avait pourtant pas changé grand chose. Il était toujours si calme, si silencieux, parfois ses parents oubliaient même pendant un instant qu’il existait. Il ne faut pas croire qu’on le délaissait pour autant, être fils unique lui permettait d’obtenir presque toute l’attention qu’il voulait, vu qu’il n’y avait personne d’autre avec qui il pouvait la partager, mais on ne se préoccupait pas de lui plus que nécessaire pour autant . On s’occupait de lui, c’était indéniable, mais ses parents profitaient beaucoup du fait que c’était un enfant qui savait très bien s’occuper tout seul pour pouvoir passer du temps sans lui. Allister n’était pas triste de se retrouver souvent tout seul, il savait très bien que s’il le réclamait, on allait être là pour lui, mais malgré son jeune âge, il avait conscience que ses parents étaient des gens assez occupés et il préférait se complaire dans sa solitude plutôt que de les déranger. Les parents travaillaient dans leur bureau et leur fils jouait calmement dans la pièce d’à côté, c’était comme ça que les choses étaient, chacun savait que l’autre était à proximité et cette présence semblait suffire à tout le monde. Cependant, malgré cette volonté commune à ce que rien ne change, le statu quo n’allait pas tarder à être brisé, et sans le vouloir, Allister allait se retrouver au centre de l’attention.

Il avait environ 4 ans quand c’est arrivé. C’était un jour d’hiver en apparence banal, on était venu le chercher en voiture à la maternelle pour le ramener à la maison. Ce n’était pas un trajet très long, ils l’avaient déjà emprunté des centaines de fois, c’était un geste des plus anodins et pourtant c’est ce qui allait faire tout basculer. L’être humain apprécie le confort que lui apporte l’habitude et c’est dans les moments qui lui sont familiers qu’il endort le plus sa méfiance. Quand quelque chose fait partie de notre quotidien, on ne réfléchit plus autant qu’en temps normal quand on le fait, on agit par automatisme, on ne remarque que trop tard cette plaque de verglas présente sur la route. Il suffit d’un élément en trop, aussi infime soit il, pour qu’une machine se dérègle et qu’une action répétée tant et tant de fois se déforme pour revêtir une teinte plus tragique. Alors on tente de rattraper la situation, on freine comme on peut pour éviter l’accident, mais une fois qu’une variable différente à mis en marche un nouvel événement, il est difficile de stopper la réaction en chaîne qui s’en suit. Il avait suffi d’un coup de frein un peu trop brusque, d’une ceinture de sécurité qui lâche, et il était trop tard pour empêcher une catastrophe. Ce sont toujours aux personnes les plus fragiles qu’il arrive quelque chose, elles sont plus vulnérable alors elles sont plus facilement blessées, elles sont plus légères alors sont plus facilement éjectables. Tout s’était passé si vite, et pourtant chaque seconde de cet accident était ancrée dans la mémoire d’Allister, comme les bouts de pare-brise qui s’étaient ancrés dans son front. Même en y repensant aujourd’hui, il s’en rappelle comme si le temps ne s’était plus écoulé normalement, comme s’il regardait un film au ralenti, jusqu’à ce que la bobine du film ait fini de se dérouler et qu’il ne reste plus que du noir.

Quel triste destin il aurait eu s’il avait fini de cette manière. Peut-être que ça aurait été une ironie du sort pour être de tant de façon lié à la mort. Un arbre planté dans un sol toxique n’est pas fait pour durer très longtemps. En tout cas, le sort n’avait pas dû être d’humeur très ironique ce jour là, et cette histoire ne s’est pas finie de façon si triste. Allister s’était réveillé quelques jours plus tard à l’hôpital. La mort n’avait pas voulu de lui. D’après les médecins, il s’en était même très bien sorti pour quelqu’un qui s’était mangé un pare-brise. Il avait beau avoir un traumatisme crânien, celui ci était assez léger, sa perte de conscience venait plus du fait qu’il avait été assommé par le choc que par une quelconque lésion et ses blessures n’étaient que superficielles. Il n’allait presque pas garder de séquelles, à part de très légères cicatrices et des maux de tête et vertiges occasionnels qu’il continue d’avoir à ce jour. Même s’il y avait eu plus de peur que de mal, un suivi médical et un traitement s’imposaient et Allister dû passer quelque temps à l’hôpital. Ca ne lui posait pas vraiment de problème, il avait sa propre chambre et ses parents passaient souvent pour lui apporter des cadeaux ou des petits trucs à grignoter plus corrects que la nourriture de l'hôpital. Bien qu’une enquête ait révélé qu’ils n’étaient pas responsables de l’accident, que c’était vraiment la faute à pas de chance, ils ne pouvaient pas s’empêcher de s’en vouloir. Comment ne pas être rongé par la culpabilité quand on sort indemne d’un accident alors que son fils se retrouve interné? Pour se racheter ou pour apaiser leur conscience, ils étaient devenus bien plus présents. Tout enfant normal en aurait été ravi mais ce n’était pas le cas de leur fils. Lui qui avait toujours été un peu dans l’ombre se retrouvait au centre de l’attention et il n’aimait pas ça. Ce surplus d’affection inhabituel le mettait mal à l’aise. Il aurait aimé que les choses redeviennent telles qu’elles étaient avant, il avait appris à aimer le calme et la solitude. Le silence de cette chambre d’hôpital l'apaisait et il préférait les moments où on le laissait tout seul pour qu’il puisse pleinement profiter de cette tranquillité. Il n’allait pourtant pas rester “tout seul” très longtemps.

Certaines personnes pensent que quand quelqu’un meurt, son âme reste dans notre monde sous la forme d’un esprit. Avec tout ce qu’on voit dans la fiction, comment est ce que quelqu’un d'aussi facilement impressionnable qu’un enfant pourrait ne pas croire aux fantômes? Allister y croyait, et ses croyances avaient été renforcées par ce séjour à l’hôpital. Il avait beau être seul dans sa chambre, il lui arrivait d’y voir des gens. Parfois, en saisissant un objet sur sa table de nuit, il effleurait doucement le meuble de ses doigts, quand il ne trouvait pas le sommeil, il écartait les rideaux de sa fenêtre pour pouvoir regarder les étoiles, et c’est dans ce genre de moment qu’il voyait des choses qu’il n’était pas censé voir. C’était des petites scènes qui se déroulait sous ses yeux, comme s’il découvrait des souvenirs enfouis au plus profond de lui alors qu’il n’avait vécu aucun de ces moments et ne connaissait pas les gens qui y prenaient part. Parfois, il voyait des gens s'effondrer devant l’annonce d’une mauvaise nouvelle, parfois, il voyait des gens abandonner et refuser la poursuite de leur traitement, parfois, il voyait des familles pleurer de joie en quittant tous ensemble cette chambre pour ce qui semblait être la dernière fois. Les scénarios et les protagonistes étaient toujours différents, comme si ces souvenirs appartenaient à l’hôpital lui-même et continuaient de hanter les lieux.  Ces moments étaient brefs et disparaissaient trop soudainement pour qu’Allister croie qu’ils étaient réellement en train d’arriver, mais ils étaient assez intenses pour qu’il sache que c’était plus que son imagination. Dès qu’une de ses scènes arrivait, il se contentait toujours d’être spectateur. Quand il parlait, personne ne semblait pouvoir l’entendre et il arrivait même qu’un objet ou quelqu’un le traverse. Parfois il avait l’impression que c’était peut-être lui le fantôme et pas eux. Il ne pouvait pas interagir avec ces souvenirs, alors quand ils arrivaient, il se contentait silencieusement d’observer. Personne d’autre que lui ne semblait voir se dérouler ces petites scènes, alors il avait décidé de ne pas en parler. C’était un secret entre lui et ces personnes invisibles.

Il avait beau ne rien comprendre à l’origine de ces visions, il arrivait cependant à expliquer parfaitement un autre phénomène étrange qui s’était produit lors de son séjour à l’hôpital. En étant le fils de deux sorciers, il avait toujours grandi entouré par la magie. Ca faisait parti de son quotidien, de regarder ses parents utiliser des sorts banals comme accio. Il n’était donc pas très surpris quand des phénomènes similaires se produisirent autour de lui. Ce dont il n’avait pas conscience, c’est qu’à 4 ans il était quand même assez jeune pour que ses pouvoirs se réveillent. Il en avait parlé à ses parents, en gardant toujours ses visions secrètes, et ils avaient préféré ne pas s’inquiéter. Il valait mieux un éveil tôt que tard.

Au bout de quelques mois, Allister pu quitter l’hôpital. Il s’était totalement rétabli, et les derniers tests qu’il avait effectués montraient un retour à la normale alors ils n’avaient plus de raison de le garder. Il s’arrêta un moment devant la porte de sa chambre avant de la quitter définitivement, comme pour dire au revoir à ces visions qu’il ne pensait pas revoir. Après tout ce temps, il allait pouvoir rentrer à la maison. Enfin, “à la maison” n’étaient pas vraiment les termes appropriés. Ses parents avaient décidé de quitter Manchester pour emménager dans une ville 100% magique. Ils trouvaient que ça serait mieux désormais de pouvoir utiliser la magie plutôt qu’une voiture, pour pouvoir éviter un nouvel accident. Beaucoup d’enfants étaient effondrés à l’idée d’un déménagement, Allister n’en avait pas spécialement quelque chose à faire. Ce n’était pas comme s’il avait beaucoup d’amis ou de lieux auxquels il était attaché dans cette ville où il était pourtant né. Après avoir passé tout ce temps à l’hôpital, il avait juste envie d’être chez lui, sans personnel médical pour le déranger, peut importe où c’était. Le dernier carton avait déjà été déballé avant qu’il arrive, ses parents avaient tout prévu pour pouvoir l’accueillir dans les meilleures conditions possibles. Eux qui n’avaient jamais été d’accord pour prendre un animal lui avaient même fait la surprise d’adopter un petit chat noir. Contrairement à beaucoup d’endroits dans le monde, en Angleterre, on dit que ça porte bonheur. Il allait en avoir besoin.

Le cinquième anniversaire d’Allister approchait et il s’était habitué à la vie dans cette nouvelle ville. Il n’avait que rarement des vertiges depuis sa sortie de l’hôpital et ses parents, qui continuaient d’être plus présents qu’avant. Cependant, il y avait une chose qui n’avait pas disparu depuis qu’il avait quitté l’hôpital. Il arrivait assez souvent, qu’en se tenant à la rambarde des escaliers, ou qu’en fouillant dans un des vieux meubles pour s’amuser, de nouvelles visions arrivaient. Il y voyait les familles qui avaient dû habiter cette maison avant eux. C’était un peu plus long et un peu plus net qu’à l'hôpital. Il avait longtemps pensé qu’elles étaient liées au lieu, mais si elles l’avaient suivi jusqu’ici, c’était sûrement parce qu'elles étaient liées à lui. Il finit par en parler à ses parents qui mirent un nom sur ce phénomène. “Psychométrie”. On lui raconta que c’était un don qui était présent dans sa famille depuis des générations, mais qui avait disparu avec son arrière-grand-mère, on lui expliqua en détail en quoi cela consistait et on lui fit remarquer que c’était une très bonne chose que ce don n’ait pas disparu de la famille et qu’il avait beaucoup de chance de l’avoir. Au début, ça l'amusait beaucoup. Quand il ne savait plus comment s’occuper, il avait un nouveau jeu: toucher à tout dans la maison dans l’espoir d’avoir une vision. Il trouvait ça marrant, c’était comme regarder un petit film. Ses parents lui ramenaient parfois des vieux objets ayant appartenu à des membres de la famille pour l’entraîner à maîtriser son don. Un peu de temps passa comme ça, où son don était une nouveauté amusante, mais petit à petit les nouvelles se répandirent et quand la famille fut au courant, les choses commencèrent à être moins drôle.

Sa grand mère fut la première à lui demander d’utiliser son don. Elle apporta à Allister un mouchoir brodé par sa mère, la dernière personne avant lui à avoir été un psychromètre. Ce fut bref, mais il perçut une brève image de cette femme qu’il n’avait jamais connue, offrant le mouchoir à sa fille dans son trousseau de mariage. Sa grand mère fut émue aux larmes en l’entendant raconter ce souvenir. Sur le coup, ça avait fait plaisir à Allister, d’avoir pu lui rappeler des moments passés avec un proche disparu, mais ce plaisir fut de courte durée. Progressivement, au fil des mois et des années de plus en plus de gens virent lui réclamer des visions. Un grand père apportant un bijou de sa soeur disparue depuis des années, une petite cousine amenant le jouet préféré de son chien s’étant fait écraser la semaine dernière, les membres de la famille plus ou moins proches défilaient chez eux et qui pouvait les blâmer? On souhaiterait tous pouvoir découvrir ou redécouvrir un souvenir d’un être cher que l’on a perdu. On raconta à Allister que c’était comme ça que son arrière grand mère utilisait son don, en lisant les souvenirs d’un objet appartenant à une personne décédée à une personne qui avait du mal à faire son deuil, à la manière de ce que les moldus appellent des médiums. Si ça pouvait rendre un peu le sourire à ces gens, Allister se dit que les aider était la bonne chose à faire, alors il acceptait chaque requête et faisait de son mieux malgré sa faible maîtrise de son don.

Les années passèrent et après la famille, c’était des amis de la famille qui venaient de temps à autre réclamer ses visions, et le bouche à oreille fit tant et si bien son travail que, petit à petit, de parfaits inconnus venaient parfois le voir. Allister n’aimait vraiment pas ça, tout ces gens qui le mettaient au centre de l’attention, mais il ne pouvait pas les envoyer valser alors qu’ils avaient besoin de son aide, besoin de lui. Il n’était pas à l’aise de voir autant de monde défiler devant lui, mais il avait peur de ce qu’il se passerait s’il refusait d’utiliser son don pour eux, il avait peur de la réaction de ces gens, il avait peur de ce que penserait sa famille s’il décidait de tout arrêter. Il se sentait pris au piège et ne voyait pas d’autre solution que continuer. Il n’en pouvait plus, de tous ces gens ayant le regard tourné vers lui, il avait juste envie de disparaître. Au moins, cela lui servait d’entraînement, et il avait beau ne pas être capable de lire les souvenirs d’une personne et ne pas avoir des visions parfaites, il avait tout de même une très bonne maîtrise de son don pour son âge. En dehors de ces séances de psychométrie, Allister se renfermait sur lui même, que ça soit à la maison où à l’école, il ne parlait quasiment jamais. Il passait son temps libre enfermé dans sa chambre avec ses chats, dont le nombre avait augmenté avec les années, ils étaient les seules “personnes” qui n’attendaient rien de lui. Il ne voulait voir personne, il ne voulait rien toucher, il voulait juste rester seul en attendant qu’on le traîne devant tous ces gens qui imploraient son aide. Personne ne semblait le réalisait, mais ça représentait beaucoup de pression sur ses épaules d’enfant. Parfois, les visions qu’il avait étaient dérangeantes et lui faisaient peur, parfois, il avait du mal à voir quelque chose et il avait peur que la personne en face s’énerve contre lui. C’est ce qui le terrifiait le plus: l’idée qu’il pourrait ne rien voir. Les gens ne voulaient pas le voir lui, ils voulaient voir son don, et s’il n’arrivait pas à l’utiliser, alors à quoi est ce qu’il servait? Cette idée lui trottait dans la tête depuis un moment et avait réussi à détruire le peu de confiance qu’il avait en lui. Il avait l’impression que sans son don il ne serait plus rien. On remarqua que quelque chose n’allait pas, mais on associa ça à une baisse de morale passagère. On lui acheta un chat de plus dans le but de le consoler mais ça n’avait bien sûr pas résolu le problème.

Ce qui était autrefois une activité amusante était devenu une source de stress et ce qui devait arriver arriva. Allister avait 10 ans, et pour la première fois depuis longtemps, il ne voyait rien en tenant l’objet que cette mère endeuillée venait de lui donner. Il s’était tellement mis la pression sur le fait de devoir absolument voir quelque chose qu’il avait fini par en faire un blocage et absolument rien ne lui venait. Il ne savait pas quoi dire à cette femme, et même s’il avait trouvé les mots, ils n’auraient probablement pas voulu franchir ses lèvres. Il avait peur, tellement peur que tout le monde le déteste. Finalement, il ne réussit pas à dire quoi que ce soit et finit par fondre en larmes. C’était le signal de détresse, l’appel à l’aide qu’il avait fallu lancer pour que ses parents réalisent que tout ça était allé beaucoup trop loin. Comment est-ce que les choses avaient pu dérailler à ce point sans que personne ne s’en rende compte? À vouloir que leur fils soit moins timide et se sociabilise un peu, à vouloir le soutenir dans l’utilisation de son don, ils n’avaient rien vu et n’avaient pas réussi à le protéger, encore une fois. Ce fut la dernière personne qui consulta Allister. La décision fut prise qu’il arrêterait d’utiliser son don pour les autres.

Malgré ça, les gens continuaient de frapper à leur porte pour réclamer des visions. Les parents se chargèrent et de renvoyer chez eux ceux qui voulaient utiliser leur fils, et vu que ces demandes fréquentes maintenaient un environnement stressant et toxique pour lui, ils décidèrent de partir. Ils allaient prendre un nouveau départ dans un pays où personne ne les connaissait et où personne n’apprendrait qu’Allister est un psychomètre.  Ca lui fit du bien, de changer d’air, et même si à Bloombury aussi il ne sortait pas beaucoup de sa chambre, toute cette tension qu’il avait accumulée se relâchait doucement. Ca lui arrivait bien sûr toujours d’avoir des visions de temps en temps, mais il les gardait pour lui, et elles recommençaient petit à petit à être amusantes. Désormais, il n’aspirait plus qu’à une vie tranquille et calme. Enfin, autant que puisse l’être la vie d’un sorcier. À cause de ce fatidique anniversaire en novembre, il dû attendre un an supplémentaire pour pouvoir entrer à l’école de magie avoisinant la ville. Il appréhendait beaucoup cette rentrée scolaire à Ilukaan. Beaucoup de choses allaient changer, il allait passer la semaine sans ses parents et devoir s'habituer à la vie en dortoir. Mais il avait l’intention de rendre cette année scolaire différente de celles qu’il avait connues jusqu’à là. Ils étaient venus jusqu’ici pour prendre un nouveau départ, alors il fallait qu’il y mette aussi un peu du sien. Oui, cette année serait différente, il comptait faire des efforts pour sortir un peu de sa bulle, être un peu moins timide et peut-être même se faire des amis. Même s’il détestait toujours être au centre de l’attention, même s’il avait toujours du mal à supporter le regard des autres, même s’il n’avait pas encore retrouvé confiance en lui, il allait faire de son mieux.

(c) Ilukaan