Le soleil était déjà bas dans le ciel quand Sindibad s’installa à une table vide de l’auberge. Le lieu était encore calme en ce début de soirée et si l’iranien avait sélectionné cet endroit incongru pour travailler en binôme ce n’était que parce qu’il avait envie de se sustenter de l’un de ces délicieux plat en travaillant. Une envie profonde de goûter un délicieux plat salé qui viendrait remplir sa bouche et picoter doucement le bout de sa langue avant qu’il n’avale cette nourriture divine. Il fallait dire que les plats servis dans le restaurant de l’établissement étaient riches en saveurs. Et Sindibad n’était jamais contre travailler la panse pleine.

Un bon repas salé, une grosse boule posée sur la table, Sindibad était fin prêt à explorer avec Edmond les affres de la divination. En attendant l’autre Stryxist cependant les longs doigts fins et basanés du jeune homme caressaient le Cristal de la boule face à lui. Avec un léger sourire lubrique sur le visage quant aux nombreuses blagues et sous-entendu qu’il pouvait potentiellement faire il ne pu s’empêcher de glousser avant de vite reprendre une expression plus sereine et détendue. Doucement un sourire plus correct étirâtes ses lèvres tandis que d’une main il laissait ses doigts glisser sur la surface lisse et que de l’autre il soutenait le menu tout en lissant les mets proposés.

Il avait donné rendez-vous à Edmond un peu plus tôt dans la journée sans plus élaborer quand il lui avait lancé avec un grand sourire :

« Ce soir, 18h30, rendez-vous à l’auberge ! »

Les mots avaient quittés sa bouche sans plus d’explications, lui-même savait qu’il aurait pu donner rendez-vous au jeune homme ailleurs mais sur le moment l’auberge lui avait semblé comme le lieu idéal pour réviser cette matière qui consistait à palper des boules plus ou moins lisses et d’une grande fragilité afin d’en voir les divers messages que ces dernières renfermaient. L’iranien mentirait si après-cous il n’admettait pas qu’il avait pensé à toute l’ironie et l’humour déplacé de la situation mais il était à cet âge où ce genre d’humour était le pic ultime de la comédie.

Aussi s’était-il mit à glousser dans son coin en se cachant derrière le menu et en envoyant un message à Edmond tout en continuant de rire. L’autre Stryxist n’allait sans doute pas tarder à arriver au vu de l’heure qui tournait et s’approchait de plus en plus de l’heure de rendez-vous fixée.

Le regard aux reflets d’or de l’iranien se releva vers les yeux vairons lui faisant face. Une petite flamme dansait dans ces yeux tout droit sorti des contes des milles et une nuit. Son sourire s’agrandit mettant en valeur ses pommettes bien dessinées tandis que sa main continuait de glisser langoureusement sur la surface plane de la boule trônant fièrement face à lui et qui déformait la pièce dans son reflet. Lentement il laissa sa main abaisser le menu avant de le placer sur la table face à lui. Il n’était pas le moins dérangé par le regard tout aussi perçant d’Edmond que le sien. Sindibad avait toujours apprécié ses yeux marrons si clairs qu’ils en ressortaient ambré, ces yeux qui transperçaient la personne face à lui donnant l’impression qu’il voyait le fond de l’âme de ses comparses.

« Nah. Je me demandais si je préférais commander un corn dog au fromage coulant salé ou bien 2 miches de pains bien garnies… »

L’un de ses épais sourcils s’arqua à la fin de sa phrase comme pour laisser le choix à Edmond de le reprendre ou de surenchérir avant qu’il ne se mette à ajouter.

« Ou bien je pourrais prendre les deux. Je suis pas difficile, je prend de tout ! »

Un rire se fit entendre, ce dernier remonta le fond de sa gorge avant de quitter la barrière de ses lèvres pour attendre les oreilles de l’autre Stryxist. Cependant son rire se fit interrompre par un gargouillis provenant de son ventre. Il s’arrêta en l’instant de rire avant de glousser plus calmement et de désigner le siège vide face à lui et de pousser la boule sur le côté ne laissant que la petite bougie et le bouquet de fleur entre lui et Edmond.

« Un dîner aux chandelles en effet ! »

Le perse était d’excellente humeur. Bien que d’humeur bavarde et joviale il n’en avait pas pour autant l’envie de faire sauter ses révisions. Il voulait sincèrement travailler et Edmond lui semblait un bon plan, ce dernier était plus âgé que lui et avait déjà validé quelques années dans le cursus. Tout en parlant ses doigts se mirent à glisser sur les douces pétales des fleurs posées entre eux.

« Après-tout, rien ne nous empêche de travailler sous les chandelles ! »

La lumière de la flamme émise par la bougie ne cessait de danser dans les yeux du perse tandis que l'attention de ce dernier était fixée sur le plus âgé des deux. Avec un sourire il fit glisser le menu vers l'autre. Autant bien manger avant de réviser.

L’iranien était de bonne humeur en cette journée froide de novembre. Son regard brillait, ses cheveux étaient coiffés avec soins, des tresses attrapaient les petites cheveux s’échappant de sa haute que de cheval pour les rejoindre dans l’élastique et tomber en cascade avec le reste dans son dos. La couleur violette brillait plus ternirent sous les lumières artificielles mais cela n’enlevait rien au charme naturel du perse. Les nombreux bijoux qui adoraient son corps tintaient à chacun de ses mouvements dans une délicate mélodie de métal bas de gamme. Et ces derniers n’échappèrent pas à créer cette mélodie quand un rire secoua son corps à la réponse de l’égyptien.

« Il est vrai ! Je suis sûr d’avoir la bouche pleine avec le corn-dog ! J’espère ne pas m’en mettre partout sur le visage en le mangeant, j’ai entendu dire que le fromage était coulant à souhait ! »

Le rire retenti entre les deux pendant quelques secondes avant qu’un doigt couvert de bague ne vienne essuyer une larme au coin de l’œil ambré de l’adolescent. Il n’avait que quelques fois échangé avec le plus âgé mais il appréciait chacune de leurs interactions. Il fallait avouer que Sindibad était loin d’être compliqué quand venait la question des relations social. Il était bon vivant, appréciait passer un bon moment et était capable de passer l’éponge sur beaucoup de sujets. Il suivait son propre compas moral et tant que la situation ou la relation était à son avantage il ne la réussit pas quand bien même la personne en face de lui était une ordure profonde, tant que cela ne le desservait pas il acceptait. Bien que peu soit au courant de ce côté du jovial perse il ne s’en cachait pas pour autant. Peu de personnes avait juste eu l’occasion d’observer cette facette de sa personnalité immorale.

« Non non ! J’insiste pour t’inviter. C’est moi qui t’ai fais venir ce soir alors il est tout à fait normal que je t’invite ! Quel genre de personne serais-je autrement ! »

S’il y avait un point important que l’on ne pouvait nier c’était bien l’éducationnel de l’iranien. Sa mère l’avait élevée seul pendant sa petite enfance et s’était forcée à lui inculquer les règles du Târof. Si beaucoup trouvait cela hypocrite, Sindibad le premier, il ne pouvait cependant s’empêcher de l’appliquer, sa mère le lui avait gravé dans le sang, la chair et les os. Bien qu’elle soit absente il ne pouvait la décevoir, il ne pouvait marcher sur l’éducation qu’elle lui avait si durement offert.

Le sourire sur le visage de l’iranien ne cessait d’éclairer son visage et ses yeux se mirent d’autant plus à briller d’amusement quand il entendit les gargouillis de l’autre. Sans doute allaient-ils devoir passer à la commande incessamment sous peu. Il commençait aussi à avoir faim et il devait avouer que le fait qu’il n’ait pas encore gargouillé relevait du miracle.

« Bah ! Je suis pas mieux dans ce cas ! J’ai complètement oublié de mon côté aussi ! »

Un nouvel éclat de rire se fit entendre. Les doigts du perse qui caressaient la petite pétale finirent par la décrocher de la fleur par inadvertance. L’iranien était habillé de manière assez décontracté comme à son habitude. Il ne s’était jamais réellement soucié de son look et il fallait bien avouer qu’il était dénué de sens esthétique prononcé, bien qu’il possède de joli pièce ces dernières n’allait généralement que peu ensemble.

Avec un sourire et en entendant la commande de son collègue de travail il se leva avec un sourire.

« Bon choix. Je vois qu’on est sur la même longueur d’onde. Reste assis je vais aller commander ! »

À comprendre « Aller commander et payer » il n’allait pas laisser passer l’occasion ‘inviter Edmond aussi facilement bien au contraire !! Il allait l’inviter comme il se devait.

« C’est ça ! Les boules et les corn-dogs coulants. Que demande le peuple ? »

Et avec un éclat de rire il fit mine de s’éloigner pour commander.