Parler de la vie d'Aventurine n'est pas une chose aisée. Tout simplement parce qu'il n'en parle jamais. Il esquive la conversation quand il sent qu'elle commence à trop tourner autour de son enfance, ou de ce qu'il a vécu. Il veut vivre autre chose. Il veut oublier ce qu'il était.

Il ne veut pas de son passé. Il ne s'inquiète pas pour son futur.
Même si pour comprendre pourquoi il est comme ça, dans le présent...
Il faut faire un retour en arrière.

De sa naissance à ses 9 ans ; Italie.

C'est à Trieste, en Italie, que commence son histoire. Sa mère est tzigane, et son père est italien. Un mélange qui ne plaît pas aux personnes qui se focalisent sur les stéréotypes négatifs des tziganes. Malgré plusieurs tentatives de bien s'adapter à la vie italienne, ce fut un échec cuisant, et la famille Gaiathra s'est réfugiée dans un petit village isolé, là où personne ne pourrait les brutaliser, là où ils pourraient essayer de vivre une vie simple, banale.

Mais il leur manquait une chose.
L'argent.
Et leur mentalité ne les aidait pas à trouver un travail qui pourrait apporter cet argent dont ils avaient tant besoin.

A vrai dire, le père est un cracmol renié par sa famille. C'est une honte de ne pas avoir de signe de magie en étant issu de parents sorciers, n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'il vagabonde, qu'il tente de cacher qui il est, en se faisant passer pour un moldu classique. Mais ce lien avec la magie l'a poussé à influencer sa femme sur un point :

Avoir un enfant sorcier pourrait nous aider à sortir de la misère, non ? Avec sa magie… On pourrait s'en sortir. Il faut qu'on essaye.

Et leur premier essai était aussi un échec. Kalia était née, et aucun signe de magie n'apparaissait. Aucune appartenance au monde sorcier qu'ils convoitaient tant. Cette petite naissait avec le poids d'être un échec pour la famille Gaiathra, une honte pour eux, mais ils ont tout de même eu la bonté de garder l'enfant et l'élever avec eux. Histoire de ne pas avoir une mort sur la conscience, c'est tout.

Et puis vint le jour tant attendu.
Aventurine était né.

Son regard bleuté redonnait foi à ses parents. Ses petits cheveux blonds et son visage d'ange lui donnaient un charme enfantin, comme s'il sortait tout droit d'un rêve. Et si ce petit avait déjà charmé ses parents avec son visage, sa grande sœur l'aimait tout autant. Elle prenait soin de lui, faisait en sorte qu'il soit en bonne santé, elle tenait son rôle de sœur aînée vraiment à cœur, et cela se ressentait quand on voyait le bonheur d'Aventurine quand il était avec Kalia, ils sont devenus inséparables et faisaient tout ensemble.

Tout cela aurait pu continuer ainsi, si les parents Gaiathra n'avaient pas quelques habitudes qui leur coûteront la liberté. En effet, en attendant qu'Aventurine prouve qu'il est sorcier, car ils en sont persuadés, ces derniers ont volé énormément d'argent. Que ce soit l'argent de leurs proches, ou de l'argent de personnes croisées dans la rue, ou manipulées avec des méthodes que l'on passera sous silence. A ses huit ans, Aventurine avait eu son premier signe de magie. Il avait transformé un petit caillou en une pierre verte, de la même nuance qu'une aventurine pure. Mais les parents Gaiathra n'ont profité de cette bonne nouvelle que pendant quelques mois. Durant ces nombreux mois, ils ont surnommé leur enfant l'Elu Gaiathra. Le sorcier qui apportera richesse et bonheur à la famille.

Puis, ils se sont fait arrêter, pour vol d'argent, arnaque, manipulation.

C'est sans doute le karma qui les a rattrapés. L'appât du gain, l'attirance envers l'argent... Ils ont fini derrière les barreaux à cause de tout ça, laissant deux enfants en bas-âge tout seul, sans famille proche. Le seul endroit où ils ont pu aller, c'est dans un orphelinat à Trieste. Aven et Kalia ne se lâchaient pas, ils ne voulaient pas se perdre de vue ni même être séparés. Ils savent très bien qu'à tout moment, l'un d'eux pouvait être adopté, mais pas l'autre, et ils n'avaient aucun moyen de se contacter, n'ayant pas de téléphone portable ou ce genre de choses. Mais heureusement pour eux, ils ont pu rester ensemble pendant environ un an dans cet orphelinat.

Durant cette année, Aven était parfois pris à part pour parler avec un groupe de personnes, des sorciers. Ils avaient eu vent du côté sorcier du jeune garçon, car son père, dans un élan de dépit a repris contact avec sa famille sorcière pour leur expliquer la situation, et qu'il fallait qu'Aven soit adopté chez des sorciers. Ce groupe de personnes lui expliquait qu'ils attendaient simplement qu'un de leur contact situé au Canada vienne le chercher pour qu'il puisse lui donner une éducation magique, car ici, dans cet orphelinat moldu, il n'en aura certainement pas et qu'au Canada, il y avait une école de magie, Ilukaan, qui lui permettrait d'apprendre la magie correctement.

A ses neuf ans, Aven fût donc adopté par cet homme, venant du Canada. C'était un homme d'une quarantaine d'année, qui inspirait la sympathie et la richesse. Sûrement un homme bien placé dans le monde magique. Mais la grande peur tu petit blond se produisait, car il devait laisser sa sœur à l'orphelinat, toute seule, car une autre famille allait l'adopter. Ils se promettaient alors de chercher un moyen de se retrouver quand ils seront assez grands.

Une promesse que Aventurine n'oubliera jamais.

De ses 9 ans à ses 11 ans; Canada. (TW : Suicide / Dépression (rien de décrit de manière hard, mais les sujets sont là)

Arrivé au Canada, Aventurine ne se sentait pas à l'aise. Il y avait trop de changements pour lui, un nouveau pays, une nouvelle famille simplement composée d'un seul homme, il n'avait plus sa sœur à ses côtés... Il ne vivait clairement pas bien toutes ces nouvelles choses, et il finissait très vite en dépression. Liam, son "père adoptif", tentait tant bien que mal de lui faire voir de belles choses, il lui apprenait quelques petits tours qu'un enfant pouvait faire avec sa magie, il faisait tout pour le rendre heureux. Mais cela ne fonctionnait absolument pas, Aven était un garçon brisé qui ne se sentait pas à sa place. Rien ne le rendait heureux et tout lui déplaisait.

C'est à partir de là qu'il commençait à vouloir mettre fin à ses jours. S'il n'a pas sa soeur pour l'aider à se raccrocher à la vie, à quoi bon continuer ? Il n'est plus en Italie, il a perdu tous ses repères, il ne s'adapte juste pas à tout ce qu'il se passe. Il a perdu ses parents biologiques... S'en était trop pour un petit garçon comme lui.

Heureusement, Liam était toujours là pour le secourir. Car il tenait à Aven. Il le voyait vraiment comme son fils, bien qu'il l'ait adopté aussi pour lui donner une éducation magique, car en Italie il n'en aurait eu aucune.

Durant une énième hospitalisation, Liam a osé parler honnêtement à ce petit garçon. Il lui a dit ce qu'il avait sur le coeur, qu'il tenait à lui et qu'il voulait tout faire pour qu'il soit heureux là où il est. Puis Aventurine s'est fait une raison. Il n'est pas tout seul. Même si il a l'impression d'avoir tout perdu, que plus rien n'a de sens, il a tout de même la chance d'avoir Liam. Un père adoptif, qui tient vraiment à lui, et qui veut l'aider à remonter la pente. Il a bien remarqué l'honnêteté de Liam dans ses yeux, il sait qu'il ne ment pas. Liam lui a aussi promis de retrouver Kalia et de lui donner des nouvelles s'il arrive à avoir ses coordonnées.

Puis Aventurine se souvient de sa promesse faite à sa sœur avant de partir au Canada.

On se retrouvera, Kalia. Quand on sera grand, on se retrouvera.

Les mois qui ont suivi ce moment, Aven avait repris doucement le goût de la vie. Il avait encore du mal à ressentir de la joie, mais il a arrêté ses tentatives, et doucement, un petit sourire se dessinait sur le visage de cet enfant. Aventurine redevenait petit à petit ce gamin heureux et insouciant, qui gardait quelques cicatrices de son passé...

Mais c'est à ses onze ans qu'il décidait de mettre son passé sous silence.

Aventurine est né au Canada.
Aventurine n'a pas de passé en Italie.
Aventurine a toujours été heureux.
Aventurine n'a jamais été blessé.
Aventurine ne s'est jamais blessé.

De ses 11 ans à de nos jours; Canada.

Sa rentrée à Ilukaan se passait assez bien. Il avait du mal à s'intégrer au début, surtout en voyant tous ces sorciers avec déjà un nombre incalculable de connaissances magiques. Certes, Liam lui avait appris les bases, mais ce n'était pas une éducation digne d'un professeur des écoles pour autant. Aven se faisait quelques amis dans sa maison, reprenant le goût de la curiosité et de la passion des études. Tout le fascinait, savoir qu'il pouvait transformer un animal en verre de vin le faisait rire et cela le rendait heureux de savoir qu'il pouvait manipuler la magie et que, peut être dans un futur lointain, il deviendra le plus grand des sorciers.

En parallèle, en grandissant, Liam transmettait sa passion du casino à Aventurine. Il ne pouvait pas l'emmener là bas, mais il lui apprenait à jouer au Poker, au Black Jack, au Baccara... Il lui apprenait à gagner, à la loyal, car tricher retire toute la magie des jeux de casino. Aven était étonnement un très bon joueur en plus d'être un élève quasi exemplaire. Il voulait rendre heureux Liam, le rendre fier de ce qu'il est devenu.

Pour le féliciter d'avoir eu ses ASPICS avec mention, à ses dix-huit ans, Liam a emmené Aventurine à Las Vegas, pour qu'il puisse découvrir toute l'esthétique des casinos à l'américaine. Si Liam voyait en ce voyage rien qu'une petite récompense pour tous les efforts d'Aven, le blondinet lui voyait une motivation pour son avenir. Il voulait désormais ouvrir son propre casino. Etre à la tête d'un établissement de jeux, où l'on peut s'amuser et passer de bonnes soirées.

Et c'est en rentrant de Las Vegas qu'Aventurine changeait. Il s'était tatoué et portait désormais des tenues très excentriques. Fausses plumes de paon, lunettes colorées, tenues bleutées et vertes aux motifs criards... Tout devenait un jeu chez lui. Il savait ce qu'il voulait devenir, et il allait tout faire pour l'être, quitte à devenir un homme de spectacle. Un homme qui marque les esprits avec son apparence et son caractère.

Même si le seul jeu qu'il n'aimait pas, c'était le jeu de la vie.
Car, lui, il ne le contrôlait pas.

Liam est désormais hospitalisé. Sa santé est en déclin. Aven sait parfaitement comment cela va finir et il déteste y penser. Il a l'impression que les places se sont inversées, que maintenant, celui qui lui avait sauvé la vie était celui qui allait la perdre sous peu.

Alors il fît une seconde promesse tout en tenant la main de Liam.
Ou non, il lui fait un pari. C'est ce qu'est devenu Aventurine.
Un joueur, un parieur qui est capable de parier contre le Destin lui même.

Liam. On va faire un pari. Je te parie ce que tu as de plus cher...
... La vie d'Aventurine est la chose la plus chère que possède Liam.
Que je deviendrais un sorcier puissant, un joueur de casino hors-pair, avant que tu ne meurs.

(c) Ilukaan