Le soleil est déjà haut dans le ciel quand Aedan vient au monde, le 12 octobre à Ottawa. Il ne s'en rend pas compte, mais pour lui, le monde est flou, gris et surtout nouveau. Sa naissance est dûe à l’union entre Reyna et Gabriel, heureux de tenir dans leurs bras le petit garçon, avant de sortir de la maternité pour rejoindre le village Canadien où ils vivent depuis plusieurs décennies maintenant.

C’est au sein de ce bourg que se trouve un important couvent, rendant hommage à Nidar, une divinité connue comme étant « le redresseur de tort », lié à la justice. En réalité, la création de ce couvent de sorciers connait ses origines en Somali, où encore aujourd’hui sa réputation reste inchangée malgré le déménagement d’une grande partie de la communauté. Cette décision est liée à l’ancienne Grande Prêtresse, qui a dû partir en Amérique du Nord pour de nombreuses raisons, mais qui ne souhaitait pas abandonner les personnes qu’elle avait sous sa protection. C’est ainsi qu’ils se sont installés, dans un nouveau village sorcier au Canada, qui s’est agrandi au fur et à mesure des années.
Bien malheureusement, la Grande Prêtresse est morte prématurément, laissant sa place à son héritière, sa propre fille aînée, Reyna.

Cette histoire est enseignée très tôt à Aedan, dès qu’il parvient réellement à comprendre ce qu’on lui dit. A partir de là, on lui répétera sans cesse qu’un jour, à son tour, il prendra la place de sa mère, devient Grand Prêtre, Grand Sorcier, car ce couvent fonctionne à l’héritage familial. On lui explique très tôt son destin, pour qu’il puisse comprendre les futures attentes qui pèsent sur lui, des connaissances, des capacités qu’il doit développer autant à l’école du village lorsqu’il commence à apprendre à lire, à écrire, que les apprentissages au sein du couvent. D’ailleurs, comme le souhaite la tradition, c’est sa mère qui s’occupe de sa « formation », aux côtés des autres enfants de la communauté. Il en apprend sur la magie, l’histoire du lieu où il évolue, les festivités, les rituels… Enfin, il apprend aussi sur son propre rôle, celui qu’il aura plus tard. Très jeune, ses journées sont déjà bien remplies, même si on lui laisse toujours quelques moments pour être ce qu’il est : un enfant.

Durant ces moments, il en profite pour lire des romans qui le transportent ailleurs, il s’enferme dans sa bulle, profite pour mettre de côté les attentes qu’on a de lui. Enfin, ça c’est quand il peut être seul, car sinon, très rapidement, il sera rejoint par sa petite sœur, de deux ans sa cadette : Mila. Niveau caractère, ils ne se ressemblent pas vraiment et pourtant, un véritable lien s’installe entre les deux, qui profitent dès qu’ils peuvent pour se balader, s’allonger, discuter. Ils ont souvent l’impression qu’ils ne peuvent pas se voir souvent, sentiment qui s’amplifie en grandissant.

Honnêtement, Aedan a une enfance heureuse, bien entourée, aucun doute là-dessus. Et pourtant… Pourtant, il ne voit pas tant que ça sa propre famille, il n’y a jamais vraiment de repas juste entre eux, ou alors ils sont plutôt rares. Sa mère est occupée, Mila suit les cours auprès de leur père, bref, il doit avouer être par moment frustré, mais ne se plaint pas pour autant, il fait avec et profite quand il peut passer un temps tous ensemble.
Malheureusement, ce n’est pas que de la frustration qui grandit avec Aedan, mais aussi de l'anxiété et cela, malgré son jeune âge. Il n’a que tout juste 9 ans quand une crise de pleurs lui prend soudainement, alors qu’on est en train pour la énième fois de le reprendre sur un point de l’histoire qu’il n’arrive pas à apprendre, à retenir. Ce n’est pas bien grave, sur les faits, mais il n’empêche que l’enseignant lui rappelle une nouvelle fois ce qui l’attend, qu’il ne peut pas se permettre d’oublier les événements importants du couvent, qu’il va devoir le représenter, qu’il ne doit pas faire honte… Pour le jeune enfant, s’en est trop. Il hurle, il pleure, il s’excuse, il ne parvient pas à se calmer et cela malgré toutes les tentatives de son professeur. Un tel flot d’émotions, il n’en a jamais connu, c’est presque trop intense pour son petit corps. La seule chose qu’il comprend, c’est qu’il doit tout laisser sortir et en un instant, les fenêtres des alentours explosent, l’effrayant encore plus. Il ne comprend pas que ses pouvoirs viennent de s’éveiller, que cela aurait dû être un moment joyeux, mais entièrement gâché par les circonstances.

Mila est celle qui parvient à le calmer, lorsqu’elle arrive dans la salle pour le prendre dans ses bras. Sans trop comprendre, lorsqu’elle a entendu les vitres se briser, elle s’est immédiatement doutée qu’il s’agissait de son grand frère, qu’il avait besoin d’aide.
Enfin, ses parents arrivent et les larmes cessent, puis la réalisation arrive. A la suite de cet épisode, on lui assure qu’il n’est responsable de rien, on le laisse se reposer pendant une semaine, se remettre de ses émotions. A son retour, il apprend que son précepteur n’est plus là, mais il est tout de même trop tard : Aedan est désormais frappé par ce qui l’attend. Peut-être que pour nombreux autres sorciers, ce n’est pas grand-chose, reprendre un couvent, mais pour lui qui n’a connu que cela, qui va devoir aider et s’occuper d’un village… Il comprend qu’il doit vite grandir et répondre aux attentes.

Quand il a 11 ans, on lui laisse le choix de l’école. Il n’hésite pas vraiment, son choix se porte presque immédiatement sur Ilukaan. Ce n’est pas loin, les propositions sont plus qu’intéressantes, son histoire est basée sur une grande figure Canadienne, mais également, Aedan a l’impression qu’il va découvrir plus qu’il n’en a jamais eu l’occasion jusqu’à présent. Pour cela, il a sincèrement hâte de rejoindre l’école. Cette envie ne fait qu’augmenter alors qu’on prépare son départ, qu’il choisit sa baguette, qu’il achète ses livres pour ses futurs cours.
Une fois sur place, il est placé chez les Cervirald, une maison qu’il va rapidement apprendre à apprécier pour son ambiance et les élèves. Au final, il s’intègre plutôt rapidement à la vie du campus, il adore se balader à la plage, dans Bloombury, passer des heures dans la bibliothèque… C’est un peu comme une nouvelle liberté qu’il est en train d’explorer.

Pour autant, il n’oublie pas qu’il doit faire de son mieux en cours, qu’il doit travailler sérieusement. Il sait son futur, il doit s’y préparer sérieusement. Malheureusement, ses craintes d’enfant ne partent pas vraiment, au contraire, elles semblent s’amplifier. Cela n'arrange rien quand il se rend compte que ses envies évoluent également. Pour lui, une question se pose, qu’il espère pouvoir répondre avant la fin de ses études :

Sera-t-il capable de reprendre la suite de son couvent ?

(c) Ilukaan