Physique
L’apparence de Melanthios n’est pas exactement celle que l’on associerait avec quelqu’un de sa profession. Non pas chaleureux, ordinaire, sportif ou même excentrique, il a surtout un air sombre, que ce soit à cause de son corps ou de son style vestimentaire.

Pour commencer par le commencement, il faut savoir que c’est un homme assez grand. 1m82, ce n’est pas exceptionnel, mais c’est loin d’être petit. Sa silhouette est svelte, son corps un peu plus large que seulement des os et de la peau sans être particulièrement musclé - ou musclé du tout, en fait. Le sport est une activité que le professeur de botanique ne peut plus pratiquer depuis quelques mois. Pas comme s’il en faisait régulièrement avant, de toute façon. En effet, il y a un moment déjà, il est tombé dans les escaliers et s’est salement cassé le tibia. Depuis, il a besoin d’une canne pour se déplacer, éviter de fatiguer inutilement sa pauvre jambe gauche. En parlant de sa canne, c’est un de ces accessoires qu’il promène toujours sur lui. Elle a une seconde utilité : celle d’un parapluie. Cela lui sert souvent, dès qu’il sort en fait, à cause d’un petit détail. Sa peau, blanchâtre et à l’air malade, a cette apparence car elle n’est jamais ou presque exposée au soleil. Elle y est très sensible, alors c’est une mauvaise idée pour lui de se laisser bronzer. Sauf s’il veut devenir rouge comme un homard.

Le visage de l’homme a cette même teinte pâle que le restant de son corps. Son nez est assez pointu et fin, loin d’être gros comme un poing. Ses yeux, ses iris, plutôt, sont deux taches d’encre parmi toute cette pâleur. Cela les fait ressortir, leur donne un air plus menaçant, plus autoritaire, plus froid. Le eyeliner qu’il porte de temps en temps aide à créer cet effet. Ses cheveux ne l’aident pas, au niveau de la couleur. Ils sont d’un blanc parfait depuis la fin de son adolescence. Dans sa famille, ce n’est pas le premier cas de canitie prématurée. En plus de cela, ils sont toujours dans un gros bordel. Heureusement, ils ont l’air doux, même si ça n’accentue aucunement son côté sérieux. Il ne se teint pas les cheveux pour le cacher, estimant cela trop long pour rien. Cependant, quelque chose ruine souvent cet effet ‘’iris noirs sur beaucoup de blanc’’ : ses lunettes de soleil. Il en porte quasiment toujours pour éviter que ses rétines ne soient abîmées par toute cette lumière. Il y est très sensible, il ne faut pas oublier. Pour terminer, il y a quelque chose de spécial avec la bouche du sang-mêlé : ses dents. Ses canines sont longues, très longues, faites pour transpercer la peau. Que serait une personne à moitié vampire sans ces longues dents tant caractéristiques de cette espèce ?

Le style vestimentaire de Melanthios est assez particulier. Quand il est en classe, il a complètement l’air d’un jardinier. Tablier, gros gants, chapeau, tout inclus. Hors de classe, c’est tout l’inverse. Jamais on ne le verra habillé de façon informelle. Costards, cravates, chemises, pantalons propres, tout ça dans deux teintes seulement : noir et blanc. Par-dessus ses épaules, il porte très, très souvent le même vêtement : un manteau, au col plumé, qu’il revêtit comme une cape. Le bout de ce manteau est assez irrégulier. Clairement, il est plutôt vieux, mais toujours en état et toujours aussi imposant. Ses chaussures sont toujours polies, ses lacets toujours parfaitement attachés. D’ailleurs, peu importe, il a toujours des gants aux mains. Cela sert à cacher de nombreuses cicatrices qu’il s’est lui-même créées au fil des années ; en effet, se mordiller les doigts est pour lui un réflexe lorsqu’il est stressé, comme se ronger les ongles l’est pour certaines personnes. Avec ses crocs, cela va sans dire, il s’est blessé plus d’une fois, et souvent assez profondément. (Par contre, niveau pyjama, il n’a pas autant de style. Ensembles rayés à bonnet, c’est ça, c’est tout.)

Dernière petite chose à savoir. Vu que c’est en partie un vampire, ses sens sont sur-développés. Il remarque beaucoup de petites choses que les autres ne voient pas, n’entendent pas, ne sentent pas. Cela fait aussi qu’il est plutôt difficile, niveau nourriture.

Caractère
Il est difficile de cerner quel genre de personne est Melanthios rapidement. Certes, il se montre toujours sous un jour sérieux, professionnel au possible, essaie de cacher ses goûts et sa personnalité en suivant toutes les règles à la perfection. Un air de mystère l’entoure, aux premiers abords. Froid et silencieux, comme certains le diraient, il dénie tout ce qui pourrait lui donner une apparence sensible ou fragile avec ardeur. Le demi-vampire essaie de se donner une façade d’homme fort, une air d’autorité, peu importe. Cependant, il est facile de percer cette carapace pour découvrir un peu plus de lui. Non, il n’est pas froid, contrairement à ce qu’il laisse paraître ; non, il n’est pas renfermé. Enfin, oui il l’est, mais bon. Il est tout simplement timide. Très, très timide. Les interactions sociales, ça n’a jamais été son truc. Tout peut le gêner. Gérer sa gêne, ce n’est pas un truc qu’il sait vraiment faire, non plus. Donc, il l’extériorise en criant en peu, en s’énervant. La colère est une façon de s’exprimer comme une autre, après tout. Si ça fait de lui quelqu’un de grognon, soit.

Ses émotions sont quelque chose d’assez compliqué à décrire. Elles existent, elles sont là, elles sont présentes. Cependant, il ne les aime pas. Par le passé, il avait tendance à les réprimer, à les ignorer complètement. Aujourd’hui, il a compris qu’elles sont importantes, pour être une personne vivante, pour espérer aller plus loin et évoluer. Ça ne veut pas dire qu’il sait comment les exprimer. Le sorcier a justement développé une plutôt bonne poker face, qui fait que ses émotions ne sont pas toujours évidentes à lire. Il suffit pourtant de lui mettre un peu la pression qu’il craque. Rougissements, balbutiements, ce sont des signes qu’on voit souvent chez lui. Ça veut dire qu’il essaie de cacher quelque chose ou qu’il est stressé, ou encore qu’il ment, la plupart du temps. Bref, ça arrive souvent, car il est très prompt à prendre des décisions pas toujours très matures et réfléchies. En réalité, il faut aussi savoir qu’il est très sensible, pas seulement irritable, même s’il l’est, ça c’est vrai. Il donne beaucoup de sermons à ceux qui causent des problèmes. Ça vient souvent de son énervement, mais aussi de son inquiétude, qui est facile à faire ressortir. Il ne veut que le mieux pour ce dont il a la responsabilité. Au final, même s’il est très irritable et un peu malaisant, il est aussi inoffensif, en temps normal. Bien sûr, il existe plus sympathique, moins grognon, mais ses intentions sont bonnes. En général.

Mis à part cela, Melanthios est assez gentil. Il sait comment gérer un groupe d’élèves et s’y attache facilement, même s’il n’est pas le meilleur pour le montrer.  Il n’ignore jamais le problème de quelqu’un et l’aide s’il le peut, ou s’il ose – il ne faut pas oublier sa timidité, qui rentre dans l’équation et le fait souvent hésiter à prendre le premier pas. Malgré son sens du devoir aigu, il ne va pas chercher de justifications aux mauvaises actions des autres. Il a beau être devenu doux et timide, il n’est pas naïf ni faible. Il sait qu’il faut se défendre lorsqu’on l’attaque. Ses insécurités et peurs se mettent d’ailleurs de côté lorsqu’une menace est présente et il devient sérieux. Une fois que le sorcier ne joue plus, il est difficile de l’arrêter. Si la situation s’envenime, il peut carrément devenir violent, retournant dans son soi passé. Sur le moment, il lui arrive d’être à nouveau contrôlé par l’adrénaline du combat, de l’adversité. Même si cela peut arriver, il le regrette toujours. Le premier fils des Black a appris des erreurs de son passé et n’aime plus employer la violence. Alors qu’autrefois, il appréciait tout détruire, il regrette désormais tous les problèmes qu’il a causé. Pourtant, il pourrait tout de même lui arriver de perdre le contrôle de lui-même si ses émotions deviennent trop extrêmes ou si la situation l’y oblige.

C’est également un homme qui sait se faire respecter. Enfin, plus ou moins… À l’époque, il agissait de façon charismatique devant les autres élèves de Poudlard. Pour les convaincre de ses idéaux de la supériorité des sangs-purs, de la supériorité des inhumains, choses qu’il ne croit absolument plus aujourd’hui. Il le fait, certes, mais, depuis toujours, il a une peur folle d’être sur le devant de la scène. Il stresse facilement lorsqu’il doit parler à beaucoup, bien qu’il le renie encore aujourd’hui. Maintenant qu’il est plus émotif et qu’il s’est énormément adouci, il est juste beaucoup plus facile de s’en rendre compte. Même pendant ses cours, on peut le voir, si on y fait bien attention. C’est un petit peu la honte. Il lui arrive souvent d’avoir de longs blancs, pendant ses discours, lorsqu’il est nerveux.

Quelque chose qui a été difficile pour lui à contrôler et à accepter à propos de lui-même est, au final, sa propre nature vampirique. Il sait. Depuis tout jeune, Black sait que ses pulsions violentes, envies de sang, envie de conflit, ça vient de là. Depuis qu’il a été incapable d’y résister et qu’il a attaqué son frère, il apprend à les réprimer. Cela fonctionne, oh oui, sauf lorsqu’il perd le contrôle, ou quand il estime qu’il en a besoin. La violence reste assez naturelle chez lui, il lui arrive de juste ne pas le réaliser avant de faire une bourde. Il déteste lorsque cela se produit. Il a honte, très, très honte de cette partie de lui, celle qui est dure et qui n’en fait qu’à sa tête. Ça doit être pour cela que son estime de lui est basse, très basse. À un point où, s’il se retrouvait dans une situation dangereuse, il estimerait ne pas avoir besoin d’être sauvé. Ne pas le mériter, même. Pourtant, il se battra. Si c’est pour protéger les autres, ceux qu’il aime, ceux dont il a la responsabilité, il fera tout. Ça ne paraît pas, mais c’est un vrai papa poule avec les jeunes et un ami loyal pour ceux auxquels il s’attache. Malheureusement pour lui, il s’attache facilement, en plus.

Tout de même… On peut donner des caractéristiques un peu moins flatteuses au sang-mêlé. Notamment, il est plutôt paresseux. Il restera après les cours pour aider les élèves car il les aime, mais il ne se proposera jamais pour le faire à chaque jour ou quelque chose. Non, son truc, c’est plus de s’affaler sur son canapé, ses deux chats sur les genoux, et de zapper la télé pendant des heures avec son merveilleux repas réchauffé. Car il ne sait pas cuisiner. Il aime refiler ses responsabilités aux autres, si possible, mais ne le forcera pas non plus ; il veut rester subtil dans son approche, car ce n’est pas exactement quelque chose de bien vu, que de ne vouloir rien faire.

Histoire
Melanthios se fait appeler Black, mais, ironiquement, ce n’est même pas le nom qu’il aurait dû avoir. Non. C’est le fils d’Amélie Courville, une jolie sang-pure, et d’un vampire dont il ne connaît pas le patronyme. Ce fut le résultat d’une aventure d’un soir, une erreur qu’elle décida de garder. Sa famille n’en dit rien. Il vient de Cardiff, au pays de Galles, où elle était en vacances et où elle décida de s’installer. Elle s’acheta une petite maison confortable, assez luxueuse, aux frais de ses parents, bien sûr. Ça prit seulement quelques années avant qu’elle se marie à un autre sang-pur, le réel Black, et qu’ils aient un fils ; son petit-frère. Il fut cependant toujours traité comme étant son fils, lui aussi. Ça ne prit pas longtemps avant qu’ils emménagent dans une plus grande maison, où les deux garçons passèrent leur enfance. Cette maison, ou plutôt ce petit manoir, était entièrement payé par Theodore, le père de famille, qui exerçait un job très payant au sein du ministère de la magie. Les deux garçons ne mettaient que rarement le pied dehors. Des tuteurs venaient leur donner des cours, les initiaient à des facettes plus théoriques du monde magique, à d’autres langues, à des instruments... Cela va sans dire, leur enfance fut assez solitaire. Ni Melanthios, ni Celian ne purent se faire des amis hors des bals ou grands événements, donc les relations n’étaient pas faciles à tisser ni bien durables.

Theodore n’était pas très présent. Amélie l’était un peu plus, mais elle n’était pas toujours la mère la plus chaleureuse qui soit. Le caractère des enfants ne surprit personne. Les deux étaient excessivements formels, excessivement polis, excessivement vieux pour leur âge. Solitaires, aussi. Ils ne pouvaient que jouer entre eux. Cela les força à avoir une relation plus serrée, à rester ensemble, à se soutenir l’un l’autre. Dans ce petit monde, ce n’était qu’eux deux, leurs tuteurs et leurs parents. Voilà pourquoi, lorsque la magie de Melanthios se manifesta pour la première fois, c’était son petit frère qui en avait été témoin. Pas leurs géniteurs, pas leurs enseignants. Ce fut pendant que l’aîné jouait une pièce au piano à son cadet. Alors qu’il était dans la mélodie, il ferma les yeux, se concentra sur les notes, et plusieurs touches furent miraculeusement poussées en même temps. Touches qu’il ne touchait pas. L’harmonie créée fut terrible, mais voilà ; il était magique, lui aussi.

Ce fut sans surprise que, quelques années plus tard, il reçut une lettre qui le convia à Poudlard. Il partit donc à l’école à onze ans, mettant les pieds à Londres pour la première fois. Son voyage dans le Poudlard Express fut plutôt solitaire. Au début, il avait une cabine à lui-même, sauf que, un peu plus tard dans le voyage, quelqu’un rentra. Cette personne devint son ami, son confident, puis, plus tard, l’élu de son coeur.

Une fois arrivé à Poudlard, ce fut rapidement l’heure de la cérémonie de répartition. Melanthios était nerveux, très, très nerveux. Il ne savait pas du tout dans quelle maison il se retrouverait et cela lui faisait assez peur. Il espérait que son nouveau compagnon finisse dans la même que lui. Lorsque son tour vint, le choixpeau fut posé sur sa tête. Ça prit quelques secondes à peine avant qu’il s’écrie : « SERPENTARD ! » Malheureusement pour lui, son camarade ne partageait pas sa maison ; iel était à Gryffondor. Ça ne les empêcha pas de se voir souvent, très souvent, pendant toute l’année.

Ce fut seulement pendant les vacances qu’ils se séparèrent. À Noël, donc, puis en été. À ces moments-là, le sang-mêlé pouvait passer du temps avec son frère, qui, trop jeune, n’allait pas encore à l’école, alors il en profitait. Le pauvre, il passait le restant de son année totalement seul, sans personne d’autre de son âge ou environ pour lui tenir compagnie.

Il ne dit jamais à personne d’autre qu’il était en partie vampire. Ce n’était qu’un détail, rien de bien conséquent. Rien qui le changeait en tant que personne. Il était lui, peu importe.

La deuxième année ressembla à la première. Rien de bien particulier ; seulement un jeune garçon qui s’épanouissait à l’école de magie, dans sa maison, avec ses amis, rares, mais fidèles, qui découvrait lentement, mais sûrement le monde qui l’entourait. Non, les choses tournèrent au vinaigre en troisième année. Pourtant, ça n’en avait pas l’air. C’est en octobre que lui et son ami décidèrent de se mettre en couple, poussés par leurs sentiments réciproques. C’était un peu tôt ; aucun des deux n’était mature, aucun des deux ne savait réellement ce qu’il faisait. Pendant quelques mois, cependant, tout se passa bien. Cela changea en mars. Alors qu’ils s’embrassaient, l’amour de Melanthios put goûter pour la première fois une chose ; du sang. Du sang dans sa bouche, oui. Il n’avait pas fait attention, il avait oublié de se rincer la bouche.

Il n’attaquait pas les gens, oh non. Cependant, il ne pouvait pas toujours résister à sa soif, et trouvait d’autres façons de l’étancher. Sur le coup, pourtant, il ne put rien répondre à ses accusations. Il n’eut pas le courage de se défendre alors que iel romput. Il ne put rien faire pour éviter que le savoir qu’il était en partie vampire, un monstre, se répandit chez les élèves. Les adultes tentèrent pour certains de convaincre les enfants que cela était faux, que ce n’était que des rumeurs, mais c’était trop tard. Les gens le savaient, désormais. Plusieurs se mirent à parler dans son dos à cause de cela, et, même si des fois c’était seulement une légère paranoïa, il était certain que tout le monde le détestait, apeuré par la vérité qui était sortie.

Lorsqu’il confronta son ex à nouveau, quelques semaines plus tard, tous les deux étaient plus agressifs. Ils se disputèrent, crièrent. La rage, la peur de Melanthios ressortit, de la façon la plus moche qui soit. À partir de là, ils se mirent à se battre souvent, tous les deux. En criant, des fois à la baguette, des fois au corps à corps. Une fois ou deux, même, il planta ses crocs dans son cou, but un peu, mais personne n’en sut jamais rien. Aucun des deux ne voulait arrêter cette rivalité, ces tensions, aussi toxique que cela ait pu être.

Ce fut en même temps que la personnalité, autrefois assez peu avenante, calme et posée du jeune homme changea. Le dédain que les autres avaient envers lui, combiné à sa colère, lui firent croire qu’ils étaient tout simplement jaloux. Jaloux de quoi ? Jaloux de son héritage, jaloux de sa famille, jaloux de sa supériorité. C’est à ce moment qu’il commença à dédaigner les autres, à les prendre de haut. Ça ne fut pas beau à voir. Sa relation avec son frère, qui était désormais lui aussi à Poudlard, en pâtit vite, très très vite.

Au fil des années, ça ne fit qu’empirer. En plus, il lui arriva assez souvent de prendre part à des duels injustifiés et non-régulés avec d’autres élèves, rien que pour leur montrer qu’il était meilleur sorcier qu’eux. Il travaillait dur, fort, voulait prouver à des personnes qui n’existaient pas qu’il gérait. Ses parents ne semblaient pas le remarquer, du moins, n’en faisaient pas tout un plat. Les autres sorciers de son école l’ignoraient tout autant, le méprisaient, même, à cause de son caractère condescendant et discriminatoire. Il était déjà trop tard pour lui changer ses idées ; les autres élèves étaient des ignorants et ils devaient écouter sa parole. Ça ne l’aidait pas à sociabiliser. Quelques uns des amis qu’il s’était faits en première année partirent, quelques uns restèrent, malgré tout. En cinquième année, il commença à se faire plus vocal avec ses avis, à en parler à ceux qui étaient intéressés par ses illusions, alors que personne n’avait le courage de vraiment lui parler et lui dire de se la fermer. Il prenait le blâme de plusieurs mauvaises actions des autres. Un feu dans les toilettes, il affirmait l’avoir fait. Des fois, il mettait vraiment le feu lui-même, avide de l’attention des autres, de leur regard impressionné devant son courage et sa fougue.

Cette partie de sa vie, pleine d’illusions et d’erreurs, se termina en septième année. Pour les premiers mois, il ne faisait que se laisser sombrer. De plus en plus souvent il causait des problèmes, de plus en plus souvent il disait du mal des autres, de plus en plus souvent il rabaissait quiconque tentait de l’approcher. Cela changea lors des vacances de Noël. Dans le grand manoir silencieux, il n’avait rien à faire. Il s’enferma donc dans sa chambre, s’empêcha de dormir, passa des jours et des nuits à analyser certains de leurs vieux ouvrages. Il commençait à s’intéresser à un type de magie moins acceptée, plus occulte, plus noire. La première semaine de vacances le rendit fatigué, à force d’étudier, à force de travailler. Frustré, aussi, car les résultats n’étaient absolument pas au rendez-vous.

Alors, le 25 décembre vint. Celian cogna à sa porte, l’invita à se rendre à la salle à manger pour le petit déjeuner. Lorsqu’il ouvrit la porte, le demi-vampire sentit ses instincts ressortir ; il voyait rouge. Il attrapa le col de son pauvre cadet, le tira dans sa chambre, l’attaqua, à moitié délirant sous les effets du manque de sommeil et sa nature. Difficile de se défendre lorsqu’on n’avait pas fini sa croissance et que l’autre oui, en plus d’être dans un état tout simplement dangereux.

Il reprit ses esprits peu de temps après, mais c’était déjà trop tard. Celian dût être amené à l’hôpital. Heureusement, la plupart des blessures étaient légères, sauf une, près de son oeil, qui laisserait une cicatrice à vie. C’est là-bas seulement qu’il réalisa à quel point la personne qu’il était n’était pas qui il voulait être. Il ne voulait pas être un monstre, mais il en était un. Il était un monstre. Il avait attaqué une des constantes de sa vie, une des personnes les plus précieuses qu’il avait sans être capable de s’arrêter. Il avait raté. Les autres avaient raison, depuis tout ce temps.

Suite à cet incident, il commença à faire de la canitie. Sûrement que son stress ne l'aida pas. Dès le début, il ne se teint pas les cheveux, trouvant que cela faisait trop d'efforts pour pas grand chose. Il abandonna aussi ses idées stupides de magie noire, qui n’avaient pas duré bien longtemps, au final. Le restant de sa septième année fut passée dans une longue et monotone phase dépressive, dont il garde encore quelques séquelles. Toute sa fierté d’être vampire (en partie), tout son complexe de supériorité, tout son esprit de compétition, tout cela disparut. Il ne gardait des bonnes notes que parce qu’il n’avait rien d’autre à faire que travailler, désormais. Sa relation de compétition toxique avec son ancien amant fut totalement oubliée. Il ne lui adressa plus jamais un mot.

Bien sûr, il fut pris en charge. C’était tout de même un assaut ; quelque chose de dangereux. Vu sa situation, ils préférèrent lui imposer un suivi psychologique strict plutôt qu’une peine plus notable.

L’été suivant cette année fut particulièrement difficile. Cohabiter avec Celian à nouveau ne fut pas simple pour lui, qui n’arrivait pas à le voir sans se revoir dans cet état, primitif et écervelé, lorsqu’il n’avait plus le contrôle de sa personne. Il s’enferma à nouveau dans sa chambre, piégea son esprit dans les livres, encore une fois. Avant même qu’il le réalise, l’été était fini et il ne s’était enrôlé à aucune université pour poursuivre ses études. Il prit donc cette année pour essayer de récupérer, essayer de se remettre sur le bon chemin. À l’aide de son thérapeuthe, il apprit comment garder son calme, comment réprimer sa violence. Ses parents le laissèrent, mais firent quand même venir des tuteurs pour l’occuper avec divers cours, comme lorsqu’il était petit. Piano, langues, c’était comme s’il avait repris de quand il était enfant, avant son départ à Poudlard.

Le prochain été arriva et il ne savait pas toujours vers où il voulait s’orienter, pour l’université. Son frère fut de retour à la maison ; bien sûr, il commença à nouveau à s’enfermer dans sa chambre, comme l’année précédente et pendant les quelques semaines en hiver où il était là. Cependant, ça ne se passa pas comme l’année passée.

Les deux se croisèrent dans le jardin. Plus d’une fois, même. Ils ne se parlaient jamais, cependant. Celian aimait beaucoup le jardinage, il s’en occupait souvent, normalement ; et, pendant cette année-là, Melanthios commença à en faire aussi, au printemps, pour se changer les idées, selon les conseils de son thérapeuthe. Ils arriva plus d’une fois qu’ils étaient dans le jardin en même temps, à s’occuper de leurs choses chacun de leur côté. C’est en s’entraidant avec le jardin qu’ils recommencèrent à parler. Peu au début, puis, vers la fin de l’été, beaucoup plus souvent.

C’est en début août qu’il eut l’idée d’aller étudier en botanique. Bien sûr, il était tard, très tard pour s’enrôler, mais avec des parents aussi riches et un père influent, ils réussiraient bien quelque chose, n’est-ce pas ?

Une chance pour lui qu’il avait de bonnes notes, de très bonnes notes. Il fut accepté dans un institut des sciences magiques de Paris, où il passa les années suivantes à étudier. Ça fut plus difficile qu’à Poudlard pour lui, car il n’avait plus vraiment envie de travailler. Il avait perdu toute sa motivation en septième année. Cependant, il réussit tout de même, se forçant à accomplir ses travaux pour avoir un travail et son diplôme. Suite à l’obtention de son diplôme, il passa plusieurs années en France pour faire des recherches. Ces années-là, les autres aspects de sa vie furent plutôt délaissés. Il passa certes presque toutes ses vacances dans le manoir avec sa famille, mais, le reste du temps, il habitait son petit appartement, seul. Ça lui allait, mais c’était solitaire. Même avec ses collègues, il était plutôt distant. Ça lui manquait, dans sa vie, l’occasion de voir des gens, d’interagir, de voir le résultat de ses efforts sur autre chose que des papiers et des plantes.

Vers 25 ans, il retourna sur les bancs de l’école, voulant devenir professeur. L’école commençait réellement à l’ennuyer, lui qui avait passé la majorité de sa vie là-bas, mais il passa quand même ses années là avant d’obtenir son diplôme. Finalement, à 30 ans, il fut engagé pour la première fois en tant qu’enseignant ! Malheureusement, pas en tant que professeur de botanique, mais en tant que professeur remplaçant à Beauxbâtons. Il garda cet emploi pendant deux ans, mais décida de le quitter après. Il voulait trouver une école où il pourrait enseigner sa matière, pas simplement jouer aux surveillants d’élèves car il ne connaissait pas la matière étudiée comme le fond de sa poche.

Son CV et ses diplômes avec lui, Melanthios retourna donc à la recherche d’un emploi. Il entendit, de certains de ses camarades de promotion de son deuxième tour à l’université, qu’une école canadienne, Ilukaan, avait besoin de quelqu’un qui avait ses qualifications. Il s’y présenta donc pour un entretien avec le directeur, assez nerveux, mais plein d’espoir quant à ce qui en ressortirait.

Finalement, on l’accepta. La rentrée 2019 ; ça serait le début de cette nouvelle partie de sa vie.