Notre histoire débute aux Pays-Bas, plus particulièrement dans la commune de Rotterdam. Deuxième plus grande ville du pays, cette dernière se remarque principalement pour ses infrastructures portuaires, dont la réputation se fait à l’international depuis maintenant des siècles. C'est cependant dans les environs de Rotterdam, bien loin donc du centre agité de la commune néerlandaise connue pour son avant-gardisme, que commence ce récit.

Tout débute avec l'union de deux sorciers ; une Auror travaillant depuis maintenant des années pour le ministère de la magie néerlandaise et un professeur-chercheur, enseignant dans une faculté de sciences appliquées dans le centre de Rotterdam. Leur union ne fut pas des plus simples. Monsieur venait d'une famille de sang-pur assez conservatrice et, quant à elle, madame venait d'une famille de sang-mêlé en avance sur son temps, souhaitant l'égalité entre les non-maj' et les sorciers. Après de nombreux conflits lié à l'ascendance de cette dernière, la famille du côté paternel finit par accepter le choix de leur fils malgré leurs différends. Même si, dans les faits, une certaine distance s'est marquée entre le père de Darren et ses proches, il reste très reconnaissant que ces derniers aient laissés de côté ce sens de la tradition pour qu'il soit heureux avec la femme qu'il aimait. Les deux s'installèrent dans une maison modeste, mais suffisante, dans un quartier calme où il ne se passait pas grand chose. Cette dernière possédait un jardin assez conséquent qui permettrait l'épanouissement de leur descendance, Darren.

C'était un enfant qui aimait s'amuser et qui était doté d'une curiosité marquée pour divers sujets comme la nature ou encore le sport. Il appréciait jouer au football avec des jeunes de son quartier, mais plus il en apprenait sur le monde magique, plus il s’éprit pour le quidditch. Il en était passionné, tout comme l'était son père, avec qu'il ne manquait pas l'ombre d'un match. Il aimait particulièrement l'équipe des Bombardiers de Bigonville, dont les blasons avaient tapissé la chambre du jeune garçon de banderoles et d'affiches de supporter. Le sol de cette chambre, quant à lui, était décoré de nombreuses figurines de différents animaux, passant des plaines de toundras gelées de l’Arctique aux savanes dorées d'Afrique centrale, avec lesquelles le jeune sorcier passait son temps à s'amuser pendant les jours de pluie. Son amour pour la nature ne put qu'être renforcé par le fait que ses deux parents l'emmenaient fréquemment faire du camping ou encore des randonnées.

Pour ce qui est de l'école, elle fut ce qu'on peut qualifier de lambda. Ses premières années à l'école furent difficiles, certes, mais rien d'insurmontable. L'école fut compliquée pour Darren dans le sens où il avait du mal à tenir en place, plutôt que réellement pour un problème d'intégration. Il n'était pas fait pour rester derrière un pupitre. Comme tout garçon d'entre cinq et neuf ans, il lui arrivait parfois de se faire punir suite à une altercation pour des affaires de billes volées ou d'autres sottises de la sorte, mais rien de spécialement marquant au point de se démarquer dans sa mémoire. Là où les cours normaux ne l’intéressaient pas, il fut introduit par son père à la culture magique peu à peu et à la langue française - il n’eut jamais de difficulté à l’apprentissage d’autres langues, au contraire même. Ce monde, celui de la magie, qu'il ne connaissait qu'en théorie était bien plus intéressant à ses yeux que les ennuyeux cours de grammaire néerlandaise qu'on lui avait enseigné jusqu’à lors. Quand vinrent ses onze ans, le dossier pour son inscription à Beauxbâtons, l’école française de magie fut amené. Ce ne fut pas une grande surprise, après tout, ses parents l’avaient préparé depuis maintenant des mois et des mois à ce moment.

La séparation avec ses parents fut difficile - ses parents avaient toujours eu une tendance à le couver, mais après des mois, il finit par s’intégrer parmi les autres élèves sans le moindre problème. Il souhaitait dans un premier temps rejoindre l’équipe de Quidditch de l’école, mais il échoua. Le jeune néerlandais s’est montré subir un vertige assez sévère tout le long de sa scolarité. Ce problème, fatal pour n’importe quelle personne qui voudrait se lancer dans une carrière liée à ce sport, traça une croix rouge sur cette voie pour lui. Il se reprit en main assez rapidement, se découvrant des capacités exceptionnelles dans les matières scientifiques, particulièrement dans les potions pendant ses premières années. En dehors des cours, il finit par rejoindre un club de gymnastique, poussé par sa mère à trouver une activité qui lui plaisait, autre que le Quidditch. Il n’en fit que quelques années mais il y démontra une certaine flexibilité et des capacités dans le sport qu’il ne se pensait pas capable d’atteindre.

Il maîtrisa assez vite la langue française, avec l’aide des cours proposés par l’école pour les élèves venus de pays étrangers. Malgré un fort accent, qu’il finit par perdre avec les années, il n’avait aucun souci avec le français. C’est vers  sa quatrième année qu’il se découvrit un amour pour la botanique. Alors qu’il ne trouvait pas le sujet très intéressant au début de sa scolarité, il finit par s’attacher aux cours de phytobiologie que son séjour en France lui proposait. Il termina ses études dans l’établissement en septième année avec un thème “O” dans la plupart des matières dans lesquelles il s’était concentré ; c’est-à-dire, la botanique, les potions et les soins aux créatures magiques.

Toujours poussé par ses parents, il rejoignit les bancs d’une université de biologie magique assez réputée en Autriche. C’était un énorme campus avec de nombreux bâtiments, ici et là, vacillant aux environs d’un lac. Ce fut là que Darren finit par rencontrer un de ses meilleurs amis de l’époque, Henry. D’abord simple colocataire, le châtain ne se doutait pas que ce dernier deviendrait une des personnes dont il se sentirait le plus proche. C’était un garçon aux habitudes plutôt étranges, mais à la fois charmantes à leur manière. Les deux s’étaient rapprochés avec le temps et ce qui n’était qu’une simple amitié finit par devenir ce qui était le premier amour de jeunesse de Darren.

Darren ne s'était jamais senti aussi proche de quelqu'un, mais surtout, aussi heureux pendant les années qu’ils ont passés. Henry s’est spécialisé en magizoologie, et Darren, quant à lui, en botanique. Le blond était un charmeur qui aimait s’amuser, ce qui, avec le temps, déplut de plus en plus à son camarade. Il ne savait pas pourquoi, mais il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine envie à l’égard des femmes que Henry côtoyait. Il avait peut-être peur que ce dernier se fasse du mal en enchaînant les petites relations sans lendemain. Il se voyait comme cet ami qui se devait d’entretenir Henry, un ami qui devait être là pour lui. Un ami. C’était ce qu’il pensait. Ce fut un jour de juin, qui marqua subitement la fin de cette époque où les deux pouvaient se voir au quotidien. C’était un jour ensoleillé, comme les autres. Sauf pour les deux. Il y avait un silence pesant sur le quai de la gare quand Henry dut prendre un train pour Vienne, afin de se rendre à l’aéroport le plus proche. Il devait terminer les dernières années de son doctorat en Bolivie. Darren savait qu’ils pourraient se revoir, Henry lui avait promis, mais il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine amertume à son départ.

L’appartement était vide sans lui. Le châtain venait de réaliser le problème ; Henry, il l’aimait. Il n’avait jamais pu lui dire - il aurait pu, mais, il le savait, le blond n’aurait jamais pu lui rendre. Il se disait qu’il allait reprendre normalement ses études, mais, ce ne fut pas le cas. Il eut d’énormes difficultés à reprendre les cours normalement à partir de sa sixième année. Il préférait sortir avec d’autres amis plutôt que de réviser. Il finit par louper son année, de peu. Il se haïssait, au plus profond de lui ; après tout, il avait laissé un garçon ruiner son année. Il se reprit en main et termina son doctorat de biologie magique après avoir prouvé ses capacités, mais malheureusement avec des lacunes sur la pratique, l’empêchant de pouvoir décrocher une soutenance de thèse suffisante à la réalisation de ce qu’il voulait faire ; aller sur le terrain. Il avait deux choix à partir de là, partir vers l’enseignement ou se tourner vers le travail dans des laboratoires.

C’est vers cette deuxième option que Darren finit par se diriger. On le retrouva, quelques années plus tard, installé en plein centre de Montréal, où il exerçait en tant que chercheur dans l’institut de biologie magique du coin. Travaillant dans le domaine de la génétique du végétal, il avait travaillé sur de nombreuses pathologies magiques liés à de nombreux sérums et autres potions. Darren était un des nombreuses contribuables participant à l’avancée des guérisseurs sur des maladies encore peu connues. Après avoir été publié pour ses écrits sur les Lamiacées, et plus particulièrement le dictame de Crète, il devint une petite célébrité dans le milieu. Il participait à de nombreuses conférences liées à la place de la botanique dans la société magique et eut l’occasion d’enseigner, plus d’une fois. Avec le temps, cependant, le métier ne lui plaisait plus. Un an après s’être naturalisé canadien - il avait le niveau en anglais comme en français - il finit par quitter son emploi pour repartir sur des bases plus saines.

Il voulait se tourner vers un métier où il se plairait vraiment. Avec sa dizaine d’années dans la recherche, la première chose qui lui vint en tête fut l’enseignement. Il ne s’était jamais senti aussi utile qu’en enseignant à des jeunes ce qu’il aimait faire. Il aimait sentir des élèves intéressés par ce qu’il leur apprenait. C’est vers là que le châtain voulait se tourner. Heureusement pour lui, un appel d’offre vint quand il en eut le plus besoin. L’école d’Ilukaan cherchait un professeur de botanique. Il s’y présenta, et après un long entretien avec monsieur Leroy, cet homme impressionnant avec beaucoup de charme, il finit par se faire rappeler pour être pris à l’essai. La plupart des élèves l'avaient vu comme un bon professeur et avaient des retours positifs sur ce dernier. C'était un professeur passionné qui savait de quoi il parlait. Un professeur qui savait donner aux autres l'envie d'en savoir plus sur le monde végétal.

Il n’était pas parfait, bien sûr. C’était un professeur qui débutait dans le milieu de l’éducation et comme beaucoup, il avait quelques difficultés avec son autorité - beaucoup sont ceux qui lui ont déjà répondu ou l’ont simplement ignoré. En rétrospective, sa première année fut merveilleuse. Darren se donnait à fond dans ce qu’il faisait pour satisfaire son supérieur, il ferait tout pour recevoir un simple sourire de ce dernier. Il s’est fait de nombreux amis parmi ses collègues, avec qui il peut passer du temps en dehors des heures de cours sans aucun problème - il faudrait seulement qu’il en ait, du temps, avec tout son travail.<

(c) Ilukaan