ILUKAAN est un forum MULTIFANDOM dans l'univers d'Harry Potter.
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[29.09.2023] ceux qui rêvent | Rp Solo
Mateus de la Cruz
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ϟ Année scolaire : 7ème année
ϟ Baguette : Ébène, poil de womatou, 27 cm
Mateus de la Cruz
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Sujet: [29.09.2023] ceux qui rêvent | Rp Solo
Sam 30 Sep 2023 - 1:07
                    

 

 

ceux qui rêvent


Mes nuits blanches ne sont pas blanches
A peine claires, semées d’étoiles

La journée avait été exténuante. Et pourtant, Mateus n’arrivait pas à dormir. C’était quelque chose de très rare, chez lui. Il avait beaucoup de problèmes, mais les insomnies n’en faisaient normalement pas partie. Comme tout le monde avait fini par aller dormir, il s’était glissé dans la salle de bain pour faire un peu trempette. Il avait préparé sa bombe de bain, son shampooing spécial cheveux frisés, et son gel douche à la vanille - il savait qu’il s’accordait très bien à son parfum au jasmin. L’eau brûlante avait vite rempli la salle de vapeur, et rien que ça suffisait à apaiser Mateus. Si beaucoup pouvaient se plaindre de la chaleur, pour lui ce n’était rien de plus que réconfortant, et il n’avait jamais trop chaud. Pour lui, une telle atmosphère rappelait l’été - le verger chez ses parents, la piscine dans le jardin, les herbes hautes et jaunes à cause du manque d’eau. Un paysage qui aurait pu servir d’inspiration à des églogues.

Petits trous dans la toile étanche
Tristes strass sur le voile

Il lâcha la bombe de bain dans l’eau, et aussitôt il eut l’impression de se retrouver face à une mer d’or en fusion. Il y entra avec bonheur, sachant qu’il rayonnerait quand il en sortirait. Il se plongea entièrement dans l’eau, y enfouit même sa tête, les yeux fermés, se retrouvant presque en position foetale lorsqu’il ramena ses jambes vers lui pour les entourer de ses bras. Enveloppé de chaleur, replié sur lui-même - c’était ainsi qu’il se sentait bien. Il lui manquait juste une présence - celle de sa sœur. Cette jumelle avec qui il avait passé neuf mois dans une symbiose parfaite.
Il ignorait combien de temps il avait passé dans l’eau, lorsqu’il se rendit compte que l’eau était froide. Il quitta sa rivière d’or, son temple, attrapa sa serviette pour la passer autour de son corps trop fin. Et il s’approcha du miroir, pour admirer son aura mordorée et melliflue.

Et moi, envoûtée de ténèbres
Je passe des heures infinies
À compter les moutons funèbres
Qui tapissent mes insomnies

Son souffle apposa une tache brumeuse sur la surface réfléchissante, et lorsqu’il l’essuya - il eut la surprise d’y apercevoir, pendant une seconde, l’image de sa sœur. Il recula aussitôt. Mais Thaïs n’étant pas dotée du don d’ubiquité (à sa connaissance, du moins), il se reprit. Et il recula à nouveau lorsqu’une voix sortit du miroir. Une voix qu’il connaissait très bien, puisqu’il s’agissait de la sienne. Ce qu’il ressentit fut comme une anacoluthe - une rupture syntaxique, dans les phrases de son esprit plutôt que dans celles que l’on pouvait coucher sur le papier. Comment était-ce possible d’entendre sa propre voix quand il n’avait pas ouvert la bouche ?

- Pourquoi fuis-tu, Mateus ? De quoi as-tu si peur ?
- Déjà on va bien se calmer, j’ai rien demandé à personne, pourquoi le miroir me parle avec ma voix ? C’est une caméra cachée ?

Il se tourna de tous les côtés, comme pour la chercher. Mais il n’y avait rien. Rien à part lui, et son reflet dans le miroir. Il s’en approcha, pour essuyer la buée et rendre son image plus nette. C’était lui… mais pas tout à fait. La voix avait beau être légèrement moqueuse, ce qu’il voyait lui faisait un peu mal - c’était lui, mais avec le regard presque triste et fuyant, l’air timide. C’était lui, les mauvais jours. Il avait vu tant de fois ce reflet qu’il le connaissait par cœur, mais il n’avait pas besoin de ça en ce moment. Il s’en détourna aussitôt. Il l’aurait fait, si la voix ne s’était pas à nouveau élevée dans l’air.

- Arrête de fuir, déclara la voix d’un ton péremptoire. Fais face à ton reflet.

Il se tourna vers lui. Vers lui-même.

Ah, minuit est là
Ah, je ne dors pas

- Tu ne peux pas me glisser sous le tapis comme tu le fais de ton amour pour Nathan.

La phrase, dite si simplement, le surprit. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, comme s’il ne croyait pas à ce qu’il venait d’entendre. Il pouvait dire à ses amis qu’il n’était pas amoureux de Nathan - mais à ce reflet, il savait qu’il était inutile de mentir.

- Plus pour longtemps. Ça va passer… je vais l’oublier, et je pourrai aimer Genji.
- Depuis combien de temps dis-tu que tu vas oublier Nathan ? Un an, peut-être deux déjà, non ? Et pourtant… Mais ce n’est pas étonnant. Tu dis vouloir l’oublier mais tout ce que tu fais c’est te reposer sur lui. Comment ferais-tu s’il n’était pas là ?
-Je n’ai pas besoin de lui, j’ai…
- Thaïs ? Mãe ? Tu es vraiment incapable de survivre seul, hm ?

Et moins je dors et plus je pense
Et plus je pense et moins j'oublie
L'immense impasse, l'espace immense
Qui s'étendent au fond de mon lit

- Thaïs, d’ailleurs… ta jumelle, ton âme soeur, ton soleil. Comment vis-tu le fait de n’être qu’un écho d’un soleil si puissant que tu passes pour en être un toi aussi ?
- Je ne suis pas un écho. J’ai une personnalité propre, je suis quelqu’un.
- Quelqu’un qui n’a rien à apporter aux autres ?
- J’ai des choses à apporter.
- Quoi, par exemple ?

Les mots lui manquaient. Ils étaient tous sur ses lèvres, sous sa langue, prêts à jaillir, pourtant rien ne sortaient quand il ouvrait la bouche pour les laisser sortir. Qu’avait-il à apporter, au fond, que lui seul pouvait donner ? Rien - il était remplaçable, il ne l’ignorait pas. Thaïs était déjà là pour être celle que l’on aimait. Elle n’avait jamais eu à faire d’effort pour attirer la sympathie des autres, elle. Toujours souriante et joyeuse, prête à défendre la veuve et l’orphelin, pleine d’idéaux et de rêves de changer le monde, tout le monde l’aimait et la soutenait dans chacun de ses projets. Et parfois, quand il avait de la chance, à force de traîner dans ses pattes, un peu de sa lumière rejaillissait sur lui, et on le regardait, lui attribuant des qualités qu’il n’avait pas, simplement parce qu’il était le jumeau de sa jumelle. Il n’était qu’une Lune déguisée en Soleil, et il ne le savait que trop bien.

C'est inouï tous ces silences
Qu'il est cosmique cet ennui
Dois-je recourir à la science ?
Anesthésier l'insomnie ?

- Tu as perdu ta langue ? Devrions-nous parler d’autre chose, dans ce cas ? Que comptes-tu faire, avec Genji ?
- Je… je l’ai déjà dit. Je vais l’aimer.
- Oh, bien sûr… comme tu as aimé tous ceux avant lui. Des petits ersatz d’amour qui disparaissent au bout de deux semaines. Tu veux tout avoir, mais dès que tu l’as, tu t’en désintéresses. Tu es un affamé qui court derrière tout ce qui semble pouvoir combler le vide qui te consume.

Il n’avait pas besoin de regarder le miroir pour savoir ce qu’il y verrait. Il connaissait son reflet par cœur, aurait pu dessiner chacune des côtes qui essayaient de transpercer sa peau, la minceur de ses bras dont les coudes semblaient presque difformes, la finesse d’un cou qui menaçait de se rompre à tout moment sous le poids de sa tête. Il avait beau dire qu’il était beau, qu’il s’aimait, chaque fois qu’il se retrouvait en face d’une psyché, il voulait la détruire. Pour peut-être se détruire avec.

Et puis passé minuit je danse
Au rythme des tachycardies
Et tout s'emballe et tout balance
Et tout m'étale et tout me fuit
La lune est un fruit un peu rance
La vie est une maladie

- Mateus ?

La voix n’était pas la sienne, et lorsqu’il releva les yeux vers son reflet, celui-ci le regardait dans les yeux. Il leva une main sur sa joue en voyant les larmes qui avaient coulées sans qu’il ne s’en rende compte. La voix de Nathan lui procurait un sentiment de joie ineffable - parce que le calvaire était fini. Peut-être cela ne durerait-il qu’un moment, que son reflet reviendrait à la charge avec de nouvelles choses à lui dire. Mais pour l’instant, il suivit simplement la voix de son ami, qui l’incitait à venir dormir. Il osa demander s’il pouvait dormir avec lui - de toute façon, son reflet avait raison. Il avait besoin des autres, et là tout de suite, il avait besoin d’une présence rassurante pour que ses insécurités se taisent et que son insomnie se calme. Il n’avait ni Thaïs, ni sa mère - alors Nathan ferait bien l’affaire.
            
Mateus de la Cruz
Cervirald
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Mateus de la Cruz
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Sujet: Re: [29.09.2023] ceux qui rêvent | Rp Solo
Dim 29 Sep 2024 - 3:07
                    

 

 

de quoi te plaire


Toute seule à l'ombre
Je rêve de tes bras
La nuit noire s'effondre
Et quelque larmes dans ma voix
La route était si longue
Pour arriver jusqu'à toi
Et tu viens de me dire
Surtout ne t'arrête pas


Et un an plus tard, il était de retour, devant ce même miroir qui avait tenté de le blesser. Avec amertume, il constata qu'il avait stagné - qu'il en était toujours au même point. Il regardait son reflet avec dégoût, les mèches roses qui encadraient son visage comme si ça avait pu changer quoi que ce soit.

Certes, beaucoup de choses s’étaient passées. Il avait pris une potion de désamour pour que ses sentiments pour Nathan disparaissent, et avait simplement perdu la capacité de ressentir quoi que ce soit. Il se souvenait parfois de la plénitude qu’il avait alors éprouvé - des sentiments qui avaient disparu, les positifs comme les négatifs. Il regrettait parfois cet état, quand il avait envie de s’arracher le cœur. Mais on lui avait dit que ce n’était pas normal, et il s’était senti coupable. Alors il avait quitté Genji, pour qu'il puisse se trouver quelqu'un qui l'aimerait autant qu'il le méritait. Il avait trouvé Mulan - elle avait l'air gentille, elle avait l'air de bien s'occuper de lui. C’était une bonne chose, et il était un peu heureux pour lui. De son côté, il avait embrassé Nathan. À deux reprises. Ça aurait pu être une bonne chose aussi, si celui-ci n'avait pas pris la fuite dès que Mateus le lui avait permis. Ces baisers, qui avaient tant de valeur pour lui, ne comptaient pas pour Nathan. C'était difficile à digérer, même s’il savait, au fond de lui, qu’il aurait toujours dû s’en douter. Mais il avait trouvé Anh Mai, ensuite. Ça avait calmé son coeur et ses angoisses pendant un temps. Il l’aimait, et il était presque sûr qu’elle l’aimait aussi. Pourtant, comme les autres, elle avait fini par partir.

Il pleurait sans arrêt depuis des jours, même s’il le faisait surtout quand il était seul, dissimulé dans les ombres, loin des regards. Comme un animal blessé. Cette fois, face au miroir, il réalisa que son mascara avait coulé. De la camelote qu'on lui avait envoyée pour qu'il en dise du bien. Il l'avait fait, mais la vidéo n'était jamais sortie parce que Thaïs l'avait visionnée avant. Elle ne cautionnait pas les contenus mensongers. Bien sûr, elle, elle n'avait besoin de rien pour que les autres la regardent et l'écoutent. Elle ne pouvait pas comprendre.


Et je regarde encore une fois
Dans le miroir, je ne trouve pas
De quoi te plaire
Alors j'écris des mots sans voix
Pour oublier que je n'ai pas
De quoi te plaire
De quoi te plaire


Peut-être que c'était pour ça, qu'on l'abandonnait - qu'on n'arrivait pas à l'aimer. Il était beau, de l'extérieur, il le savait et il en jouait beaucoup. Mais à l'intérieur, oh… ce n'était pas la même histoire. Il était sans doute laid à faire peur. S'il y avait même quelque chose de réel. Quelque chose qui ne sonnait pas creux. A chaque fois que les gens apprenaient à le connaître, il devenait repoussant. C'est pour ça que Nathan ne pouvait pas lui rendre ses sentiments : il le connaissait trop bien. C'est pour ça qu’Anh Mai l'avait quitté : elle avait touché du doigt la personne qu'il était vraiment. Au moins, avec Elliot, c'était simple. Pas de bavardage inutile, pas de sentiments à échanger, juste leurs corps pour communiquer et leurs lèvres pour s'embrasser avant de se quitter jusqu'à la semaine suivante. Quant à Lélio, c'était sûrement les joints qu'ils partageaient qui l'empêchaient de voir à quel point il était hideux sous son déguisement. Et Mateus appréciait trop les bras de son ami pour chercher à lui montrer celui qu'il caressait réellement.

La nausée monta dans sa gorge et il se précipita au-dessus de la cuvette. Tout son corps le brûlait - ironique, pour quelqu'un qui aimait tant la chaleur, que de finir ainsi à vouloir que ça cesse. Il avait sans doute trop mangé, encore une fois. Cela aussi, ça faisait des jours qu’il le faisait. Il savait très bien que c’était mauvais pour lui, qu’il se punissait toujours derrière, soit en se faisant vomir, soit en insistant davantage sur la danse et d’autres exercices - parfois les deux. Ses jambes tremblaient presque tout le temps, comme celles d’un faon qui apprend à marcher, et il avait l’impression constante que son torse essayait de se réduire en cendres. Les rendez-vous avec sa psy ne servaient pas à grand-chose en ce moment. Il ne voulait pas lui parler, ne voyait pas à quoi bon. Il imaginait que ça passerait, comme tout passait toujours. Sauf que ça ne passait jamais.


Il y a autour de moi
Tous ces hommes à la file
Mais même additionnés, multipliés
Je crains qu'il n'y ait pas chez eux
Le moindre souffle de ta grâce
Et tu viens de me dire
Reste ici, moi je passe


Et même, ça empirait. Lui qui croyait tant à l’amour parce qu’il en était rempli, il finissait par croire qu’il était peut-être le seul à être capable de ressentir ce sentiment. Il avait senti l’affection de Nathan quand il avait pu faire sien le don d’empathie, pourtant. Mais quelqu’un qui était si attaché à lui pouvait-il vraiment le traiter comme il l’avait fait la veille ? Un nouveau frisson parcourut son dos et sa main se serra sur son tee-shirt. Il se sentait étouffé, même s’il était trop grand pour lui, ce haut qu’il ne mettait que quand il allait mal. Peut-être que ce serait mieux si Nathan arrêtait de l’apprécier et qu’il le détestait purement et simplement. Ça ferait sûrement moins mal, si les choses étaient comme ça. Ou peut-être qu’il y avait eu une erreur. Peut-être que les tatouages fournis avec le Donlébile n’étaient pas fiables. Peut-être que ce qu’il avait pris pour de la tendresse à son égard était tout à fait autre chose. Pourtant, il l’avait vu dans ses yeux, senti dans ses gestes. Nathan cachait ses émotions derrière ses lunettes, mais il l’avait perçu aussi sensiblement qu’il sentait le sol sous ses genoux et la moiteur qui couvrait son dos. Un nouvel hoquet le prit et il pencha sa tête au-dessus de la cuvette.

Il n’avait pas été gentil non plus, en lui jetant ses “relations” à la figure. Il avait conscience d’avoir été celui qui avait ouvert le feu. Pourtant, ils avaient dit qu’ils ne se mêlaient plus des fréquentations l’un de l’autre. Mais le voir ainsi caresser quelqu’un d’autre, désirer quelqu’un d’autre, l’avait rendu fou de jalousie. Pourquoi n’était-ce jamais lui qui avait droit aux faveurs de la personne qu’il aimait le plus au monde ? Pourquoi devait-il assister à ces scènes qui lui brisaient toujours un peu plus le cœur ? Il n’était pas vraiment sûr qu’un être humain était censé supporter autant de chagrin. Mais maintenant qu’ils s’étaient blessés tous les deux en se confrontant l’un à l’autre, peut-être que Nathan ne chercherait pas à le retenir près de lui cette fois. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il s’obstinait à faire ça. Le retenir. Parfois, il avait l’impression que s’il le pouvait, il l’enfermerait dans une cage. Pour le “protéger”. Du monde extérieur, des autres, de lui-même peut-être. Et l’instant d’après, il avait l’impression qu’il le gardait dans le couloir de la mort, dans l’angoisse, sans qu’il ne puisse vraiment savoir quand arriverait sa dernière heure.

Et pourtant, Mateus avait le monde à ses pieds. Quand il allait danser, quand il se promenait… combien de fois avait-il pu voir des têtes se retourner sur lui, sur son sourire lumineux, sur ses regards curieux, sur ses mimiques adorables ? Combien de fois avait-il senti des regards rivés sur lui, sur ses bracelets et sur ses hanches, sur son cou et sur ses fesses, quand il se déhanchait le soir sur de la musique trop forte ? Combien de fois lui avait-on promis monts et merveilles pour un peu plus qu’un soir en sa compagnie ? Bien plus de fois qu’il n’aurait pu le compter. Mais à ses yeux, ça n’avait pas d’importance. Ce n’était pas pareil. Ce ne le serait jamais.


Et je regarde encore une fois
Dans le miroir, je ne trouve pas
De quoi te plaire
Alors j'écris des mots sans voix
Pour oublier que je n'ai pas
De quoi te plaire
De quoi te plaire


Il finit par relever la tête, la bouche pâteuse et incandescente, les cheveux trempés de sueur. Quelle ironie, se dit-il. La dernière fois qu’il s’était retrouvé dans cet état, c’était la veille, avec Elliot, après une situation bien différente. Il aurait préféré avoir le goût de son amant sur sa langue plutôt que celui de la bile. Il attendit encore un peu, et finalement il se releva, se retenant au mur et au lavabo. Il tira la chasse pour faire disparaître le flot verdâtre qui tapissait le fond des toilettes, ouvrit le robinet pour pouvoir éliminer ce qui était resté accroché à ses lèvres et pouvoir nettoyer un peu son visage. Il finit avec la tête entière sous l’eau froide. Ça ne suffirait pas à le laver de ses péchés, mais ça l’apaisait au moins un peu.

Quand il revint sur ses pas, il réalisa cependant une chose, différente de l’an dernier. Cette fois, il n’y avait eu aucune voix. Celle de son reflet, il en était content. Il savait bien assez ce qui le faisait souffrir sans qu’elle n’ait à s’élever dans la salle de bain. Celle de Nathan, en revanche… Son absence était encore un trou béant à combler. Mais ce soir il avait déjà trop pioché dans ses réserves. Il allait attendre le lendemain.


Alors j'écris des mots sans voix
Pour oublier que je n'ai pas
De quoi te plaire
            
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