ILUKAAN est un forum MULTIFANDOM dans l'univers d'Harry Potter. Ilukaan est une école de magie internationale se situant en Nouvelle-Écosse au Canada. L'histoire se déroule en 2024, mélangeant magie et technologie. Vous pouvez jouer des personnages de manga/anime, jeux vidéos, films d'animation, dessins animés, romans jeunesse ou encore un OC. L'intrigue se fait à la fois en RPCB et RP-POST.
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Sujet: [25.05.2024] La vie est comme un tableau | ft. Lélio Mer 10 Juil 2024 - 0:52
La vie est commeun tableauC'est par petites touches que l’œuvre se réalise.
Lélio n’allait pas bien, et Finnegan le savait. Pas qu’il aille beaucoup mieux, de son côté : ses parents le harcelaient de messages pour essayer de le faire revenir dans “le droit chemin” (même s’ils avaient renoncé à lui faire rencontrer des filles, ils avaient décidé de tenter avec de beaux jeunes hommes de bonnes familles Sang-Pures), son cursus était très demandant psychologiquement parlant, et il avait augmenté son nombre de café par jour d’une manière assez inquiétante. Mais ce n’était pas sa priorité, parce que malgré tout, il pouvait gérer tout ça, et il le faisait relativement bien. Lélio, lui, avait un problème un peu plus pressant ; les dépôts de voeux pour les cursus universitaires arrivaient, et il n’était toujours pas décidé. Alors il lui avait demandé s’ils pouvaient passer un vendredi soir et la journée du samedi suivante ensemble.
Finnegan savait bien qu’on ne pouvait pas forcer les gens à faire quoi que ce soit, et ce n’était pas son but. Mais selon lui, Lélio était fait pour partir en art. Il avait vu ses fresques, ses dessins, avait pu observer la joie qu’il y avait dans ses yeux quand il sortait ses bombes de peinture pour taguer les murs vides du bâtiment abandonné où il avait pris ses quartiers. Le Lupy lui avait ouvert les yeux sur de nombreux artistes contemporains qui se servaient de la rue comme cadre protestataire pour leurs œuvres, et lui avait même montré certains exemples. En bref, l’Ursirre était certain que son petit ami s’épanouirait dans la spécialité des Beaux-Arts.
Il ne savait pas si Lélio aurait des objections. Il pouvait l’imaginer dire qu’il risquait de s’ennuyer face au classicisme des œuvres présentées en cours, qu’il n’allait pas retenir toutes les dates à apprendre en Histoire des Arts, et d’autres petites remarques de ce genre. Mais Finnegan s’était mis en tête de lui prouver qu’au cours de l’histoire, l’art avait été toujours utilisé de bien des façons différentes. Et quoi de mieux pour faire ça que de préparer un petit rendez-vous à la salle des tableaux d’Ilukaan ? Il avait entendu dire que toutes ces créations étaient des cadeaux d’une amie du Directeur, mais cela ne l’intéressait pas vraiment. Il se demandait juste à quel point ils étaient divers, et à quel point les dates étaient éloignées. En tout cas, il comptait déjà faire un tour chronologique.
En tout cas, ce samedi matin-là, il tenait la main de Lélio pour l’entraîner vers cette pièce de mystères. Il ne lui avait pas dit ce qu’il prévoyait, mais il allait peut-être quand même devoir le faire avant de le mettre devant le fait accompli. Il entrelaça ses doigts aux siens, avec douceur, avant de tourner son regard vers lui.
- On y arrive bientôt, alors je peux te le dire, maintenant, dit-il en poussant de l’épaule la lourde porte du bâtiment de cours. Tu m’as dit l’autre jour que tu étais encore un peu incertain par rapport à ton cursus, alors j’ai décidé d’essayer de t’aider. Je t’ai déjà dit que j’étais persuadé que les arts plastiques te conviendraient, et je me suis dit que passer un moment dans des tableaux de différentes époques et de différents styles te ferait peut-être approuver ma vision.
Il lui sourit, serra un peu sa main, et détourna légèrement le regard.
- Enfin, on n’est pas obligés. Mais je me suis dit que ça pourrait t’aider. Et que ça nous ferait un moment un peu… atypique, à partager ensemble.
ϟ Baguette : Bois de sycomore avec un cœur en ventricule de Snallygaster, 33cm, plutôt souple
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Sujet: Re: [25.05.2024] La vie est comme un tableau | ft. Lélio Mar 27 Aoû 2024 - 23:10
La vie est comme un tableau
25 Mai 2024 - Salle des tableaux Avec Finnegan O'Connor.
Tu étais sous pression, Lélio, tu avais l’impression d’être un élastique et qu’on tirait sur toi pour voir jusqu'où tu pouvais t’étendre sans te casser. Tu te savais résistant, mais même pour toi, cela commençait à faire trop. Tu avais l’impression de ne jamais pouvoir te reposer et être tranquille, qu’à chaque fois que tu pouvais t’accorder du repos ou de la détente, une merde te tombait sur la gueule. Tu puisais sans cesse dans tes réserves en te disant que tu prendrais le temps de te remettre plus tard, mais ce plus tard n’arrivait jamais. C’était une spirale infernale de laquelle tu n’arrivais pas à sortir. Les problèmes mineurs que tu glissais sous le tapis pour ne pas surcharger ta tête sur le point d’exploser commençaient à grossir et à se transformer en choses urgentes à gérer, mais même pour cela tu n’avais plus le temps.
Même si les tensions avaient commencé à se calmer dans ton groupe d’amis, il y avait des complicités perdues et des relations de confiance à reconstruire. Tu n’avais pas le cœur ou l’énergie à t’atteler à cette tâche alors que tu avais l’impression d’avoir la tête sous l’eau. Tu jonglais entre ta vie amicale et ta vie sentimentale toute aussi houleuse. Être polyamoureux n’était pas simple, gérer deux relations non plus, mais c’était presque dans ta nature Lélio, de ne jamais prendre la solution de facilité. Tu essayais au mieux d’équilibrer le temps et l’affection, mais ce numéro d’équilibriste était compliqué à maintenir quand l’une des relations était plus orageuse que l’autre. Tu ne tenais aucun de tes copains responsables pour cela, c’était ta manière d’aimer qui était atypique. Tu ne voulais pas les comparer, parce que l’amour que tu éprouvais pour chacun d’eux était totalement différent, mais il était compliqué d’ignorer que l’un des deux s’imbriquait plus facilement dans ta vie que l’autre.
Mais tu avais besoin d’eux deux. L’idée même de choisir entre eux te semblait impossible, heureusement qu’aucun des deux ne te le demandait. C’était une limonade fraîche par une chaude après-midi d’été et un café brûlant par une matinée glaciale d’hiver. Tu avais besoin des deux, si tu voulais survivre à toutes les saisons. Sauf que le café appréciait tes amis, acceptait de faire des sorties avec et ne vivait pas mal ta manière d’aimer. Tu avais beau remuer ciel et terre pour la limonade, tu avais l’impression de ne jamais réussir à la rendre heureuse. Elle trouvait tous tes potes débiles, tu sentais que sa jalousie la rongeait et tu marchais presque toujours sur des œufs avec elle pour ne pas déclencher de disputes… Mais tu n’en voulais pas à ta petite eau citronnée, tu savais qu’en sortant avec elle, ses bagages émotionnels conséquents la suivraient. Tu pensais juste que tu aurais été capable de gérer cela, tu l’aimais tellement que ça n’avait pas d’importance que tu sois un pilier pour vous deux. Avec du recul, tu t’étais rendu compte qu’il fallait être capable de tenir debout tout seul, avant d’être le pilier de quelqu'un. Si seulement tu étais meilleur… Ça serait plus simple pour tout le monde. Tu ne ferais plus souffrir ta limonade, ses problèmes ne se répercuteraient plus par effet domino sur ton café et tout le monde serait heureux.
Mais tu étais nul, Lélio, tu n’avais pas besoin d’être un génie pour voir cela. Tu étais incapable de régler tes soucis de communication avec Lovino, incapable de ne pas trop te reposer sur Finnegan qui était épuisé, incapable de maintenir la cohésion dans ton groupe de potes, incapable de tout gérer, même incapable de retenir la plus simple des leçons ou d’obtenir tes ASPICS. Parce qu’en plus du désastre relationnel que tu étais, tu n’étais même pas bon en cours, même pas intelligent. Les examens approchaient à grands pas, tout allait se passer en une journée dont le résultat allait sceller ton destin. Tu les avais déjà raté l’an dernier, qu’est-ce qui te faisait croire que tu serais capable de les avoir cette année ? Tu étais toujours aussi bête, Lélio, tu t’en rendais compte à chaque fois que tu ouvrais un livre de cours, c’est à dire très souvent vu que tu passais la plus grande partie de ton temps libre à réviser. Tu voyais tes amis travailler sur les mêmes exercices que toi, s’investir même moins que toi parfois, et pourtant avoir de meilleures notes. Ce n’était pas faute d’essayer pourtant, de t’acharner car tu voulais comprendre le contenu de tes cours. Mais il suffisait d’une distraction ou même d’une simple nuit de sommeil pour que tout s’efface de ton esprit. Tu te détestais pour cela.
Et là, en plus de tous tes soucis, on te demandait de choisir ce que tu voulais faire après tes ASPICS, dans quel cursus universitaire tu souhaitais aller. Tu avais eu envie de rire quand tu avais reçu ce foutu papier, vu qu’il te semblait impossible pour toi de réussir ces examens. Mais c’était la procédure, alors tu avais essayé de t’y plier, et c’est là que tu te mangeas un nouveau problème en pleine poire. Que voulais-tu faire plus tard, Lélio ? Ton rêve, à la base, c’était de devenir mécanicien, de reprendre le garage de ton père avec ton grand frère. C’était le plan mais… Plus tu grandissais et plus tu te rendais compte du fossé qui vous séparait Célian et toi. Ta première manifestation magique avait créé cet écart et la peur de ton frère pour tes pouvoirs avait continué de le creuser. L’éloignement dû à ta scolarité n’avait pas aidé à arranger les choses, de même que la petite amie moldue de ton frère qui ne pouvait pas être mise au courant du secret magique. Est-ce que tu voulais vraiment devenir mécanicien, Lélio, si c’était pour ne pas pouvoir exercer avec ceux que tu aimais dans le garage familial ? Mais si tu renonçais à ce rêve, qu’est-ce que tu allais faire ? Et surtout, comment allais-tu réussir à avoir la mention acceptable te permettant d’intégrer la filière Technologie et ingénierie magiques si tu n’étais même pas capable de réussir simplement tes ASPICS ?
Alors, quand Finnegan te proposa de passer un samedi avec lui en plus de vos vendredis soirs habituels, tu dis oui. Une bouffée d’oxygène bienvenue alors que tes problèmes t’engloutissaient et que tu ne savais plus comment t’en sortir. Tout était si simple avec Finnegan. Il comprenait, même si vous veniez de deux univers totalement différents. Des fois, tu n’avais même pas à lui parler pour qu’il comprenne ce dont tu avais besoin. Un peu ironique quand on y repense, tu avais passé des années à le détester pour un malentendu et maintenant vous n’aviez presque plus besoin d’utiliser des mots pour communiquer. Alors tu le laissas te guider, être le maître de votre journée. La seule chose sur laquelle ton esprit avait besoin de se concentrer, c’était sur le goût caféiné de ses lèvres à chaque fois qu’elles rencontraient les tiennes. Il en buvait vraiment trop, mais c’était encore un problème que tu avais empilé sur la pile de ceux qui pouvaient attendre. Tu ne voulais pas y réfléchir tout de suite, alors tu te concentras sur la chaleur de sa peau contre la tienne, sur ses doigts entremêlés aux tiens. Il décida finalement de te parler de son programme pour votre rendez-vous, alors que vous vous baladiez dans les couloirs du bâtiment de cours. Un lieu clairement étrange pour un date, tu venais très peu souvent ici les weekends.
Toujours est-il que quand l’Ursirre t’exposa son plan, tu ne savais pas si tu devais être heureux ou agacé. Tu avais eu l’espoir de profiter d’une matinée sans problème et Finnegan te forçait un peu à mettre le nez dedans, là. Mais en même temps, le brun se souciait assez de toi pour essayer de trouver une solution à ce qui te tracassait. Une solution même plutôt amusante, pour te faire apprendre et découvrir les choses, tout en étant adaptée à ta manière d’emmagasiner les informations. Tu avais besoin de vivre des expériences pour retenir, et quoi de mieux que de voyager dans des tableaux pour découvrir l’art d’une autre manière ? Puis surtout, Finnegan avait réfléchi à tout cela pour toi alors qu’il était noyé sous ses cours de médicomagie. Tu ne pouvais pas lui dire non à quelques mètres de la salle des tableaux.
- C’est vraiment une super idée, Finnegan. Je ne sais pas si ça va vraiment m’aider dans mon choix de cursus mais… Je crois que je ne suis jamais rentré dans un tableau. Enfin j’en ai pas le souvenir.
Le problème du cursus d’arts, ce n’était pas que tu n’aimais pas ça, Lélio. D’ailleurs, tu adorais même ça. Mais c’était juste que tu ne savais pas si la rémunération allait suivre, vu que ton art n’était pas classique… C’était un coup à ne pas trouver de métier après tes études et ça t’angoissait un peu. Alors tu décidas de parler pour échapper à ton stress. Quand tu disais toutes les bêtises qui te passaient par la tête, tu n’utilisais plus ton cerveau et tu n’avais plus le temps d’avoir peur.
- T’es déjà rentré dans un tableau, toi ? Si oui, faudrait qu’on fasse un truc que t’as jamais fait dans un tableau, pour qu’on soit à égalité. Style se rouler des pelles à côté de la Joconde, tu vois le genre. En tout cas, c’est pratique pour voyager à petit prix. Tu penses qu’on peut manger dans les tableaux qui représentent de la bouffe ? Et on sent les odeurs ? On commence par lequel ? T’as prévu un itinéraire et tout ou on se laisse porter par la vague ?
Sujet: Re: [25.05.2024] La vie est comme un tableau | ft. Lélio Jeu 12 Sep 2024 - 15:20
La vie est commeun tableauC'est par petites touches que l’œuvre se réalise.
Pendant l’espace d’un instant, il crut déceler quelque chose de désagréable dans le regard de Lélio. Un peu de peine, ou de panique, il n’eut pas le temps de discerner vraiment de quoi il s’agissait avant qu’il ne se remette à parler. Finnegan n’était plus si sûr que ce soit une “super idée”, mais au moins le Lupy ne rejettait-il pas l’idée. C’était mieux que rien. Il garda sa main dans la sienne alors qu’il poussait le porte, écoutant avec un sourire les questions qui sortaient de la bouche de son amoureux. C’était toujours inattendu, mais il aimait savoir ce qui se passait dans sa tête, parfois.
- Ça m’est arrivé une seule fois, et ça m’a tellement déconcerté que j’en suis ressorti directement. C’est une histoire assez drôle quand on y pense… C’était chez moi. Je connais le manoir par cœur et j’étais en train de lire un livre, donc sans regarder autour de moi. Mes parents avaient laissé un tableau magique dans le couloir et j’y suis entré sans le remarquer. Je ne m’en suis aperçu que lorsqu’un chevalier s’est adressé à moi pour me demander si je savais où se trouvait… une tour je crois ? Je ne sais plus vraiment. Mes parents ont utilisé ce tableau dans leur bureau, je n’avais pas le droit d’y entrer.
Il repensait parfois à ce chevalier. Il s’était montré courtois, comme dans les livres qu’il lisait. Et il se souvenait très bien qu’il était très beau, aussi. Mais ce n’était qu’un personnage peint, et il s’était vite détaché de cette espèce de coup de cœur un peu étrange une fois que son cerveau avait fait le point sur les choses. Il ne voulait pas trop en dire à Lélio, de peur qu’il se moque un peu, même gentiment. Quand il y réfléchissait, c’était peut-être la première fois qu’il avait ressenti un semblant de sentiment pour un homme - si l’on exceptait les chevaliers et autres princes charmants de ses lectures qui s’insinuaient parfois dans ses rêves à la nuit tombée.
- Se rouler une pelle à côté de la Joconde ? Je ne suis pas sûr qu’elle serait ravie… Est-ce que tu penses qu’elle garderait le même air mystérieux ? Elle doit avoir le visage figé, à force. Et puis, c’est une peinture moldue. Je ne pense pas qu’on puisse rejoindre ce tableau. Pour le reste, je ne sais pas si on peut manger, mais on sent les odeurs, oui. Si tu veux, on pourra rentrer dans un tableau où il y a de la nourriture, pour voir ? Peut-être que ça a un goût de papier et de peinture, même si ça sent bon ? Imagine si on fait des trous dans la toile… Mais oui, j’ai prévu un itinéraire !
Un itinéraire historique, du plus ancien au plus récent. Il tira un peu sur la main de Lélio pour le guider dans la salle. Il ne comptait pas entrer dans tous les tableaux ; il avait déjà commencé à étudier ceux qu’il voulait montrer à Lélio, et certains étaient certes engagés et contestataires, mais les représentations étaient faites pour être repoussantes, montrer l’horreur. C’était le cas de la première œuvre. Elle datait de la Révolution Française, ou plutôt, quelques mois avant les grands événements de cette période. On y voyait des nobles faire la queue devant une guillotine, et repartir chacun avec leur tête sous le bras. Et les têtes se recollaient, et la ronde recommençait. En bas, le peuple riait en les pointant du doigt, dansait les uns avec les autres. Parfois, ils récupéraient une tête qu’ils relançaient comme un ballon de foot.
- Je crois que c’est… le pire tableau. Pas que les autres soient tous plus joyeux, mais ils sont toujours un peu plus abstraits dans leur composition. Celui-là est cru et cruel, mais au moins le message est clair.
Il retira sa main de celle de Lélio, comme s’il craignait qu’il ne perçoive ses frémissements. Ce n’était pas le tableau en lui-même qui lui provoquait ces frissons ; mais il savait simplement où serait sa place dans cette scène. C’était peut-être pour ça qu’il ne voulait pas en franchir le seuil.
- Tu crois que si on meurt dans un tableau, on meurt aussi dans la vraie vie ?
L’angoisse était ténue dans sa voix, mais probablement audible. Peut-être qu’il allait y réfléchir à deux fois, avant n’importe quel tableau.
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Sujet: Re: [25.05.2024] La vie est comme un tableau | ft. Lélio Jeu 12 Sep 2024 - 16:28
La vie est comme un tableau
25 Mai 2024 - Salle des tableaux Avec Finnegan O'Connor.
Tu te retiens de traîter ton copain de nerd ou même de rat de bibliothèque, Lélio, quand il te parla de sa première expérience dans un tableau. C’était typiquement Finn de rentrer dans une œuvre sans faire attention parce qu’il lisait… C’était même typiquement Finn de ne faire attention à rien du tout pendant qu’il était concentré. Ça ne t’étonnerait même pas qu’il loupe un repas, trop passionné par un morceau de violon qu’il jouait, ou qu’il oublie d’aller dormir s’il commençait un bouquin qui l’intéressait. Des fois, ça te semblait étrange de te dire, Lélio, que de vous deux c’était toi qui avait le plus la tête sur les épaules. C’était même un peu terrifiant.
- Du coup, tu ne sais pas s’il a trouvé sa tour ou pas, finalement. Dommage, il avait peut-être une princesse à sauver ou un dragon à pourfendre et il a jamais pu accomplir sa quête, le pauvre.
Enfin, c’était peut-être mieux pour le dragon ou la princesse. L’animal n’avait clairement rien demandé et la donzelle non plus. Elle était peut-être très bien solo dans sa tour et ne voulait pas se faire déranger par le premier mec venu. Surtout si elle était obligée de se marier à son “sauveur”, de lui faire plein de gosses et de finir enfermée dans un autre château à s’occuper de ses chiards. Franchement, les princesses n’avaient pas la belle vie, quand on y repensait.
- On sait pas, c’est peut-être une voyeuse la Joconde, on ne kinkshame pas ! Et j’espère qu’elle changerait de tête franchement, juste pour voir une autre expression sur sa face, sinon ça n’a aucun intérêt. Askip, elle suit les gens des yeux, c’est peut-être pas vraiment un tableau moldu du coup. Elle fait peut-être une giga farce depuis plusieurs siècles en se faisant passer pour un tableau non-magique, et un jour elle va bouger et faire peur à tout le monde.
Enfin, ça te semblait un peu long comme blague. Les plus courtes sont les meilleures, à ton avis. Mais peut-être que la Joconde aimait faire dans le sensationnel. T’en savais rien toi, tu ne la connaissais pas personnellement, Lélio.
- Si on sent les odeurs mais qu’on peut pas manger, c’est quand même une giga arnaque. C’est un coup à voir un truc hyper appétissant et même pas pouvoir taper un petit croc, ça doit donner hyper faim… Et c’est tout aussi décevant si ça a le goût de papier ou de peinture. Mais c’est pas ça qui va m’empêcher de tester, tant pis si ça se voit après hors du tableau. On est là pour l’expérience !
Puis qui allait savoir que c’était vous, franchement ? … Bon ok, tous les tableaux allaient savoir, mais c’est vraiment des balances à ce point ? Dans le pire des cas, vous diriez que vous ne saviez pas et vous vous feriez juste punir, ce n’était pas si grave. En tout cas, tu observais les tableaux de la salle, laissant Finnegan te guider vu qu’il avait prévu un itinéraire. Tu notas mentalement l’emplacement de deux ou trois tableaux qui te semblaient plus intéressants que les autres au premier abord, pour si vous aviez du temps après ce qu’il avait organisé. Mais tu voulais quand même les observer de près, avant de te jeter la tête la première dedans.
Quand les pas de Finnegan s'arrêtèrent, tu observas le tableau devant lui avec surprise. Tu ne savais pas qu’il y avait des œuvres anciennes aussi crues et violentes. Habituellement, les peintres classiques peignaient le beau, enfin c’était l’impression que tu en avais. Celle-ci était sale, sanglante, cruelle. Elle montrait un peuple en liesse, certes, mais on voyait que ce peuple avait souffert. Les visages étaient émaciés, les sourires édentés, les vêtements usés… Tu avais presque l’impression que c’était un juste retour de bâton, quand les têtes des nobles tombaient. Ils avaient les joues rebondies, eux, de belles tenues, des perruques et le visage couvert de maquillage. Ça restait violent, même si la foule exultait de joie. Tu avais presque envie de les rejoindre pour faire la fête mais… Quand Finnegan retira sa main de la tienne, commençant à parler, tu tournas la tête vers lui et tu vis du mal être dans ses yeux. Comme de la peur. Il te fallut quelques instants pour comprendre que si toi, tu serais avec le peuple à célébrer, lui ne serait pas à la même place. Et en imaginant Finnegan avec les autres nobles, le tableau te fit soudainement beaucoup plus froid dans le dos.
- Tout le monde peut le comprendre, oui, il parle au premier regard… Mais on n’est pas obligés de rester longtemps à le regarder, si ça te met mal à l’aise, hein. J’aime bien les tableaux qui disent des trucs forts, mais celui-ci c’est peut-être pas le plus sympa à admirer. Ni le plus romantique, je pense pas que certains ont déjà réussi à pécho devant ce tableau.
Tu vins reprendre en douceur la main du brun, pour essayer de le rassurer, la portant même à tes lèvres pour embrasser chacun de ses doigts. Entre ça et ta blagounette, tu espérais réussir à changer les idées de Finnegan.
- Je ne sais pas si on peut mourir dans les tableaux et je ne compte pas tester, donc je propose qu’on évite celui-là. Après, s’il y avait vraiment eu des accidents de tableaux, on en entendrait parler non ? Genre dans les journaux magiques et sur les réseaux sociaux…
Après, tu ne suivais pas vraiment l’actualité sorcière, Lélio. Enfin, tu gardais un oeil sur la politique car c’était très important pour toi, mais les faits divers tu mettais ça directement à la poubelle. C’était juste fait pour créer la peur chez les lecteurs, faire dans le sensationnalisme pour qu’ils reviennent lire la fois d’après. Puis souvent, les gens s’en servaient comme des écrans de fumée pour cacher les vrais sujets, ça t’agaçait.
- Tu crois qu’à Ilukaan il y a des tableaux qui parlent du secret magique ? Peut-être qu’ils ne sont pas rangés là en vrai, s’il y en a. Ça ferait mauvais genre, non ? Auprès de tous les parents tradis et tout… Après, je me dis que tous les tableaux contestataires feraient mauvais genre pour les parents conservateurs, remarque. Même celui qu’on vient de voir.
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