Le parfait portrait de famille trônait dans le salon des Delacour. Il y avait Marie, Stéphane, Lilly et la petite dernière Lucia. C’était un tout petit bébé qui venait à peine de voir le jour. Son aînée avait à peine sept ans mais elle avait déjà un lien fort avec sa cadette qu’elle couvait avec une protection peut être un peu trop forte. Après tout, Lucia était un bébé miracle, jamais l’enfant n’aurait dû voir le jour. Les parents étaient aux anges, comblés d’un bonheur qui n’allait pas durer si longtemps que ça, finalement…  Une année presque jour pour jour après la naissance de la petite blonde aux yeux verts, le verdict tomba. Une maladie magique avait gagné totalement le corps de la mère de famille, la rendant stérile. C’était déjà incroyable que Lucia ait pu naître. Mais ce n'était pas la seule nouvelle. Le combat contre cette maladie allait être long et compliqué. Il n'y avait aucune potion, aucun remède magique pour la contrer et peu à peu, elle grignotait le corps affaiblit de la mère de famille.

Et nous voilà, six ans plus tard dans cette même maison. Assise face à ce petit pot de fleur coloré, la fillette blonde se retenait difficilement de pleurer comme un bébé encore. Les yeux gonflés par la nuit passée à déverser sa peine cachée sous la couette, Lucia poussa finalement un très long soupir. Juste à côté du pot, il y avait le sachet de graine de pivoine rouge qui attendait sagement d’être planté. Mais elle n’avait pas la tête à ça, la gamine qui avait à peine sept ans. Pourtant… Elle avait promis à sa mère de le faire, de prendre soin de ce pot de terre et de la vie qui allait être créé par ses propres mains. Lucia attrapa le sachet maladroitement et elle installa finalement la petite graine dans la terre. Sans même sentir ses larmes couler, elle était totalement focus sur sa tâche. La petite blonde finit par attraper le pot entre ses mains et le serrer dans ses bras. Pourquoi c’était si difficile… Pourquoi avait-elle cette sensation que le monde s’était écroulé en même temps que la mort de sa mère… Et plus les larmes coulaient, plus la plante poussait lentement jusqu’à donner de magnifiques fleurs rouges qui réconfortèrent l’enfant. C’était un signe, non ? Oui.

Les années passèrent et comme sa grande sœur, Lucia put entrer à Ilukaan, du haut de ses onze ans. Pourquoi Ilukaan me direz-vous ? Parce que c’était là que sa mère, née moldue et canadienne, avait fait ses études. Et que le père de famille n’y connaissait rien, il avait laissé son épouse gérer cette partie de l’histoire à l’époque. Elle avait développé une affinité particulière avec les plantes et les fleurs, c’était comme si elle partageait ça avec sa mère qui maintenant, mangeait les pissenlits par la racine. Le monde magique qui s’offrait à Lucia était clairement un endroit merveilleux pour l’adolescente. Elle se démontrait clairement douée pour manipuler les sorts et ça se ressentait dans chaque fibre de son être. C’était devenu sa seconde maison, sa seconde famille face à un père bien trop ivre pour s’occuper correctement de ses enfants. Petit à petit, Lucia se mit à fuir sa maison, à ne plus rentrer jusqu’à ce que Lilly quitte finalement Ilukaan.

Et la vie continuait jusqu’à cet autre jour dans la vie de Lucia. Elle se rappelait précisément de la date, de ce soleil qui baissait dans le ciel. C'était en janvier 2022, le vingt pour être exact. Cet appel alors qu’elle marchait dans les couloirs de l’école pour se diriger vers le cours d’astronomie. Elle se souvenait exactement des paroles de sa sœur à l’autre bout du fil. « Papa est parti. » Alors… Alors elles étaient maintenant seules au monde. Perdues dans un océan trop grand pour Lucia. Ce fut difficile de se remettre de ça. Parce que c’était un putain de lâche qui avait choisit la facilité. Heureusement, Lilly était solide et puisqu’elle était majeur, elle avait récupéré la garde de Lucia. Bonant-mallant, les deux apprirent à vivre ensemble ainsi, à ne compter que sur elles-mêmes pour avancer. C’était tellement difficile mais elle relevait toujours la tête, arborait un joli sourire qui se fit nettement plus vrai quand sa sœur se maria avec un homme adorable et que sa nièce vint au monde. Elle avait une vraie famille. Elle avait une chambre à elle, propre et rangée.

(c) Ilukaan