Les parents de Penny sont inconnus au bataillon, on sait simplement d'eux qu'ils étaient des sorciers, puisqu'ils ont déposé leur bébé devant un orphelinat pour les enfants de ces derniers. Pourquoi avoir abandonné leur fille ? Nul ne le sait, on peut seulement faire des suppositions. Penny n'avait alors que quelques mois quand elle a été prise en charge par ce dit orphelinat, où sont ses premiers souvenirs. Malgré le fait de ne pas connaître sa famille biologique, ce n'était pas une enfant triste. Au contraire, les adultes parlaient d'elle comme une petite fille joyeuse, joueuse et très éveillée. Adorable sa tignasse rousse et ses tâches de rousseur partout. Elle passa ses trois premières années de vie là-bas, avant d'être enfin adoptée. C'est à partir de là que débute la meilleure période - du moins selon elle.

Pietro Polendina était un homme dans la quarantaine, veuf depuis des années, en manque de compagnie. Il avait toujours rêvé d'avoir des enfants, et la procédure pour en adopter un fut longue. Longue, mais bien récompensée, puisqu'au bout attendait Penny. Entre les deux, ce fut comme un déclic, comme si la petite avait juste attendu ce jour jusque là. Quelques semaines à peine après son arrivée à la maison, voilà qu'elle appelait déjà Pietro "papa". C'est toujours le cas aujourd'hui, et loin de souffrir d'être une orpheline adoptée, Penny le considère comme son véritable père. Même si ils ont rien en commun physiquement, la relation est là, l'amour qui les unit est celui d'une famille. Penny eut une enfance dorée, heureuse, où elle ne manquait de rien. Surtout pas d'affection.

En grandissant, elle prit les habitudes de parole de son père, le langage soutenu aussi appris dans les livres. Elle hérita également de son sens de l'humour, malgré une tendance à ne pas bien comprendre le second degré. Ses pouvoirs se sont manifestés pour la première fois vers ses six ans, lors d'une crise de colère. Pietro avait beau adorer sa fille, il n'était pas du genre à céder à chacun de ses caprices. Elle se souvient encore du petit incident, heureusement survenu à la maison, qui les fait toujours rire à chaque fois qu'ils en reparlent - sans faire exprès la petite a transformé un objet en quelque chose qui n'avait rien à voir. Une chance qu'elle n'ait pas métamorphosé le poisson. Ce fut une surprise pour les deux, mais son père la rassura bien vite : c'était quelque chose de normal. Du moins, dans le monde magique, rien de surprenant. Un jour elle allait apprendre à maîtriser ces pouvoirs, il n'y avait pas à s'inquiéter.

Les années passent encore, la rentrée à Ilukaan approche. Il reste encore un an avant qu'elle n'y rentre, mais Penny est enthousiaste. Elle anticipe déjà, absolument trop pressée. Sa joie contamine Pietro qui lui non plus ne tient plus en place, aussi fier que nostalgique de voir fille grandir. Cette année ne fut cependant pas aussi paisible que les autres : un moment d'inattention alors qu'elle traversait, un conducteur somnolant, et la voiture la percuta. Par miracle Penny en sortit vivante, malheureusement cet accident lui fit perdre ses deux jambes.

Une chance dans son malheur, Pietro était un médicomage réputé, et il lui permit d'avoir accès aux meilleures prothèses possibles selon ses moyens. Ça ne remplaçait pas ses jambes, mais au moins, après la rééducation, elle pouvait à nouveau marcher. Ce fut un coup dur pour la jeune fille, qui pourtant ne montra que de l'enthousiasme devant ses nouvelles prothèses. Elle remercia son cher papa, ainsi que les autres médecins ayant participé à son rétablissement. Difficile de savoir ce qu'elle en pensait dans le fond, même si on se doutait que ce n'était pas facile pour elle. Penny cru bien louper sa rentrée tant attendue à cause de tout ça, heureusement fut rétablie à temps.

Comme prévu, elle fit ses courses de pré rentrée avec son père, toute heureuse d'enfin aller à Ilukaan comme lui il y a des années de ça. On ne peut pas dire qu'elle fait une scolarité impeccable : c'est une bonne élève, dans la moyenne. Peu importe, le plus important, c'est qu'elle rend son papa fier.

(c) Ilukaan