Chandara Norasingh est née le 2 décembre 2000 dans l'envoûtante ville aux temples bouddhistes de Luang Prabang au Laos. Elle devient alors le premier enfant du couple Norasingh et sera d'ailleurs leur seule fille. Malgré sa naissance dans une famille totalement moldue et disposant de peu de moyens, Chandara a été plutôt choyée durant son enfance. Elle a toujours vécu dans cette ville peu peuplée où les rites et les passages des bonzes dans les rues rythment les journées des habitants. Luang Prabang est l'une de ses rares villes à avoir garder son aspect originel et typique et ses nombreux temples bouddhistes font la fierté du Laos. Chandara est fière aussi d'y grandir même si sa maison fait pâle figure à côté des hôtels pour touristes.

Ses parents l'envoient d'ailleurs à l'école car ils rêvent que leur fille puisse avoir une vie digne de ce nom. Elle sait qu'elle a de la chance d'y aller. Heureusement, plusieurs associations internationales tentent d'améliorer l'éducation là-bas. Chandara y apprend alors les bases de l'apprentissage : les maths, l'écriture, l'histoire, l'anglais, et un peu de français aussi. Quand elle rentre chez elle, elle aide sa mère à coudre et à cuisiner. C'est de là dont elle tient ses habitudes de femme au foyer. Son père se repose la plupart du temps quand il rentre de son travail exténuant. Tout se passe pour le mieux.

Dans ses souvenirs, seul un malheureux accident lui revient facilement en mémoire. Un traumatisme qui aujourd'hui se ressent à travers son épouvantard. En effet, un jour son père a été emmené à l'hôpital de toute urgence. Et cela n'a rien d'étonnant. Au Laos, tout le monde sait que les mines peuvent exploser à tout moment si on n'y fait pas attention. Et son père n'avait pas échappé aux victimes. Il a perdu une jambe et a beaucoup souffert. Chandara en a pleuré longtemps et c'est sans doute cela qui aujourd'hui explique son attachement particulier d'honorer sa promesse : devenir médecin. Elle veut le faire pour son père surtout. Mais pour elle-même aussi. Fort heureusement, grâce à une association, son père a pu recevoir une prothèse. Aujourd'hui, il travaille toujours dans ce sale métier : en avait-il seulement le choix, de toute façon ?

Cela n'empêcha pas ses parents d'avoir d'autres enfants. Quand Chandara souffle ses cinq bougies, ses parents lui offrent un premier petit frère qu'ils nomment Kao. Et c'est à ses huit ans que Saang voit le jour. C'est avec plaisir qu'elle joue les babysitters avec eux et elle s'est toujours bien entendu avec ses petits frères.

Ses pouvoirs magiques se manifestent très tard comparés à d'autres enfants. Elle a neuf ans quand des événements anormaux apparaissent pour la première fois autour d'elle. Elle fait voler des objets, fait pousser des fleurs quelques fois et ce, sans le vouloir. Mais ses parents le remarquent. On la fait alors voir l'un des bonzes de la ville pour la purifier. Mais rien n'y fait. La situation fait peur à ses parents. Leur fille si souriante et mignonne s'apparente à un démon. Ils finissent par lui interdire d'aller à l'école sans que Chandara ne comprenne vraiment sa situation. Ce n'est qu'à l'arrivée d'un inspecteur magique — qui a tardé à se montrer d'ailleurs — que la situation s'éclaircit. Il explique tout de point en point à la famille déconcertée : Chandara est une sorcière. Elle est capable de faire de la magie. Ses parents ont du mal à l'accepter et l'inquiétude se lit d'ailleurs sur leur visage tandis que le sorcier en face d'eux démontrent sa bonne foi en lançant différents sorts de sa baguette magique. Ne pouvant nier davantage la situation, ils l'acceptent tant bien que mal et l'inspecteur repart en leur faisant promettre de n'en parler à personne d'autre au-delà du cercle familial.

Chandara, ne sachant pas encore contrôler ses pouvoirs tente de faire le plus profil bas possible. Elle ne repart pas à l'école pour éviter tout incident. Cependant, l'inspecteur magique revient régulièrement faire l'état des lieux. Et à ses onze ans, il vient chez elle avec une enveloppe rempli de dépliants à l'effigie des différentes écoles de magie du monde. Chandara comprend alors qu'elle doit faire un choix et qu'elle est obligée d'entrer dans l'une de ces écoles pour contrôler ses pouvoirs et surtout en apprendre plus sur elle-même. Ses parents, eux, savent qu'il est mieux pour elle de partir, même loin. Peut-être même que sa vie serait bien meilleure et aisée dans un internat d'école magique. La laotienne jette son dévolu sur l'école canadienne proposant un système de bourse. Elle possède d'ailleurs l'un des plus grands échelons, ne payant pratiquement rien, ce qui est un soulagement total pour elle et sa famille.

Même si les adieux sont durs, Chandara finit par débarquer à Bloombury, ses maigres affaires avec elle et découvre une ville bien plus moderne que Luang Prabang. Elle y découvre aussi une technologie bien plus développée en plus d'être magique et énormément de magasins en tout genre. Les bâtiments d'Ilukaan quant à eux semblent si grands et majestueux. Elle se sent comme une princesse dans ces murs. D'abord, elle a du mal à s'y faire surtout à cause de la barrière de la langue (même si elle a quelques bases d'anglais) mais elle finit par prendre ses marques. Peu à peu, la maison de Cervirald devient une véritable famille et elle se fait de nombreux amis et quelques amourettes aussi. Alors non, Chandara ne se sent pas malheureuse. Elle se dit même très chanceuse. Elle a tout ce qu'il lui faut ici et elle profite de ces années à fond, ne perdant pas son ambition professionnelle de vue.

Sa famille, quant à elle, a toujours le droit d'entendre ses aventures par téléphone et quand elle rentre à la maison pendant les vacances d'été.

(c) Ilukaan