Angélique Célestin ne ressentit rien de particulier, si ce n’est une sorte de lassitude, lorsqu’elle scella son union avec Simon Célestin, son cousin au troisième degré et excellent parti. Il ne fut donc pas si surprenant qu’elle se laissa aller à une aventure sans lendemain avec le premier vagabond un peu séduisant venu.
Jules Fontaine était un homme volage, à la moralité assez discutable. Sorcier de sang plus ou moins pur, descendant d’une branche pourrie de la noblesse Française et Sorcière. Il n’avait jamais eu pour réelle ambition d’avoir un enfant.

Cela dit, la mort d’Angélique Célestin peu après la naissance de leur fils força un peu le destin et Jules se résigna à prendre sous son aile ce rejeton qu’il avait engendré.
Les Célestin, famille puissante, influente et particulièrement pure et regardante sur son sang, ne sut jamais qu’un enfant bâtard avait vu le jour. Angélique avait fuit peu avant de donner naissance à l’enfant et avait été retrouvée morte dans un hôpital quelconque.

Lorsque Jules récupéra le gosse, Angélique l’avait déjà nommé Emile. Il l’éleva au départ par lui-même, mais sa vie de mercenaire louant ses services au plus offrant ne convenait pas à un enfant en bas-âge. Aussi, décida-t-il de le confier à une amie de longue date.
Cette dernière était la mère supérieure d’une Abbaye sorcière qui avait pour objectif de recueillir les orphelins et de les éduquer jusqu’à l’âge adulte. Emile grandit au milieux des autres enfants sans parents, cachant à tous que celui qu’ils appelaient affectueusement “ Oncle Jules ” était en réalité ce qui faisait de lui tout sauf un orphelin.

L’abbaye était située en Bretagne, sur une île au large de la côte. D’ici, les enfants ne manquaient de rien. Emile voyait son père de temps à autre, lorsqu’il venait lui rendre visite entre deux missions. Bien que les autres le comprirent par eux-même, Emile tenta de dissimuler son lien avec Jules, de peur que les autres en nourrissent une forme de rancœur. Le mercenaire était assez proche des orphelins, malgré tout, accordant sa sympathie à n’importe lequel d’entre eux et si Emile pouvait en être parfois jaloux, il espérait qu’au moins, personne ne le serait de lui.

Cependant, il fallut moins que ça pour que les autres enfants se mettent à persécuter Emile. Le garçon était petit, malingre, naturellement timide et doux. Quand il commença à dire ses premiers mots, ce fut en bégayant qu’il le fit. Les autres commencèrent à se moquer de lui, à le bousculer et à lui couper la parole. Eux voyaient cela comme un comportement normal et innocent, ils pensaient même parfois qu’Emile était réellement intégré à leur groupe.
Emile, lui, vivait dans le stress et la peur constante. Il commença à s’exclure de lui-même pour éviter d’avoir à affronter les remarques désobligeantes de ses camarades et se plongea dans diverses lectures. Des études innocentes des plantes, aux livres sur les pratiques de la magie noire. Il se passionna pour tout ce qui était controversé et peu exploré, convaincu que les magies les plus dangereuses avaient sûrement beaucoup à apporter au monde sorcier.

Emile était un très bon élève, studieux et intéressé, voir passionné, lors des cours dispensés à l’Abbaye. Mais il apprit aussi très vite comment faire fit du règlement, sécher les cours de sport qu’il vivait comme une humiliation. Cela lui attira souvent des ennuis auprès de la Sœur chargée de leur éducation. Il ne comptait plus les heures qu’il avait passé dans ce petit vestibule sombre, agenouillé devant le Christ sur sa croix à prier et à répéter en boucle les règles qu’il avait brisé.

Le jeune homme apprit très tôt l’existence de son don, tout en ignorant d’où il venait exactement. Il n’en parla à personne. Il avait appris à dissimuler et à mentir pour ne pas qu’on l’embête davantage- Et il songeait qu’avoir la capacité de parler et de comprendre les rats ne ferait sûrement pas de lui le garçon le plus apprécié de l’Abbaye. Les rats étaient, après tout, associé au Malin.

Quand il eut onze ans, il rejoignit Ilukaan, là où tous ses camarades allèrent à Beauxbâtons. Ce fut une demande expresse de Jules Fontaine qui craignait qu’il ne croise un cousin Célestin ou un demi-frère ainé. Il s’était toujours montré évasif et vague concernant la mère d’Emile, il ne souhaitait pas qu’il découvre son ascendance.

La vie ne fut pas particulièrement plus douce pour Emile à Ilukaan. Il ne se fit pas beaucoup d’amis et restait, la plupart du temps, dans son coin. Excellent élève, il rechignait cependant toujours à aller en sport, se trouvait des excuses et séchait très souvent.
De crainte de se faire moquer, Emile ne parlait qu’à peu de monde et passait surtout son temps à la bibliothèque ou dans le parc. Il fit la rencontre des muridés du château, se lia d’amitié avec la plupart d’entre eux.

Récemment, trois petits naquirent avec son assistance - modérée - et il les appela Béhémoth, Ziz et Leviathan.

Emile observe de près les derniers événements survenus à l’école, les études controversées et l’action du Ministère.

(c) Ilukaan