I'm Still Here.

Assise face à ses devoirs, la petite brune s'était finalement endormie ainsi. Elle avait tenté d'occuper son nouvel an par les cours sans grand succès devant la visible ignorance de son petit-ami. Ça lui faisait toujours si bizarre de se dire qu'elle sortait avec Genji. Bizarre mais... Ça lui réchauffait le coeur doucement comme un feu de camp lors d'une randonnée. Agréable et délicat. Il fallait dealer avec le manque plus fort qu'habituellement mais les messages aidaient à atténuer ce sentiment. Alors, ne pas avoir de nouvelles même pour un petit voeux de bonne année, ça avait vraiment perturbé Mulan. Et blessé aussi. Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait pu faire de mal ? Au début, la demoiselle pensait qu'il était juste occupé avec sa famille et qu'il répondrait plus tard. Il répondait toujours. Mais rien. Et ça commençait à vraiment l'inquiéter. Avait-elle dit un truc de mal en lui envoyant son je t'aime ? Était-ce ça qui avait fâché l'homme aux cheveux verts ? Non... Il n'était pas comme ça...

Alors, de la culpabilité, elle passa bien vite à l'inquiétude. De celle qui tordait le ventre et qui empêchait les pensées de s'arrêter. Elle avait bien appelé Gen à la rescousse mais il ne pouvait pas faire grand chose. Du coup, Mulan avait finit par s'échouer au dôme en fixant désespérément son téléphone. Elle s'était endormie, épuisée et avait loupé le message fatidique. Pleine de douleurs à cause de la position inconfortable de son sommeil, la jeune femme s'était étirée un moment avant de se jeter sur son smartphone et de... Relire au moins cinq fois le message pour percuter et comprendre les mots. Comment ça, il n'allait pas revenir ? Comment ça, il ne pouvait pas parler ? COMMENT ÇA ? Elle sauta sur ses pieds, rangea en quatrième vitesses ses affaires avant de courir au dortoir. La joueuse jeta tout sur son lit avant de chercher rapidement l'adresse de Genji à Tokyo. Hors de question de rester ici. Surtout que personne ne semblait lui répondre et qu'elle n'avait pas le téléphone d'Hanzo pour le harceler aussi.

Après avoir sélectionné le premier portoloin disponible, elle envoya un nouveau message et elle fila comme une tornade sans même prendre le temps de se changer. Mulan récupéra le portoloin à Bloombury et la voilà maintenant à Tokyo. Elle ne s'était clairement pas imaginé sa première fois dans la capitale nippone de la sorte. Enfin, ça ne lui traversa même pas l'esprit, en vrai. Il n'y avait que ce besoin pressant de le voir, de voir comment il allait. La jeune femme avait clairement surestimé son sens de l'orientation et elle mit une bonne heure à trouver le domaine Shimada. C'était tellement inconvenant de débarquer comme ça, sans être invitée, sa mère l'aurait sans doute tuée mais tant pis. C'était... Nécessaire. Vitale. Rien à foutre. Elle aurait pu se faire virer d'Ilukaan pour ça que ça ne l'aurait pas arrêté.

Elle fit le pied de grue pendant au moins deux heures encore. Vingt heures trente. Elle était frigorifiée et elle n'osait pas lancer de sort pour se réchauffer, ne sachant pas si des moldus trainaient dans le coin. Mais finalement, on daigna aller la voir. Une femme très jolie et... dont la ressemblance frappa tout de suite dans l'esprit de Mulan. Sans doute madame Shimada. Elle s'inclina bien bas devant la mère de famille, les larmes aux yeux. « Bonsoir madame... Je suis Fa Mulan, une... amie de Genji. Je... S'il vous plait... Je voudrais le voir. Je partirais ensuite. Je vous en prie... » Sympa la présentation. Elle avait sa tenue de sport, emmitouflée dans l'écharpe offerte par Genji lors du voyage en Laponie, les yeux rouges dont coulaient des larmes silencieuses.

Par miracle, ou par pitié, ou juste pour avoir la paix, la maîtresse de maison conduisit finalement Mulan jusqu'à l'hôpital visiblement hors de prix où séjournait son ami. Elle restait silencieuse, bien trop inquiète pour penser avec son cerveau ou même songer à faire la conversation. Ce serait plus tard. Il fallait palier au plus urgent. Et le plus urgent, c'était de le voir. Mulan suivit toujours dans un silence de mort la quarantenaire avant d'entrer timidement dans la chambre. Elle leva le nez et vit enfin les cheveux rouges qu'elle aimait tant. Trop de bips qui vrillaient ses oreilles, trop d'informations contradictoires. Des tuyaux partout, l'odeur de l'antiseptique, le blanc de l'hôpital, le lit sur lequel se trouvait Genji. Mais, il était là. C'était bon signe, non ? Oui. Elle s'approcha timidement, se retenant avec difficulté de courir pour le prendre dans ses bras. Son cerveau lui hurlait qu'il ne fallait pas et pour la première fois depuis le début de la journée, elle l'écouta finalement. La joueuse s'arrêta à quelques centimètres de lui, essayant de calmer son envie de le prendre dans ses bras.

« Hey... » Que pouvait-elle dire d'autre ? Bonne année ?  Ça la foutrait un peu mal, non ? Elle fixait de ses yeux ambrés le visage marqué de Genji. Il était vivant. C'était comme si elle reprenait enfin de l'oxygène dans ses poumons, que son coeur s'était mit à battre à nouveau. Elle mourrait d'envie de hurler, de fondre en larmes. Mais non, la jeune femme restait là, droite comme un i. Pouvait-elle approcher ? La distance la tuait mais hors de question d'imposer une proximité au blessé s'il ne le désirait pas. Elle pouvait bien attendre. Il était vivant. C'était tout ce qui comptait pour le moment. Le reste après.

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I'm Still Here

Le bip bip de l'appareil médicale perturbait réellement l'esprit de la jeune fille qui fixait le corps meurtri de son petit ami. Ils venaient de s'avouer leurs sentiments, de se dire qu'ils pouvaient peut être tenter quelque chose entre eux malgré la peur de perdre cette amitié si précieuse entre eux qu'un premier obstacle barrait déjà leur chemin. La lupy aurait pu prendre peur, se dire que ce n'était pas son dos, qu'elle n'avait pas à être là parce qu'elle n'était pas grand chose mais... Elle n'y avait même pas penser une seule seconde. Dès que ses yeux avaient lus le message de madame Shimada, elle avait su immédiatement quoi faire. Prendre un portoloin, supplier, mettre sa fierté dans une boite pour le voir de ses prunelles perdues. Elle devait le voir. S'assurer qu'il était en vie et qu'il allait aussi bien que possible.

Tant pis pour les convenances, pour les cours, pour l'école ou pour l'argent. Il était bien plus important que ça dans le coeur de la chinoise. Et depuis le premier jour où elle l'avait rencontré, elle avait su qu'il serait un pilier de sa vie. En tant qu'ami ou amour, c'était autre chose. Mais il serait là. Présent et sûr, comme une bouée en pleine mer, comme le vif d'or dans un match de quidditch. Alors, la voilà, plantée comme un piquet devant le lit d'hôpital. Elle fit quelques pas pour raccourcir la distance entre eux dès que la belle entendit la voix... étrange de Genji. Quoi de plus normal ? Il devait être shooté aux opioïdes pour supporter la douleur et le choc. Les larmes s'étaient remises à couler seules tandis qu'elle ne tenait plus et qu'aussi délicatement que possible, elle vint le prendre dans ses bras. Elle étouffa un sanglot très peu glamour avant de se redresser et de caresser les joues du blessé. « J'ai eu tellement peur de t'avoir perdu... »

Sa voix n'était qu'un léger murmure que seul son partenaire pouvait entendre. Elle avait bien conscience de la présence de celle qui l'avait amené ici et malgré son besoin de le toucher pour se rassurer, elle tentait vainement d'être le plus correcte possible. Mulan posa son front sur celui de Genji, fermant les yeux pour garder un semblant de contenance au vue des circonstances. « Tu me manquais trop, j'étais obligée de venir te voir. » Elle sourit, essayant mollement de plaisanter un peu mais la vérité, c'était qu'elle était tellement soulagée de le revoir. De le sentir sous ses doigts. « Est-ce que... tu veux un thé de mamie ? » C'était idiot mais c'était toujours ce qui calmait et aidait à canaliser ses sentiments. Et le pauvre, il devait bien en avoir besoin, là maintenant. Elle ne réalisait pas encore l'étendu des dégâts ni comment tout c'était passé. Mulan n'avait même pas posé la question. Elle avait juste foncé, comme toujours, foncé sans réfléchir, prête à déplacer des montagnes pour être là, avec lui. La preuve, elle était mal fagotée et totalement décoiffée. Il y avait bien plus important. Il était bien plus important.

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Le voir comme ça... Si paumé et vulnérable. C'était vraiment un déchirement de plus dans le coeur de Mulan. Elle pouvait presque entendre le craquement que ça provoquait au fond d'elle. Mais la jeune femme ne le montra pas, elle garda bien enfoui ce sentiment d'impuissance et de douleur pour ne montrer qu'un visage souriant à Genji. Il n'avait pas besoin de ça. Il avait besoin de soutien d'amour. Et ça, elle savait faire. Alors, quand il demanda après sa grand-mère, elle eut un léger rire avant de répondre d'un petite voix, les mains toujours sur les joues de son amoureux. « Non, elle n'est pas là. Elle est chez moi, en Chine avec Mushu et mes parents. »

Sa voix était plus douce que d'habitude, plus maîtrisée également. La chinoise avait beau ne pas pouvoir retenir ses larmes, elle arrivait à avoir assez de contrôle sur son corps pour ne surtout pas fléchir d'avantage. Elle chassa les larmes de ses joues du revers de sa manche avant de tourner la tête vers madame Shimada avec un petit sourire d'excuse et de remerciement mêlés. Elle avait bien conscience que ce n'était pas sa place officielle, mais au moins, elle était là et c'était important pour son fils. En parlant de fils... Pardon ? Elle tourna la tête vers Genji, choquée de la révélation qu'il vient de faire. Il avait vraiment dit ça ? Ça devait être les drogues. Oui. Elle hocha lentement la tête avant de le lâcher. « Elle ne sait rien, promis. »

Pour garder son coeur encore en quelques morceaux, Mulan s'éloigna de Genji pour leur préparer à tous les trois un thé. Sa grand-mère dirait que ça réchauffait l'âme et que la normalité apportait beaucoup de soutien dans ce genre de cas. Alors, elle s'appliqua et au bout de quelques minutes, la demoiselle donna une tasse en carton à la mère de famille en s'inclinant par respect puis une nouvelle à son petit ami. Elle la gardait dans ses mains pour l'aider, de peur qu'il se brûle en renversant le brevage. « Attention, c'est chaud. » Elle passa sa main dans les cheveux rouges du blessé, il avait l'air si perdu, si meurtri. Mulan espérait avoir fait le bon choix en débarquant comme un boulet de canon. « Tu savais que Gen avait passé noël avec son crush ? » Ça lui changerait peut-être les idées ? Elle tenait toujours le gobelet entre ses mains, ayant totalement oublié le sien. Tant pis.

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Elle gloussa encore en entendant parler de son dragon nain. Le pauvre, ça lui faisait tellement de mal de le voir de la sorte. Mulan savait qu'une fois lucide, Genji lui en voudrait sûrement de l'avoir vu comme ça mais ça lui était totalement égal. Il pourrait crier autant qu'il voudrait, tant qu'il ne lui demanderait pas clairement de partir, elle resterait. Enfin, tant que les cours lui permettaient, bien entendu. Ce ne serait pas du tout son genre de sécher pour venir voir son petit ami qui avait besoin de soutien, maintenant plus que jamais. Alors, elle le couva d'un regard totalement amoureux quand il remarqua qu'elle pleurait.

« Désolée, j'ai eu peur. Tu me connais, je suis une pleureuse. » Elle haussa les épaules pour appuyer ses mots. Ce n'était pas un mensonge même si ce n'était pas la raison première de ses larmes. Vu l'état de Genji, il ne remarquerait pas trop la différence. Tant mieux quelque part. Et en même temps, il n'était pas lui, Mulan le voyait bien. Et elle comprenait déjà que le retour de flamme serait violent. Très violent. Elle l'avait su dès que ses yeux ambrés s'étaient posés sur les jambes de son petit ami. La demoiselle resta patiente à côté de lui, après avoir récupéré le carton qui lui brûlait les mains. C'était accessoire, tout était accessoire à part lui, en vrai. Même madame Shimada. Elle attrapa une paille et la posa dans le liquide doux, de la même couleur que ses yeux.

« Je te le porte sinon tu vas renverser. » Elle le mit à proximité des lèvres de Genji et elle attendit qu'il prenne une gorgée avant de baisser le gobelet. Il semblait tellement perdu, tellement... Lui dans le pire état. Comment sa mère faisait pour ne pas réagir plus que ça ? Pour porter ce masque imperméable en toute circonstance ? Elle en était incapable. Surtout maintenant, surtout avec lui. « Ah bah, il est même revenu plus tôt de nouvel an pour le retrouver. » Autant essayer de continuer la conversation. Ça semblait un peu occuper l'esprit du blessé et ça lui permettait à elle d'arrêter de pleurer. C'était déjà pas mal. Elle prit la main de Genji dans la sienne pour la serrer doucement. « T'as vraiment une sale dégaine dans ton pyjama d'hôpital, on dirait moi. »

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Elle eut un léger rire désabusé en entendant la phrase de Genji. Bien-sûr que non, il n'avait pas peur. Il n'avait jamais peur, c'était le plus fort, l'arbre de vie au dessus de la forêt de ses problèmes. Comment pouvait-il réellement flancher ? Mais, c'était juste pour se rassurer, ça. Mulan le savait, elle comprenait que la voix dans sa tête essayait de lui faire tenir bon pour lui, par lui. Parce qu'il était se qui se rapprochait le plus du bonheur à ses yeux. Son rire sonnant, ses mimiques idiotes, sa voix forte, sa confiance inébranlable. Elle savait, la joueuse que ça allait voler en éclat avec cet accident. Elle savait et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était tirer sur le sparadrap encore un peu pour tenter de le préserver. La jeune femme avait envie de le prendre dans ses bras, de le serrer si fort, ou même de lui donner ses jambes si elle avait pu. Parce que c'était lui, c'était celui qui représentait tellement et qu'il méritait juste d'être heureux.

Mais c'était impossible. Si bien que ça accentuait encore la pression sur la poitrine de la lupy. Elle ne faillit pas. Elle restait aussi droite et digne malgré les larmes. Ils n'étaient pas seuls après tout. Il y avait madame Shimada et malgré la douleur de voir Genji ainsi, Mulan ne l'oubliait pas. « Genji ! » Elle rit, il était complètement shooté mais c'était encore lui derrière le masque des médicaments. Il était là, lattant. Blessé et triste. Elle effleura sa joue doucement du bout des doigts. Depuis combien de temps ressentait-elle tout cet amour pour lui ? Pas que depuis ces dernières semaines. C'était impossible. C'était si fort et chaud. Et si tranchant. La demoiselle leva les yeux au ciel en entendant parler du pantalon. « Ma pauvre fashionista sans pantalon ! Que vas-tu devenir ? » Ah. Phrase mal choisie mais... Elle ´était sortie toute seule, cette conne. Elle se mordit les lèvres pour ne pas répliquer un truc maladroit avant de le voir s'effondrer de sommeil.

La jeune femme serra sa main doucement et rangea le thé avant d'écouter les paroles de madame Shimada. Elle jeta un oeil à son petit ami endormi, entouré de tous ces bips insupportables. « Je vais rester si ça ne vous ennuie pas. J'aimerais passer encore un peu de temps avec lui. Je me débrouillerais pour rentrer à l'école et je ne vous causerais pas d'ennuis, c'est promis. » Elle s'inclina un peu bas pour montrer son respect envers la mère de famille avant de retourner s'asseoir sur la chaise après l'avoir ramené près du lit. La joueuse reprit la main de Genji dans la sienne et elle resta là, à le regarder. Elle ne remarqua même pas le départ de la femme. Ce fut le bruit de la porte qui lui avertit qu'elle était seule. Alors, elle pleura à nouveau, en silence. Et elle murmura cette promesse muette qu'elle avait fait en lui révélant ses sentiments. Mulan serait toujours là pour lui. Comme lui avait été sa bouée jusqu'à maintenant.

Elle finit par s'assoupir également, la tête sur le lit contre le bassin du malade. Ses cheveux couvraient son visage encore bien marqué par les larmes mais elle serrait la main de Genji comme si sa vie en dépendait. Peut-être que c'était le cas. Ou qu'elle espérait lui donner sa force par ce petit contact. Même elle, elle ne savait pas vraiment la raison de ce besoin sourd et brut. Quelle idiote d'avoir penser qu'il n'avait juste pas envie de lui parler. Il n'était pas comme ça. Il avait dût tellement souffrir, se sentir abandonner. Et puis... Comment c'était arrivé exactement ? Il lui avait pourtant promis de faire attention et Genji tenait toujours ses promesses...

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I'm still here.

Quand la mère de famille était partie, Mulan était restée un bon moment à observer son petit ami endormi dans ce lit d'hôpital affreux. Elle avait finit par laisser ses larmes couler lentement, les chassant d'un revers de main. Comme ça lui faisait mal de le voir là, ainsi diminué et souffrant. Si la jeune femme avait pu... Elle aurait donné son âme pour inverser les choses, pour prendre sa place. Genji ne méritait pas de se retrouver là, de vivre une telle épreuve. Et à force de larmes, de discussions internes stériles, la demoiselle avait fini par s'endormir en tenant la main de celui qu'elle aimait plus que tout.

Ses rêves s'étaient vite transformer en cauchemar. En ce fameux épouventard qui lui montrait maintenant cette scène exacte. Les bips des machines, le visage tiré de Genji, la folie due aux médicaments, les draps montrant la forme de ses jambes. C'était terrible, ça l'agitait un peu, créant une grimace pour le moins disgracieuse sur ses traits. Il lui fallut un temps incroyable pour sortir de sa torpeur. Vraiment, c'était compliqué entre le décalage horaire et son état mental lamentable. Mais en même temps, elle n'était pas à plaindre. Clairement pas. Lorsque ses yeux ambrés trouvèrent un Genji réveillé, la demoiselle se redressa et frotta ses paupières.

« Oh coucou. Tu as bien dormi ? Tu veux quelque chose ? » Ah, elle ne put retenir un bâillement qui la fit rougir et un léger sourire qui se voulait rassurant passa sur son visage encore couvert de ses dernières larmes. Il fallait le soutenir ! Hors de question de laisser ses états d'âme plonger encore plus le pauvre jeune homme qui n'avait rien demandé à personne. Mulan caressa la joue du blessé avec douceur, son autre main fermement serrée sur celle de son petit ami. « Je n'ai pas vu beaucoup de Tokyo, il faudra que tu me fasses bien visiter, un jour. »

Oui, un jour. Parce qu'elle ne comptait pas rester sur sa première impression de cette grande ville. Elle ne voulait pas se rappeler de cet endroit comme de celui où pour la première visite, elle avait passé tout son temps à s'inquiéter, pleurer pour finir enfermée entre quatre murs d'un hôpital riche pour être au chevet de l'homme qu'elle aimait plus que tout. Et on ne parlait pas non plus de la rencontre pitoyable qu'elle avait eu avec sa... belle mère ? Ola, c'était bizarre de dire ça. Beaucoup trop étrange.

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Oh cette simple grimace... Ça lui briserait presque le coeur. Pauvre Genji... Et elle se retrouvait à chouiner comme une idiote. Il n'avait pas besoin de ça ! Elle sécha rapidement ses larmes après avoir haussé les épaules. Les courbatures, elle avait l'habitude, elle finissait par ne même plus y faire attention, d'ailleurs. Alors, là maintenant, c'était le cadet de ses soucis. « Ça va, je n'ai pas mal ! Et puis, j'ai dormi à peine quelques heures. » Bah oui, c'était encore la même et longue journée depuis qu'elle avait été dans le dôme à recevoir ce message si inquiétant. Il fallait bien avouer qu'elle ressentait un certain rejet de la part de Genji mais... Mais c'était juste une impression. Oui. Il était mal, c'était normal après tout.

Allait-il être en colère qu'elle avait rencontré sa mère ? Mulan se mordit la lèvre avant de lui répondre en baissant les yeux comme une enfant prise en faute. « C'est ta maman qui m'a amené. Elle a été cool... » Et elle avait dû remarquer que la jeune femme aurait été prête à faire le pied de grue pour le voir. Juste le voir. Être sûr qu'il était encore en vie. La demoiselle sourit un peu, le pauvre, il était complètement perdu. « Je suis rentrée plus tôt de Chine à cause d'une autre dispute. Donc, je viens d'Ilukaan. » Et ça avait été difficile, seule là-bas. Genji lui avait beaucoup manqué. Après tout, il était si loin. C'était pareil à chaque vacance, comme ça. Il était toujours trop loin. Encore plus maintenant. Sans parler de l'accident, d'ailleurs.

La jeune femme rougit un peu à la déclaration soudaine. Ça la fait sourire et elle allait répondre quand la dernière question sonna, lui donnant encore plus la sensation de ne pas avoir sa place. C'était ça, non ? Elle n'avait pas le droit d'être là, dans cette vie qu'il cachait si bien. Elle n'était pas Mateus, elle n'avait pas été imposée. « Je voulais... Être là pour toi... Je pensais... Visiblement, c'était une erreur. » Elle se mordit à nouveau la lèvre en détournant les yeux. Devait-elle rentrer ? « Je... Suppose... Que je dois partir ? Je reviendrais le week-end prochain. Tu seras sans doute mieux reposé. »

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