Il était une fois, une jeune princesse retenue prisonnière par son créateur. Elle ignorait tout de ses origines. Elle n’avait jamais connu autre chose que le monde rempli d’horreur qui lui était offert. Elle ne connaissait pas sa mère. Elle aurait préféré ne pas connaître son père. Son nom était Zero Franxx, et elle avait toujours vécu dans sa petite maison miteuse, dans son petit quartier miteux, subissant le sort que lui faisait subir son père : Werner Franxx. Si sa mère avait été avec elle, elle aurait pu lui apprendre qu’en réalité, elle était bien plus qu’une simple enfant comme toutes les autres. Elle aurait pu lui dire qu’elle était une sorcière, et qu’un jour, elle pourrait s’enfuir d’ici. En attendant, la jeune Zero n’en avait aucune idée, et elle grandissait dans ce lieu qu’elle aurait voulu quitter pour toujours.

Son père - son créateur comme elle aimait à l’appeler aujourd’hui - n’était pas vraiment un homme bon. Il n’y avait aucune chaleur ; aucun amour et aucune compassion qui en émanait. Il ne pensait qu’à lui, et à ses propres besoins. Werner Franxx était un chercheur et un scientifique. Seul son travail comptait à ses yeux, et sa très jeune fille n’était qu’une gêne. Très vite, il fit en sorte que cela change en son avantage, et qu’elle l’aide dans son quotidien. Elle s’habitua donc à travailler à la maison : tâches ménagères, cuisine ; et tout autre soutien à la maison. Et surtout, elle apprit à ne pas rester dans les pattes de son père. Dans le cas où les choses seraient mal faites, cette petite princesse s’exposait à des conséquences. Werner n’hésitait pas à employer la manière forte pour l’éduquer et pour obtenir ce qu’il souhaitait.

Livrée à elle-même une grande partie du temps, l’enfant avait pris l’habitude de trouver refuge au Potomac Park. Elle aimait y admirer la nature. Elle aimait y sentir les embruns et la douce brise. Elle aimait s’en inspirer pour dessiner dans son carnet qu’elle gardait secret depuis toujours. Et surtout, elle y avait rencontré le seul ami qu’elle n’avait jamais eu. Elle aimait bien venir le retrouver, jouer avec lui, lui raconter les histoires qu’elle inventait et toute sorte d’amusement d’enfant. Elle y trouvait une sorte de liberté ; contemplant le fleuve à perte de vue qui se jetait dans l’immensité de l’océan, dont l’embouchure n’était pas si lointaine. Très vite, cela devint un rêve, un objectif : contempler la mer ; découvrir tous les grands espaces ; devenir libre. Une vie loin de la pauvreté ; de la saleté et surtout, une vie loin des coups.    

Ce fut alors qu’elle avait sept ans que les choses changèrent radicalement dans la vie de la jeune fille. Un jour où elle pensait que jamais elle ne s’en sortirait. Un jour supplémentaire à pleurer seule, dans sa chambre, et à ne plus espérer. Elle n’entendit même pas son père l’appeler. Elle ne le remarqua pas plus entrer dans la pièce, enragée de ne pas avoir eu de réponses. Elle ne vit pas arriver le premier coup. Sa joue, rougie, picotait, et les larmes lui montèrent aux yeux. Et alors que Werner Franxx levait à nouveau le poing, Zero se blottit sur elle-même, entourant ses genoux de ses bras, enfonçant son visage à l’intérieur. Et pourtant, le coup ne vint jamais. Relevant les yeux, elle vit une scène étrange face à elle : son père, figé sur place, béat, au milieu de bris de verre et de fenêtre brisé. Si sa mère avait été là, elle aurait pu lui dire, qu’elle était la cause de cette scène, qu’elle était une sorcière et que ses pouvoirs magiques avaient enfin fait leur apparition. Mais sa mère n’était pas là, et Zero ne comprit pas ce qui avait bien pu se passer.

C’est ce jour qui a absolument tout changé pour l’enfant. Cette étrange scène avait probablement alerté le voisinage, qui semblait jusqu’alors avoir été si aveugle. Quelqu’un avait contacté les services de protection de l’enfance. Et sa vie en fut totalement bouleversée.

Très vite, l’univers entier changea pour Zero, qui découvrit ses origines d’une manière pour le moins étrange. Cet incident avait probablement dû mettre la puce à l’oreille à un ministère de la magie attentif au moindre écart. La jeune fille fut placée dans un foyer d’accueil. Mais pas n’importe lequel. Elle se retrouva chez un couple de sorciers. C’est ainsi qu’elle dit au revoir le district de Columbia pour rejoindre la ville de Wilmington, en Caroline du Nord. Ce n’était pas là la vie qu’elle avait toujours voulu, mais elle était bien plus agréable que ce qu’elle avait connu jusqu’alors.

Sean et Debra Goldner étaient des gens bien plus respectable que Werner Franxx ne l’aurait jamais été, et l’enfant découvrit un tout nouveau monde à conquérir. Même là, Zero n’avait rien de normal et de commun. De son histoire, elle avait développé un caractère bien à elle. Elle entrait facilement en conflit avec ses parents d’accueil, ses professeurs, ses camarades. Elle était provocatrice, impulsive et indisciplinée. Peu importe la manière pour y parvenir, elle aimait être le centre de l’attention et montrait aux autres ce qu’elle valait. Elle s’était toujours sentie spéciale. Elle était donc persuadée qu’elle l’était, même entourée de gens “comme elle”.

Puisque, malgré ses années dans le monde moldu, Zero avait une bonne affinité avec ses pouvoirs magiques, la famille Goldner décida qu’elle serait à sa place dans une bonne école de sorcellerie, et ils l’envoyèrent en Nouvelle-Écosse, à l’école internationale Ilukaan, où elle pourrait exercer son talent et accomplir ses rêves de liberté ! Là-bas, elle n’eut aucun mal à s’intégrer, ni en classe, ni chez les Lupy, dont elle considérait certains comme sa propre famille. Elle avait des plutôt bonne notes (lorsqu’elle acceptait de fournir le travail demandé), et maîtrisait bien les différents sortilèges qu’elle apprenait. Mais malgré ça, Zero fit perdre bien plus de points à sa maison qu’elle n’en gagnait…

(c) Ilukaan