Croyez-moi, j’ai jamais voulu être un Sorcier.

Être un Sorcier, c’est dur. Ça fait peur, faut travailler dur et beaucoup plus que j’aurais jamais souhaité le faire. Et surtout, on se rend compte de certaines réalités qui font pas plaisir, croyez-en mon expérience. Ça fait des années que je le sais, et même si ça m’a libéré de pas mal de choses, ça reste dangereux. J’allais partir avec l’habituel « Si vous croyez en être un, fermez ce livre et partez aussi loin que possible » mais… Si vous êtes avec moi à Ilukaan, c’est que vous êtes aussi un Sorcier, donc restez avec moi, et peut-être que je pourrai vous apprendre deux ou trois trucs !

Donc autant commencer par le début, je suppose.

Je m’appelle Perseus ‘Percy’ Jackson. Va savoir pourquoi, ma mère s’est dit à ma naissance que c’était une bonne idée de me donner le prénom d’un héros grec. Enfin, apparemment, c’est mon père qui m’a donné ce nom… Vraiment il était pas là et pourtant il m’a pourri la vie. Je sais pas comment il a fait, mais il l’a fait.

Du coup, ma mère, Sally Jackson – une déesse parmi les Hommes, vraiment – m’a élevé quasiment toute seule, jusqu’à y a pas longtemps. Et faut dire, j’ai jamais été un gamin facile. Je me suis fait virer de genre, trois ou quatre (peut-être plus, j’ai jamais compté) écoles primaires avant d’arriver à Ilukaan, et qu’on se rende compte que j’ai des aptitudes magiques et bla et bla et bla. Enfin, je dis « rende compte » mais c’est même pas vrai. Je vais vous expliquer, pardon, je me perds beaucoup.

Donc je disais. J’ai grandi avec ma mère, seul. Pendant pas mal d’années, mais ça m’a jamais posé problème, vraiment. Je pense même que je lui ai fait honte, plusieurs fois, tellement j’étais un gamin irresponsable et pas capable de rester calme trente secondes. Heureusement, on m’a vite diagnostiqué d’un TDAH et de dyslexie, donc les profs ont pu s’amuser à dire que c’était à cause de ça et plaindre ma mère d’avoir été flanquée d’un gosse aussi chiant que moi. Super, hein ? Heureusement, ma mère a jamais arrêté de me défendre.

Vraiment, quand je vous dis qu’elle mérite tout l’or du monde, c’est vrai.

Elle a jamais arrêté de m’aimer, même alors que j’étais le pire gosse sur terre. Chaque fois que j’étais viré d’une école, elle arrêtait pas de tout faire pour me remonter le moral, pour m’inscrire à une autre, pour continuer à s’occuper de moi. Des fois, je me dis que je méritais pas une personne comme elle. Peut-être que c’est toujours le cas, qui sait.

Mais en fait, elle m’a caché jusqu’à mes dix-onze ans, à peu près, la vraie nature de mon père. Enfin, de mon géniteur. Je suis pas sûr qu’on puisse appeler un mec dont on entend parler une fois tous les trois ans, qui paie aucune pension alimentaire et qui a jamais osé pointer le bout de son nez, à aucun repas, pas d’après-midi pêche ou de cheeseburger partagé avec moi dans le McDo du coin ! Je connais même pas sa gueule, pour tout dire. Pas de photo, rien. Comme si ma mère avait voulu l’effacer. Tu me diras, c’était complètement mérité. Il méritait même pas d’avoir rencontré ma mère, ce salaud ! Mais je m’égare encore.

En fait, faut savoir que mon père est Sorcier. Était ? J’en sais rien. Ça aurait p’tet été mieux, qui sait. MAIS j’ai appris que j’avais hérité de ce « don » et à ce moment, il a fallu que je sois envoyé dans une école loin de ma mère pour apprendre à utiliser ce don. Vraiment ? Plutôt crever, j’avoue, j’admets.

Comment je me suis rendu compte que je l’étais ? C’est simple ! En fait, ma mère l’a toujours su. Elle a toujours su que mon daron l’était, et qu’il m’avait transmis ça. Mais elle a fait en sorte de le dire à personne, de me protéger au plus possible de ça, parce que ça lui faisait peur. Mais que voulez-vous, au bout d’un moment, le naturel revient au galop comme on dit ! Donc un jour, j’ai fait de la magie sans le vouloir. Pendant qu’on mangeait, j’ai fait léviter les pancakes de ma mère sans m’en rendre compte. C’était nul, mais c’est arrivé comme ça. C’est dans la journée après qu’elle m’a dit la vérité. Et après ça, ben… Il a fallu qu’on se sépare.

Quand je suis arrivé à Ilukaan, j’ai été envoyé à la Maison des Lupy. Les loups, le rouge, c’était pas une couleur qui m’allait particulièrement. J’ai toujours préféré le bleu, en fait. Si vous voulez tout savoir, ma mère aussi. Et du coup, chaque fois qu’elle cuisinait, elle utilisait du colorant bleu pour que tout soit bleu. Maintenant, j’utilise la magie pour que ça soit le cas. Elle me manque, ma mère. Quoi ? Comment ça ? Ah putain ! Désolé, je me suis encore perdu. Donc je disais, Ilukaan.

J’ai été envoyé chez les Lupy, et, en vrai, ça m’a pas déplu. Pour la première fois dans ma vie, je me suis vraiment senti chez moi. Ça a été long à l’admettre, et encore aujourd’hui des fois ça m’amuse de faire comme si c’était pas le cas, mais ça l’est. Quand je suis arrivé, pfiou, vous auriez vu le gamin ! Imaginez un gosse qui fait quasi tout pour se faire virer, mais qui y arrive pas parce qu’à chaque fois qu’il a un coup de fil de sa mère, elle lui dit à quel point elle est fière de lui. C’est pour ça qu’au bout d’un moment j’ai lâché prise. Parce que je voulais la rendre fière.

Et plus le temps passait à Ilukaan, plus je me sentais bien ici. Même ma mère, ça lui faisait du bien de plus m’avoir constamment à la maison. Parce que ouais, c’est compliqué de soutenir un gamin qui fout quasi rien, avec un seul salaire. Y a quelques temps, genre un an, j’ai appris qu’elle avait rencontré un prof de lycée, d’anglais, Paul. Je l’ai rencontré aussi, et ce gars ! Ce gars est vraiment un gars en or. Vraiment. J’étais surpris au début, et je me méfiais, mais en vrai, c’est vraiment un bon gars. Y a un an, il m’a demandé la permission pour demander la main de ma mère. Évidemment, j’ai accepté ! En échange, il m’a appris à conduire. C’était cool !

Et les étés, comme on avait le choix de partir ou non d’Ilukaan, je rentrais voir ma mère. Elle m’accompagnait à ma Colonie préférée, où je vais depuis genre que je suis tout tout petit ! C’est vraiment super cool, je m’y suis fait plein d’amis, même s’ils sont pas forcément comme moi ! Faut pas croire, ça fait du bien de côtoyer des gens normaux des fois.

Mais bon, je crois qu’il faut que je vous parle quand même un peu plus de mon père. Entre temps, j’ai appris quelques trucs de plus sur lui. En fait, mon père, c’est un sorcier qui vient de Grèce. Ouais, je sais ! Il vient de super loin. Je connais pas son nom, et je suis pas sûr de vouloir le connaître, mais je sais juste qu’il a un deuxième fils, et donc, mon frère. Mon frère, c’est Tyson. Un gars très grand, qui a pas la même mère que moi du coup, et que j’ai rencontré ici. La coïncidence était vraiment choquante, ouais, je sais. Mais en vrai, c’est stylé ! Je m’entends super bien avec lui.

De ce que je sais de mon père, aussi, c’est de lui que me vient ma capacité à parler aux poissons. Enfin, je dis poissons, mais c’est pas tout à fait le cas. C’est plutôt, genre, les mammifères marins, les orques, les baleines, tout ça. Pas pratique pour leur parler, mais au moins je peux les comprendre ! Vous savez comment je m’en suis rendu compte ? Je vous jure que vous me croirez jamais. En fait, pour mes douze ans, ma mère est venue me voir le jour de mon anniversaire, avec une surprise. Un poisson clown ! C’était mon cadeau d’anniversaire cette année-là. Il vit encore chez ma mère parce que ça aurait été trop compliqué d’avoir un poisson clown ici, du coup elle l’a gardé. Mais bref, c’est pas ça le truc ! Je l’ai appelé Bubulle, et pendant tout le temps où j’étais là-bas, il était dans ma chambre. Et un jour, on a pu parler ! C’est bizarre, je sais. Mais du coup, on a parlé ensemble un peu. Et c’est comme ça que j’ai appris que je parlais la Langue de Bubulle.

Sinon, euh, j’adore le Quidditch mais le vol en balais c’est terrifiant. On risque de tomber de super haut, et en plus ça me rend malade. Je sais, c’est nul, je suis trop nul. J’aimerais trop faire du Quidditch, mais c’est pas possible.

Et aujourd’hui ben je suis en Sixième Année, et j’espère pouvoir rejoindre le Cursus pour devenir Auror un jour. Et j’adore faire des duels. Franchement je suis cool, ayez pas peur de moi.

(c) Ilukaan