Après ta matinée plus que désastreuse, sans trop de surprise, tu étais repartie de chez Ming jusqu’à Ilukaan, l’air penaud. Tu te ressassais sans cesse les derniers mots de ton ami, concernant le fait de toucher à tout et de la leçon à retenir. Sans mentir, tu avais senti ton cœur se pincer un peu à la remarque, même si tu la savais pertinente et juste. C’est dur pour toi d’admettre tes torts, pas vrai ?
Ah, mais en même temps, comment te débarrasser d’une habitude que tu as depuis tout petit ? Après tout, tu as toujours été plus porté sur le toucher, le ressenti, sans compter ce besoin d’avoir toujours quelque chose dans les mains pour t’occuper, comme actuellement où, alors que tu avances sur ton skate, tu fais bouger ton poignet de droite à gauche pour jouer du tambourin à deux cordes que tu tiens fermement. Tu es comme ça, c’est difficile de tout de suite te faire changer, même s’il y a toutes les bonnes raisons pour !

Pour toi, c’est un simple moyen de te sentir là, dans le présent, de te concentrer. Mais c’est un peu compliqué à expliquer, alors tant pis. Et puis, effectivement, tu ne peux plus autant le faire qu’avant. Ce don… Tu pestes immédiatement contre, que tu ne l’aimes pas ! Il ne t’arrive rien de bon, avec ! Peu importe si c’est probablement un héritage d’un de tes parents, tu aurais préféré tout autre chose d’eux ! Et puis, quelle ironie du sort. Tu vois dans le passé de tes proches, mais toi.

Toi, tu n’as rien pour. Rien d’aussi ancien. Rien qui pourrait pendant un instant revivre un souvenir en compagnie de tes parents, justement. Tout s’est passé si vite, à ton arrivée à l’orphelinat, tu n’as pas vraiment pensé à grand-chose.
Tu pousses un soupire, légèrement désespéré à cet instant. Tu dois t’entraîner bien plus, tu dois gérer ce pouvoir quoi qu’il en coûte, tu ne peux pas le laisser prendre le contrôle sur toi. Tu n’es même pas capable de supporter cette idée, elle bousille ton humeur pourtant si joviale habituellement.

Quoi qu’il en soit, tes pensées ne t’empêchent pas de voir du coin de l’œil quelque chose qui brille. Tiens ? T’arrêtant presque immédiatement, tu descends du skate (de toute façon, étant dans le bâtiment de cours, tu n’avais pas spécialement le droit d’être dessus), et tu t’approches de ce qui t’a tapé dans l’œil. En te rapprochant, tu te rends comptes qu’il s’agit d’un collier, il semble plutôt simple. Quelqu’un l’a laissé ici ? Enfin, l’a fait tomber, plutôt. Ça paraît déjà plus logique ça, oui. D’instinct, tu approches ta main pour l’attraper, mais tu t’arrêtes assez rapidement. Est-ce réellement une bonne idée ? Qu’est-ce qui te dit que là aussi, tu ne vas pas avoir un souci ? Tu penses, durant un instant : ça va être ça tout le temps, désormais ? Tu vas douter de tout ? De la moindre chose que tu veux toucher ? Tu n'en as franchement pas envie, ça n’a jamais été ton genre d’hésiter au moindre de tes pas. Ça ne te ressemble pas, ce n’est pas toi. Ce n’est qu’un collier, ce n’est pas un objet magique et tu ne peux pas te laisser emporter par la peur, ni la crainte.

Tu fronces les sourcils alors que tu attrapes l’ornement, d’un air sûr. Bien entendu, tu le regrettes presque ensuite quand tu sens l’effet immédiat que ça a sur toi. Tu le sens, il va t’emporter à nouveau, tu vas partir pour une seconde fois de la journée, entraîné dans le passé d’une personne dont tu ne sais, cette fois-ci, même pas l’identité. A ce moment, tu te concentres de toute tes forces : que ressens-tu, qu’est-ce qui t’envahis exactement, d’où ça commence, que stopper ? Si tu dois subir une nouvelle fois cet état, autant que ce ne soit pas pour rien.
Tu résistes, tu résistes du mieux possible, ta main ne t’obéit malgré tout déjà plus, car tu ne parviens pas à relâcher le collier, c’est trop tard pour ça.

Ainsi, l’instant d’après, te voilà par terre, au milieu du couloir, tes yeux grands ouverts, l’air vide. En un instant, tu es transporté ailleurs, visiblement, l’intérieur d’une tente d’un cirque. C’est… Trouble. Tu ne sais pas vraiment ce qui se passe, mais une chose est sûre : c’est la peur que tu sens t’envahir malgré toi.

« Fuyez, fuyez… »

Ta vision ne s’étend pas bien loin à cause de la fumée. Autour de toi, tu entends des cris, des personnes courir, sauver leur peau, celle des autres s’ils y pensent. Tu penses reconnaître plusieurs visages – enfin, ce n’est qu’une impression. Toi, Ying, pour sûr tu ne sais pas qui ils sont. Ce qui est sûr, c’est que la panique semble bien avoir pris le dessus sur tout, ici. Tu ne sais pas trop où tu te trouves, ça semble être une immense tente, des couleurs vives, des bancs… C’est un cirque ? Peut-être, tu ne peux pas totalement en avoir le cœur sûr. Tout est si confus, tout va trop vite, ta tête tourne – ou peut-être est-ce à cause du feu qui se propage trop rapidement pour toi, pour te permettre de fuir.

D’autant que tu ne sembles pas encore en avoir… l’envie ? Ah, bien entendu, il y a tes proches de présents. Tu dois les aider, même si tu as l’impression d’étouffer, même si ta gorge te hurle pour avoir de l’eau, que tes poumons te supplient de respirer. Tout tombe de partout, à cause de l’explosion, tu as également du mal à bien entendre, tes oreilles sifflent. Mais tu dois rester, tes enfants, où sont tes enfants ? Ton fils, ta fille, dans ce brouillard, tu ne les vois pas ! Tu parcours, tu hurles leurs noms, tu crains de sortir en les abandonnant. Ça ne t’aide pas, bien entendu mais tu uses toutes les forces présentes en toi pour avancer dans ce bazar. Mais rien n’y fait, tu ne les trouves pas, tu sens tes larmes couler, les as-tu perdus à jamais ? Tu n’arrives plus à penser correctement, à réfléchir. Tu te sens tomber, t’étouffer, tousser de plus en plus fort. Ta vision diminue, alors que tu penses une dernière fois à tes progénitures. Pitié, pitié qu’ils aient pu s’en sortir ! Tu te répètes cela en boucle, encore, encore, encore. Autour de toi, des cadavres, plusieurs ne bougent plus, le visage en sang, un bras en feu, dans quel état es-tu ? Ah… Peu importe, tu sens ton cœur faiblir, il ne tient plus. Doucement, tu te sens alors perdre conscience. Tu ne parviendras plus jamais à rouvrir tes yeux.




Tu es encore vivant, tu tiens bon, tu es même parvenu à sortir malgré que l’explosion ne t’ait pas loupé. Tout est arrivé si…vite. Mais tu n’as pas le temps de vraiment y penser car la blessure qui t’es la plus douloureuse est celle de dépouille mortelle de ta mère en face de toi, alors que tu tiens le collier qu’elle aimait tant avoir dans tes mains. Tu n’arrives plus à bouger, tu es capable de te laisser mourir ici aussi s’il le faut. C’est bien trop dur, tout sera bien trop dur désormais, tu le sais. Que peux-tu faire contre ça ? Elle n’est plus là, elle est partie. Tu le sais, tu as hurlé plusieurs fois son nom, espérant voir un signe de vie mais rien n’y fait. Tu as perdu l’une des personnes les plus importantes à tes yeux.
Pourtant, tu parviens à te relever. Tu ne peux pas abandonner ainsi, tu as ta sœur, ton meilleur ami. S’ils sont encore là… ! Tu dois vérifier. Peu importe si tu sens les flammes former des cloques sur ton corps, tu dois vérifier. Tu t’élances, malgré la culpabilité qui t’envahis petit à petit et les blessures qui t’empêchent réellement d’avancer aussi vite que tu ne le souhaiterais. Tu dois esquiver les corps au sol, vérifier de qui il s’agit. Trop de monde. Trop. C’est dur, si dur !


Tu n'en peux plus, Ying. Ces visions te terrifient de tout ton être, trop dur à vivre, encore une fois. Trop proche de l’horreur que tu as vécu au travers du passé de Xie Lian. Tu veux sortir, tu veux que ça s’arrête, encore une fois.

Tu y arrives enfin, alors que tes yeux récupèrent leur lueur. Tu prends une grande bouffée d’air, comme si toi aussi tu avais véritablement respiré la fumée. Ta respiration est forte, rapide, saccadée. Tu lâches par réflexe le collier qui retombe au sol. Tu ne te rends pas encore compte qu’il y a quelqu’un en face de toi, que tu es installé contre un mur. Tu réalises seulement ce qui vient de se passer et tu portes ta main sur ton visage, essuyant au passage la sueur dû à ce mauvais rêve. Tu reprends conscience alors que tu sens une colère qui ne t’es pas familière monter en toi.

« Merde, merde, pas encore… ! »

Finalement, tu regardes mieux la personne en face de toi. C’est une personne plus ou moins encore inconnue, même s’il te semble l’avoir croisé depuis début septembre. Qui est-il ?

« … Le collier… ? »

Tu regardes le collier désormais entre les mains du membre du personnel, bien heureux désormais à l’idée que tu n’auras plus à le toucher. Cependant, tu te rends bien malheureusement compte que tu vas devoir bel et bien te méfier de toutes sortes d’objets et cette idée te serre encore le cœur. Bon, s’il faut l’accepter et bien soit. Tu vas devoir réfléchir à ce qui s’est passé précédemment aussi, quand ça a débuté, également.

Mais en attendant, tu regardes l’adulte en face de toi, attendant des réponses et semblant manquer de patience. Ah, splendide, tu vas devoir à nouveau expliquer que tu as vu dans son passé et visiblement, certainement pas la meilleure partie de sa vie. Tu te sens encore très faible, ta gorge est serrée, asséchée, mais tant pis. Ton état peut bien attendre.

« J’irais monsieur, de moi-même. Quant à votre collier, tu tousses un instant, essaye de reprendre contenance, eh bien… Je l’ai aperçu par terre. Alors, j’ai voulu le ramasser, chercher son propriétaire, ou au besoin l’amener aux objets perdus, vous voyez ? »

Jusque-là, forcément, l’explication se déroule bien. Après tout, ce n’est que la vérité et tu n’es de toute façon pas connu pour raconter d’horrible mensonge. Tu n’es pas dans le besoin – et même quand tu l’étais, voler un objet ne t’as jamais traversé l’esprit. Ce n’est pas vraiment la bonne voie, celle qu’il te faut suivre.
Maintenant Ying, tu dois annoncer la suite car clairement tu n’en es qu’au début. Mais tu le sens bien, tu bloques. Après tout, si déjà Pei Ming et Xie Lian ont mal réagit, que va-t-il en être de ce professeur ? Tu n’en as aucune foutre idée et c’est une chose qui t’énerve un peu, de t’en inquiéter : habituellement, tu es plutôt du genre à faire en sorte que tout se passe au-dessus, les remarques, les critiques sur ton comportement… Mais ça, c’est quand c’est de ton fait.

« Le problème, voyez-vous… C’est que récemment un don s’est réveillé chez moi. Hum, celui de psychomètre, je suis capable de voir dans le passé d’un objet, si les souvenirs liés sont forts. Je ne pensais pas que ça allait être le cas ici mais visiblement, si. »

Tu te demandes un instant si ça peut suffire pour qu’il puisse comprendre la suite. D’ailleurs, quand tu y penses à nouveau, ce que tu as vu été différent des deux autres fois. Tu ne sais pas comment l’expliquer, mais tu n’as pas eu l’impression de tout voir au travers d’une seule personne. Est-ce réellement juste une impression, cela-dit ? De nouveau, te voilà silencieux alors que ce que tu viens de vivre se rejoue dans ton esprit, jusqu’à ce que tu réalises véritablement toute l’ampleur de ce souvenir.

Dans cette vision, tu t’es senti mourir, Ying. Tu as vécu les derniers instants d’une personne. Tu as senti ton cœur – son cœur s’arrêter de battre, pousser son dernier soupir, quitter ce monde.
Et puis tu es revenu, d’abord au travers d’une seconde personne, puis en reprenant contrôle de ton propre corps. Comme si on t’avait accordé une sorte d’autre chance, t’accorder la chance de tester la vie. C’est effrayant, tes yeux s’ouvrent grand quand tu t’en rends compte. Tu comprends aussi à quel point ce bijou doit être cher aux yeux de l’homme en face.

« Ah, aiyah, monsieur, je suis désolé. Je ne contrôle pas ce don, ça fait à peine un mois, vous savez ? Ce n’est pas une excuse, cela dit. J’ai vu ce qui l’a le plus marqué, si c’est le vôtre, alors vous devez savoir, vous doutez de quoi il s’agit. Votre souvenir… Celui partagé avec la précédente propriétaire. »

Tu n’as plus envie d’en dire plus, tu en as ras-le-bol de décrire ces terribles scènes. Tu ressens de la peine aussi, combien de personnes dans ce campus ont connus une vie horrible ? Des événements tragiques ? Bien sûr, tout ne peut pas être un long fleuve tranquille, mais à chaque fois… Chaque fois… Pourquoi tu n’aurais pas le droit à un moment paisible, quitte à vivre sous l’emprise de ce don ? Tu restes silencieux, ensuite, presque prêt à entendre ta sentence. Ah, qu’il se dépêche cela-dit, car tu sens ton esprit partir au loin. Ta gorge te fait vraiment mal.

Tu ne t’étonnes pas vraiment de son énervement. Tu comprends bien, car si on regardait dans ton passé, celui dont tu n’as pas envie de parler… Tu n’aimerais pas ça, peut-être pas dans une grande colère, mais tu ne serais pas ravi, clairement. Au fur et à mesure de ses questions, tu y réponds, forcément. Tes pensées sont encore confuses, brouillées, tu n’as pas encore vraiment l’impression que tout autour de toi soit bien clair.
Comme tu peux, tu regardes le membre du personnel en face de toi. Ha, tu ne sais toujours pas qui c’est vraiment, sa matière, son poste, mais tu sais déjà l’un de ses souvenirs les plus traumatisants. Génial.

« Le don de psychométrie, c’est la capacité de savoir le passé d’un objet en le touchant. La condition majeure, c’est que cet objet ait connu un passé marquant, bon, comme mauvais. Ah, normalement, les psychomètres sont censés pouvoir gérer s’ils veulent voir ou non, mais comme moi c’est récent et que je connais pas encore d’autres personnes comme moi je.. J’ai du mal, disons. Ce n’était pas voulu, je peux vous l’assurer. Je ne dirais rien, à quiconque. »

Comme tu l’as promis pour Xie Lian, comme tu l’as fais pour Pei Ming, tu comptes bien continuer ici encore. Ça va être une habitude, à force, hein Ying ? Tant pis, tu n’as pas grand choix, même si tu ne sais pas vraiment si ta parole vaut grand-chose avec lui. Il ne te connaît pas, tu ressembles sûrement à un gamin, alors à quoi bon ? Enfin, tu fais quand même part de tes connaissances, heureusement, elles ne te lâchent pas ici. Heureusement tu es curieux et que ta mémoire fonctionne plutôt bien dans ces cas-là, car sinon… Eh, ce serait dur de t’expliquer si tu ne savais pas placer tes mots.

Quand il te demande si t’es capable de te relever, t’es surpris. C’est tout ? Rien d’autre ? Pas de réprimande véritable ? Ha, tu ne t’y attendais pas. Réunissant tes forces, tu te relèves doucement, tes jambes ne semblent plus autant trembler, comme le reste de ton corps. Tenir debout est donc une chose possible et, après quelques essais, tu es aussi capable de marcher, mais plus doucement qu’à ton habitude. Toi qui es connu pour être presque trop rapide sur tout, te voir aussi ralenti ? On croirait voir une autre personne.

Et puis, et puis… Il te pose la question. Tu ne sais pas quoi répondre, au départ. Il souhaite vraiment le savoir ? Tu fronces les sourcils. Malgré toi, tu parviens à te souvenir tout ce que tu as ressenti quand tu étais dans la mémoire du collier. La culpabilité qu’il a ressentie. Se sent-il coupable de cet événement ? Bien entendu, même si tu es curieux, tu ne vas pas demander plus de détails à ce sujet. Tu décides, à demi-voix, de répondre malgré tout à sa question. Tu n’es pas vraiment en état de différencier s’il faut le dire ou non.

« Oui, j’ai… eu souvenir de sa fin et de ses dernières pensées, l’inquiétude pour ses enfants. »

Tu n’en dis pas plus. A vrai dire, tu te demandes pendant un instant si c’est ce que tes parents se sont dit quand eux-mêmes sont décédés pendant leurs nuits de chasse. Tu ne t’autorises généralement pas à penser à ce genre de chose – le peu de souvenirs que tu as d’eux, tu préfères que ce soit les bons. Mais vu la situation, tu ne peux pas vraiment t’en empêcher, si empêcher la tristesse que tu ressens et qui t’envahis.

Tu te détestes ainsi.

Quel mal t’envahis, Ying ?

Quand il t’aide, tu admets que ça te soulage un peu dans ta démarche. Tu n’apprécies pas vraiment l’idée de partir à l’infirmerie, cela dit. Pour quoi faire ? Rester aliter toute la nuit tout seul encore une fois ? Non merci, la dernière fois, quand tu étais en Chine, ça avait été terrible de ne pas bouger, comment te changer les esprits ainsi ? Impossible, car tu ne pouvais rien faire et c’est une chose que tu détestes plus que tout.

Sans surprise, tu apprécies bouger, tu es vif d’esprit, tu es incapable de ne rien faire pendant des heures – sauf si c’est dormir, tu es bruyant, tu es vivant… L’exact inverse de ce que tu es actuellement. C’est sûrement ce que tu apprécies le moins pour l’instant : ta propre attitude. Mais il t’est pour l’instant si compliqué de changer ton comportement, même en te forçant, tu sais que tu ne peux pas y arriver tout de suite. Peut-être avec une ou deux nuits de sommeil, ça finira par t’aider, mais à ce stade, tu n’en es même plus bien sûr. Quelle malédiction, ce don !

« Monsieur, je vous promets je vais… Partir à l’infirmerie ne me servira à rien. L’infirmière va me dire de me reposer, ce que je peux faire dans mon dortoir. C’est triste vous savez, de devoir rester tout seul là-bas. Et puis, je ne suis pas blessé : est-ce nécessaire de déranger un lit si d’autres en ont plus besoin ? »

Tu te défais de l’aide qu’il t’apporte et t’écarte un peu. Tu espères tes mots suffisants, car tu n’as pas envie, pour cette fois-ci de plus forcer à détailler, d’argumenter. Ce que tu veux, c’est retrouver les livres sur lesquels tu es penché depuis début septembre et possiblement rejoindre l’endroit secret dans la bibliothèque pour travailler, expérimenter.

« Je vous le promet, pour le peu que ma parole soit sacrée pour vous ! Alors si jamais vous entendez de la bouche d’un autre élève ce que j’ai vu, sachez que si vous voulez me retrouver, je suis Wei Ying, en 9ème année du cursus Sciences Occultes, chez les strixyst. Si vous demandez ce nom, je vous assure vous tomberais bien sur moi. J’accepterais les conséquences. »

Malgré l’air enfantin que tu abordes par moment, tu sais aussi te montrer sérieux et décidé. Tu sais faire preuve par moment d’une certaine maturité et au mieux possible tu essayes de le montrer actuellement. Ton air fatigué ne doit pas t’aider, mais tant pis.

« Merci d’avoir voulu m’aider malgré tout. Mais je vais désormais me reposer de mon côté, cela sera le mieux pour tout le monde, je pense. »

L’instant d’après, tu tournes le pas et tu te diriges vers ton dortoir, d’un pas le plus assuré possible. C’est toujours un peu compliqué, tu te doutes un peu quand ta tension a radicalement baissée, mais tant pis. Actuellement, tu n’as qu’un objectif en tête, te poser et ne plus toucher à quoi que ce soit. Voilà qui devrait guérir ton côté touche à tout, hein ? La culpabilité ne t’a pas quitté, s’est même aggravée. Tu sens encore des hauts le cœur t’envahir ainsi que des vertiges, mais tu sauras t’y habituer, jusqu’à ce que ça passe.

Mais pour l’instant, tu veux simplement t’éloigner, fuir, oublier ce qui vient de se dérouler, oublier ta journée, oublier ses souvenirs qui ne t’appartiendront jamais.