C’est plutôt rare qu’Ichigo soit tête en l’air, quasiment impossible à vrai dire. On a beau dire de lui, il reste un étudiant avec la tête sur les épaules et qui fait attention à ses affaires. N’étant pas des plus disciplinés quand il s’agit de comportement, le minimum qu’il peut faire pour qu’on évite de lui chercher des embrouilles et de tenir proprement ses cahiers – s'il doit être honnête en plus de cela, lui-même n’apprécie pas quand c’est plié, corné, abimé.

Du coup, qu’il ait oublié sa baguette quelque part le surprend sincèrement. D’autant plus qu’il ne se sépare jamais de son bout de bois, auquel il attache beaucoup trop d’importance. Il fait clairement parti de ces personnes qui voient la baguette comme étant plus qu’un simple objet, même s’il en a déjà cassé deux à ce jour, il prend toujours le temps de comprendre la suivante, de vérifier s’il ressent quoi que ce soit avec elle ou non. S’il doit être d’ailleurs honnête, il n’a jamais ressenti un lien aussi fort avec son actuelle qu’avec les précédentes. De ce fait, il met généralement tout en place pour la protéger et la surveiller, ce qu’il fait que la fraise ne comprend réellement pas comment il a fait pour ne pas s’apercevoir de l’absence de son amie.

Depuis, il retrace l’entièreté de sa journée, parcourant l’exact même chemin qu’il se souvient avoir pris en fonction de ses cours depuis ce matin. C’est un véritable travail pour sa mémoire qu’il réalise ici, ça le surprend presque d’y parvenir sans grand mal, même si pour le moment, ses recherches ne sont pas très fructueuses, à son grand damne. Il n’y a plus grand monde désormais dans le bâtiment des cours, du moins bien moins qu’en journée, étant donné que le soir pointe le bout de son nez et rappelle le service du self bientôt ouvert. Il n’a pas envie de traîner, d’ailleurs. L’attente peut être interminable si on s’y prend tard et la dernière chose dont il a envie c’est de manger à 21h après 2h de queue.

Résultat, le voilà bougon, ses sourcils plus froncés qu’ils ne le sont à l’habitude, empêchant encore plus les autres d’approcher.  Ce n’est contre personne, personne mis à part lui et son oubli. Il est à l’instant en train de traverser diverses classes dans lesquelles il a été aujourd’hui, en direction de son dernier essai avant de se dire qu’il s’est peut-être fait simplement voler sa baguette. Et si c’est le cas, ça se passera très mal pour le voleur qui se prendra plus qu’un pied dans la tronche.
Le voilà désormais devant la salle de Défense contre les Forces du mal, cours qu’il a gardé désormais en option, ne souhaitant pas s’arrêter à des sorts de 7è année pour cette matière, profitant également de l’option Duel désormais possible. Ayant son directeur de maison, M. z Rivii en professeur, il se souvient avoir utilisé sa baguette lors de son cours, étant plutôt que ce ne soit pas le cas avec lui. Sans attendre un instant de plus – et sans demander l’autorisation à qui que ce soit de pouvoir entrer – il appuie sur la poignée et rentre dans la classe désormais vide.

Sans attendre plus longtemps, le voilà qui file vers sa place habituelle et fouille l’ensemble, vérifie de partout. Il pousse un soupire en voyant qu’il n’y a définitivement rien, même au sol, même dans les alentours. Il se relève et cette fois-ci, son regard se tourne vers le bureau au-devant de tous les autres, faisant face au sorcier roux.

“ Il l’a peut-être mise de côté ?”

Porté par un dernier espoir, il s’approche de ce dernier. D’accord, il ne devrait pas fouiller comme ça, mais qu’il a le choix ? Il en a besoin, de son instrument de magie et cela dès demain à la première heure et surtout de façon générale. Il ne va pas en plus partir à la recherche du professeur pour revenir ici, il n’a vraiment pas le temps et encore moins l’envie.
Malheureusement, sur la surface, c’est un échec tant cette dernière est vide. Un nouveau râlement s’échappe de ses lèvres alors que son regard se porte sur les trois tiroirs à côté de lui. Ainsi, sans se poser plus de questions, il en ouvre un premier, mais ce dernier ne comporte que quelques papiers, plumes et bloc-notes. Il s’empresse regarder le deuxième, mais ne voit cette fois-ci qu’une sorte d’insigne en bois auquel il ne porte sur le coup pas plus d’attention que cela, mais suffisamment pour lui donner d’étranges frissons avant qu’il ne le referme, ne trouvant toujours pas ce qu’il cherche.
Il se surprend presque à “prier”, espérer tout du moins que ce troisième tiroir lui porte-chance et mette fin à sa soirée de fouille. Alors qu’il le tire vers lui, c’est presque un cri de victoire qu’il pousse en reconnaissant sa baguette, l’attendant sagement. Sans attendre un instant de plus, il la prend dans ses mains, vérifie son état et la range convenablement dans sa pochette, désormais rassuré.

Il est prêt à partir rejoindre ses amis et se détendre enfin, mais sa curiosité revient à la charge alors qu’il se souvient de la palpitation ressentie au moment de l’ouverture du second compartiment. C’était étrange, plus qu’étrange même. Après un court instant d’hésitation, considérant que son professeur ne va certainement pas revenir durant la soirée et le prendre sur le fait, il tire à nouveau, laissant réapparaître ce qu’il a aperçu précédemment, mais bien plus en détail.
Cette sorte d’insigne (de badge ?) est assez particulière, taillée de sorte à ce qu’une croix traverse les côtés et son centre présent une tête de mort – glauque, si on veut son avis. On peut presque penser à un objet lambda, mais si ça se trouve dans le bureau d’un ancien sorceleur, ce n’est sans doute pas pour rien.

Cependant, plus il le regarde, plus le lupy ressent une forme d’aura émaner de cet objet, il ne sait pas comment l’expliquer, mais il semble emprunt d’une magie particulière qu’il ne reconnait pas réellement. Ichigo n’est pas des plus curieux, tout du moins il sait généralement faire attention, après tout, trop de fois il s’est fait avoir par des potions et autres conneries magiques du genre, c’est pourquoi il n’explique pas cette irréversible envie de voir de plus près la relique, de la prendre entre ses mains et laisser ses doigts parcourir les gravures présentes. Il ne devrait pas, il le sait bien mais son envie s’agrandit au fur et à mesure, peut-être devrait-il plutôt refermer le tiroir, non, il doit le faire, en mais là encore, il n’y parvient pas. De l’une de ses mains, il attrape dans un premier temps la corde pour soulever l’amulette et l’approcher de lui. Jusque-là, rien ne se passe, ce qui semble être une bonne nouvelle, certainement. Il s’est sûrement imaginé trop de film dans son imagination, sans aucun doute, ou alors, le prendre de cette façon empêche quoi que ce soit d’arriver ? C’est possible aussi et ça devrait lui suffire pour ne pas allez plus loin.

Ce n’est pas assez. Il ne sait pas pourquoi, mais c’est comme s’il entendait une voix qui le poussait à tenir fermement ce reliquat et il fait au mieux pour résister, pour tenir mais il se sent finalement perdre ce combat interne, alors qu’il cède enfin à son envie. Sa paume libre vient serrer alors l’objet et c’est probablement à cet instant qu’Ichigo comprend que c’était réellement une mauvaise idée.

« Merde ! »

C’est approximativement le seul mot qui parvient à sortir de ses lèvres à cet instant, alors qu’il sent tout corps se raidir, avant d’être traversé par une douleur inhumaine qui le fait s’effondrer à terre. C’est sa main de libre qui se rattrape au bord du bureau, le laissant simplement à genou alors que l’autre ne semble pas vouloir lâcher la relique, bien au contraire. Il s’y agrippe de plus en plus, bien que ce soit l’objet de ses souffrances actuelles. Il est impossible de l’entendre malgré tout, son cri restant coincé dans sa gorge tant la peine est intense. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, il a simplement l’impression que l’insigne lui transmet quelque chose, prend possession de toutes les parties de son être sans lui laisser l’ombre du choix. C’est comme si elle s’accrochait à lui, s’ancrait en lui et ne comptait jamais repartir. Pendant un instant, la dernière chose qu’il se sent faire et de fermer les yeux, incapable désormais de les laisser ouvert. Après ça, il ne sait pas combien de temps il continue de ressentir son tourment, se demandant s’il va réellement terminer ainsi, pour une simple curiosité mal placée.

…

Enfin, tout termine par se calmer. Il se sent plus léger, bien plus qu’il ne l’a jamais été, en fait. Pendant un temps, il ne s’en inquiète, en fait, il se sent soulagé. S’il est encore capable de penser, c’est qu’il est encore vivant, n’est-ce pas ?
Par contre, depuis quand s’est-il relevé ? Le doute le parcourant, il ouvre de nouveau ses yeux et il n’était clairement pas préparé au spectacle se déroulant sous ses yeux. En fait, il n’était pas prêt à voir son corps étalé par terre, sans bouger, ni respirer, ne montrant tout simplement aucun signe de vie. Merde. Merde. C’est pas vrai ? Il regarde ses mains, il cherche une vitre pour voir son reflet et il est encore plus terrifié par ce qu’il voit. Alors, oui, il s’aperçoit, mais plutôt de façon très… floue. Transparent, pour être plus exact. C’est un fantôme.

Merde, il est vraiment mort ? Pas comme ça quand même ?!

« Putain ! Comment je rentre là-dedans ?! »

De panique, il s’élance immédiatement sur son… cadavre, cherchant à y rentrer par n’importe quel moyen. Ce n’est pas possible, il ne peut pas y croire, il refuse ! Il doit bien y avoir un moyen de régler ce problème, pas vrai ? Ce n’est pas terminé, pas pour un objet trouvé dans un bordel de bureau. La frustration ne fait qu’augmenter, ainsi que sa panique, s’il en avait encore un dans cet état, il sentirait son cœur s’affoler à toute allure, mais pour le moment, il ne ressent rien. Rien. Rien du tout.
Et puis, dans un geste presque de désespoir, il vient toucher de nouveau ce foutu machin maudit. Il se sent alors comme soudainement aspiré et l’instant d’après, il se relève, prenant l’une de ses plus grandes inspirations jamais réalisées jusqu’à présent. Il se met à respirer bruyamment, tous ses sens sont en alerte, ayant un horrible bourdonnement dans ses yeux, sentant une langue presque pâteuse, ses yeux comme ébloui par une lumière quasi-inexistante mais… Il est de nouveau là, il en prend conscience.