L'histoire Nyneve commence par un exil. Enfin, il serait même judicieux de parler de plusieurs exils, le premier étant la Piste des Larmes, un exode enduré par les Cherokee durant la colonisation. Néanmoins, ce n'est pas celui qui nous intéresse, bien que ce dernier contribue de manière évidente à l'héritage de la jeune sorcière.

Non, tout commence pour les parents de Nyneve, dans les années 1980, alors que la guerre civile éclate au Pérou. Le père de l'Ursirre, désireux de vivre une vie paisible loin de toute cette violence, quitte ses Andes natales pour s'installer dans le Tennessee. Là, il mène une vie paisible de musicien et rencontre sa femme, dont seule la mère est cherokee. Cette femme lumineuse, lui rappelle le soleil des Andes et l'aide à s'installer dans cette société occidentale qu'il ne côtoyait pas tant que cela lorsqu'il vivait au Pérou, vivant le plus souvent en haute altitude avec le reste de la communauté quechuanne.

Le couple se forme très vite et vit de longs jours heureux, jusqu'à avoir l'immense bonheur d'accueillir dans leur famille la petite Nyneve Tooantuh. Tooantuh est un prénom qui fait rappelle à ses origines maternelles.

C'est d'ailleurs avec ce côté de sa famille qui la petite salamandre vit ses premières années. Ses parents sont installés dans une petite maison au coeur de la banlieue de Nashville. Cependant, la petite fille est très captivée par les histoires et les rites que lui racontent le soir pour s'endormir. Aussi, elle passe rapidement ses weekends chez ses grands-parents à écouter leurs histoires et à apprendre l'art du tressage, des perles ainsi que celui de la poterie. Parfois même, ces derniers l'emmènent rejoindre d'autres membres de la communauté en Oklahoma pour l'initier à certains rites et certaines danses.

Nyneve est déjà à l'époque une enfant pleine de vie, sautant de partout et testant tout ce qu'il est possible de tester à son âge. Finalement, ses parents sont bien contents de l'envoyer chez ses grands-parents en weekend, cela leur fait du repos et leur évite de devoir ranger la maison chaque jour. Aussi, ces activités lui ont appris très tôt à respecter la nature, à être habile de ses doigts et à respecter les rangs de tous. Malheureusement, cela ne lui a pas appris la patience. Aussi, il arrive qu'elle se mette à pleurer dès que quelque chose ne fonctionne pas comme elle le veut ou qu'elle n'arrive pas à produire quelque chose de "joli".

Sa frustration est d'autant plus grande qu'elle est très curieuse de découvrir les traditions venant du pays de son père, voyant des "babioles" péruviennes ou quechuannes aux quatre coins de la maison. Ainsi, alors qu'elle fête son huitième printemps, sa famille entreprend un voyage dans les Andes péruviennes, maintenant que la situation y est stable. Cela s'est fait après moultes négociations. Toutefois, il leur est difficile de résister à leur petite fille unique, dont les prunelles scintillent comme deux soleils. Nyneve et sa mère ont un peu de mal à se faire à ces nouvelles conditions climatiques, avant de bien s'y acclimater au bout de quelques semaines. Les retrouvailles avec le côté paternel sont très émouvantes, car ces derniers étaient très curieux de rencontrer leur descendante pleine de vie. Elle passe son temps près des lamas et des alpagas qui deviennent rapidement ses animaux préférés, si bien qu'elle en adopte une peluche qu'elle garde encore à Ilukaan. Cela ne l'empêche cependant pas d'être très attentive aux traditions locales, s'évertuant du mieux qu'elle peut de reproduire les oeuvres des adultes, notamment vis-à-vis des lamas. Au-delà de compter par ses êtres vivants favoris, ils constituent une part importante de la culture quechuanne si bien qu'ils font partie de la famille. Elle s'amuse beaucoup à singer leurs danses. L'Ursirre apprend à vivre en société, à respecter la Pachamama et les Apus, l'art de l'agriculture et le fait que la nature se module sans cesse, ne jouant jamais à la loyale. Elle adopte même la même religion que sa famille paternelle, conciliant traditions païennes et christianisme.  Cela dit, ce qui attire le plus son attention reste les vêtements aux couleurs flamboyantes et aux motifs insaisissables. Tout cela constitue un environnement magique pour l'enfant.

A moins que cela ne soit-elle, l'être fantastique ? Ses dispositions pour la magie ne tardent pas à se montrer, puisque Nyneve réussit à tondre un lama entièrement grâce à ses pouvoirs ! Cela interloque bien entendu ses parents. Bien qu'ils soient au courant que certaines formes de magie existent grâce à leurs ascendances respectives, ils n'avaient rien de surnaturel en eux, ni dans leur famille. Certains êtres naissent avec ces dons, mais jamais cela n'a été le cas dans la famille de monsieur et madame Cusi Naccha. C'est toutefois avec un certain honneur et une certaine émotion qu'ils voient les anciens se diriger vers la née-moldue, lui expliquant alors ce qui vient de se passer. Elle doit désormais rendre sa famille fière avec ces dons que seules les familles les plus prestigieuses ont pu bénéficier. Elle doit utiliser ses dons avec clairvoyance et se doit d'en être digne. Nyneve se met alors à respecter d'autant plus la nature, qui lui confère de telles capacités. Plus tard, des agents du Ministère de la Magie viennent s'assurer que l'éveil de sa magie n'a nullement causé la panique et indiquent à la famille quelques conseils, bien que les anciens leur ont déjà énuméré quelques astuces.

La jeune sorcière est alors d'autant plus excitée qu'elle n'est fière. Elle redouble d'ardeur pour aider au mieux la communauté constituée sur différentes tranches d'altitude pendant encore trois ans. Elle a d'autant plus soif de connaissances et de savoirs désormais. Elle ne connaissait la magie qu'à travers les légendes et les contes que lui racontaient sa famille jusqu'à lors. Aussi, jamais n'a-t-elle songé à être elle aussi une sorcière, bien qu'elle ait longtemps rêvée. Un champ de possibilités s'ouvre à elle et elle compte bien s'en servir au mieux !!

Vient ensuite le choix de son école de magie alors que son onzième anniversaire. De tous les prospectus, Nyneve n'hésite aucun instant sur celui d'Ilukaan ! C'est une école qui est internationale ! Le nombre de personnes qu'elle va pouvoir rencontrer vaut carrément le coup ! Puis, apparemment les enseignements dispensés sont d'une excellente qualité. Ses parents n'ont que peu de mots à dire encore une fois face à la détermination de la jeune fille. Cependant, c'est avec une certaine appréhension que la future Ursirre fait ses valises. Certes, ce n'est pas la première fois qu'elle quitte ses maisons, cela dit c'est la première fois qu'elle part pour plusieurs mois loin de tous ses repères. Néanmoins, elle prend sur elle et se dit qu'elle y arrivera quand même, malgré les quelques larmes roulant sur sa peau chocolat au lait le jour du départ.

Lors de sa découverte du campus, ses yeux brillent de mille et une étoiles. C'est si moderne, si différent et il y a tellement de monde !! Elle a de tous les rencontrer !! Malgré, un discours quelque peu barbant du proviseur, c'est avec hâte que la métisse se penche au-dessus de la fontaine. Quel va être son animal totem pour ses études prochaines ? Un ours !! Quel bon symbole !! Elle saute de joie alors qu'elle entend son rugissement se répandre dans la foule. Elle va se plaire à Ilukaan, elle en est persuadée !!

Toutefois, elle déchante bien vite : c'est un peu son propre exil. Si les cours se veulent aussi passionnants et ses camarades intéressants, Nyneve ne peut s'empêcher d'éprouver un mal du pays assez sévère. Elle a dû dire adieu à ces accolades si répandues au Pérou pour saluer, ainsi qu'à une bonne partie de la chaleur humaine à laquelle elle est habituée. Ne parlons pas même pas du climat ! Cela la sort un peu de ses études et la renferme un peu sur elle-même les premiers mois. Les technologies, bien qu'utiles, ne remplacent en rien un câlin de ses parents... Heureusement que le décalage horaire n'est pas gênant, cela lui permet d'appeler régulièrement ses parents qui lui donnent de nombreux conseils. Elle s'empresse aussi vite de les appliquer du mieux qu'elle peut et retourne auprès des autres, se montrant aussi chaleureuse que tactile. Cela ne remplace pas sa famille, certes, cela compense un peu. Puis, la maison des Ursirre est probablement la plus chaleureuse d'Ilukaan. En tout cas, ses camarades sont toujours bienveillants envers elle et acceptent même parfois la décoration qu'elle met dans la Maison Bleue. C'est aussi comme cela que lui vient cette attitude de sportive presque excessive, afin de canaliser la frustration qui la hante, celle de vouloir à tout prix rester même en étant mal. Elle ne compte pas abandonner si facilement face au défi !

Aujourd'hui, Nyneve souffre beaucoup moins du mal du pays, pour ne pas dire presque plus. Elle rentre lors des grandes vacances dans le Tennessee et au Pérou malgré tout. Elle rentre aussi pour participer à certaines traditions. Elle ne quitte cependant pas toujours le campus lors des vacances, prenant plaisir à y passer du temps et à profiter de ses amitiés et ses haines, dans une structure aussi colorée qu'est Ilukaan, loin de porter une quelconque attention à tout ce qui se trame entre le Ministère et le directeur.

(c) Ilukaan