« Dis ! Alberich, si tu pouvais changer un passage dans ta vie, tu changerais quoi ? »
Question si banale et sans aucun intérêt, pourrait-on dire. D’ailleurs, la réponse de Kaeya aussi ne serait en rien hors du commun : « Pourquoi changer sa vie, il vaut mieux la faire évoluer vers notre idéal~ ». En effet, l’Allemand ne changerait rien à sa vie s’il pouvait le faire.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                               
Il est né le 30 novembre 1999 à Munich, en Allemagne. La journée était dégagée tout comme la soirée et l’accouchement se passa sans encombre. Il était le fils d’un sang-put d’origine Nordique aux yeux bleus et d’une sang-mêlée à la peau bronzée et aux cheveux d’un noir jais. Le bambin avait hérité de la plupart des traits de sa mère et des yeux de son père.
Il s’agissait d’une famille de la classe moyenne vivant dans la campagne un peu à l’extérieur de la ville. Ses deux parents travaillaient au sein même de l’agglomération. Pendant les 3 ans de sa vie où il a vécu là-bas, il était gardé par ses grands-parents, maternels comme paternels. Cela dépendait des occupations de chacun et du planning des septuagénaires. Ses géniteurs n’étaient pas très présents et souvent même absents à cause du travail. Mais il pouvait les voir le week-end et à coup sûr le dimanche, s’il n’y avait pas d’heures supplémentaires le samedi. En plus, il était bien trop jeune pour se plaindre du manque de présence.

C’est durant l’été 2002 que le cadre de vie du petit changea. Son père avait une mutation au Canada, offre qu’il ne comptait pas refuser. Son entreprise de stratégie commerciale magique comptait bien l’envoyer dans la branche canadienne encore en développement. Et lui, il avait bien dans ses plans d’amener femme et enfant dans sa valise. C’est ainsi que Kaeya quitta son Allemagne natal pour se diriger au Canada avec sa famille au nom du rassemblement familial. Évidemment, tout cela n’avait pas été fait sur un coup de tête et de nombreux aménagements avaient déjà été faits par son père. Sa mère avait entrepris des recherches d’emploi en amont. Et surtout, on avait commencé à penser au parcours scolaire de l’enfant. C’est le pourquoi dans un premier temps, il fut envoyé à l’école internationale allemande d’Ottawa dans un premier temps pour y apprendre l’anglais, qu’il ne maîtrisait absolument pas, et parfaire sa langue natale autre part qu’à la maison.

La famille Alberich avait élu résidence dans un petit quartier un peu excentré de la capitale canadienne. C’était sans doute le meilleur endroit pour élever un enfant. Le voisinage n’était de plus pas déplaisant et semblait être porteur d’une bonne ambiance. C’est d’ailleurs après s’être bien installé dans la maison que la petite famille invita les voisins les plus proches pour un dîner. La plupart n’avaient pas d’enfant si ce n’était une en particulier. Il s’agissait de ceux vivant au plus proche. Kaeya n’avait que 3 ans et ne savait pas dire un mot d’anglais alors qu’il alla se coller à l’enfant plus jeune que lui, qui par chance, était aussi d’origine allemande. Il passa la soirée pour  ce dernier à jouer comme deux enfants pouvait le faire. Le temps passa trop vite pour le petit. Évidemment, ce ne fut ni la première ni la dernière fois.
Ses parents ne furent pas plus présents au Canada qu’ils ne l’avaient été en Allemagne. Et si, durant un an, il put passer plus de temps avec sa mère le temps qu’elle retrouve un travail, il fut vite de nouveau au soin de quelqu’un d’autre quand il fallut retourner au travail. Ce fut à la famille qui avait l’enfant aux cheveux roux qu’on le confia. Le petit s’appelait Diluc et on pouvait dire que Kaeya considéra très vite comme un ami cher.
Ce fut une routine assez simple qui s’installa. Par chance, les deux enfants allaient à la même école. Alors, on venait récupérer les deux; et Kaeya faisait donc ses devoirs chez eux. Et puis, le soir venu, il rentrait chez lui avec sa mère pour manger et dormir. Ca ne lui déplaisait pas, il aimait beaucoup passer du temps avec Diluc et sa famille fut pour lui comme une deuxième maison. Il pensait un peu d’eux comme un oncle et une tante jusqu’à ce qu’il entre dans un âge plus avancé.

L’enfance de Kaeya fut assez calme. Il apprenait à parler anglais jusqu’à ce que cela ne devienne naturel et sans accent comme il perfectionnait son allemand, seule langue parlée à la maison s’il n’avait pas de devoir sur celle de Shakespeare.
Le jour où Kaeya activa sa magie fut un dimanche. On était en été et il faisait chaud. L’enfant de 8 ans voulait avoir des glaçons dans son jus de raisin mais ils étaient encore entrain de se former au congélateur. C’est à ce moment-là que son jus se glaça dans son verre en faisant légèrement craquer ce dernier à cause du changement d’état. Ses parents ne s’y attendaient pas, pas plus que l’enfant. Mais vivant dans une famille sorcière, la magie était son quotidien. Il fut évidemment aux anges à l’idée d’être aussi un sorcier. Surtout qu’il n’était ni en retard ni en avance. S’il y avait eu un soupçon d’une possible identité cracmol chez Kaeya, il y aurait eu fort à parier que son père aurait été des plus déçus par son fils. Mais au moins, cela permettait de confirmer aux parents un point : il irait étudier à Ilukaan, école réputée de magie au Canada, dès ses 11 ans.

Un autre point marquant le garçon autant mentalement que physiquement fut pendant cet été. Ils étaient invités dans la maison de campagne de la famille Ragnvindr. Une magnifique demeure sur un beau terrain viticole. Il pouvait jouer avec son meilleur ami toute la journée et voir ses parents par la même occasion. Kaeya était aux anges chaque jour durant cette période tel l’enfant innocent qu’il était.
Cependant, si on lance une pièce fraîchement sortie de la fabrique encore brillante, il peut arriver qu’on ne voit que mieux son imperfection. Dans le domaine se trouvait une grande. Jusqu’ici, rien de grave, il s’agissait de la plus banale des granges avec sa paille, ses ustensiles un peu rouillés et son odeur de lieu peu aéré en plein soleil. Il arrivait aux enfants de jouer à cet endroit de temps en temps. Évidemment, ils avaient comme consignes de faire bien attention surtout s’ils étaient près des outils entreposés à l’intérieur. Ils faisaient attention à chaque fois. A chaque fois. Sauf une fois où Kaeya tomba la tête la première contre un des ustensiles coupants. Manque de chance, ce dernier était rouillé et par-dessus tout, il était venu blesser Kaeya à quelques millimètres de son œil. La suite est facilement devinable: panique, hôpital, on lui hurla dessus. Mais surtout, il perdit un œil à la suite de cet incident. On le lui remplaça par une prothèse pour empêcher les infections et on s’occupa bien de lui pour éviter des complications, même si elles n’étaient que de l’ordre de 1%. Mais le mal était déjà fait et Kaeya n’avait plus d’œil droit. La magie pouvait faire repousser des os mais transformer un objet inanimé en organe fonctionnel, c’était une autre paire de manches.
Au début, c’était déstabilisant et on prit soin de lui. Mais à la fin, on continua de lui hurler dessus pendant un bon moment.
Cet été ne fut pas que le moment où il perdit son œil droit; ce fut aussi celui où son meilleur ami partit pour Ilukaan. Mais l’originaire d’Allemagne n’était pas triste. Il savait qu’il allait le rejoindre bientôt quand il serait plus grand.

Dans un premier temps, il faut savoir que Kaeya passa certains mois à essayer de s’habituer à son « nouvel œil ». Mais il se sentait un peu mal à le montrer et puis, il n’aimait pas son contact avec l’extérieur. C’est bien pour cela qu’au bout d’un certain temps, on décida de lui donner un bandeau. Cela l’amusa pendant un temps où il s’imagina bien être un sorcier pirate et vivre des aventures. Encore aujourd’hui, il préfère porter un cache-oeil plutôt que de montrer ce qui se trouve en dessous : œil de verre et cicatrice comprise. En plus, la couleur de ce dernier était légèrement trop claire par rapport au vrai. De quoi lui donner une raison supplémentaire.
Aussi, son quotidien ne changea pas grandement entre le départ de Diluc et son propre départ. Ses parents continuaient de le confier à leurs amis avec qui les relations n’avaient pas trop changé tout comme il continua d’aller à l’école moldue pour finir au moins la première partie du cursus scolaire. En parallèle, le week-end, on préparait le dossier pour Ilukaan. Bien sûr, Kaeya fut accepté dans l’établissement où il y entra en septembre 2012.

Ses parents n’avaient pas d’a priori particulier sur les maisons. Ils étaient tous les deux allés à Poudlard. Alors les maisons, ils connaissaient mais s’en préoccupaient vaguement mais sans plus. Kaeya n’avait donc aucun mouron à se faire quand il finit par rentrer à Cervirald.  Une maison dans laquelle il allait vivre pendant une bonne dizaine d’années.  A l’époque, il ne s’ennuyait pas avec la signification de la maison mais maintenant, il s’interrogeait. Pourquoi le soin ? Y avait-il un but alors qu’il se pensait plus sur l’attaque ? Après tout le monde avait des mécanismes inconnus et il présumait qu’ici aussi.
Le jeune était surtout heureux de pouvoir revoir Diluc. Revoir son ami était une source de bonheur malgré la différence d’années.

Sa vie à Ilukaan ne se démarqua pas spécialement de la vie avec sa famille. Évidemment, il y avait les cours qui lui permettaient d’apprendre à mieux maîtriser ses pouvoirs. Mais au fond, il y avait quand même une forme de routine qui venait durant les cours. Cependant au fond, ça ne le dérangeait pas. Parce que tout était fait pour sortir de la routine dès qu’on quittait la salle de classe. C’est hors de ces murs qu’il grandissait et s’épanouissait. Il commençait à évoluer pour devenir la personne qu’on connaît aujourd’hui. Confiant mais en même temps, observateur à attendre le bon moment.
Évidemment à grandir, on s’éloigne des autres. C’est vers sa 4ème année que Kaeya commença à aller un peu plus de son côté par rapport à Diluc. Il se faisait d’autres amis, changeait ses goûts tant bien au niveau vestimentaire que de passions. Cependant, cela n’empêchait pas qu’une fois chez lui avec sa famille et parfois celle de Diluc, ils se retrouvaient. C’était étrange tant il y avait une différence entre les moments dans et hors de l’école. Kaeya avait vraiment l’impression de retrouver son ami d’enfance; il avait comme une étrange sensation dans la poitrine. De la joie ? Sans doute. Comme si au final, malgré la différence et l’éloignement, ils étaient toujours aussi liés.

Été de ses 19 ans, il s’apprêtait à rentrer dans le cursus Auror. La veille de ce jour-là, il avait bu avec Crepus, le père de Diluc. C’était la première fois qu’il buvait un verre vin avec l’adulte. C’était un très bon vin légèrement pétillant. Ils étaient trois à discuter dans le jardin; le jeune homme aux cheveux ardents les ayant rejoint. La soirée se passa bien. Le lendemain ? Accident de mission, le père mourut.
On l’enterra...Kaeya se doutait que c’était dur pour Diluc. Malgré la carapace qui semblait être autour du jeune adulte, il essaya de le consoler. Finalement, ce fut l’effet inverse. On peut facilement dire qu’à ce moment-là, quelque chose se brisa chez les deux. Il en souffrit longuement et encore maintenant, cela lui faisait mal. Ironiquement, Kaeya acheva son développement personnel à ce moment-là. Cette rupture lui permit de s’ouvrir un peu plus à lui-même. Il commença à se diriger encore plus vers les autres. Parfois, cela lui arrivait de charmer. Bizarrement, il ressentait le besoin de le montrer...Comme pour combler un vide. Mais peu importait à ce niveau-là. Peu importait.

Kaeya était bon en cursus Auror. Ses résultats n’étaient pas incroyables mais pour autant, ils n’étaient pas catastrophiques. Il s’y développe et s’y plait. Et cette évolution dure dans le temps présent.  

(c) Ilukaan