Do Mi, Sol Do Mi, Sol Do Mi, Do Mi, Sol Do Mi, Sol Do Mi…

Une douce mélodie parvenait jusqu'à ses oreilles. Prélude en Do majeur de Jean-Sébastien Bach. La mélodie, il l'avait reconnu tout de suite. Elle était simple mais toujours aussi agréable.

Papillonnant des yeux, ceux-ci se remplir de la lumière traversant les lattes de sa fenêtre. Quelle heure était-il exactement ? Peu importe. Il faisait bon en cette fin d'été et la chaleur intramuros de Paris lui était confortable.

Francis s'étira en baillant, tandis que la musique continuait de gagner l'ensemble de la maison. C'était sa mère, Elise Bonnefoy née Valmont, qui jouait de la harpe. Joueuse professionnelle, elle passait la majorité de son temps à jouer de son instrument, à composer ou bien à jouer au conservatoire. La mélodie qu'elle était en train de jouer…D'aussi longtemps que Francis pouvait s'en souvenir, il l'avait toujours connue. Elise aimait la jouer pour ses enfants, ou juste par pure exercice de souplesse.

Le blond se leva enfin, le soleil ayant fini par le sortir de son lit. Il s'étira de tout son long, comme un chat, faisant craquer quelques articulations par la même occasion. Il passa devant le miroir à l'entrée de sa chambre. Il se trouvait plutôt pas mal, même au réveil. Sa mère était une sang-pure tandis que son père était sang-mêlé et ils formaient un couple semblerait-il parfait : beau et heureux. Le Français pouvait remercier leurs gênes pour le physique dont il avait hérité.
Il sourit, d'un air légèrement arrogant et emprunta les escaliers qui menait vers les parties communes tout en prenant au passage un t-shirt pour se couvrir le torse.

Descendant les marches, il pouvait observer au mur différentes photos. Son père, Mathis Bonnefoy, avait une passion pour la peinture et la photographie et s'amusait la plupart du temps à lier les deux. Sauf qu'ici étaient fièrement exposées des photos de la famille, prises à différentes époques. Son père en avait toujours fais. De sa femme d'abord, quand il commença à la fréquenter, puis ensuite de Francis. Le jour de sa naissance, soit le 14 juillet 2000, son père l'avait photographié et il s'amusait encore et toujours à la montrer aux invités lors de "moments souvenirs" plus qu'embarrassants.

Sur cette photo de naissance prise à l'hôpital, Francis était emmitouflé dans une couverture blanche dans laquelle la sage-femme avait pris soin de le mettre, pour ne pas qu'il attrape froid. Sa mère avec ses beaux cheveux d'or serrait le bambin dans ses bras avec amour et regardant l'objectif d'un air fatigué. Même s'il était un peu fripé par sa naissance toute récente, Francis pouvait se féliciter d'être déjà un beau bébé. Il sourit et descendit une marche.

La seconde photo de la cage d'escalier était une photo de famille. Dessus il y avait Elise, Mathis, ainsi que Francis. Mais une nouvelle petite tête blonde avait fait son apparition cette fois. Il s'agissait de Grace, sa petite soeur de deux ans et demi sa cadette. Sur cette photo, Francis devait bien avoir cinq ou six ans. Il était debout, devant son père. Grace, quant à elle, était sur les genoux de leur mère. Ils étaient tous souriants et cela faisait plaisir à voir. La photo étant magique, on pouvait y voir Grace faisant "coucou" de sa petite main d'enfant vers l'objectif.
Si Francis s'en souvenait bien, c'était dans ces eaux-là que sa magie avait commencé à se manifester. Capricieux, il avait sans douté déjà tordu accidentellement des cordes de la harpe de sa mère sous le coup de la colère. Autant dire que cela ne faisait pas particulièrement plaisir à la concernée mis à part le fait qu'elle pouvait se rassurer de ne pas avoir un enfant cracmol.
Il descendit d'une nouvelle marche.

Sur la troisième photo, on pouvait voir Francis à ses onze ans serrant sa petite soeur dans ses bras. Il était en train de pleurer. Oh, il s'en souvenait très bien de ce cliché : il avait été pris par son père au moment des "adieux" de Francis à sa famille, au moment où il devait rejoindre sa nouvelle école. Il s'en souvenait comme si c'était hier. Il était destiné à aller à Beauxbatons, de base. Ses parents avaient fait leur scolarité là-bas, il était donc tout naturel que Francis suive le mouvement. Mais disons que les Bonnefoy étaient, pour ainsi dire, des atypiques. Mathis et Elise préféraient amplement envoyer leurs enfants dans cette école internationale récemment reconstruite et réformée. Sûrs quant à l'originalité de cette académie et pensant aux expériences nouvelles que pourrait acquérir leur fils, ils décidèrent de l'inscrire à Ilukaan. Quitte à ce qu'il soit loin. De toute façon, ils avaient les moyens de lui payer cet établissement non pas grâce aux métiers artistiques que les deux pratiquaient mais surtout grâce aux patrimoines de la famille. Ainsi Francis s'envola en Nouvelle-Ecosse.

La quatrième photo représentait Francis devant son école de magie, Ilukaan. Cette photo avait du être prise lors de sa première année. Ses parents avaient vraiment insisté pour l'accompagner jusqu'au Canada plutôt que de le laisser y aller seul sous la supervision d'un tuteur. C'était compréhensible. Il faut dire qu'à l'époque, Francis n'avait que onze ans. Sur la photographie, il portait l'uniforme de l'école canadienne…L'uniforme dit féminin même. Il faut dire que ça lui allait bien. Il avait un beau visage, des beaux cils et surtout des cheveux ondulés voire bouclés lui tombant presque sur les épaules. En fait, on pouvait totalement le confondre avec une fille à l'époque. Sa mère s'en amusait il faut dire. Elle n'avait jamais interdit à son fils de porter ce qu'il lui plaisait. Alors Francis avait fait ce choix de petite farce et il ne reprenait jamais les personnes qui se trompaient sur son genre. Cela lui rappela d'ailleurs un souvenir qui le fit ricaner.
Cela concernait Arthur Kirkland, sa némésis. Quel connard celui-là. Il était de deux ans plus jeune que Francis mais, bon dieu, il n'arrivait même pas à le supporter. Enfin. Il n'arrivait plus à le supporter. Au début, les deux élèves s'entendaient bien. C'était à l'époque où Arthur croyait que Francis était une fille. C'était risible hein ? Mais le Britannique croyait dur comme fer que Francis s'appelait en vérité Frances et que la jupe de l'uniforme n'était pas là que pour s'amuser. Bien sûr, ce qui les avait éloigné voire complètement fâché, c'était le moment où Arthur comprit. Comme tout garçon qui grandit, Francis commençait à avoir du poil sous le menton et surtout la voix qui muait. Sans oublier l'uniforme dit masculin qu'il commençait à porter presqu'en permanence. Autant dire que lorsque le Lupy s'en rendit compte…Cela se passa très mal. Vraiment. Francis n'aurait jamais cru que quelqu'un pouvait aussi mal réagir en se rendant compte de la "supercherie". Enfin, le truc, c'est qu'il n'avait jamais utilisé de pronom féminin et il n'avait jamais caché son véritable genre à quiconque. C'était juste les gens qui se faisaient des idées tout seuls. Et Arthur qui était son ami devint très vite son ennemi. Toute conversation se transformait désormais et au final, la haine prit complètement le dessus. Francis le détestait, c'était clair et net.

À la marche suivante, Francis put voir une nouvelle photo. Elle est beaucoup plus récente celle-ci. Il était bien habillé et jouait du violon à un récital, seul. Son bras était animé et jouait la mélodie décrite sur la partition. Dès sa plus tendre enfance, ses parents qui étaient tous les deux des artistes lui avaient demandé de choisir une discipline. Francis avait choisi le violon car il en avait toujours aimé le son. Il faut dire qu’avec sa mère, il avait eu le droit d’avaler du solfège et des CDs de musiques classiques pendant des heures. Au début, Francis prenait ses cours de violons vraiment pour une corvée et pour être honnête, c'était une plaie. Cet instrument était si capricieux, se désaccordant à chaque fois qu'il y avait de l'humidité...En plus sa prof était stricte...
D’ailleurs quant il y pensait, il avait toujours trouvé ça étonnant de finir chez les Cervirald plutôt que chez les Strixyst. A croire que son indépendance avait vraiment commencé à ce moment-là. Lui qui avait toujours été plongé en permanence dans ce côté bobo-parisien-artiste, il ne finissait pas dans la maisons des artistes contrairement à ce qu'auraient voulu ses parents. Mais au final, il se sentait parfaitement bien dans sa maison. Enfin, il s'était fait des camarades chez les Cervirald et même chez les Lupy, les Ursirre et les Strixyst. Le campus était sympathique également, agréable et surtout énormément grand. On ne pouvait pas rêvé mieux lieu de travail. En plus, ce qui était bien, c'est qu'il pouvait donner régulièrement des nouvelles à sa famille grâce au WitchNet installé depuis peu (et surtout passer son temps sur les réseaux sociaux sorciers...mais chut). De plus, sa petite soeur était aussi à Ilukaan. Ainsi pouvait-il garder un oeil sur elle à l'image du grand-frère poule qu'il était.

Francis termina finalement de descendre l'escalier et se dirigea dans le salon pour embrasser sa mère qui arrêta sa musique et lui sourit :

— Tu m'aides à cuisiner ce midi ?
— Avec plaisir.

Le blond aimait cuisiner. C'était sa grand-mère qui le lui avait appris. Il pouvait surtout remercier son odorat qui l'aidait grandement dans cette tâche. D'ailleurs, c'est ce qui le poussait à vouloir continuer, en huitième année, dans le cursus de Potions approfondies. Francis n'était pas exceptionnellement doué à l'école. Il révisait surtout pour limiter les pots cassés. Cependant, il était extrêmement doué en potions.

Qu'importe...

Passant derrière sa mère, il marcha jusqu'au balcon. Il faisait bon en cet fin d'été dans le quartier du Marais. Il sourit encore une nouvelle fois.

Do Mi, Sol Do Mi, Sol Do Mi, Do Mi, Sol Do Mi, Sol Do Mi…

(c) Ilukaan