Le moteur du véhicule ne faisait plus aucun bruit. Darren s'était garé et regardait désormais dans le miroir incrusté dans son pare-soleil pour se recoiffer. Il n'avait plus conduit depuis bien des mois, principalement parce qu'il n'avait pas besoin de se déplacer. Puis, s'il avait réellement besoin de bouger, surtout sur une grande distance, il utilisait principalement les portoloins. Les systèmes de déplacement mis en place par les sorciers n'aidaient pas au fait de prendre le volant de manière régulière.

Et pourtant, Darren adorait conduire. Il y a quelque chose d'emballant, ou comme les jeunes diraient swag, au fait de conduire. Pour lui, qui avait grandi dans un milieu dont la culture était principalement sorcière, c'était toujours un peu nouveau de se servir de ce genre de véhicules. Tellement nouveau qu'il était le seul de sa famille à avoir passé un permis de conduire. Ce trajet était donc pour lui un moment plaisant. Celui de pouvoir trouver une excuse de toucher à un volant, sans parler de l'authenticité qu'apportait le camping-car à l'équation. Il était heureux d'avoir trouver un autre amateur de plein-air pour se permettre de quitter l'école, le temps d'un week-end.

Son seul regret, sur ce trajet, c'était celui de ne pas avoir pu profiter des paysages du Nouveau-Brunswick, contrairement à son partenaire de voyage. Il avait pu les apercevoir, certes, mais il était bien trop concentré sur la route pour pouvoir s'y attarder. Regret qui n'allait pas durer puisque ce dernier venait de sortir du véhicule. Il faisait face à une énorme forêt de pins, puis, plus loin, quelques hauteurs.

La porte du camping-car venait de claquer dans un bruit sourd. Il prit son temps, lui permettant d'admirer le coucher du soleil sur ce qui était un paysage traditionnel canadien, tel qu'on pouvait les voir dans les films moldus. Un paysage bien typique, mais toujours aussi époustouflant. Il souffla du nez longuement, émerveillé par ce décor qu'il redécouvrait chaque fois qu'il venait camper. Le vent passait dans ses cheveux, sans le décoiffer. Il faisait bien moins frais qu'il ne le pensait et les paysages blancs des derniers mois avaient laissés place à un beau vert recouvert ici et là de quelques taches blanches venant sublimer le paysage.

Darren s'était habillé de la tenue qu'il utilisait habituellement pour faire des randonnées. Il s'était dit que c'était la meilleure idée, malgré le fait que, comme il s'en doutait, il avait un peu froid. Il prit son temps pour s'étirer convenablement avant de rejoindre Grenfell, pour lui tenir la portière, tel le gentleman qu'il était.

- J'espère que le trajet n'était pas trop désagréable. Je n'ai pas conduis depuis... Mathusalem. Mais nous y voilà et en un seul morceau !

Une fois dehors, Darren réalisa bien rapidement que le climat n’était pas le plus idéal. Il fait frais, bien que le vent n’était pas levé. Conscient de cela, il se blottit légèrement dans sa fine veste tandis que son partenaire fut en train de sortir du véhicule. Le professeur de botanique prit son temps pour s’éloigner de la porte du camping-car tout en ne le quittant pas du regard. Il y écrasa au passage quelques feuilles mortes qui s’étaient sûrement installées avec le passage du temps sur le sol encore humide de la forêt. Une brise glaçante traversant sa mince veste, il ne put pas s’empêcher de frémir légèrement. Il mit donc ses mains dans ses deux poches de pantalon tout en laissant s'échapper un simple souffle chaud. Cette émanation de l'haleine s'apparentait à de la vapeur qui s'exhalait comme un souffle depuis les lèvres du châtain.

- J’imagine que ce n’est pas trop le genre de choses qui peuvent se perdre avec le temps, comme le vélo.

Il continua de reculer pas à pas, sans pour autant le quitter du regard. Proche de la longueur du camping-car, il s’appuyait sur ce dernier, sa main, qu’il venait de sortir de sa poche pour l’occasion, était encore chaude. Darren lui lança un grand sourire bienveillant en le voyant aussi pressé de s’y mettre. Il doit l’admettre, il replongeait en enfance avec ce voyage et… c’est ce qu’il lui fallait, de se sentir jeune. Bien qu’il essayât de ne pas le montrer, c’était assez simple de voir qu’il attendait avec impatience de poser la tente, qu’il avait sortie pour l’occasion, et de, simplement, profiter du cadre merveilleux dans lequel tous deux se trouvaient. Il s’imaginait déjà en train de griller des marshmallow autour du feu avec son ami. Cependant, une fois au bout du véhicule, il se stoppa nettement, quittant, au passage, ses quelques rêveries de friandises fondues.

- Tu as bien raison ! Je vais simplement ouvrir la soute et après… On peut jeter un oeil pour trouver un coin où s’installer non loin ?”

S’y attelant sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre, il finit par débloquer sans trop de gêne la porte de cette fameuse soute. Dans cette dernière se trouvait tout le matériel dont ils avaient besoin pour camper ; une vieille tente qui avait bien servie, des sacs de couchages de bonne qualité ou encore une moustiquaire dans un coin. Il se contenta de jeter un oeil au matériel assez rapidement avant de revenir à Grenfell.

- Eh bien, tout me semble bon… Tu te sens prêt à y aller ?”

Un mélange de tons jaunâtres et orangés décorait le chemin de la manière la plus élégante qui pouvait se faire, au plus grand plaisir du neerlandais qui avait un festin pour les yeux devant lui. Il n’avait pas pensé à prendre son appareil photo qu’il chérissait tant, par peur de l’humidité, mais il regrette quelque peu. Cette peinture automnale est vraiment à couper le souffle - du moins, c’est ce qu’il pensait. En parlant de teintes orangés, le rouquin vint l’interpeller et surtout le sortir de ses pensées en piétinant les feuilles dans un bruit de craquement assez audible.

La question de la faune et la flore locale ne venait même pas à l’esprit du châtain qui de son côté, était bien trop joyeux pour penser à autre chose que la manière dont il comptait griller des marshmallow dès que le feu sera mis en place et en train de crépiter. Je veux dire, il n’avait pas non plus spécialement besoin de s’inquiéter. Bien que très niais et immature sur les bords, le professeur était quelqu’un qui plaçait la sécurité avant tout, peu importe où il allait. On pouvait donc se douter que si le besoin se présentait, il y aurait de quoi trouver des antidotes, sprays ou autres crèmes en tout genre dans les rangements internes du camping-car.

C’est un d’air niais que le dernier l’écouta, le regardant au passage s’approcher de la tente, sûrement pour la porter. Il lui laissait donc la place, pour le laisser faire, avant de revenir à lui.

- Oh, je peux faire ça oui. Ne t’en fais pas, je suis un spé-cia-liste des bois. Enfin. Je m’y connais. Mais… Je pense que tu t’en doutais ! Mais il ne faut pas un doctorat pour s’y connaître sur… Bref, oui, je vais y aller, en gros.

Il allait déjà lui tourner le dos pour y aller avant de se faire interrompre dans sa tentative. Il le regardait de nouveau, de bas en haut, assez surpris en le voyant faire. C’était visible sur son visage d’ailleurs. Il ne le pensait pas aussi fort physiquement, honnêtement. Pas qu’il ne le pensait pas fort, au contraire, mais pas à ce point. Il se reprit rapidement avant de lui répondre, un sourir amical se formant sur ses lèvres.

-Oh, eh bien… Hm. Je pense que le plus intéressant est de chercher un sol pas trop humide et un coin sans trop de vents, mais en soi, la magie peut aider. Je suppose que tu peux chercher un coin qui te plaît et me faire une surprise le temps que je revienne avec le bois ?