Les couloirs du bâtiment de cours étaient bien vides cet après-midi. Il faut dire qu’une fois la dernière sonnerie de la journée, les élèves avaient tendance à vite rassembler leurs affaires pour partir en vitesse rejoindre leur club ou leurs amis. Le brouhaha ambiant des heures de cours était remplacé par un silence, perturbé par des petits bruits de pas, accompagnés du son d’une clochette qui tintait en rythme. Ce petit grelottement mélodieux était craint par certains, méprisé par d’autres, fuit par la plupart. Pourquoi? Car il signifiait l’arrivée de l’enfant à problèmes.

En cet fin d'après-midi, Juzo Suzuya errait sans but dans les couloirs du bâtiment. Il n’avait ni club, ni amis à rejoindre et il ne lui restait rien de mieux à faire que de marcher sans destination en tête. Il fixait attentivement le plancher sous ses pieds, essayant de ne pas marcher sur les lignes séparant les planches de bois. Du revers de la main, il dégagea quelques mèches blanches qui lui tombaient devant les yeux. Il fallait vraiment qu’il fasse quelque chose pour cette frange trop longue, il ne pourrait bientôt plus rien voir avec. Ca serait de leur faute s’il finissait par prendre son petit jeu en marchant entre deux lattes… Concentré sur ses pas, le porteur d’émeraude ne regardait pas ce qu’il se passait autour de lui et il fallut un bruit sourd pour lui rappeler qu’il n’était pas seul au monde et qu’il y avait encore d’autres personnes dans le bâtiment à cette heure. Pourquoi d’ailleurs? Qui pourrait bien encore traîner là? Ils n’avaient rien de mieux à faire? Sautillant d’une planche à l’autre, sa clochette teintant à chaque petit saut, il se rapprocha du bruit, curieux de voir ce qui pouvait bien valoir la peine de rester ici après la fin des cours.

Là, contre un mur, il y avait un élève plaqué par un autre. Oh! Il le connaissait lui! C’était Ken, il était dans la même classe que lui! Mais qu’est ce qu’il pouvait bien vouloir à ce petit? Avant que Juzo ne puisse trouver de réponse à sa question, son camarade de classe troubla de nouveau le silence en donnant une claque assez impressionnante. L’enfant à problème n’avait pas vu une telle gifle depuis que sa mère avait perdu sa garde. A quoi est ce qu’il était en train d’assister au juste? Un règlement de compte? Du harcèlement scolaire? Boarf, c’était pas vraiment son problème! En soit, ça le regardait pas trop, quelqu’un de normal aurait déjà tourné les talons et fait comme s’il n’avait rien vu mais depuis quand est ce que Juzo était normal? D’une démarche assurée, il s’approcha des deux élèves. Ce n’est pas en fuyant le conflit que le Cervirald avait gagné le titre d’enfant à problème après tout! Le sourire aux lèvres, il tira Ken en arrière par le col, lui faisant lâcher sa proie.

-Bonsoir Ken!
-Hein? Juzo? Mais qu’est ce que tu me veux?

Quelque part, le porteur d’émeraude savait qu’il était en train de faire une connerie. Combien de fois est ce que son comportement violent l’avait envoyé dans le bureau de Monsieur Leroy? Beaucoup trop honnêtement. Il avait collectionné pertes de points, punitions et heures de colle pour ça et il avait promis à son tuteur de faire des efforts, de ne plus chercher la bagarre, de se calmer. Mais bon… les vieilles habitudes avaient la vie dure, n’est ce pas? On pouvait le punir ou le traiter encore de monstre, il n’allait pas laisser un pauvre petit gars se faire frapper sans intervenir et la seule façon dont il savait réagir face à ce genre de comportement, c’était en frappant en retour. Les bully dans le genre de Ken méritaient bien un coup de poing dans le ventre. A quoi ça servait de lui expliquer que c’était mal d’attaquer un gamin? Il fallait qu’il ressente de la douleur pour comprendre. Le garçon essaya tant bien que mal de se défendre mais, bien qu’il soit plus grand que lui, il ne faisait pas le poids face à Juzo. Quand on a passé sa vie à se battre, on apprend comment taper efficacement. Bientôt, le plus grand se retrouva au sol, à la mercie du Cervirald qui lui shootait dans le ventre.

-Ca fait mal hein? Lui aussi il a eu mal à cause de toi. Excuse toi!
-P-pardon! Je recommencerais plus!

Satisfait par sa réponse, il laissa Ken se relever et s’enfuir. Il allait avoir des emmerdes à cause de ça, c’était sûr. Mais bon, il avait fait quelque chose de bien, il avait défendu un gamin qui ne s’en serait pas sorti sans lui, alors il n’avait pas de regret! Avec sa manche, il essuya le sang qui coulait de son nez à cause d’un coup de Ken avant de fixer celui qu’il venait de sauver. Ne sachant pas trop quoi lui dire, il se contenta de lui adresser un sourire. De toute façon, il allait sûrement avoir peur de lui et s’enfuir lui aussi…

Il fixa l’élève encore un moment, son sourire toujours figé sur ses lèvres. Là, normalement, c’était le moment où les autres partaient en courant par peur de subir le même sort ou commençaient à l’insulter. L’inconnu n’avait pas l’air de bouger alors Juzo se préparait déjà à entendre ces mêmes reproches qu’on lui répétait tout le temps. “T’es taré”, “t’es un monstre”, “ça va pas de faire ça?”, “t’as vraiment un problème”, ne m’approche plus”, je vais prévenir un professeur”, c’était le genre de réactions auxquelles il était habitué. L’habitude ne rendait pas les choses moins frustrantes cependant. Qu’est ce qu’il faisait de mal au juste? Il essayait juste d’aider et à la place, il prenait toujours le blâme et les moqueries. Toutes ces ingrats prétendaient être de bonnes personnes tout en le prenant de haut. Pourquoi? Parce qu’il défendait les autres pendant qu’eux n’avaient pas le courage de le faire? Ca le dégoûtait. Ce gamin aussi allait l’insulter et le dégoûter, il le sentait venir. Il en avait l’habitude.

Et pourtant, contre toute attente, l’élève en violet lui rendit son sourire. Hein? C’était une première ça. Juzo examina son visage, y cherchant de l’ironie ou de la moquerie, mais il ne trouva rien. Est ce que ce gamin était… content qu’il l’ait aidé? Les mots qu’il prononça ensuite le prirent encore plus par surprise. Est ce qu’il avait bien entendu? On venait de le remercier? Lui? Sans jugement? Sans y être forcé? Le porteur d’émeraude en restait bouche bée. Ce n’était pas la première fois de sa vie qu’on le remerciait, il ne fallait pas abuser, mais c’était la première fois qu’on ne désapprouvait pas sa violence. Il ne savait pas trop comment réagir, il était pris de court là.

-De rien.

Il ne trouva rien d’autre à répondre. Qu’est ce qu’il était censé dire? Expliquer son geste? Lui dire de faire attention? Il ne savait pas alors il préférait ne rien dire de plus. Il avait de toute façon du mal à enregistrer ce qui était en train de se passer. Il se contenter de fixer d’un air décontenancé le sourire du garçon aux cheveux noirs. Il s’attendait à ce que ce soit un merci de politesse, qu’il enchaîne avec la méchanceté dont il avait l’habitude. Et pourtant les reproches n’arrivèrent pas. A la place, le garçon se contenta de lui demander. De plus en plus étrange. N’avait-il pas envie de s’éloigner de lui au plus vite? Pourquoi vouloir lui faire la conversation? Ce gamin était vraiment étrange… Mais bon, depuis quand est ce que Juzo rejetait l'étrangeté? Lui aussi voulait connaître ce curieux gamin qui n’avait pas peur de lui après l’avoir vu tabasser un élève qui le dépassait d’une bonne tête.

-Moi c’est Juzo, Juzo Suzuya!

Se rappelant des leçons pour socialiser correctement de son responsable légal, il tendit une main vers son cadet, doucement, pour éviter qu’il ne prenne peur. Il ne fallait pas qu’après tout ça il finisse par vraiment fuir par peur de se faire taper. Il n’y avait pas de violence dans son geste, il attendait simplement que le petit en violet lui serre la main. S’il osait. Les points de sutures sur ses doigts en dégoûtant plus d’un après tout. C’était un nouveau hobby qu’il avait commencé depuis peu grâce à des tutos sur internet, se coudre la peau avec du fil de couleur. Il avait l’habitude que ses passions n’enthousiasment pas vraiment les autres mais il ne s’était pas attendu à ce que ça provoque des hauts le cœur, des grimaces et des frissons. Beaucoup de ses camarades n’osaient même plus le regarder. Pourquoi? C’était juste du fil. Quand quelqu’un se faisait un piercing, c’était cool, mais il faisait de la suture artistique, tout d’un coup se trouer la peau devenait immonde. Il ne comprenait pas. C’était joli pourtant! Aujourd’hui il s’était cousu une petite fleur sur la joue et personne n’y avait prêté attention… Est ce que lui aussi allait trouver ça dégoûtant? Immonde au point de ne pas pouvoir lui serrer la main? Le porteur d’émeraude continua de le fixer de ses grands yeux noirs, son sourire indéfectible toujours fixé sur ses lèvres, attendant qu’il prenne sa main et que ça marque le début d’une amitié. Ou au moins d’une entente cordiale, c’était déjà plus intime et amical qu’à peu près toutes ses relations actuelles. Avoir un amis, c’était peut être beaucoup demander. Avoir quelqu’un qui ne le détestait pas, ça serait déjà bien.

-Et toi?

Il ne put s'empêcher de cringe en entendant le -chan que Kokichi rajouta derrière son nom, une petite grimace se formant sur son visage. Depuis son arrivée à Ilukaan il y a maintenant quelques années, le porteur d’émeraude avait pu se débarrasser des honorifiques dont aimaient tant s’encombrer les japonais. Ici, même les élèves partageant le même pays natal que lui ne s’embêtaient pas avec les rares fois où il lui parlaient et ça ne lui avaient pas manqué. Là, tout ce qu’il arrivait à entendre, c'était la voix de sa mère qui l’appelait de sa voix si enjouée. “Rei-chan!”. Et avec cette voix venaient tous les autres souvenirs, les cris, les robes à froufrous, les coups, les noeuds dans ses cheveux, les crises, le collier à clochette, les pleurs. Pourquoi est-ce qu’il n’utilisait pas au moins -kun? Est ce qu’il le voyait comme une fille lui aussi?

-Ah, appelle moi juste Juzo s’il te plait! Enchanté Kokichi!

Le Cervirald ne s’attendait pas à ce que cette nouvelle connaissance lui serre la main, mais il s’attendait encore moins à ce qu’il lui prenne de la sorte pour admirer ses sutures. C’était une réaction aussi inhabituelle qu’inattendue. Il n’était pas dégoûté? Il n’était pas en train de se moquer de lui? Jamais auparavant on n’avait vraiment fait attention à ces fils qu’il cousait avec soin à travers sa peau, généralement les gens faisaient tout pour ne pas les voir. On tournait la tête, on concentrait son regard ailleurs mais jamais on essayait de regarder de plus près comme le faisait en ce moment le Strixyst. C’était la première fois qu’on accordait de l’attention à son art, qu’on s'y intéressait, qu’on trouvait ça beau. Juzo s’était toujours dit qu’il s’en fichait, qu’il faisait de toute façon ses sutures pour lui et pas pour les autres qui pouvaient bien en penser ce qu’il voulait, mais il était étonné de constater que l’attention de Kokichi lui faisait plaisir.

-Ca fait pas mal mais bon, la douleur et moi on est pas vraiment pote, je suis moins sensible que la plupart des gens! Tu veux une démonstration? J’ai du fil et une aiguille sur moi!

Il était même beaucoup moins sensible que la plupart des gens. Un autre cinquième année serait probablement en larmes à sa place, vu le sang qui coulait encore de son nez, tâchant son visage et son uniforme. Le porteur d’émeraude n'essayait pas de faire le dur, il sentait à peine qu’il avait mal. De toute façon, le nez était un endroit sensible, le sang en coulait facilement, ce n’était pas une blessure importante ou une fracture, ça guérirait vite même sans l’aide de l’infirmière. C’était probablement le seul avantage quand on avait reçu beaucoup de coups dans sa vie, on en prenait l’habitude et on apprenait à encaisser, si bien qu’au bout d’un moment, se retrouver avec le nez en sang n’était plus si grave que ça. Écoutant sagement Kokichi parler de crime, il s’essuya à nouveau du revers de sa manche qui n’était désormais plus très blanche.

-J’ai jamais entendu parler de toi! Mais c’est parce qu’un chef comme toi doit rester discret non? Sinon on t’arrêtera pour tes crimes!
Quelqu’un de normal aurait sûrement fait semblant de le connaître. Non en fait, quelqu’un de normal aurait sûrement remis en cause sa petite histoire d’organisation criminelle. Mais bon, Juzo n’avait pas de question de remettre sa parole en doute. Pourquoi est-ce que le Strixyst lui mentirait? Il n’avait aucune raison de le faire et puis, ce  n’était pas comme s'il y avait de quoi se vanter d’être un génie du crime. Généralement, on mentait pour se faire mousser, là ça ne peignait pas un portrait très glorieux du jeune élève…. qui était peut être un peu jeune pour diriger ce genre d’organisation mais bon, Kokichi était peut être un prodige! D’ailleurs… Ce genre d’information, on ne le disait qu’aux personnes de confiance d’habitude, non? Est ce qu’il était une personne de confiance?! Oh wow, ça c’était nouveau!

Comme si ça ne suffisait pas, après les petites confessions, Juzo avait même le droit à un cadeau. C’était l'interaction la plus amicale qu’il ait eu de toute sa vie. Il prit ce canard en plastique dans ses mains comme si c’était l’objet le plus précieux du monde. Le tournant pour l’observer sous toutes les coutures avec des étoiles dans les yeux. C’était le plus beau cadeau qu’on lui ait fait depuis longtemps! C’était aussi le seul cadeau qu’on lui ai fait depuis longtemps mais bon, là n’était pas le sujet. Il avait un ami canard maintenant, c’était beaucoup trop cool! S’il avait su qu’en sauvant Kokichi d’une brute il aurait le droit à un secret ET à un canard, il aurait aimé le sauver bien plus tôt. Quelle journée!

-Merci! J’en prendrai soin! Il a déjà un nom ou je peux lui en donner un?

Oh. Il ne s’attendait pas à ce que Kokichi laisse tomber le -chan si vite! Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le porteur d’émeraude était quelqu’un de très observateur. Il ne savait pas forcément lire les gens, les humains étaient des créatures trop complexes pour lui, les décoder lui donnait mal à la tête. Il savait cependant remarquer les petits changements, les gestuelles et les mimiques. Ça lui avait donné l’impression que le jeune élève était un petit enquiquineur malicieux. Ca ne l’aurait pas dérangé, il trouvait ce genre de personnalité amusante, il n’y avait selon lui rien de mal à embêter un peu les autres tant que ce n’était pas fait méchamment. Toujours était il qu’il s’était trompé, le Strixyst n’avait pas cherché à insister ou à le faire chier avec cet honorifique. Tant mieux en soit, ce n’était pas un sujet sur lequel il avait envie de plaisanter.

Le plus jeune refusa sa petite démonstration de suture artistique et Juzo se contenta de hausser les épaules. Meh, pas grave, il savait accepter qu’on lui dise non. Et puis…. ça voulait dire que le porteur d’améthyste voulait le revoir ça, non? C’était assez rare pour le souligner. Les gens qui croisaient la route du Cervirald ne voulaient généralement plus jamais que ça se reproduise, on l’évitait, on le fuyait, on ne lui parlait pas de prochaine fois. Ou alors c’était pour lui dire “tu ne t’en tirera pas si bien la prochaine fois” ou “je vais pas te rater la prochaine fois”. Là c’était une prochaine fois amicale… ou du moins pas menaçante et ça lui faisait plaisir. Il serait heureux de pouvoir revoir Kokichi et lui montrer son nouveau hobby. Il serait heureux de le revoir pour faire n’importe quoi d’ailleurs, c’était rare qu’on réagisse aussi bien à… à lui, tout simplement, alors autant en profiter avant qu’il se mette inévitablement à le traiter comme tous les autres.

-Ok pas de soucis! Je m’entrainerais pour te montrer une jolie forme!

Son regard se posa de nouveau sur l’oiseau jaune en plastique dans ses mains, son nouveau trésor. Quel honneur de pouvoir le nommer! Juzo aimait pouvoir donner des noms aux choses, il devait d’ailleurs être une des rares personnes dans cet école à avoir nommé sa baguette. Mais qu’est ce qu’il pouvait bien choisir pour ce nouvel ami? Ses grands yeux noirs se posèrent sur Kokichi, le détaillant à nouveau, comme s’il regardait jusque dans son âme. Ce canard en plastique méritait un nom à la hauteur de celui qui le lui avait offert, quelque chose qui la reflétait et qui rappellerait toujours cette rencontre au sorcier aux cheveux blancs lorsqu'il prononcerait son nom.

-Hmmm.... Général Coin-Coin! Il m’a été offert par un génie du crime donc il a sûrement une armée démoniaque ou un truc du genre! Ça lui va bien non?

Le porteur d’émeraude sourit à nouveau, content de son idée. Ok, c’était pas super original, mais ça collait bien non? Mignon et vaguement menaçant,parfait pour ce petit canard sorti d’une vie de crimes pour venir vivre dans sa chambre au dortoir. C’était un cadeau d’un grand criminel après tout! Et en parlant de ça… Il était curieux de cette organisation. Qui aurait cru qu’il y avait un dangereux baron du crime dans leur école sans qu’il n’en entende jamais parler? Si son tuteur, qui était Auror rappellons le, l’apprenait, il voudrait peut-être le changer d’école. Mais lui n’était pas son tuteur et trouvait ça cool! Qu’est ce qu’ils commettaient comme crimes? Comment est ce qu’ils faisaient pour ne pas se faire prendre? Juzo voulait tout savoir! Mais bon… Il savait ce qu’il risquait de lui arriver s’il en savait trop… Il fallait demander subtilement, mais malheureusement, la subtilité ce n’était pas trop son truc.

-Ca ira s’il quitte ton organisation criminelle pour venir avec moi? Il ne connait pas trop de secrets?

Si divulguer leurs secrets n’était pas un problème alors peut-être qu’il pourrait les connaître aussi! De toute façon, à qui est ce qu’il allait les répéter? Ce n’était pas comme s’il avait des amis. S’il parlait de crimes à quelqu’un, on le prendrait juste pour un fou, enfin encore plus que d’habitude.

Un nouveau sourire illumina son visage quand Kokichi approuva le nom de son nouvel ami. Ouf! Lui aussi trouvait que ça lui allait bien! C’était important quand même, que son ancien propriétaire apprécie son nouveau nom, même si bon, le Cervirald l’aurait gardé que ça lui plaise ou non. Il voulait bien faire des efforts mais il ne fallait pas abuser, il n’était pas soudainement devenu quelqu’un qui se soucie de plaire aux autres. Même si bon, il avait un peu envie de se faire apprécier par Kokichi et ses drôles d’histoires quand même. Lui aussi voulait une armée de canards et de worms on a string, ça avait l’air amusant. Peut être que quelqu’un d’autre aurait trouvé ça ridicule ou puérile, mais il avait beau être déjà en cinquième année, Juzo aimait bien les choses que les autres jugeaient enfantines et “plus de son âge”.

-Wooow, tout ça? J’aimerais bien rencontrer ton armée! Enfin genre dans un contexte amical, pas parce qu’elle vient me tuer parce que j’en sais trop!

Juzo préférait rencontrer son armée pour jouer avec, mais paradoxalement, il avait confiance en sa capacité à les vaincre si un jour ils devaient l’attaquer. L’idée de faire un duel à mort contre des soldats en fourrure et en plastique était tentante… mais non, il ne le ferait pas. Ça resterait cordial et amical! C’était les anciens camarades du Général Coin-Coin après tout! Et aussi les sous fifres de quelqu’un qu’il voudrait bien avoir comme ami… En entendant parler de torture, il serra l’oiseau jaune ne plastique dans ses bras et recula d’un pas. Personne n’avait le droit de lui faire de mal! C’était son nouvel ami et il comptait bien le protéger!

-Je vais pas le torturer, c’est mon nouvel ami! J’ai pas besoin de connaître ses secrets, sa vie avant moi, c’est pas vraiment mon problème, l’important c’est les nouveaux souvenirs qu’on va faire ensemble!

Si le Général Coin-Coin ne pouvait lui parler de ses crimes passés alors ils auraient juste à faire des crimes futurs à la place. Et il était possible que cette façon de penser ne concerne pas seulement le canard en plastique…. Le sorcier aux cheveux blancs fixa le canard un moment avant de relever le regard vers le Strixyst. Est ce que lui aussi il accepterait d’être son ami même s’il ne pouvait pas lui dire ses secrets? Même s’il était bizarre. Même s’il tabassait les gens qui ne lui plaisaient pas? Même si personne d’autre ne voulait l’approcher?

-T’en fais pas, je dirais rien sur ton organisation, si les Aurors t’attrapent, ça sera pas de ma faute, promis!

Il tendit son petit doigt à Kokichi pour sceller leur promesse. Un pinky swear était un lien sacré, si l’autre acceptait son serment alors le porteur d’émeraude emporterait ses secrets dans sa tombe. Une part de lui trouvait ça dommage de ne pas pouvoir parler de cette rencontre à son responsable légal, c’était sûrement la chose la plus fun qui allait lui arriver cette semaine et ça aurait fait une anecdote vachement fun. Mais bon, tant pis, il venait de faire une promesse, il ne dirait rien sur D.I.C.E., encore moins à un Auror!