Châtaignes et pommes de pin

Samhain approchait, et Lilwenn le savait bien. Non seulement car les grandes dates magiques étaient toutes inscrites sur son calendrier, mais aussi car sa mère lui avait rappelé dès le premier octobre. Ce qui signifiait qu’elle devait dès à présent se préparer pour les cérémonies traditionnelles, récolter les ingrédients nécessaires et fabriquer son autel. Cependant, elle avait pour le moment d’autres choses en tête, notamment ses devoirs. Bien qu’elle n’ait aucune difficulté avec les matières proposées à Ilukaan, elle devait quand même consacrer du temps à tout ça, pour ne pas avoir de mauvaises notes. Elle devait être la meilleure : sa mère y tenait. Mais une fois ses révisions et ses devoirs faits, elle rangea vite toutes ses affaires avant de sortir dans le parc pour récupérer ce dont elle avait besoin, profitant de son après-midi libre.


Sa cape était bien serrée autour d’elle - elle avait troqué son uniforme contre une tenue bien plus confortable et un peu plus chaude, pour pallier à l’air du Canada qui se refroidissait de jour en jour. Le climat était à peu près le même qu’au Pays de Galles - mais elle était du genre frileuse. Les joues rosies par le vent froid, elle cherchait des plantes automnales dans le parc. Elle aurait pu aller les demander aux professeurs de botanique, sans doute, mais elle aurait perdu la satisfaction de la recherche et la sensation de triomphe qui venait quand on terminait quelque chose.

Elle se promena un long moment entre les arbres, avant de trouver enfin des pommes de pin. Elle les rangea dans le grand sac qu’elle avait apporté, afin de pouvoir tout récolter - elle avait encore à apprendre le Charme d’Extension. Elle connaissait le sort, la façon de le lancer, mais craignait de l’utiliser sans supervision pour une première fois. En fait, c’était comme ça avec beaucoup de sort. Et ce n’était pas chez elle qu’elle avait l’occasion de les utiliser, tant on tenait à tout faire pour elle à sa place - comme pour lui plaire, comme pour s’assurer une bonne place dès qu’elle serait à la tête du Couvent.

Néanmoins, sa recherche fut interrompue lorsqu’en levant encore une fois la tête, elle reconnut l’une de ses camarades de maison. Elle la regarda un moment : elle la connaissait seulement de vue, et ne savait pas quel était son nom, mais elle ne pouvait décemment pas l’ignorer.

- Bonjour.

Elle lui fit un vague signe de tête, et reprit sa collecte, avant de se redresser soudainement.

- Je ne savais pas que d’autres personnes venaient se perdre par ici en ce moment. Je m’appelle Lilwenn Cerwyn, enchantée.