Tous les matins l’Égyptien se levait avant ses camarades. Doucement, sans un bruit quittait-il alors sa couche pour se rincer le visage, d’une main assurée et habituée il traçait d’un geste précis le trait de khôl venant entourer son regard marron profond aux iris presqu’aussi noirs que ses iris. Avec des gestes méthodiques arrangeait-il ses cheveux, se parait-il de ses nombreux bijoux et amulettes. Râ, Amon, Aton, Atem, ses parents l’avait bénit de protections desquelles il ne se séparait jamais, que serait-il sans ces dernières ? Son bâ serait séparé de son kâ qui serait séparé des 7 autres parties de son intégrité. Un frisson remonta le long de son échine pour se perdre dans la base de sa nuque. Le seul frôlement de cette pensée dans son esprit lui provoquait une peur qu’il ne pouvait décrire, que les autres ne pourrait comprendre. Une pensée plus qu’archaïque, d’un autre temps, désuète mais bien vivace dans son existence. Après un dernier regard dans le miroir face à lui il laissa les lentilles rouges dans leur étuis dans sa trousse à toilette, il lissa sa tique de lin blanche et jeta un rapide coup d’œil vers l’extérieur. Le noir et l’exubérance l’avait quitté pour sa prière du matin, il se montrait modeste devant les dieux.

Après avoir pris son sac contenant ses libations et une petite figurine pour rendre hommage au Dieu solaire il sorti de la tente. Nous étreignait encore Geb de ses bras aux mille étoiles tandis que son époux se complaisant dans sa douce et froide étreinte. Un léger regard vers l’est lui permis de voir les tout premier rayons annonçant l’arrivé de Râ de retour de son voyage dans le monde sous-terrain. Le léger froid matinal ne découragea pas le nord-africain de continuer son chemin à travers le camps. Ce n’était qu’une épreuves à affronter des entités supérieures afin qu’il puisse chanter leurs louanges. S’il pouvait endurer le soleil égyptien alors pouvait-il endurer la morsure matinale, l’odeur de la rosée sur l’herbe humide qui venait titiller ses sens olfactifs mais aussi du toucher avec les brins humides venant caresser la peau de ses jambes et de ses pieds. Il s’avançait donc à travers le camp pour trouver un endroit plus tranquille. Il avait laissé Wadjet dans sa tente afin que son adorable petit serpent protecteur ne puisse se reposer tandis que lui allait prier.

Alors qu’il marchait en direction de la plage du lac il organisait le programme de sa journée dans sa tête. Une fois Râ contenté irait-il se changer et prendre une véritable douche, refaire le khôl autour de ses yeux puis irait-il se sustenter pour bien commencer sa journée. Sans doute prendrait-il des nouvelles de sa famille avant de profiter d’une des diverses activités proposée par le camp de vacance aux élèves.

Pas après pas l’environnement du sol changeait des branchages à de la terre battue à, au bout d’un petit moment, du sable. Le sable du bord du lac, bien différent du sable doux, fin et brûlant de son Égypte natale semblait épais et rêche, cette constatation lui fît un petit pincement au cœur. Bien qu’il avait ardemment décidé de partir étudier à l’étranger pour voir de nouveaux horizons et de s’éloigner de sa famille conservatrice au possible mais il ne pouvait nier qu’il ressentait un léger mal du pays. Les pyramides, temples et mastabas lui manquaient grandement et il se languissait de les voir ne serait-ce qu’un instant. Il se languissait de humer les mélanges d’épice du souk et les encens parfumant la demeure familiale de Thèbes, le quartier sorcier conservateur de Louxor.

Une fois arrivé au bord du lac il vit cependant un autre élève lui aussi bien matinal. Le temps de sa marche Râ avait monté dans le ciel caressant son visage de ses rayons bienveillants. Son regard d’un noir profond se fixa sur le jeune homme, Lelouch s’il se souvenait bien de son nom.

« Soit tu me donnes à manger comme au zoo, soit tu viens t'asseoir avec moi, mais pitié, ne reste pas planté là, qui que tu sois. »

« Je ne voudrais pas te déranger dans ton activité.  »

« Activité » qui visiblement consistait en des ricochets ratés. Lui qui voulait rendre hommage à sa divinité ne pourrais sans doute pas le faire en cette matinée. Bien que frustré, il saurait prendre son mal en patience et profiter de la présence de Lelouch à la place.

L’égyptien observa le nouveau ricochet tout autant raté que les précédent e après avoir soigneusement posé son sac sur le sol pris une petite pierre pate, la soupesa un court instant avant de se mettre en position et de la lancer sur la surface calme du lac. Un premier clapotis retenti, suivit d’un second, d’un troisième et après le quatrième le petit caillou coula au fond de l’eau pour s’enfoncer dans la vase tel un navire échoué sur le lit de l’océan.  Les larges et lourdes boucles d’oreilles de l’égyptien à l’effigie de colonnes  Djed colorés de vert, rouge et bleu reflétaient la lumière du soleil encore en pleine ascension dans le ciel enflammé du matin. Le regard assombris de khôl se reposa sur le britannique et bien son visage n’affiche une expression neutre voire presque froide ses yeux brillaient de contentement de cette délicate matinée et de voir cette personne qu’il appréciait. Avec des pas mesuré, le port altier il s’avança vers l’autre.

« Je vois cela en effet, il semblerait pourtant que Seth se soit glissé dans ton jeu »

Ses yeux se mirent à briller avec amusement alors qu’un fin sourire en coin apparu à la commissure de sa bouche. Le fait que Lelouch rate tout ses lancer coups à après coups ne pouvait être que le résultat d’une action du Dieu de la discorde, Lelouch ne pouvait être nul à ce point… si ?

Après avoir secoué la tête à la négative il lissa le fin lin blanc de sa tunique. Du sport ? Dans cette tenue ? Paré d’or et de lapis lazuli ? Cela serait sans aucun doute ardu et lui-même ne s’y tenterait pas aussi lâcha-t-il un petit rie qui semblait remonter du fond de sa gorge en réponse au ridicule de la question.

« Pas le moins du monde. Je comptais honorer Râ. Mais je pense que je serais pardonné pour ce matin »

Après avoir vérifier le sol et retiré sa cape pourpre qui lui servait à se protéger de la légère brise matinal il la plia et la posa sur la berge avant de s’y assoir aussi les genoux replié vers lui ses bras encerclant ses membres. Il fixa l’horizon, admirant le lever de soleil et le paysage s’offrant à eux. Il mit un moment avant de répondre au britannique assis à ses côté bien qu’il l’ait écouté. Il tourna la tête vers lui avec un sourire ornant son visage.

« De même. Ravi de te rencontrer sous un nouveau jour »

Son ton était léger, amusé, loin de l’expression sérieuse de son visage adoucie par son petit sourire.