Quel plaisir de fouler l'herbe fraichement fauchée du terrain de Quidditch. Qui plus est, cette fois-ci, le contexte est totalement différent de ceux dans lesquels l'amérindienne a pour habitude de s'exercer en ces lieux.

Laissant les senteurs de la fauche, couplées aux essences automnales s'envoler jusqu'à ses narines basanées, Nyneve inspire profondément. Comme toujours, la présence de nature la revigore malgré le froid environnant, comme si elle puise une partie de son énergie dans la Terre Mère. Elle en a bien besoin, au vu de ce qui l'attend.

Après tout, elle ne s'est pas rendue ici seulement pour contempler les paysages automnaux depuis les espaces sportifs. Non, l'objectif de sa venue est bien plus intéressant challengeant : elle compte s'entraîner avec un autre joueur de Quidditch, d'une équipe adverse, celle des Lupys.

Cette équipe est sûrement celle qui donne le plus de fil à retordre à sa propre équipe lors des matchs compétitifs. Si les joueurs sont agressifs, ils n'en possèdent pas moins des qualités physiques non négligeables sur le terrain. Bien qu'en termes de mental, il serait plus simple de les déstabiliser. L'Ursirre connait bien cette équipe, en tant que capitaine de l'équipe de la Maison Bleue, mais aussi en tant qu'amie, puisque deux de ses protégés se trouvent également dans l'équipe Rouge. Cela ne suffit pas pour autant qu'elle se montre pour autant plus tendre avec eux une fois sur le terrain ! Non, une fois sur le terrain, chacun œuvre pour son équipe, se laissant guider par l'adrénaline qui parcourt leurs veines.

Pour autant, elle ne va s’entraîner avec aucun de ses protégés aujourd’hui. Non, il s’agit de l’un de leurs poursuiveurs : Owen Knight. Nyneve ne le connait pas personnellement, mais elle sait que sa rapidité et son agilité constitue un atout non négligeable de l’équipe. Aussi, elle s’est dit que ce dernier pourrait lui apprendre deux ou trois astuces. Quel intérêt aurait-il à lui prodiguer des conseils ? Eh bien, tout simplement, à rendre les rencontres entre leurs deux équipes plus corsées et plus intéressantes ! Qui pourrait résister à un tel challenge en tant que joueur de Quidditch, notamment chez les Lupys ?

Cela permettrait d’autant plus d’affirmer leur prétendue supériorité sur les autres équipes s’ils triomphent des Ursirre malgré les astuces qui leur ont donné. Enfin, pour ce qui est de la supériorité des Loups, cela ne risque pas d’arriver, d’autant plus vu le début de saison qu’ils ont fait cette année.

C’est pourquoi elle compte bien lui donner elle aussi l’aider à s’améliorer ! Elle possède plus d’expérience, ce n’est pas pour rien qu’elle a hérité du prestigieux titre de capitaine de l’équipe de Quidditch de la maison de l’Ours ! C’est une vérité pour la sorcière, qui travaille dur pour se montrer digne de ce titre.  Même si, elle est bien consciente qu’au vu de son âge, elle devrait plutôt songer à son successeur, puisqu’elle sera contrainte de quitter l’année prochaine…

Enfin, elle chasse ses pensées de son esprit alors qu’Owen s’avance à son tour devant le coffret contenant les balles. Elle a besoin de toute la concentration dont elle peut faire preuve pour le moment.

« Les règles sont simples. Dylan, ici présent, va libérer seulement le Souaffle pour le moment. Nous jouons l’un contre l’autre et chacun occupe tous les postes d’une équipe. Si notre arbitre ici présent juge que l’exercice est trop facile pour nous, alors il enverra ensuite les Cognards sans prévenir. Le match s’arrête au bout d'heure. Ca te convient ?»

Elle jette un regard à Owen avant le reporter sur Dylan. Cette question s’adresse aussi bien au joueur qu’à l’arbitre en question. Dylan est un étudiant d’Erasmus venant de l’école de sorcellerie des pays scandinaves, réputée assez rude. Nyneve avait eu la bonne idée de le prendre sous son aile avant de l’aider au mieux à s’intégrer sur le campus qu’il y reste. Cela passe par les pratiques sportives qui animent Ilukaan ! Par chance, le Quidditch est un sport universel dans le monde des sorciers, donc il possède les notions nécessaires pour arbitrer un match.

Même si pour un match avec seulement deux joueurs, la tâche est plus ardue qu’un match ordinaire. Mais Dylan ne sera pas le seul à devoir avoir les yeux rivés de partout, il en va de même pour Owen et Nyneve ! En tant que capitaine, la née-moldue trouve cet exercice d’autant plus intéressant qu’elle est amenée à occuper des postes habituellement réservés à certains joueurs de son équipe. En pratiquant le Quidditch, cela lui permettra de se mettre à la place de chaque joueur de l’équipe et mieux appréhender les difficultés auxquelles ils sont confrontés lors d’un vrai match. Il n’y a pas à dire, il n’y a mieux pour un capitaine pour pouvoir perfectionner les entraînements de sa propre équipe !

Nyneve est d’abord soulagée en voyant que Dylan lui répond par la positive. Il lui semble percevoir presque de l’excitation dans son regard à l’approche du duel des deux joueurs. Tant mieux, cela ne fera que l’immerger un peu plus dans les coulisses d’un vrai match de Quidditch ! Est-ce qu’il a déjà participé à une rencontre sportive de ce sport sorcier au cours de son cursus dans son école d’origine ? Elle n’en a aucune idée et s’en fiche un peu. Il était intéressé par la proposition lorsqu’elle lui en a parlé, il connaissait les règles, ça lui suffisait.
Elle reporte de nouveau son attention vers Owen :

« Ne te dévalorise pas de la sorte ! Si Kohler t’a recruté dans son équipe, c’est qu’il a vu en toi un certain potentiel ! Moi aussi, je l’ai vu d’ailleurs, quand je suis venue vous observer vous entraîner alors que tu prenais tes marques dans l’équipe.»

Après tout, l’une des meilleures façons de s’assurer la victoire, au-delà de posséder une très bonne équipe, est celle d’étudier son adversaire sous toutes ses coutures. Bien entendu, cette tâche chronophage et ingrate est réservée au capitaine. Aussi, Nyneve avait pu y échapper pendant quelques années. Toutefois, en acceptant les honneurs d’être capitaine, elle a aussi les fardeaux qui les accompagne. Cela ne l’enchante pas toujours, mais elle a le sens du devoir. Elle ne le fait pas uniquement pour son orgueil, elle le fait pour son équipe ! Puis, elle ne passe pas toujours un mauvais moment à regarder les autres équipes s’entraîner. Parfois même, les regarder l’inspire sur de nouvelles stratégies à mettre en place ! Autant que cela relève d’un véritable exploit, l’Ursirre ayant tendance à agir puis de réfléchir. Elle évite généralement de le faire lorsqu’il s’agit de diriger son équipe. Seulement, parfois, certaines pulsions sont plus fortes et cela peut sauver son équipe.

« Puis, garde ça pour toi, mais je trouve que ton capitaine se ramollit un peu avec le temps. C’est un bon capitaine, hein ! Mais je pense pas que je gagnerai grand-chose à m’entraîner avec lui. Alors qu’avec toi, t’as encore la fougue et tu ne fais que commencer !

Après tout, du sang neuf, ça fait toujours plaisir ! Peut-être devrait-elle se prêter à ce genre d’exercices avec chacun des membres de l’équipe Bleue. De cette façon, elle pourrait dégager plus facilement les profils de chacun et adapter les stratégies en fonction… Hmm ça parait être une bonne idée, elle posterait une annonce sur le groupe plus tard.

En attendant, alors que Dylan déverrouille la malle contenant les balles de Quidditch, l’amérindienne enfourche son fidèle destrier. Son balai, en bois de chêne vert, ne l’avait jamais abandonné depuis ses premières années au sein de l’Equipe. A lui tout seul, il constitue en quelque sorte un porte bonheur, portant toutes les traces que la vie a laissé à Nyneve. De vilaines griffures rappelant ses chutes, mais aussi des gravures moins abstraites, marquant les joies et les amitiés que Nyneve s’est faite au cours de son aventure. Sans aucun mal, elle s’élève dans les airs, regardant une dernière fois Owen, le regard perçant et rempli de défi :  

« Ne crois pas m’avoir avec tes belles paroles. Je vais prendre ça comme une provocation. Tu sais ce qui c’est passé avec la dernière personne qui m’a sous-estimée ? C’était un boxeur de deux mètres et je l’ai mis à terre. Promis, j’espérai de faire en sorte qu’il n’en soit de même pour ton joli minois.»

Alors qu’elle lui fait un clin d’œil, le Souaffle s’élance dans les airs au son du sifflet par Dylan. Finies les plaisanteries et la provocation, les choses sérieuses commencent. Les deux joueurs s’élèvent à leurs tours, reste à savoir lequel parviendra à attraper la balle en premier.

Une fois dans les airs, toute trace d’amusement semble avoir fondu comme neige au soleil sur le visage basané de la péruvienne. Il s’agit du tout début de la partie, aussi elle sait comment il est primordial de récupérer la balle dans son équipe en premier. Cela permet non seulement de pouvoir mener la première action, mais aussi de prendre un ascendant psychologique sur son adversaire. Là-dessus, le Quidditch et la boxe sont semblables : celui qui porte le premier coup a un avantage physique et psychologique.

Alors, elle monte, monte, les yeux rivés sur la balle. C’est qu’il a lancé fort, le Dylan ! Enfin, ce n’est pas la première fois qu’elle fait face à une telle situation, aussi cela ne la déstabilise pas et elle s’empare du Souaffle sans se faire prier. Son visage se détend alors un peu plus, sans pour autant effacer toute trace de la concentration qui habite la capitaine des Bleus.

«Héhéhé !»

Elle ne peut s’empêcher d’avoir ce léger rire une fois la balle sous son bras gauche. C’est l’une des raisons pour lesquelles Nyneve adore le Quidditch, parmi tant d’autres : les sensations. Celles de liberté procurées par le vol des airs bien sûr, mais aussi pour l’adrénaline et la dopamine qui coulent désormais dans ses veines, amplifiant encore plus ce qu’elle ressent une fois en action sur le terrain de ce sport sorcier.

Toutefois, elle ne peut profiter de sa saisie que peu de temps, puisque son adversaire semble prêt à en découdre. En moins de temps qu’il ne le faut pour dire « Quidditch », le voilà qui fonce à toute allure sur la jeune femme. Il va vite, c’est sûr, mais peut-être un peu trop sur le coup. D’un coup de manche de balai, Nyneve dévie rapidement sa trajectoire, l’observant partir dans la direction où elle se trouvait quelques secondes plus tôt. L’ainée songe alors qu’Owen ferait un très bon attrapeur, s’il était formé à changer de direction aussi rapidement qu’il prend de la vitesse. Tiens, autant le faire tourner en bourrique là-dessus, cela lui fera un bon entraînement ! Puis, Nyneve sent qu’elle va bien s’amuser avec celui-ci !

Alors elle prend plaisir à le balader sur le terrain, n’hésitant à changer de trajectoire et d’altitude rapidement. Après tout, le Quidditch dans lequel la prise en compte des quatre dimensions n’a jamais été aussi primordiale ! Son petit manège dure un moment, ses rires emportés par le vent qui siffle dans leurs oreilles. Jusqu’à ce qu’elle décide que, puisque les meilleures chutes sont toujours les plus courtes, de tenter de marquer un but, histoire de voir ses réflexes à ce niveau-là.

«Eh bien, t’es aussi rapide que t’en avais l’air sur le sol ! Maintenant montre moi un peu si t’es un meilleur gardien qu’un meilleur poursuiveur !»

Un peu de provocation, rien de tel pour tester la nervosité d’un joueur. Ca peut faire toute la différence sur le terrain. Soit ça lui fait perdre peu à peu tous ses moyens, soit au contraire ça le pousse à se donner à fond et à faire des miracles.

Elle fonce alors vers les buts et lance le Souaffle.

Rapide, peut-être qu’Owen l’est, mais pas aussi véloce que le boulet de canon de la péruvienne qui fonce à toute allure vers la zone de buts afin de terminer sa course après une traversée au centre du cercle central. Un tir net, d’une précision rare pour la capitaine des Bleus. Cela étant, les conditions du match sont aussi particulières. Nul doute qu’en conditions réelles, Nyneve n’aurait jamais eu le champ de vision aussi large pour marquer dans le camp adverse.

Toutefois, ces dix premiers points font sourire la sorcière. Ce premier tir a de quoi mettre la pression à son adversaire, elle en est certaine. Comme si son statut de vétérane et de capitaine de l’une des quatre Maisons n’était pas suffisant pour en imposer. Un rire rauque nait de sa gorge pour aller se perdre dans les courants ascendants et descendants du vent.

Il est temps pour le Rouge de déployer ses ailes et de montrer ce qu’il a appris durant ses premiers mois au sein de l’équipe du Loup. L’anglais lui file alors sous les yeux, allant récupérer ce qu’il lui revient de droit après ce but, à savoir le Souaffle. Il n’y a pas à dire, en termes de vitesse, il se place assez bien.

Toutefois, en termes de stratégie, cela lui semble un peu plus alambiqué tandis qu’elle le voit monter dans les airs. Elle ne pose pas de questions et en profite pour filer en ligne droite jusqu’à la limite du terrain du gardien. Et elle fait bien ! Puisqu’elle a à peine quelques secondes pour se retourner et apercevoir la balle se diriger vers ses cercles. Il n’a vraiment pas perdu de temps ! Instinctivement, elle se dirige alors vers le but à sa droite, bondissant alors de son balai pour s’élever, rattraper le Souaffle et se réceptionner sur son balai dans un salto, un bras tenant la balle contre ses côtes, l’autre s’accrochant à sa fidèle monture.

Ce n’est pas la première fois qu’elle fait ce type de manœuvres, cela se voit à sa réception mais aussi aux marques sur son engin, marques qui lui ont permis de s’accrocher. Un petit peu de mouvement de balancier, et hop ! La voilà de nouveau à califourchon sur son balai.

Elle prend alors le temps de réfléchir à ce qui s’est passé. Au vu de son expérience, elle ne voit qu’une possibilité mais elle demande un certain temps passé dans les airs. Est-ce possible qu’il vienne d’utiliser les courants aériens ? Cela veut dire qu’il peut déjà les discerner ! Il ne reste qu’à espérer qu’il le fait instinctivement et qu’il ne l’a pas acquis, autrement il pourrait devenir un adversaire d’autant plus coriace.

«Bien tenté ! Mais cette technique est plus utile lorsque t’as plusieurs adversaires et leur échapper !»

A peine prononce-t-elle ses mots qu’elle se dirige déjà vers les buts adverses.  En espérant qu’il apprenne vite de ses erreurs. Pour lui compliquer la tâche, elle décide de passer sous les tribunes et dans les fosses, afin de voir comment ce dernier s’adapte aux obstacles avec une telle vitesse.

Que de loopings et autres figures acrobatiques entre les obstacles. Nyneve ne pense déjà plus vraiment, elle se fait qu’apprécier le sentiment de liberté et la sensation du vent qui file aussi vite qu’elle dans ses cheveux. Que c’est enivrant de slalomer dans les airs sans rien ni personne pour arrêter sa course. C’est sûrement la partie des entraînements qu’elle préfère, de loin. Quoique, elle aime bien les séances de tirs au but.

Ce sont deux composantes des entrainements qu’elle compose. En tant que capitaine, elle prend sa tâche très au sérieux et ne laisse pas la place à la procrastination ! Oh non, ses programmes sont même parfois un peu trop chargés. Mais il faut bien cela, pour avoir une séance d’exercices complète ! Bien sûr, il n’est pas rare qu’elle se voit concocter des activités spécifiques à un point précis du Quidditch. Ce n’est pas toujours de son propre chef qu’elle prévoit un tel programme, à dire vrai. La péruvienne prend en compte les demandes de ses coéquipiers, puisqu’avant d’être la capitaine de Quidditch de la maison des Ursirre, elle n’en reste pas moins une joueuse au sein d’une équipe. Autant dire qu’elle prône le dialogue et la concertation au sein de son équipe, plutôt que d’être un leader autoritaire, persuadé de savoir mieux que son équipe les points sur lesquels ils doivent tous travailler. Cela porte plutôt bien ses fruits, cette année, puisque les Bleus sont assez bien classés en comparaison à d’autres maisons comme celle des Lupy.

Enfin, cela ne signifie pas que l’équipe et chacun de ses membres sont des joueurs parfaits, à commencer par la sorcière, qui se fait prendre le Souaffle des mains alors qu’elle sort des fossés se trouvant devant les tribunes. Elle ne peut s’empêcher de lâcher un juron dans son dialecte paternel, autant dire, incompréhensible aux oreilles d’Owen, d’autant plus avec les courants d’air. De toute façon, il ne doit pas avoir grand-chose à faire. Il y a plus important pour lui, après tout !

«Eh beh, j’ai bien failli attendre ! Tu crois que tu vas réussir à marquer cette fois-ci ? »

La Bleue mène clairement la rencontre depuis le début, elle a bien espéré qu’il se réveille un jour ! Ce qui est le cas et lui fait grandement plaisir, bien que ce soit en sa défaveur. Aussi, elle ne l’insulte pas tout de suite, ce qu’elle aurait probablement fait dans un vrai match. Bon, elle n’en ait pas à le féliciter non plus, il ne faut pas exagérer. Non, le voyant prendre encore une fois la route de ses propres buts, elle décide d’utiliser ses connaissances du terrain pour prendre alors un raccourci passant sous les tribunes. Tant qu’à utiliser les obstacles, autant le faire jusqu’au bout, non ? Puis qui sait, peut-être que son arrivée soudaine devant les buts le déstabilisera une fois de plus. Enfin, elle n’espère pas, quelque part, que cela le déconcertera. Sinon, elle n’aura jamais d’occasion de le voir marquer un but depuis son balai.

Décidément, son adversaire n’a pas de savoir viser ! Certes, ce n’est que la deuxième occasion qu’il a de marquer, mais tout de même ! Ils ne sont que deux sur le terrain, il devrait donc lui être facile de se concentrer uniquement sur les buts, non ? A moins que ce ne soit pas justement le fait que ce soit une rencontre uniquement entre deux joueurs qui le perturbe autant ? C’est vrai que cela peut-être déstabilisant d’avoir soudainement autant de portes ouvertes lorsqu’on est habitué à avoir une équipe en face, un public qui soutient et un Vif d’Or qui peut terminer le match à tout moment.

Néanmoins, cela n’empêche pas Nyneve de se poser des questions sur l’intégration d’Owen dans l’équipe des Lupy, alors qu’elle récupère sans mal le Souaffle. C’est pour dire à quel point elle n’a eu aucun mal à protéger ses buts ! Elle ne remet pas en cause les capacités de son adversaire, loin de là. A vrai dire, il est même bon. Toutefois, un tel manque de visée l’inquiète quelque peu. Comment se déroulent les entrainements des Rouges si l’un de leurs Poursuiveurs n’est pas capable de marquer face à un gardien ? Est-ce qu’ils le mettent uniquement dans le rôle de Gardien lors des face à face, ou bien ne lui donnent-ils la balle que pour traverser le terrain et laisser les autres Poursuiveurs aux tirs aux buts ? Ou bien essayent-ils de le former un autre rôle comme celui d’Attrapeur ? Aux yeux de Nyneve, cela semble être un rôle qui lui correspond bien mieux. Tant de questions fusent dans son esprit alors qu’elle traverse le terrain pour éloigner tout danger de ses buts et venir marquer de nouveau.

Toutefois, l’impact du balai d’Owen contre le sien vient lui confirmer que ce n’est aucun de tous ses rôles pour lequel il est formé. Oh non, ça semble même être celui de Batteur qui lui sied le mieux depuis le début de leur rencontre. Si le choc de leurs destriers ne la blesse pas en raison de sa robustesse physique, ça la surprend suffisamment pour que la balle lui glisse des mains pour atterrir dans celle de son opposant. Son esprit de compétition commence à s’échauffer et l’adrénaline répand peu à peu ses effets.

«Eh, tu sais que le but c’est pas seulement de me prendre la balle mais aussi de réussir à marquer ? Ils t’ont pas appris ça chez les Lupy ?  C’est pourtant la base d’un Poursuiveur !»

Dit-elle alors en lui volant autour. Elle a bien vu que si elle se dirige directement vers les buts, elle n’aura probablement aucun mal à l’arrêter. Non, elle choisit désormais une autre tactique. Puisqu’il semble apprécier le fait de lui rentrer dedans, elle va lui montrer ce que ça donne lorsqu’elle décide de s’y mettre aussi. Elle a préféré éviter cette technique au début, de crainte de le déstabiliser ou lui faire un peu trop perdre ses moyens. Mais désormais, ils sont bien échauffés, il est temps d’y aller avec plus d’intensité !