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Les coeurs, les fleurs et les phénix... tous brûlent et renaissent de leurs cendres [RP Monologue, Colton Wang] [21 décembre 2021] [Lettres brûlées à la mer] | | | Sujet: Les coeurs, les fleurs et les phénix... tous brûlent et renaissent de leurs cendres [RP Monologue, Colton Wang] [21 décembre 2021] [Lettres brûlées à la mer] Dim 19 Déc 2021 - 15:50 Les cœurs, les fleurs et les phénix… tous brûlent et renaissent de leurs cendres « Je laisse Yichén se poser sur mon avant-bras recouvert de cuir pour ne pas être marqué par ses puissantes serres. Une lettre provenant du domaine Wang, encore une. Je ne les compte plus désormais, tant elles ont été nombreuses ces dernières semaines. J’en connais déjà le contenu, le reste du clan ne fait que radoter au fil de ses écrits, ou plutôt de ces complaintes acerbes. Je devine aisément l’objet de celle qui se trouve dans mes mains gantées. Je n’ai pas besoin de la lire pour savoir que son contenu ne sera pas plus constructif que les précédentes. Toutefois, je prends soin de me rendre dans un lieu en intérieur pour l’ouvrir, non par curiosité, seulement pour pouvoir la ranger plus simplement avec les autres parchemins, qui finiront tous par se consumer de mes propres mains. Alors que le papier se déplie entre mes longues mains, se dresse alors sous mes yeux nombre de propos méprisants, arrogants et parfois même mal-placés. Il semble que les rapporteurs attitrés ont pris un grand plaisir à démonter la plaidoirie que j’avais eue à l’encontre de Knight et de Stocker, leur apportant des preuves formelles que ce couple s’est formé et qu’ils comptent bien s’assumer et durer dans le temps. Les paroles désobligeantes défilent sous mes pupilles de charbon : « catin », « bande de consanguin », « piètres prétendus sang-pur », « débauchés », « comédiens narcissiques », « obscène duo écervelé »… Je les survole du regard, cela ne m’atteint plus autant qu’auparavant. Oh, loin de là que je pense que ce duo mérite se faire autant cracher dessus, bien au contraire. S’ils ont eu des torts, nul ne devrait être traité de la sorte. Pour autant, ces propos ne leur parviendront jamais, alors cela ne possède pas grande importance ce qu’il peut être dit sur eux et sur ce que constitue le venin qui sert d’encre à ma famille. D’autant que mon père et mes oncles sont généreux dans leurs commentaires qui n’épargnent pas les familles Stocker et Knight, assurant que ces dernières se reposent trop sur leurs acquis, qu’elles deviennent indolentes et flasques. Finalement, ils estiment que ce mariage ne valait pas le coup au vu du peu de virtuosité et de bénéfices qu’il était censé générer. Je ne sais pas s’ils ont raison ou bien s’ils se trompent, cela m’importe peu. Je prends peu à peu mes distances avec cette histoire et tous ces comportements que je trouve relativement égoïstes et puériles. Quelle influence toutes ces histoires de pureté sanguine auront-elles sur mon avenir ? Concernant le versant britannique, je ne pense pas que cela m’affectera plus que ces dernières semaines. Qu’ils tombent dans des travers ne les rendant plus dignes du rang que leur confère leur sang ou au contraire qu’ils deviennent de plus en plus influents, cela n’a aucune importance. Ma famille a d’autres contacts dans le monde si je choisis cette fois-ci de suivre une fois de plus leurs volontés, ils ne font que fulminer pour la forme. Qui plus est, je ne pense pas que sur le plan personnel et relationnel, je vais être amené à entretenir des contacts avec les Stocker et les Knight. Je déteste cette pensée et pourtant, au fond de moi, elle ne peut pas s’empêcher de devenir plus forte chaque jour. Je voudrais que toute cette histoire n’affecte pas les rapports que j’ai avec Owen, encore moins l’amitié que j’ai avec Carmilla. Après tout, ils n’ont fait que suivre leurs cœurs, il ne devrait rien avoir de mal à cela. D’autant que mes sentiments envers Carmilla ont toujours été purement platoniques, je n’aurai jamais pu lui apporter qu’elle souhaitait tant. D’autant que leur relation m’a permis, bien après des semaines toutefois, de me libérer de ce contrat anxiogène. Enfin libérer, je ne sais pas vraiment si le mot est juste compte tenu des complications que cela a engendré. Je suis sincèrement heureux que tout ce soit arrangé pour eux et qu’ils puissent vraisemblablement vivre leur histoire sans rencontrer d’autres problèmes. Je ne sais pas si Owen Knight mérite d’être heureux, mais mon ancienne amie le mérite. Pas pour le fait d’avoir écouté ses pulsions, non, seulement pour toute la patience dont elle a fait preuve au cours de ces années pour réprimer ses sentiments. Bien qu’à mon goût, ces derniers se soient un peu trop étalés sur les réseaux sociaux. Toutefois, je mets cela sur le compte du coup de foudre, faisant table rase de toute rationalité. Je faisais de mon mieux pour ne pas lire les faux semblants sur le tchat. Cela n’avait aucun intérêt à mes yeux. A dire vrai, cela les rendait d’autant plus immatures à mon goût. Néanmoins, je ne devrais être qu’heureux pour eux. Malheureusement, cela m’a affecté bien plus que ce que j’aurais pensé. Je me suis senti profondément meurtri. Le pire dans tout cela ? Je pense que cela est dû à ma condition humaine, heurtant mon égo. Nous avons tous au fond de nous, cette part d’individualisme, bien qu’elle ne soit pas aussi prononcée de la même manière en chaque personne. Je sais que mon entourage pense que je ne mérite pas d’être blessé de la sorte, que je suis altruiste. Pourtant, le ressenti que j’ai eu pendant quelques semaines démontre parfaitement ma nature égoïste. Pendant ces derniers jours, j’ai même pensé que pour cela, je méritais de me sentir mal. Mal n’est pas le mot exact, après réflexion. Non, j’ai eu le sentiment de me prendre un couteau dans le dos et de souffrir d’une grande trahison de la part de la préfète des Strixyst. Si je n’ai pas tenu rigueur de ce baiser accidentel, elle ne m’a jamais facilité la tâche dans sa défense, préférant concrétiser son bonheur avec un jeune homme qu’elle venait de rencontrer et pour qui elle a eu un coup de foudre plutôt que d’essayer de tempérer la situation et de cesser leur relation le temps de trouver une solution. Mon plan n’était-il pas assez solide pour elle, contrairement à ce qu’elle m’a affirmé ? Ou bien n’avait-elle plus assez confiance en moi pour faire le choix de le continuer de le suivre ? Aurait-elle fait preuve d’hypocrisie seulement pour faire taire mes craintes ? Je n’aurai sûrement jamais les réponses, peut-être pour le mieux. Je suis assez déçu d’avoir constaté qu’elle a préféré céder à ses pulsions et expérimenter son bonheur plutôt que d’attendre quelques années pour que nous puissions tous les deux y goûter, chacun de notre côté. Je ne pensais pas qu’une personne en qui j’ai placé ma confiance depuis ma tendre enfance puisse me trahir de la sorte. Je ne lui fermerai jamais la porte, je ne suis pas capable d’une telle chose. Je lui apporterai mon aide au besoin, nous avons partagé bon nombre d’épreuves ensemble. Cependant, je ne lui accorderai plus jamais ma confiance. Elle a balayé mes projets, dessiné des ombres autour de mes yeux, enroulé des cordes autour de mes bras. D’autant que, pour ma part, j’ai fait des sacrifices douloureux pour que tout cela marche. Contrairement à cette personne, lorsque j’ai eu la chance d’être heureux et en couple, j’y ai mis fin, pour ne pas heurter mon amie d’enfance, ne pas passer pour un égoïste à ses yeux. Je ne pouvais pas m’autoriser une telle joie si cela la blessait et brisait la confiance entre nous deux. Je ne pouvais pas lui faire une telle chose. Pourtant, je pense que je n’ai jamais eu aussi mal au cœur de toute mon existence en me séparant de Meulin. Meulin est une personne si solaire et chaleureuse, je n’ai été qu’un sombre imbécile en mettant fin à notre relation, compte tenu de ma situation actuelle. Je vivrai avec ce regret jusqu’à ma mort je pense. Fort heureusement, nous sommes tout de même amis aujourd’hui. Je dirais même qu’elle fait partie de ces personnes qui prennent tant soin de moi que je leur serais reconnaissant toute ma vie. Je suis malheureux, ou plutôt, j’ai été malheureux, de comprendre que la descendante d’une famille nommée Stocker ne fait plus parti de ce groupe d’individus qui m’a toujours été précieux et restreint, d’autant durant des périodes comme celle-ci. Je déteste cette part de moi, celle que nous avons tous, qui crie que ce n’est pas juste de devoir en pâtir et qu’elle ne prenne pas de mes nouvelles. Bien qu’en soit, au vu du message vindicatif que je lui ai laissé il y a plusieurs semaines de cela, je pourrais comprendre. Même si, au vu de l’intelligence dont elle est capable, j’aurais pensé qu’elle aurait pris le contexte. D’autant que, ce n’est pas le genre de propos que je tiens habituellement, elle en est consciente, cela aurait pu lui mettre la puce à l’oreille. Non, les seuls messages qu’elle a pu émettre à mon sujet n’ont jamais été directs, seulement pour dire à d’autres personnes de me laisser tranquille. J’aurais préféré que ce soient ces mêmes personnes qui me blessent, en toute honnêteté. Néanmoins, j’ai essayé de ne pas en tenir compte, moi-même ayant mis un peu de distance entre nous. Elle devait avoir bien d’autres choses à penser avec son statut de Préfète, bien qu’elle n’ait rien laissé paraître de très avantageux dans son attitude. Ce qui est dommage : je m’évertue de penser qu’il s’agit d’une personne bien plus vertueuse que ses actes ont laissé penser, son coup de foudre lui fait perdre les moyens, voilà tout. Après tout, elle en est venue à oublier l’une des notions les plus basiques de sortilèges en ensorcelant son téléphone, alors qu’elle est une très bonne sorcière. Du moins, elle l’a au moins été. Cela étant, son amour pour Owen a l’air de lui avoir fait pousser des ailes dans certains domaines ! Je veux dire, elle est passée d’un usage des réseaux sociaux et plus globalement de son téléphone très rare et de manière très courtoise et standardisée à celui d’une des Préfètes les plus actives sur le numérique de tout le campus, sans compter qu’elle gère désormais cet usage presque à la perfection, comme si elle s’en était toujours servi. Tout cela en un mois à peine, son percepteur et amant s’avère visiblement être un excellent professeur ! En parlant d’Owen, je vais rester bref sur le sujet, ma quantité de parchemins n’est pas éternel, notamment lorsque ce dernier sert d’exutoire. Je ne vais pas non plus juger ses actions ni son comportement, je dirais simplement que nos caractères opposés m’empêchent de l’apprécier à sa juste valeur. Toutefois, s’il y a bien quelque chose que je peux lui accorder, cela serait le fait de s’être posé pour venir me voir et essayer de comprendre mon point de vue dans toute cette histoire. Je dois avouer qu’intérieurement, je riais nerveusement, car de ce couple, je ne m’attendais pas à ce que ce soit lui qui vienne à moi. Oh, il n’a pas essayé de s’excuser ni quoique ce soit, il n’en est pas allé aussi loin non plus. Oh non, il était uniquement venu défendre la cause de sa chère et tendre dans un premier temps, puis de tenter de comprendre ce que je ressentais. Oh, ses réponses étaient très brèves et il avait plutôt l’air d’essayer d’assimiler plutôt que de réellement réfléchir. Pas à arranger la situation, celle-ci lui convient parfaitement, il a tout gagné. Non, seulement d’emmagasiner les informations pour se donner bonne conscience. Au contraire, celui-ci m’a fait part d’un fait dont j’ai sincèrement douté et dont je doute toujours : celui que l’éloignement entre Carmilla et moi la ferait souffrir. J’avoue être resté incrédule à son propos. Au vu de son attitude, elle n’a jamais montré le moindre signe, elle ne m’a même jamais envoyé un seul message pour essayer de discuter. Pourtant, je ne lui fermerai jamais la porte, l’aide que j’ai tenté de lui apporter lors de son problème de traducteur en témoigne. Si elle en vient à s’isoler de son propre gré, je ne peux malheureusement rien faire pour l’aider. Je n’irai pas faire le premier pas en ce qui concerne notre amitié, il n’y a plus rien à en tirer désormais. Je ne suis pas fermement opposé à sa présence ni même à discuter avec elle. Seulement, je ne compte plus lui accorder ma confiance. Au vu de ce qu’elle en a fait, je préfère me concentrer sur les personnes qui ne me jettent pas dès qu’elles sont prises dans un grand élan de sentiments. J’ai bien conscience que le contenu de cette lettre est très sentimental et tourne à la tendance dramatique. Cependant, je me porte mieux peu à peu, en comparaison de mon état du mois de novembre. Je fais moins de cauchemars qu’auparavant et les pensées intrusives passent de mieux en mieux leurs chemins. Les tremblements s’avèrent être un peu moins présents bien que je me sente encore fébrile par moments. Rien d’anormal, d’après ma thérapeute, une telle blessure met du temps à cicatriser. Ses fantômes ne dansent plus beaucoup à mes côtés jour et nuit pour me rappeler les bons temps que nous avons passé ensemble. J’essaye de me détacher de toute cette histoire et ce qu’elle m’a apportée. Ce n’est pas toujours évident, parfois je pense même ne pas être capable d’y arriver. Il m’arrive de me demander pourquoi cela me met dans un tel état ou bien est-ce que je vais sortir de cet état de transe. Pour le moment, j’ai l’impression d’avoir surpassé le stade de la tristesse et de la déception. Par exemple, le fait qu’elle puisse fêter Noel avec son prétendu « amant » me laisse peu à peu de marbre. A la limite, je pourrai rejoindre le jugement de ma famille concernant la sienne. Après tout, il est plutôt surprenant qu’une famille avec la réputation des Stocker laisse l’une de leurs héritières ne pas célébrer les fêtes de fin d’année avec eux sans motif impérieux. Mais cela m’indiffère et ne me surprend plus vraiment. Je me sens las de tout cela, de plus indifférent à tout cela. L’inquiétude me saisit de temps à autre, certes, mais je me sens de moins en moins concerné par Carmilla Stocker et Owen Knight. Je dirais presque que je les prends en pitié compte tenu de l’image qu’ils ont pu renvoyer. D’autant que, je n’ai pas l’impression que cette préfète possède une personne à laquelle se confier hormis son amoureux. Je trouve cela un peu triste pour elle, mais ainsi est faite la vie. Ce ne sont plus mes affaires désormais. Je dois continuer de le penser pour ne pas laisser la culpabilité mal placée revenir en force. Heureusement, bien que je ne puisse pas compter sur ma famille, je reste tout de même bien entouré, surtout à Ilukaan. Certes, je vois la thérapeute régulièrement mais j’ai la chance d’avoir un entourage sur lequel je peux compter pour me remettre sur le droit chemin. Je dois admettre que je trouve qu’ils sont armés d’une patience et d’une chaleur à toute épreuve pour m’aider comme ils le font alors que je ne le mérite peut-être pas. Je leur suis infiniment redevable et je ne sais pas ce que j’ai pu commettre comme actes héroïques dans plusieurs de mes vies antérieures pour pouvoir bénéficier d’un tel soutien dans celle-ci. Je ne sais pas si je serai capable de leur rendre la pareille. J’espère dans un certain sens que je n’aurai jamais à le faire, dans le sens où je ne tiens pas à les retrouver dans cet état. Mon cercle d’amis n’est pourtant pas large, mais je sais désormais qu’il ne compte que des personnes exceptionnelles, chacune à leur façon. Je ne pense pas qu’ils aient une idée du bien qu’ils m’apportent et, compte tenu du devenir de ce parchemin, tout le bien que je puisse écrire sur eux ne saura connu de personne. Tout d’abord, un grand merci à Meulin. Meulin, je pense que je serai capable d’écrire ses louanges pendant des heures si le temps ne m’était pas une ressource finie. Malgré notre rupture pour un motif qui m’est aujourd’hui ridicule, elle m’a toujours soutenu au cours des années. Jamais elle n’a oublié mon anniversaire et ce, en dépit de la rancœur qu’elle a pu éprouver légitimement envers moi. Lorsqu’elle a appris tout ce qui se tramait sans que je sois tenu au courant, elle a été la première à s’enquérir de mon état. Comme toujours son enthousiasme a su toucher mon cœur et m’apporter beaucoup de réconfort. Je ne sais pas si son copain actuel se rend compte de la chance qu’il a de l’avoir à ses côtés comme petite-amie. Cette adorable jeune femme n’a de cesse de me proposer de passer du temps ensemble, une proposition que j’aies volontiers acceptée. Le dénommé Keith a l’air d’avoir bien compris la situation et ne semble pas ressentir une quelconque jalousie. Pour cela, je le remercie. Aller en ville avec une personne tant remplie d’amour m’a fait beaucoup de bien et cela me permet encore de me changer les idées. Nous parlons de tout et de rien, elle arrive même à me faire rire en me racontant toutes ses histoires dont elle raffole, que ce soit au travers des commérages ou bien de ses séries. Oh, je ne parle pas des fanfictions, je risquerai de trop m’étendre. Je dirais simplement qu’il s’agit un petit ange gardien qui ne mérite que bonheur et félicité. En parlant d’ange, je ne peux pas ne pas mentionner Jelila. Jelila, ô douce Jelila, tendre Jelila. Tant de tendresse dans un corps si frêle et gracieux, je m’estime très heureux d’avoir sa confiance et son amitié. Malgré sa charge de travail importante, elle arrive tout de même à se libérer pour venir me voir et me réconforter. Je ne connais pas le sort dont elle fait preuve, mais ma belle amie trouve toujours les mots justes au moment où j’ai besoin de les entendre, les mots pour empêcher mon estime de moi de sombrer. Elle veille toujours à ce que je ne me dévalorise pas, maintenant bec et ongles que je mérite le bonheur, ou au moins le soutien et la chaleur dans des temps comme ceux que j’ai traversé. Elle possède un vrai instinct maternel et arrive à me soutenir comme une mère soutiendra son enfant, sans que cela soit gênant et bien que nous soyons de la même année. Les séances de Médicomagie sont devenues d’autant plus un soulagement véritable à ses côtés. En parlant de cursus Medicomagie, je remercie également toute l’équipe des potionnistes avec laquelle je travaille régulièrement tout au long de l’année. Nous nous occupons de concocter tous types de potions pour des usages divers, mais cela tourne notamment autour des poisons et des soins en cette saison. Nous ne faisons pas tous partis du même cursus, de la même maison, ni même de la même année. Néanmoins, cela nous permet de compléter aisément nos connaissances et nos savoir-faire. J’ai passé beaucoup de temps à leurs côtés quand je n’avais pas la tête dans les études ou bien sorti avec des amis. J’ai d’ores et déjà cité Jelila qui m’a d’ailleurs introduite à cette équipe officieuse mais efficace. Parmi eux, se trouve aussi Tyli Fytero, qui est également l’un de mes camarades de chambrée. Il n’est pas spécialement bavard ni chaleureux, seulement insomniaque. Il m’a permis de ne pas passer mes nuits en étant le seul de la pièce éveillé. Nous n’échangeons pas énormément, mais cela nous suffit. Sa présence me fait comprendre que nous sommes tous face à nos propres tourments et que le fait de ne pas dormir la nuit n’est pas une fatalité ni quelque chose de mal. Au contraire, cela est tout ce qu’il y a de plus normal, que ce soit pour des raisons morales ou, dans son cas, purement physiologiques. Je le remercie sincèrement de me tenir compagnie quand la noirceur vient nous rendre visite, bien que ce ne soit pas toujours de son gré. Je remercie également Louis Amamiya, un autre Strixyst de l’équipe Médicomagique. Lui non plus n’est pas très loquace, mais il fait preuve d’une empathie envers ma personne qui me touche profondément. Je suis particulièrement sensible à son empathie, car nous ne nous connaissons pas vraiment, et pourtant, il se montre doux dans ses paroles et n’hésite pas à me proposer son aide si jamais je serai dans le besoin. Cette abnégation est plus que louable et agréable en ces temps-ci. Grâce à lui, je comprends un peu mieux ce que peuvent ressentir les autres lorsque je leur propose de l’aide sans aucune récompense en retour. L’une des membres les plus chaleureuses est sûrement Chandara. Je lui suis redevable de m’avoir transmis son optimisme et de son énergie durant nos séances de préparation de soin. Je ne la connais pas très bien, mais elle reste une personne adorable à mes yeux. Sa dévotion est assez impressionnante. J’espère que l’avenir qui l’attend est celui qu’elle se plait à rêver et à dépeindre. Enfin, pour en terminer avec ma fine équipe, je ne peux ne pas citer Shinobu Kocho. Cela peut sembler un peu étrange au vu des échanges que nous avons. Pourtant, ils sont très salvateurs. Bien qu’ils soient le plus souvent constitués de silences entrecoupés de courtes phrases, il s’en dégage une certaine sérénité qui m’apaise. Une tasse de thé à la main, il n’est pas rare que nous nous retrouvions au jardin des quatre saisons pour échanger et s’assurer que l’autre est en bonne santé. S’il y a bien une personne en qui je place mon entière confiance concernant mon état médical, c’est bien elle. Je sais bien qu’elle n’en dit rien mais qu’elle n’y prête pas attention avec précision pour autant. Shinobu semble cacher beaucoup de choses enfouies au plus profond d’elle, mais pas son instinct de doctoresse. Une autre amitié qui me soulage plus qu’elle ne m’aide réellement est celle que j’entretiens avec Henry Arche, probablement l’un des meilleurs archers en devenir, je ne nourris pas de doute à ce sujet. Nous sommes à l’opposé dans nos visions des choses et je n’arrive pas toujours à suivre tout ce qu’il dit, ou plutôt ce qu’il sous-entend. Pour autant, cela m’apporte un vent de fraîcheur et me permet d’aborder différemment les choses. Avec plus de détachement, de liberté, je pense que malgré nos oppositions, je devrai prendre exemple de temps en temps sur lui à l’avenir. Une autre personne, qui, elle, semble me ressembler comme les deux faces d’une même pièce est Berthold Huber, que je dois beaucoup remercier également. Je ne sais pas s’il comprend exactement ce que j’ai traversé, toutefois il est venu prendre de mes nouvelles assez rapidement. C’est assez étrange d’avoir la sensation de voir l’un de ses doubles mentaux venir prendre soin de soi-même. Enfin, j’exagère, Berthold est bien différent et riche de qualités. Il m’aide à me retrouver dans ce brouillard, un brouillard dans lequel il semble avoir l’habitude de se trouver. J’aimerais l’aider à s’en sortir lui aussi, malgré la difficulté que cela a l’air de représenter. Cela ne me fait pas peur, je l’aiderai toujours du mieux que je puisse. Est-ce que j’ai déjà mentionné Baset et son obsession de m’appeler « Sugar Daddy » ? Je ne sais plus, j’ai tant écrit depuis le début… Nos sorties au restaurant ont eu une saveur particulière ces derniers temps, elles m’ont apporté encore plus de réconfort qu’à l’accoutumée. Ces sorties sont purement amicales, mais cela ne les empêche pas de me changer les idées. D’autant qu’avec Baset, il est difficile de s’ennuyer, l’espiègle japonais ayant toujours des bêtises derrière la tête. Là encore, je pense que j’exagère, elles ont même réussi à me tirer quelques sourires les dernières fois. Ma gratitude est aussi immense envers Hajime Hinata, un autre de mes camarades de chambre, la personne qui s’est chargé en quelque sorte d’être mon psychologue. Mon état ne lui a bien sûr pas échappé, d’autant que les préfets des Strixyst et lui-même travaillent activement au Conseil d’Ilukaan. Pourtant, il a fait le choix judicieux de ne prendre parti de personne, essayant d’enterrer cette histoire du mieux qu’il pouvait. Après tout, cela ne faisait pas vraiment les affaires du CoDA. Pourtant, malgré tout ce que cela lui causait, il a tout de même pris le temps de m’écouter certains soirs, ceux durant lesquels j’étais capable de mettre des mots sur tout ce qui me passait par la tête. Il a été incroyablement patient, je ne pourrais jamais assez le remercier. Je remercie également mon cher ami d’enfance, Dimitri. Lui non plus ne m’a pas laissé tomber durant ce triste évènement. Il est resté de marbre devant cette affaire et ne s’en est en aucun cas mêlé. Cela n’a pas non plus changé l’amitié qui nous lie. Je lui suis extrêmement redevable de cela. Après ce qui s’est passé, je crains que toutes les amitiés que j’ai pu avoir depuis ma tendre enfance s’envolent comme ce fut le cas sur l’une d’entre elles. Heureusement, mon ami allemand est resté fidèle à lui-même et m’a apporté son soutien du mieux qu’il pouvait. L’annulation de ce mariage et l’attitude qu’il possède à la suite de ces évènements tendent à me montrer que ce n’est pas pour ma famille qu’il s’est lié à moi. J’espère que cela restera ainsi et qu’une telle histoire n’arrivera pas avec Dimitri. Je sais bien que les amitiés vont et viennent dans la vie, mais je ne sais pas si je me remettrai de perdre celle-là. Bien entendu, je n’ai pas mentionné Aaron ni Carmin, mais cela me semble évident qu’ils ont contribué à une bonne partie de mon détachement et à l’amélioration de mon état mental. Je sais que cela peut paraitre assez étrange encore une fois, compte tenu des deux personnages. Pourtant, ils sont comme les deux grands frères que je n’ai jamais eu, ceux sur lesquels je peux m’appuyer sans rien leur dire. Je ne compte plus le nombre de fois où ils m’ont consolé et m’ont aidé à aller de l’avant… Peut-être que l’alcool a joué à ce que je ne me rappelle pas toujours ce qui s’est passé… Carmin est très fort lorsqu’il s’agit de faire des cocktails dans lesquels noyer son chagrin. Pour terminer dans les remerciements, je suppose que je devrais terminer par ces deux étudiants d’Ilukaan, qui m’ont délivré de leçons de vie semblables à des roses : belles et affreusement dangereuses. Au moins, ils m’ont fait réaliser que les plus belles amitiés sont éphémères et ne sont pas faites durer. Aussi, les personnes les plus calmes et discrètes peuvent soudainement vous tourner le dos dès qu’il s’agit de leur propre bonheur. Parfois, il semble que le coup de foudre ne soit pas qu’un mythe et peut engloutir tout ce qui a pu construire auparavant. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain, sans que les concernés daignent regarder derrière eux pour voir l’état dans lequel ils vous ont laissé. Je suppose que pour toutes ces bonnes leçons de vie, je leur suis reconnaissant. Finalement, ils n’en sauront jamais rien, puisque cette lettre va finir brûlée avec le dessin des bonhommes bâtons que j’ai dessiné plus tôt. Il s’agit d’une technique couramment utilisée par les non-maj pour s’aider à se libérer d’anciennes relations fusionnelles, parfois toxiques. Elle s’appuie sur la connexion entre les sept chakras et les deux personnes. J’admets que, si d’ordinaire, je suis sceptique concernant les méthodes de psychologie de non-maj, je pense que celle-ci est crédible d’un point de vue magique. Au pire, je ne perds rien. J’ai coupé les liens qui existaient sur le papier entre mes chakras et ceux de cette personne, espérant que cela renforcera mon détachement et ainsi ma guérison mentale. Désormais, je vais aller de l’avant sans craindre ce qu’il peut me tomber dessus. Ce ne saura jamais pire que ce que j’ai vécu ces dernières semaines. Que mes sentiments deviennent cendres, cendres sur lesquels de nouveaux s’épanouisseront telles des fleurs » Ainsi les papiers se consumèrent dans sa main alors que ses larmes tâchent l’encre encore fraiche. Colton n’aime régler les affaires par le feu. Toutefois, ce cœur se faisait si brûlant que cela lui parait la méthode la plus adaptée pour terminer son exutoire. Une fois le tout devenu cendres, le Coréen les tendit à la mer qui les accueillit en son sein. Elle accueille bien des trésors dans ses profondeurs, désormais parmi eux se trouveraient ses déclarations d’amitié trouées au côté de son chagrin.
Que mes sentiments deviennent cendres, cendres sur lesquels de nouveaux s’épanouisseront telles des fleurs |
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