"Maudite chouette ! »

Le retour des vacances avait été plutôt simple : à peine avait-il quitté la grande demeure dans laquelle il avait été invité par les soins de ce phénoménal Jake qu’il avait dû s’en retourner au Japon pour présenter ses devoirs à son paternel et lui prouver une amélioration dans sa façon de parler en anglais, cette langue qu’il avait pourtant mis des mois à comprendre n’était-ce que les bases. Voyant ses frères absents encore une fois, puis son père le devant être tout également, Seiya n’avait pas été vraiment pour rester une semaine en la compagnie d’un majordome qui pouvait à tout instant lui foutre une branlée parce qu’il s’était montré insupportable ; ainsi préféra-t-il rejoindre Ilukaan avec l’espoir de retrouver ses amis et de faire profiter alors d’un meilleur verbe anglophone. Il lui manquait encore à enrichir son vocabulaire néanmoins il savait qu’il pouvait compter sur Jake pour lui partager son désuet que sans doute lui-seul trouvait cool.

Malheureusement pour Seiya, il n’avait trouvé qu’en ses retours de vacances à Ilukaan juste la déception d’une malchance qui lui était propre et des camarades avec qui il ne s’entendait pas pour diverses raisons. La poisse le frappa à nouveau lorsque son téléphone se noya dans la cuvette des WC (il ne faut jamais mettre ces choses-là dans les poches arrière de son pantalon) et qu’il se trouva donc dans l’impossibilité de trouver facilement ses amis. Ainsi se contentait-il tout simplement la plupart de son temps à étudier de nouveau ou bien à chercher des premières années à prendre sous son aile, tel le grand Auror qu’il souhaitait plus tard devenir…. Oh il voulait parfois courir dans tous les sens, s’entraîner à la musculature pour obtenir plus de forces, mais la puberté commençait déjà à le frapper ; s’il pouvait parfois déborder comme à l’ordinaire d’énergie, il y avait toujours ces moments où il sentait l’envie de dormir pour aucune raison apparente, de faire le mou dans un coin à réfléchir, à se poser des questions sur l’importance-même de la vie, de la sienne, de pourquoi son père s’était décidé alors à avoir autant d’enfants pour n’en sélectionner qu’un seul pour en faire son successeur. Il détestait son paternel, mais en même temps il l’aimait. Il ne savait plus comment réagir avec lui, il avait après tout fait tout son possible pour s’améliorer, devenir le meilleur de lui-même. Malheureusement il avait l’impression que rien ne suffisait et qu’il décevrait encore plus son daron le jour où il lui apprendra alors qu’il ne souhaitait pas reprendre l’entreprise familiale, mais qu’il préférait cracher sa petite cuillère en or avec laquelle il était né pour devenir un simple Auror. A chaque fois qu’il pensait ça, son cœur se serrait et il avait envie de pleurer.

Ayant ainsi lâché quelques petites larmes à ces tristes pensées, le jeune sorcier qui s’était caché dans le jardin d’hiver -sa saison préférée pour la simple raison qu’il pouvait faire de la luge et jeter sur les gens des boules de neige avant de se faire enterrer sous le matelas blanc et froid saisonnière- se préparait à rentrer dans sa chambre avant que sa chouette, visiblement fatiguée de le voir dans des états qu’elle ne comprenait pas, se mit à se jeter sur lui pour l’attaquer. Seiya se défendit du mieux qu’il pouvait, la chassant des bras.

« Mais… mais arrête ! Tu es malade ?! »

Selon lui ; oui, et cela l’inquiétait d’autant plus que la créature attrapa son livre pour l’emporter avec elle et partir en volant. Seiya manqua de crier de rage ; le bouquin, ancien, appartenait à sa famille et s’il lui arrivait quoique ce soit, il se ferait tuer. Se précipitant derrière Athéna, il lui vociférait l’ordre de revenir auprès de lui, lui promettant au passage de ne jamais la punir. Mais la créature sembla rester sourdes à ses mots et le fit voyager un peu de partout jusqu’aux serres. A la traîne -car il avait beau être endurant il ne demeurait néanmoins pas aussi performant qu’un athlète confirmé- l’adolescent grimaça en se rendant compte que sa chouette avait disparu. Zut. Il allait devoir entrer sur les lieux rien que pour aller chercher un maudit volatile qui ne voulait aucune obtempérer. Il laissa échapper un soupir, las, prenant sa baguette pour s’accroupir et entrer dans les lieux, pensant bien à refermer les portes au passage pour avoir à éviter de courir de nouveau après sa créature. Fronçant les sourcils, il cherchait du regard la voleuse, prêt à user d’un sort pour l’immobiliser ou reprendre alors le bien.

« Athéna… Petit petit… Je ne te ferai aucun mal. »

Du moins c’était ce qu’il lui promettait ; après elle prendrait quand même une punition pour autant le malmener, il fallait bien que tôt ou tard il lui donne une éducation. Si au début la recherche était quelque peu ennuyeuse, Seiya se prit rapidement un délire, se mettant limite à quatre pattes puis à genoux, comme s’il était un militaire sur un champs de bataille et prêt à se battre pour sa propre survie, à la différence près qu’il allait le faire pour celle d’un bouquin. Il chantonnait même la chanson des Dents de la Mer, vendant par la même occasion sa position à Athéna qui s’en allait d’un point à un autre en toute discrétion ; un véritable ninja. Le jeune homme chercha entre les feuillages de plantes la présence d’un plumage ou d’une couverture familière avant de voir finalement la créature s’en aller en vitesse.

« Athéna ! Ici ! Au pied ! »

Mais rien à faire ; la créature décidée à jouer un peu se rua sur sa baguette pour la faire tomber et Seiya eut le meilleur réflexe du monde ; celui d’imiter les films américains en sautant limite de table en table en espérant attraper le volatile. Malheureusement, cela ne fonctionna pas vraiment puisqu’il glissa sur du terreau, tomba en arrière, fit tomber quelques plantes sur lui dont un magnifique cactus qui lui arracha une petite plainte de douleur.

« Aoutch…. Athéna… Sérieusement… Pourquoi tu me fais tout le temps ça ? » se lamenta-t-il, toujours en japonais.

La chouette alla se percher dans un coin et Seiya remarquant l’absence d’un livre se mit à paniquer dans sa tête. Il allait insulter la bestiole mais l’idée que le fracas avait sans doute averti une tierce personne de sa bêtise en ces lieux l’en dissuada.