Physique

La première fois que vous l'avez remarquée, c'est à l'Another round. Elle fixe son verre de vin qu'elle fait doucement tournoyer entre ses doigts manucurés. Elle doit avoir environs 47 ans, mais malgré ça, elle reste très séduisante et lorsque son regard ocre se pose sur vous, vous vous doutez que vous allez passer une drôle de soirée. 
Les verres s’enchaînent et vous commencez à avoir chaud, elle ne boit que du vin rouge et vous vous demandez comment elle fait pour ne pas crever de chaud avec de gros col roulé brun qui lui sert la taille et qui marque ses formes encore avantageuses pour son age. Avec ça, elle porte d'ailleurs une jupe crayon noire et des escarpins ma foi plutôt hauts. 
Au fils des verres et du temps qui passe, ses cheveux châtains, d'abord parfaitement coiffés avec un bandeau noir, finissent par se défaire et comme ça, vous jurerez que son air de femme sérieuse s'est évaporé en même temps que votre alcool ( Que vous avez en réalité avalé ), maintenant, elle est femme fatale, femme sûre d'elle, femme dominante. 
Ses cernes disparaissent sous les rougeurs provoqués par l'alcool et elle finit par glisser discrètement son collier représentant une croix chrétienne sous son gros pull, sans doute par culpabilité, avant de grimper sur la table pour danser sur une musique rock qui passe à ce moment là. Elle est libre.  
à la fin de la soirée, son maquillage noir aux yeux a partiellement disparu, mais elle s'en fiche, elle est plus belle que jamais, loin de tout les soucis du quotidien. 

La deuxième fois et dernière fois que vous l'avez vu. C'est au sein de l’établissement de prestige d'lukaan, vous vous y étiez rendu pour une affaire importante et vous l'avez croisé dans les couloirs. Elle a fait comme si elle ne vous avait pas reconnu mais vous savez que c'est faux. 
Elle porte la même tenue que la veille mais cette fois-ci sa coupe de cheveux et son maquillage sont irréprochables et son collier est bien visible, posé sur sa poitrine. Son verre de vin est remplacé par des bouquins, et son air de femme fatale, remplacé par un air strict, fermé, presque triste et narquois. Elle ne semble n'avoir que d’intérêt pour son travail, qu'elle semble effectuer avec une efficacité féroce. Cependant vous n'êtes pas dupe et vous pouvez toujours le sentir, cet aura de femme fatale et sûre d'elle...  C'est juste caché sous cette façade qu'elle s'impose, lorsqu'elle arpente les couloirs de l'établissement.

Caractère

Petit à petit, les souvenirs vous reviennent. Des bribes de conversation, des voix, des rires, peut-être même des insultes. La musique, la chaleur et les odeurs enivrantes de cigarette et d'alcool. 

Petit à petit, vous vous souvenez que ce petit bout de femme était en réalité une véritable tigresse qui n'avait pas peur de dire ce qu'elle pensait, peut importe qui se tenait en face d'elle, et notamment en matière de flirt. En effet, vous vous souvenez maintenant qu'elle a efficacement flirté avec sans doute tout les hommes du bar, sans jamais aller jusqu'au bout cependant, comme si ce n'était qu'un jeu, un défi qu'elle s'était lancé.
Vous vous rappelez aussi l'avoir vu remballer un homme un peu trop insistant, sous le regard blasé du jeune barman, ayant visiblement l'habitude (Vous en déduisez d'ailleurs que c'est une habituée des lieux, et vous n'êtes pas surpris) et vous dire '' J'aimerais pas être à la place de ce pauvre type '', vous n'êtes d'ailleurs plus très sûr mais il vous semble l'avoir vu partir en pleurant, ce pauvre garçon. Cette femme dont le barman l'a surnommait ''Bitchansen'' vous donne l’impression de savoir manier les mots avec précision et d'être ainsi capable de trancher et de blesser n'importe qui avec. 

Alors que vous prenez une aspirine, vous vous souvenez subitement d'un moment ou cette ''Bitchansen'' était sortie en catastrophe. Entre deux hoquets, elle avait balbutié qu'elle avait besoins de fumer une cigarette et inquiet, vous l'aviez suivit pour la surprendre, l'air rêveur, voire triste alors qu'elle reprenait ses esprits, en dehors du brouhaha qu'est le bar. A ce moment la, vous l'avez questionnée sur son travail, et sans rentrer dans les détails, elle vous a expliqué qu'elle appréciait ses collègues, malgré ce qu'elle peut leur laisser paraître. Au fil de la discution, et malgré le fait qu'elle soit restée très vague, vous apprenez d'elle qu'elle est une personne très aimante, vous le sentez lorsque elle décrit certains de ses collègues. Cependant elle semble s'interdire de montrer de la sympathie envers eux pour une raison qui vous échappe.  Elle vous reprend d'ailleurs avec virulence lorsque vous écorchez le nom d'un proche à elle, vous vous faites la remarque qu'elle semble très protectrice. Aussi, quelque chose qui vous a frappé en étant seul avec elle, c'est son humour cynique et très développé. Elle s'est autant moquée de vous que d'elle même et son auto-dérision est bien plus développée que la votre puisque ce soir là elle vous a vexé. Après être re-rentré, tout deux, vous vous souvenez vous être senti bien plus proche de cette femme qui vous impressionnait bien moins qu'au début de la soirée.

Cependant, une chose est sûre, cette femme est complexe et ce n'est pas en une seule soirée que vous allez la décrypter. Alors vous laissez tomber et vous vous faufilez sous la douche.

Histoire

Alors que vous vous savonnez le corps et que votre esprit divague, vous ne pouvez pas vous empêcher de réfléchir et d'essayer de retrouver vos souvenirs perdus. Cette femme vous obsède, d'autant plus qu'elle semble tenir un poste important au sein d'Ilukaan. Vous désirez en savoir plus, alors vous fouillez dans vos souvenirs. Toujours plus loin. 
Pourquoi était elle si triste ? Les conversations vous reviennent plus en détails et vous vous souvenez de son expression pendant qu'elle racontait : 
'' Je suis américaine moi... J'aime pas le Canada, j'ai jamais aimé, fait trop froid. Mais pas le choix. J'ai été obligée de fuir ma ville natale... Les moldus, tous des dégénérés ''
Vous vous souvenez de ses ongles peints en bordeaux tirant son collier de son pull pour vous le coller pratiquement au visage. Le reste est flou, il vous faut un café pour vous remettre les idées en place. 
'' C'était une sorte de culte chrétien dans lequel j'ai grandit, je suis sang-de-bourbe moi … Alors t’imagine même pas le bordel que ma vie est devenu quand j'ai commencé à faire bouger des objets à la maison. Ils ont cru que j'étais une sorte d'élue divine ou je sais pas quoi et ils ont commencés à me vouer un véritable culte. C'était l'enfer. '' 
Entre deux gorgées de café, vous vous souvenez vous être dit qu'elle parlait quand même vachement de sa vie à une personne qu'elle vient seulement de rencontrer. Mais elle avait l’œil hagard et la voix hasardeuse, elle était clairement sous. 
'' Alors, à 18ans, dès que j'ai pu, je me suis barrée. Le plus loin possible de cette famille de fous ! Ils étaient pas méchants, juste... Atrocement bêtes. '' Son rire semble encore raisonner dans votre tête. 
'' J'étais amoureuse à cette époque et il m'a aidé à m'enfuir. On s'est mariés … T'es marié toi ? T'es vachement mignon, ça serait dommage... En plus, le mariage, c'est une véritable arnaque. Autant vendre son âme au diable, au moins t'en profite un temps. Heu- Bref... J'en étais ou ? Ah oui, un mariage, une famille, 4 enfants. '' 
Pour le reste, tout vous semble flou, entre ses phrases décousues et votre niveau d'alcoolémie qui augmentait un peu plus toute les demies heures, vous n'êtes plus sûr de rien. Il vous semble qu'elle a parlé d'avoir fui une seconde fois, parce qu'elle était malheureuse et qu'elle détestait son ex-mari, il vous semble même qu'elle a parlé de le castrer... Vous espérez vous tromper. Elle a aussi dit qu'elle aimait ses enfants, mais qu'elle n'étais pas une bonne mère, que son boulot était génial mais qu'elle avait peur que son problème d'alcoolémie finisse par se voir et elle a terminé par dire qu'elle déteste le chat du proviseur … Là aussi vous avez un doute. 

Le week-end passe et vous ne faite que de penser à cette femme qui vous enivre. Au final, vous comprenez qu'il s'agit d'une femme complexe qui se bat contre elle même et contre ses responsabilités familiales, tout en s'enivrant sans doute tout les soirs à coup de bouteilles de vin bon marché. Vous êtes persuadé qu'une fois sobre, elle se cache derrière une carapace et fait son travail avec efficacité, sans jamais rien ne laisser paraître. Dans un sens, vous aimeriez aider cette femme mais vous n'êtes pas sûr de pouvoir l'aider. Une chose est sûre, vous l'oublierez difficilement.

Vous n'êtes cependant plus jamais retourné à l'Another round.