Et ils faisaient leur bout de chemin jusqu’au centre commercial, chose qui semble à première vue pour le moins surprenant. Mais Mikasa avait eu le cran de demander à Alexander de l’accompagner jusqu’à la boutique de botanique de Bloomsbury. Le jeune homme était certes la plupart du temps grognon et n’attisait pas la sympathie des autres par son caractère, mais il possédait des connaissances avancées en matière de botanique et de potions qui seraient sûrement utiles à la jeune fille, c’est pourquoi elle lui avait demandé à l’accompagner. Elle avait été agréablement surprise de la réponse du Lupy, s’attendant plutôt à se faire envoyer sur  les roses.

Ainsi, ils déambulaient dans le centre commercial d’un pas rapide. S’il est vrai qu’Alexander avançait rapidement de part sa grande taille, Mikasa n’avait aucun mal à le suivre, possédant une marche plus pressée que l’on pourrait le soupçonner. Elle le suivit donc jusqu’au fameux commerce. L’allemande prêtait attention à chaque boutique devant lesquelles ils passaient, s’efforçant de mémoriser un maximum de noms, au cas où elle aurait besoin de s’y rendre un jour prochain. Plongée dans son travail de mémorisation, elle manqua de rentrer dans son camarade lorsque sa voix la sortit de ses pensées.

« C’est ici. »

Elle releva alors la tête vers la dite boutique. Elle s’attarda d’abord sur l’enseigne, totalement délabrée puis la devanture, peu fournie. Elle se demanda un instant s’il ne s’était pas trompé d’endroit. Elle n’eut le temps de lui poser la question qu’il s’était déjà engouffré à l’intérieur du commerce. Elle chercha encore quelqueconque trace d’un véritable commerce de botanique avant de se rendre à l’évidence et suivre son camarade dans la boutique, se disant que la devanture devait être magique pour ne pas attirer trop de curieux.

Quelle ne fut sa surprise lorsqu’elle rentra à l’intérieur. Bien sûr, elle n’en montrait rien, comme à son habitude, abhorrant son éternelle face blasée. De nombreuses plantes aux propriétés diverses et variées s’étalaient devant ses yeux. Une vraie caverne d’Ali baba pour elle. Rien à voir avec les serres de l’école en comparaison. Fascinée, elle déambula dans les rayons, s’attardant sur la moindre plante quelque peu exotique. Elle prenait toujours soin de lire les indications sur les étiquettes, la prudence étant toujours de mise avec les plantes, même celles qui semblent les plus inoffensives.  

«  Il y a vraiment une variété considérable de plantes dans cette boutique. C’est très appréciable. Tu as une idée de quelle plante tu vas te procurer  ? Ou tu flânes comme moi ? »

Il est vrai que, bien qu’elle lui ait proposé de faire un tour dans un commerce de botanique, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait acheter. Peut-être n’achèterait-t-elle rien. Après tout, elle ne roule pas sur l’or, et n’a pas particulièrement besoin de plantes, la salle commune de sa maison en étant déjà infestée. Elle était juste curieuse.

Il semblait que la jeune fille est arraché le brun à sa contemplation. Ce qu’elle comprenait tout à fait, étant tout aussi intriguée que lui. Elle s’arrêta devant une fleur qu’elle  trouvait sublime en attendant la réponse de son camarade. Cette fleur était une gastaroff, aux pétales noirs aux reflets irisés, dont la forme pouvait être apparenté à celle d’une rose commune. Il faut cependant ne pas trop s’en approcher, sinon elle essayera de vous croquer. Du moins, c’est ce qu’indiquait l’étiquette. Mikasa envisagea alors de la prendre, le prix étant tout à fait abordable et la plante plutôt simple à ramener au dortoir.

« Je viens rarement ici pour rien. J’ai besoin d’eucalyptus mais surtout de fleurs d’arnica dans un premier temps. Je m’en sers énormément. Cela étant, ils ont aussi des plantes d’ornement un peu plus loin. Tant des fleurs coupées que d’autres en pot. »

« De l’arnica donc. Tu as des membres de ta famille qui jouent au Quidditch ? Ou du moins casse-cou. »

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais aperçu le Lupy sur un terrain de Quidditch, terrain sur lequel elle passe beaucoup de temps, étant batteuse de  l’équipe de sa maison. Elle avait également du mal à l’imaginer sur un balai, il lui semblait quelqu’un de terre-à-terre dans le sens littéral du terme.

« Et l’eucalyptus c’est pour les voies respiratoires ? »

Bien qu’elle ne soit pas en cursus de médicomagie, encore moins en cursus universitaire, l’allemande avait cependant quelques notions en matière de phytothérapie. Lorsqu’elle vivait chez ses parents à la campagne, ils leur arrivaient d’avoir recours aux pouvoirs thérapeutiques du monde végétal. Elle a beaucoup appris sur les pouvoirs des plantes grâce à ses parents. Bien sûr, ses connaissances n’égalaient pas celles de ceux suivant des cours de médicomagie, mais elles étaient cependant plus approfondies que celles d’un élève standard.

Elle s’avança alors dans le rayon dédié aux plantes d’ornement que lui avait indiqué son camarade. Elle recherchait une plante pour une amie, à la fois simple à entretenir et mais aussi assez colorée, afin qu’elle mette un peu de couleur dans sa chambre assez terne.

«  Par contre, n’essaies pas de réaliser des mélanges par toi-même si tu ne veux pas y rester. Tout ce que tu voies là ou presque peut te tuer. Je me permets de le faire car j’ai appris à les travailler et à les associer. »

« Ce n’est pas mon intention, je ne me destine pas au cursus de médicomagie de toute façon. Je me contente de ce que j’apprends en cours ou bien de mes parents. J’ai d’ailleurs un peu d’expérience grâce à eux. J’ai déjà été bien avisé. »

Il est vrai qu’elle avait bien tenté quelques expériences chez elle, par curiosité, mais elle ne s’était jamais vraiment éloigné des sentiers  battus.

Parcourant les différents étalages dédiés aux plantes et ornements d’intérieur, elle se plaît à imaginer sa maison imaginaire remplie de tant de verdure. Même si, elle ne s’était pas dirigée dans ce rayon dans ce but. Il n’empêche que cela reste une chimère agréable à visualiser. C’est au tour de l’ainé de tirer la jeune fille de ses pensées.

« Ma sœur oui. »

Une réponse simple et efficace, qui retransmet bien les pensées du jeune homme sur la pratique du sport sorcier. La cadette avait raison, ce n’était donc pas lui qui s’exerçait au Quidditch. Elle cherche alors dans sa mémoire une fille qui serait susceptible d’être l’élue. Malheureusement, elle a une bien trop mauvaise mémoire des visages pour se rappeler d’une telle personne, sans compter le fait qu’elle ne connaît ni sa maison ni son âge. Elle ne pose cependant pas plus de questions à ce sujet, qui irrite vraisemblablement son camarade, ce qu’elle peut comprendre. Elle aurait sûrement la même opinion à sa place, toujours à s’inquiéter si son frère va bien (d’ailleurs vu le comportement de ce dernier, ses raisons seraient fondées).

« C’est ça. D’autant plus utile en hiver. Même si parfois, il peut être utilisé pour ses propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Mais c’est plus rare. Et d’autres sont plus efficaces qui plus est. »

La curiosité de Mikasa vient alors d’être piquée. Cela semble faire un parfait résumé de leurs conversations. Les propriétés des plantes, encore et toujours, inlassablement.

 « Quels sont ces autres ? »

Alors qu’elle pose sa question, ses yeux s’arrêtent sur la candidate idéale pour ses achats. Une plante verte à l’apparence tout à fait normale à première vue. Mais si on se penche d’un peu plus près, on peut apercevoir des tâches cuivrées le long de la tige, formant comme un fil qui se prolonge sur les feuilles et les ramures en de jolis motifs circulaires. Par ailleurs, il semble être noté sur l’étiquette  que de jolies petites fleurs ambrées montreront le bout de leur nez au début du printemps. C’est typiquement le type de plante que l’allemande recherchait pour son amie, un minimum esthétique et très peu d’entretien nécessaire. Elle ajoute prudemment à son panier, s’assurant qu’elle n’ait aucun contact avec la plante déjà présente.

« Même si ce sont par des expérimentations que les choses évoluent. »

Au fond d’elle, Mikasa savait qu’il y a une part de vérité dans les dires de l’ainé. Toutefois, elle n’est pas prête à prendre autant de risques pour faire avancer la science. Il y a déjà des gens comme Alexander qui s’en chargent et continueront de s’en charger. Pour sa part, elle préfère utiliser à bon escient les résultats de leurs expériences, sans prendre le risque de faire du mal à un proche (que le proche ou elle soit le cobaye), voire pire, de le sacrifier. Cependant, elle connait  le Lupy et sait qu’il est difficile de le faire changer d’avis, c’est pourquoi elle ne répond pas à sa remarque, rien ne sert de provoquer une discorde au milieu d’un commerce. De plus, même si il fait des choses dangereuses, il en était conscient et possédait un grand savoir. C’est quelqu’un de responsable et ingénieux, il sait quelque part ce qu’il fait. Du moins, c’est ce qu’elle essaye de se convaincre.

Alexander fait alors signe à sa camarade de le rejoindre dans la section ouest de la boutique. Après, avoir fait un détour par les arbustes, elle parvient enfin à ce niveau, toute ouïe.

« Tout d’abord, tu nettoies la plaie au savon et à l’eau. Que tu utilises une plante pure, directement sur la blessure, une décoction ou bien un cataplasme, c’est indispensable. On va sûrement te dire que ça pique et même si c’est chiant, tu n’as pas trop le choix.»

Une pensée nostalgique saisit alors Mikasa. Elle se rappelle d’une fois où, quand était petite, elle s’était blessée lors d’une chute de poney. Bien sûr, la plaie n’était pas profonde, mais il fallait tout de même la traiter. Cela n’avait pas été agréable, ça picotait un peu, mais c’était une nécessité. Après, ce n’était pas très douloureux non plus, c’était très vivable.

« Tout d’abord, pour rester dans les plantes communes, il y a le souci des jardins. C’est une plante toute mignonne que tu trouves aussi en décoration. Tu peux les reconnaître sans aucun problème à la couleur orange des pétales.»

Elle remarque alors les deux vendeurs qui s’étaient arrêtés pour écouter leur discussion. Les trouvant très impolis, elle les fixe donc du regard, regard noir qui plus est, comme pour leur dire de cesser immédiatement. Mais avant qu’elle ne sache si le message a été compris, son camarade Lupy lui remet un pot avec une jolie plante qui pousse à l’intérieur. Ses pétales orangées comme les citrouilles communément en vente en cette période de l’année, attirent particulièrement l’attention de la jeune fille. Elle caresse délicatement les pétales, qui sont d’une douceur agréable au toucher.

« Elle est facile à cultiver même si elle préfère un climat au bord de mer. Après, avec un peu d’engrais c’est parfait. Le souci est pratique pour les coupures et autres blessures superficielles. Ce qui est plus embêtant, c’est que tu n’utilises que les fleurs. Le reste est inutile.»

L’allemande regrette de ne pas avoir de plume à papote, ou du moins en emprunter une au pire des cas. Elle lui aurait été bien utile pour pouvoir avoir en note toutes les informations délivrées par son aîné. Elle sait pourtant très bien que leurs conversations prennent souvent ce genre de tournure, mais elle n’y pense jamais. Il va donc falloir qu’elle fasse travailler au maximum sa capacité de mémorisation.

« Après, j’aime tout particulièrement la bardane. Pour le coup, tu peux utiliser la plante en entier. Les racines en décoction et les feuilles broyées. »

Il semble enfin s’arrêter de parler. Non qu’il parle beaucoup trop, mais cela constitue beaucoup de connaissances en peu de temps pour un cerveau humain. Elle repose alors le souci à sa place avec précaution, le laissant à ses recherches. Elle réfléchit alors à son tour aux potentielles plantes utiles dans le domaine du soin à la personne.

« Ah la voilà ! C’est ce truc la bardane. Elle est multitâche car elle peut agir sur les bactéries et aussi les champignons. Tu la trouves peut-être dans des crèmes pour le visage si tu en utilises et elle est efficace pour les problèmes rénaux. Enfin, je m’éloigne sûrement du sujet de base. »

Elle l’écoute religieusement, tentant de retenir un maximum d’informations.

« C’est vrai que l’on s’en éloigne, mais ce n’est grave. Cela reste intéressant, continues. »

« Et n’oublie jamais que chaque personne est différente. Je te raconte tout ça, tu peux essayer demain et ça sera totalement inefficace pour toi. C’est aussi ce qui intéressant pour mon cursus. On ne sait jamais si ça va fonctionner. Bon, ça fonctionne quand même  95% du temps. Heureusement. Sinon, on passerait pour des charlatans.»

« Il est vrai que ça dépend de chaque personne, chaque profil est différent. Au-delà de l’aspect bénéfique du soin, il faut aussi prendre en compte les allergies et intolérances… Ca doit être vraiment délicat de soigner chaque personne avec un traitement approprié. Pour en revenir aux plantes, il me semble que la pensée sauvage et l’achillée millefeuille sont aussi utilisées pour des troubles dermatologiques. »

« - Au niveau dermatologique, la pensée est vraiment multi-usage. Et puis ses fleurs colorées sont très agréables à regarder qui plus est. »

Mikasa prend note de cette anecdote à laquelle elle n’aurait eu accès si elle ne discutait pas avec un camarade de médicomagie. Bien qu’elle se renseigne souvent sur les propriétés des plantes, elle oublie toutefois souvent de se préoccuper des végétaux plus communs, voire basiques. Ce sont des informations simples, mais l’allemande a tendance à se focaliser sur le plus complexe, ou bien suivre son instinct.

« -Après, il faut rester vigilant avec ses plantes-là. Pas avec la pensée sauvage ou l’achillée qui sont relativement inoffensives. Mais celles qui peuvent agir sur différents systèmes comme le système cardiaque ou bien la circulation sanguine. Je ne t’apprends rien en te disant qu’il s’agit de fonctions vitales. Et certains produits issus des racines ou des feuilles agissent sur les deux à la fois, en boostant par exemple la circulation sanguine et en fluidifiant le sang mais à contrario ralentisse le cœur. Là est le risque. Méfie-toi en.

Il marque un point. C’est l’une des premières choses que la cervidé eut appris de sa mère. C’est également pour cela qu’elle ne tente que peu d’expériences en dehors des sentiers battus. Et qu’elle ne désire pas suivre le cursus de médicomagie, quitte à avoir des connaissances restreintes : beaucoup trop de subtilité et de jeux de dosage. Cela s’apparente exactement à la préparation de potions, matière non détestée par la brune, sans pour autant en être un cours particulièrement aimé de cette dernière. Le pire dans cette classe reste sûrement ceux qui en profitent pour tester de nouvelles recettes, prenant des risques totalement inconsidérés, au grand désarroi de la demoiselle. Ce n’est pas pourtant faute de leur avoir répété. Mais il s’avère que lorsque vos camarades en face de vous appartiennent à la maison du loup notamment, il est difficile de les raisonner. Heureusement qu’ils sont parfois sanctionnés, soit par le personnel de l’école, soit par leurs expériences qui se retournent contre eux.

Elle aurait volontiers continué la conversation lors du passage en caisse, mais s’était sans compter le client qui ne cesse de se plaindre depuis un bon moment déjà. Elle n’a pas prêté attention aux propos du râleur, plus intéressée par sa discussion avec Alexander, néanmoins ses plaintes se font de plus en plus bruyantes à mesure que le temps passe. Un acheteur insatisfait, ça peut arriver, et en général les vendeurs arrivent à le contenter, il n’y a pas à s’en faire. Cependant, cette fois-ci, il semble qu’ils aient à faire à un qui s’emporte un peu trop vite, baguette en main. Comme si cela ne suffisait pas, il s’approche alors des étudiants d’un air menaçant. C’est alors qu’il s’exclame :

« - Vous n’avez qu’à leur demander voyons !! N’est-ce-pas hein ?! Dites-leur donc que la qualité de leurs plantes est catastrophique ! »

N’ayant conscience de ses gestes, il continue d’agiter sa baguette sous le nez des deux compères, un sort pouvant être jeté à tout moment. La jeune fille ne comprend comment une insatisfaction peut amener à tant de rage qui, finalement, n’aboutira probablement à rien. Cela dit, elle n’apprécie guère le fait d’être pris à parti dans un conflit extérieur, alors qu’ils sont venus juste pour faire quelques courses. Une sortie sympathique, en somme, gâchée par un imbécile.

«  Et non monsieur, vous n’allez pas me faire croire que c’est qu’un malentendu et que ça n’arrivera plus ! Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive non !! C’est un scandale vous m’entendez ? UN SCANDALE !! Je pourrai vous traîner en justice pour ça !! Et dire que vous vendez vos produits à des enfants, n’avez-vous pas HONTE ??!! »

« Monsieur, dans un premier temps, rangez votre baguette s’il vous plaît. Vous allez finir par blesser quelqu’un. »

«  - Restes-derrière moi Mikasa.  »

Cette dernière n’a pas le temps de contester que l’ainé s’est déjà interposé entre le client et elle. Cela ne lui plait guère, mais alors qu’elle s’apprêtait à le contourner pour visualiser pleinement la scène malgré l’avertissement d’Alexander, un sort est lancé pour atterrir directement sur un plant de bulbes sauteurs, végétaux particulièrement turbulents. Elle esquisse un mouvement de recul, afin de ne pas se trouver sur la trajectoire du sortilège.

« Quel imbécile » ne peut s’empêcher de penser l’adolescente. Certes, il n’a, pour l’instant, blessé personne ni mis le feu à la boutique. Toutefois, sa colère s’est dirigée vers l’une des plantes les plus sensibles et agitées présentes dans la boutique. Comme leur nom l’indique, les bulbes sauteurs sont des oignons en mouvements permanents, utilisés pour la préparation de la potion Potiron, enseignée aux premières années et ayant pour effet d’enfermer temporairement la tête du buveur dans une citrouille, comme le sort Melofors. Le rempotage de ces végétaux est d’ailleurs étudié en quatrième année. Au cours de cette leçon, les élèves apprennent à les endormir afin de pouvoir les manipuler correctement et les maintenir en pot, ce qui s’avère être long et laborieux la première fois.

Ces souvenirs en tête, l’allemande jette un regard noir au client, hésitant entre s’avancer le clouer au sol pour le neutraliser ou bien commencer à rassembler les bulbes sauteurs, alors éveillés. Lançant un regard voulant tout dire au Lupy, elle se dirige d’un pas rapide vers le lieu de l’accident, posant son panier en un lieu plus sûr au passage. Alexander se charge de ce trouble-fête, elle s’occupe de ce qu’elle estime représenter un plus grand danger pour le reste de la boutique.

A peine, arriva-t-elle au niveau des fleurs de Pordelis que les pousses avaient déjà amorcé la catastrophe dans la boutique. Eparpillés de part et d’autre du magasin, ils sautent sur tout ce qui se trouvent sur leur chemin, perturbant au passage les autres plantes. Certaines crient tandis que d’autres se replient sur elles-mêmes, les végétaux ayant des réactions plus excessives étant par chance protégées par un envoûtement magique empêchant toute agression sur ces plants. Mikasa ne sait par où commencer, les mouvements des bulbes donnant l’impression qu’ils sont beaucoup trop nombreux.

Elle se concentre alors sur celui qui lui semble le plus proche d’elle et sort sa baguette. Il est hors de question de faire une erreur au moment de viser, la situation étant déjà assez compliquée sans qu’elle vienne à endormir un autre végétal, voire pire une personne ici présente. Quoique, si elle en avait le droit, elle l’aurait bien lancé sur le client à l’origine de ce bazar. Une fois sûre de sa trajectoire, elle lance d’un ton ferme :

« Somnubulus ! »

Et c’est ainsi qu’un oignon tombe soudainement sur le sol, totalement endormi sous l’effet du sortilège. Il ne chute pas d’une grosse hauteur, heureusement, sinon il aurait été bien abimé et inexploitable. L’étudiante le ramasse et le ramène vers son pot de base, en évitant du mieux qu’elle peut les autres trublions de bulbes. Puis elle le rempote. Répétant l’opération un certain nombre de fois, elle jette de temps en temps un coup d’œil du côté de son camarade, elle espère que ce dernier va réussir à calmer le responsable de toute cette anarchie.

Elle pensait ne jamais voir le bout de la tâche qu’elle s’était assignée en vu l’urgence de l’opération. Bien qu’elle n’échouât pas dans ses actions pour ramener les bulbes dans leurs pots respectifs, leur nombre lui semblait ne pas diminuer pour autant. Malgré tout, elle continue sans relâche, jusqu’à enfin rempoter le dernier oignon.

Elle souffle un bon coup, après toute cette agitation soudaine. Il y avait bien longtemps que la brune n’avait pas eu à agir aussi rapidement avec une telle précision. Pour ainsi dire, cela devait remonter à quelques années. Contrairement à ce que l’on pourrait penser toutefois, l’allemande n’est pas essoufflée, ni même courbaturée par son exercice. Elle peut remercier ses séances de sport quotidiennes qui la maintiennent bien en forme.

S’assurant qu’elle n’en a pas oublié un qui continuerait de se balader à travers la boutique, elle en profite pour s’informer sur la progression de son camarade. A priori, tout s’était bien passé de son côté, le fou furieux est à présent ligoté au sol, aucune plante ne peut s’échapper de par la porte d’entrée verrouillée. D’un autre côté, les employés du magasin semblent gérer les problèmes liés à la porte de réserve, dont quelques plantes s’étaient échappées. Elle se permet donc de se rapprocher de son aîné, observant le coupable de haut, le dévisageant presque. C’est un imbécile fini à ses yeux. Elle espère bien qu’il n’aura plus le droit de poser les pieds dans une boutique de botanique. Hélas, elle sait que la réalité en est autrement, malgré la gravité de l’accident qui venait de se produire. Cela ne l’empêche de faire savoir à l’idiot qui se trouve à terre ce qu’elle pense de tout ça au travers d’un simple regard, qui, d’habitude semble blasé, est actuellement porté par des pupilles semblant jeter des éclairs.

« -Ca va Mikasa ? »

La jeune fille regarde alors Alexander, ramenée à la réalité. Elle hoche alors positivement la tête. Au-delà de quelques écorchures, il n’y a rien de bien grave. Ce seront ses marques de guerre éphémères, comme si leur balade était désormais gravée dans sa chaire. Elle lui jette un rapide coup d’œil de haut en bas, s’assurant que tout allait bien de son côté, ce qui semble être le cas.

Alors que l’un des employés, ayant terminé de se charger de la réserve, appelle la police magique, une autre employée leur propose de passer désormais  en caisse, les remerciant encore une fois pour leurs actes. Pour la peine, ils se voient bénéficier d’une réduction sur leurs achats, et repartent avec une plante en plus, de leur choix. Malgré le refus des deux étudiants en premier lieu, l’insistance dont fait preuve la vendeuse les empêche de refuser.

Il leur faut ensuite attendre l’arrivée des services de sécurité magique, qui évacuent le fautif de toute cette histoire, qui ne ronchonne pas à se faire embarquer par les forces de l’ordre. Au moins, il n’empire pas son cas. D’après les informations de la police, ce ne serait pas la première que ce monsieur cause des problèmes à diverses boutiques à cause de ses accès de colère irresponsables et incontrôlés. Peut-être sera-t-il alors contraint à ne plus être autoriser à se rendre dans les commerces, pense Mikasa, bien qu’elle en doute sincèrement. Il faut qu’il se fournisse en ressources alimentaires au moins, et à moins que quelqu’un soit assigné à faire ses commissions… Enfin, la brune ne connaît pas grand-chose à la justice, et ne peut qu’espérer.

Après avoir rempli leurs démissions les deux élèves repartent en direction de leur campus en silence, aucun des deux n’étant très bavard, encore moins après ce qui venait de se passer. Cela dit, l’allemande avait passé un bon moment au côté d’Alexander, comme à son habitude, en dépit de la tournure qu’avait pris les évènements.

Quelle aventure mouvementée, pour de simples achats en ville…