"Quoi qu’il arrive, ne laisse jamais penser aux autres que tu es faible, ou perdue. Même si tu ne sais pas où tu vas, personne ne doit le savoir – ils abuseront tous de toi. Personne ne mérite ta confiance."

C’est ce que sa mère lui avait dit, quelques jours avant qu’elle ne fasse sa rentrée à Durmstrang. Elle n’était pas une… Mauvaise figure parentale à proprement parler, elle avait simplement un concept de l’amour un peu particulier qui la rendait plus franche que la bienséance l’aurait voulu. Cynique, aussi. C’est sans doute ce qui arrive quand on se retrouve à élever deux jumeaux vaguement hyperactifs toute seule. Le père d’Idun les avait laissés quand elle et son frère n’avaient que deux ans – elle n’avait aucun souvenir de cette figure paternelle qui n’avait pas de visage dans son esprit.

Le concept de père lui avait toujours paru un peu flou, en conséquence. Les seuls exemples qu’elle connaissait étaient ceux qu’elle pouvait voir chez les autres. Sa jalousie maladive naquit certainement autour de ce temps-là : le fait de ne pas avoir de figure masculine à laquelle se raccrocher ne lui avait pas vraiment permis de passer par cette période enfantine classique chez les petites filles qui consistait à vouloir épouser leur père, ce qui engendrait une certaine frustration chez elle.

Sa magie avait toujours été de nature primale. La première manifestation de son pouvoir magique s’était faite devant une cheminée, où elle était parvenue à faire danser une flammèche entre ses doigts pendant quelques secondes – avant de se brûler la paume de la main. Elle n’en avait pas parlé à sa mère tout de suite, de peur d’avoir fait quelque chose de mal. Menteuse accomplie, la supercherie avait pourtant été découverte, et Idun forcée d’expliquer l’origine de la plaie sur sa main. Sa mère, loin d’être étonnée ou même en colère, avait simplement soupiré. Les explications avaient été longues, compliquées, mais Idun était allée se coucher avec une certaine excitation au creux du ventre.

Je ne suis pas comme les autres.

À Durmstrang, Idun était, fidèle à elle-même, une vraie petite terreur – toujours à faire son intéressante, à un point où elle en devenait insupportable. Elle s’entourait d’un groupe de filles qui cherchaient toute la validation, la reconnaissance, choses qu’Idun était à même de leur offrir, en échange de quelques services. Une crasse, une menace faite à une ennemie, une razzia dans les cuisines, des dissertations… Elle confiait rarement ses devoirs aux autres, cela dit. Sa fierté l’empêchait d’obtenir de bonnes notes autrement que par ses propres connaissances.
C’est son expérience en tant qu’interne dans un hôpital magique à Stockholm qui la rendit un peu plus humble, un peu plus terre à terre. C’est là qu’elle apprit à se fondre dans la masse. Idun avait travaillé dans le service psychiatrique un moment, elle savait que l’absence d’empathie – de ressenti des émotions à travers d’autres personnes – était un symptôme souvent inquiétant. Alors elle se mit à faire semblant. À être ravie quand sa collègue obtint une promotion, même si elle en crevait de jalousie. À pleurer lorsque quelqu’un lui parlait de la perte d’un être proche, sans vraiment comprendre.

Son détachement complet lui permit cependant d’exceller dans le milieu des urgences. La tête froide en permanence, elle semblait presque immunisée aux aspects sentimentaux des différents cas. À la douleur, parfois, aussi. Elle n’était pas cruelle, pas volontairement, mais elle ne s’embarrassait pas de pincettes lorsqu’il s’agissait de replacer un genou ou une épaule. Son travail était de sauver des vies, alors elle le faisait. Si c’était ce qui lui permettait d’être différente et indépendante, alors, elle le faisait.

C’est avec un certain plaisir qu’elle avait accepté le poste d’assistante infirmière à Ilukaan, à peine quelques semaines plus tôt. Un milieu plus tranquille, proche des enfants qu’elle appréciait beaucoup après son séjour en service pédiatrique, et un salaire qui lui faisait clairement de l’œil après la misère de la vie d’interne.

Elle avait l’appartement, le travail, l’argent, la reconnaissance.

Il ne lui manquait plus que l’homme.

En septembre 2019, elle devient l'infirmière principale de l'école suite au départ à la retraite de sa supérieure. Elle est fiancée à Magnus Nordskov quelques mois plus tard, et il se sont finalement mariés le samedi 25 avril 2020 à la mairie de Bloombury (avec Vincent et Minou en officiants, s'il vous plaît). Elle a donc abandonné son nom de jeune fille (Vintersson) pour le nom de famille de Magnus, réalisant ainsi son aspiration de vie (oui c'est un Sim).

(c) Ilukaan