Taynara, en tant que membre du club Nature, étudiante du cursus Monstres & Créatures Magiques et grande amatrice de la faune grouillante du monde des sorciers, passait beaucoup de temps près des enclos à simplement admirer les divers pensionnaires de l'école, observer leur comportement et leur anatomie pour mieux intégrer le contenu de ses cours, ou même dire quelques mots savants aux élèves de passage qui n'étaient pas très familiers de cette facette du monde des sorciers.

Aujourd'hui, elle avait particulièrement hâte de se rendre à ce haut lieu de méditation puisque, avec les examens, voilà bien plus d'une semaine qu'elle n'avait pu y faire un tour et elle avait particulièrement envie d'aller donner quelques bouteilles de whisky aux abraxans de l'école qui devaient particulièrement souffrir de la chaleur estivale. Un bon coup à boire leur ferait du bien. Dans sa main se trouvait donc un sac rempli d'alcool fourni par l'école, car c'était là la seule nourriture de ces chevaux ailés magnifiques, autant donc s'approvisionner correctement. Obtenir le droit de les nourrir s'avérait un long chemin de croix, le personnel dévolu au soin des créatures étant particulièrement méfiant à l'égard d'élèves qui veulent spécifiquement s'occuper d'animaux nécessitant de nombreuses bouteilles de whisky pour être nourris. Mais ils connaissaient Tay, surtout son statut de préfète, et ils étaient donc plus enclins à la laisser transporter ce sensible chargement pour tout adolescent un peu casse-cou qui souhaiterait organiser une soirée déjantée avec les boissons aux frais de l'école.

Vu que nous étions en pleines vacances et que la chaleur grimpait, on ne peut pas dire que Tay s’embarrassait d'une tenue protectrice adaptée aux enclos boueux où logeaient les abraxans. Elle avait, certes, de hautes bottes en plastique spécialement conçues pour marcher dans ces endroits, mais du reste elle portait une robe qui lui descendait jusqu'aux genoux aux motifs fleuris typiquement polynésiens et d'un cyan éclatant qui lui allait à ravir. Un chapeau de paille aux larges bords complétait son attirail et elle semblait tout droit sortir d'une fantaisie paysanne imaginée par un auteur victorien fantasque et cent pour cent urbain.

Néanmoins, bien que chantonnant à loisir pour exprimer sa joie de retrouver ses magnifiques amis à quatre pattes, elle dut se rendre à l'évidence que, bien avant de les voir, elle pouvait les entendre et que ce n'était pas bon signe. Ils ruaient, comme paniqués ou en colère, ce qui ne présageait rien de bon dans les deux cas. Elle aurait bien couru vers l'enclos, mais avec ses bottes et ses bras plein de whisky ce serait risquer la chute. Elle pressa donc le pas, ce qui était déjà bien assez rapide vu sa taille, pour contourner la haute rangée d'arbres qui la séparait des enclos et elle tomba sur un spectacle proprement consternant.

Des trublions d'une quinzaine d'années, sûrement moins, jetaient des cailloux sur les abraxans qui, bien évidemment, ne pouvaient que tenter de s'éloigner, tournant en tous sens, incapable de fuir au-delà des barrières qui séparaient leur enclos du reste du parc. Un enclos qui n'était enchanté que le soir venu, pour les protéger au maximum des intrus, mais qui était bien moins sécurisé la journée pour permettre aux élèves d'aller saluer et caresser les abraxans. Mais, cette fois, de cruels gamins en ont profité pour les tourmenter ! Le sang de la géante ne fit qu'un tour et elle s'apprêtait à aller proprement réprimander ces enfants lorsqu'elle aperçut un visage familier qui filait déjà pour s'en occuper : Tighnari, le président du club nature. Un jeune homme charmant qu'il était évident de croiser par ici vu la place qu'il occupait dans le fonctionnement et la pédagogie autour de ces enclos. Taynara se demanda si elle devait intervenir pour lui préter main-forte, mais une voix dans sa tête, pas trop bien intentionnée, préféra le laisser d'abord agir seul pour voir s'il parvenait à régler seul le problème.

En effet, Taynara n'était pas la préfète la plus heureuse ni la plus efficace du monde et elle n'avait qu'une hâte c'était d'en finir avec cette fonction qui ne lui apportait que soucis et ennuis. Alors si elle pouvait, au moins aujourd'hui, ne pas avoir à faire la police dans cette tumultueuse école ce ne serait pas pour lui déplaire. Elle tenta donc, autant que faire se peut, de cacher sa présence derrière le mur d'arbres et buissons touffus, observant la scène avec toute l'attention du monde, quand même prête à se jeter sur ces sacripants en cas de problème.

Héroïquement, Tighnari se lança à l'assaut des agresseurs, stoppant leurs offensives contre les chevaux ailés et commençant à les sermonner avec toute la facticité raisonnable d'un membre des Chevaliers de Walpurgis, avec l'efficacité... qu'auraient sûrement lesdits chevaliers dans une véritable situation de crise. Tighnari était démesurément protecteur de la faune et de la flore qui l'entourait, mais sa spécialité c'était d'en prendre soin, pas de recadrer des adolescents rebelles qui cherchaient juste à se prouver leur subversion. Taynara soupira, elle avait été un peu trop égoïste de vouloir le laisser gérer ça tout seul alors que ce n'était pas son rôle. Elle prit une petite photo de la scène avec son portable qu'elle envoya en vitesse à madame Vega, accompagnée d'un message, qui se chargerait de les punir doctement une fois qu'elle aurait trouvé leur identité. Déposant sa caisse de whisky, histoire de ne pas donner d'autres mauvaises idées aux gamins, elle sortit de sa cachette à grands pas, profitant de toute sa stature pour mettre un petit coup de pression aux impertinents.

- Moi, je le suis, préfète ! Si je vous vois lancer un seul autre caillou sur ces animaux je me charge de vous expédier à l'autre bout de la planète plus vite qu'aucun portoloin n'en aurait la capacité !

Tout de suite la réaction des adolescents était moins... impertinente. Ils voulaient une préfète, ils en avaient une, et pas une petite ! Pourtant, fidèles à eux-mêmes, ils firent de leur mieux pour n'afficher aucune autre émotion que la défiance, encore et toujours. Celui que Tighnari avait arrêté lançant quelques invectives épicées.

- Ouais c'est ça, tu vas faire quoi ? Nous courir après comme une ogre ? Aller, les gars, on se casse !

Petits, vifs, intelligents, le trio prit la fuite en se séparant en tous sens pour éviter d'être poursuivis sans que cela ne soit voué à l'échec. Taynara n'essaya même pas de faire semblant, de toute façon elle serait fichue d'avoir des ennuis pour avoir frôlé un élève. Elle soupira simplement, s'approchant de l'enclos où les abraxans s'agitaient toujours dans une triste panique. Elle les regarda avec grande peine. Elle aussi s'était prise quelques cailloux durant sa courte vie. Elle était en colère.

- Les pauvres... Quelle bande de crétins. Ne t'en fais pas, j'ai envoyé une photo d'eux à Madame Vega, elle sera impitoyable.

Elle avait dit ces mots distraitement, sans regarder son camarade. Elle souhaitait que leur professeur soit impitoyable, ils le méritaient. Finalement, elle se tourna vers Tighnari et essaya de lui sourire. Autant arborer un visage agréable pour celui qui s'était interposé avant elle contre ces voyous.

- Merci de t'être interposé. J'aurai aimé intervenir plus tôt. Je ne sais pas trop comment les calmer... J'ai amené du whisky, mais je ne sais pas si ça suffira.

Tout en écoutant sa potentielle réponse, elle tourna les talons pour aller chercher ladite caisse d'alcool qu'elle avait laissé derrière les arbres. Elle la posa au sol devant la clôture, entre elle et Tighnari, dégaina une bouteille et essaya de l'agiter doucement devant elle pour attirer l'attention des abraxans.

- Petits, petits, petits... ! Aller, ils sont partis, regardez ce que j'ai pour vous !

Taynara était plutôt douée pour attirer l'attention des gens comme des animaux d'habitude, mais là les abraxans étaient bien trop agités -et on les comprend- pour se laisser si facilement calmés. Et si jamais on leur jetait à nouveau des pierres ? Ils avaient, quelque part, raison d'être méfiants, mais ça ne facilitait pas la tâche de la géante. Elle lança un regard vers Tighnari qui, en bon chef du club Nature et plus âgé qu'elle, avait une probable solution. Même si, avant de la lui présenter, il s'autorisa un petit cours sur ces créatures magiques que, elle devait bien l'avouer, Taynara ne connaissait pas dans le détail. Tout juste connaissait-elle leur appétence pour le whisky, histoire de leur faire plaisir, mais à part ça...

Et le plan de Tighnari se révéla très malin. En effet, les abraxans répondirent très vite au sifflement produit par le brin d'herbe. Madame Vega avait bel et bien dressé correctement ces animaux pour qu'ils ne soient pas complètement sauvages. Quelque part, tant mieux pour tout le monde. En espérant que les petites teignes n'aient pas vent de cette manière très efficace de les calmer, sinon ils s'en serviraient pour les tourmenter encore plus. Après, les deux étudiants pouvaient compter sur leur terrible enseignante pour leur faire passer toute envie de s'approcher à nouveau des enclos. Face au calme olympien rétabli par son aîné, Taynara siffla elle aussi, mais de stupeur.

- Eh bah ! C'est impressionnant ! Je vais essayer de t'aider, mais je sais pas trop siffler avec de l'herbe, moi. Tu penses que juste siffler fort ça passe ? Ça je sais faire ! Mais on va quand même essayer ta technique d'abord !

Et sans grande surprise, une fois le minuscule brin d'herbe amené, bon an mal an, à ses lèvres, elle tenta de siffler, mais ça ne se solda que par des projections de salive et une nauséabonde sensation d'être complètement ridicule. Elle baissa la tête, résignée, avant de commencer à contourner la clôture pour se rapprocher des abraxans récalcitrants ou sourds comme des pots, au choix.

- On va essayer de voir si siffler tout seul ça les calme.

Une fois à distance raisonnable des créatures toujours agités, Taynara plaça deux de ses doigts dans sa bouche -moyen le plus efficace qu'elle maîtrisait pour siffler aussi fort que possible- et souffla avec puissance pour produire un sifflement strident qui sembla raisonner à un kilomètre à la ronde. Sûrement que, même s'ils n'avaient pas été dressés en conséquence, les animaux se seraient arrêtés tout net pour deviner l'origine de ce bruit. Taynara ne perdit pas de temps et agita devant les créatures désormais calmées les bouteilles qu'elle avait apporté. Leur bruit distinct de verre qui s'entrechoque et leur couleur ambrée attira l'oeil de ces chevaux majestueux et un premier s'approcha, téméraire, de Taynara. Ni une ni deux elle débouchonna la bouteille et mit du whisky au creux de sa main pour attirer encore plus la créature une fois qu'elle lui présenta. Celle-ci, méfiante, mit un instant avant de s'approcher, de sentir, et de commencer à lécher le whisky.

- C'est bien, c'est très bien ! Complimenta Taynara avec enthousiasme.

Pour l'encourager dans ses efforts, et rassurer les autres abraxans, elle présenta la bouteille directement à la bouche de l'animal afin de lui y verser plusieurs gorgées qui furent très appréciées.

- Viens m'aider, les autres ne vont pas tarder à approcher et ils auront soifs ! Lança-t-elle à Tighnari.

Effectivement, l'odeur forte -que la géante détestait cordialement- arriva bientôt aux narines des autres abraxans qui approchèrent au trot pour recevoir eux aussi leur ration. Taynara fut bientôt assaillie par les chevaux impatients qui hennissaient et s'ébrouaient pour lui réclamer d'aller plus vite. C'était un spectacle très appréciable comparé à ce qu'ils avaient subi aux mains de ces cruels élèves.

Taynara observa avec grand intérêt comment Tighnari s'occupait, de son côté, des abraxans qui venaient à sa rencontre. C'était apaisant de le voir s'occuper d'eux comme ça. Taynara s'autorisa même à glousser en le voyant s'essuyer sur son pantalon comme s'ils étaient des garçons de ferme qui faisaient ça toute la journée ce que, au final, elle aimerait bien devenir, en vérité.

- Ils ne vont pas te lâcher si tu sens le whisky.

Ce qui pouvait être un bien comme un mal. Une demi douzaine d'abraxans enthousiastes autour de soi pouvait vite signifier des petites morsures sur les vêtements. Mais le jeune homme devait s'en ficher. C'était de notoriété publique que Tighnari s'occupait avec une immense et rare compétence et bienveillance des animaux et créatures magiques qu'il avait sous sa responsabilité. Toujours empathique, doux, sérieux, s'appuyant sur de solides connaissances, c'était tout naturel qu'il soit le président du club nature. La géante, de son côté, se voyait peut-être un peu moins adroite, patiente et compétente. Elle compensait comme elle pouvait par ses capacités physiques qui, Alléluia, étaient plutôt utiles dans ce domaine.

Mais ça ne faisait pas tout et Taynara fut bien surprise lorsque son ami remarqua, et lui fit remarquer, que certains abraxans étaient probablement blessés ce dont elle aurait pu se douter, mais en voyant tous les cheveux s'approcher et boire avec entrain elle s'était dit qu'ils devaient aller bien. Mais une fois au courant des réserves de son aîné, elle admit qu'effectivement certains avaient une démarche boiteuse ou se léchaient certaines parties du corps, ce qu'ils ne faisaient jamais d'habitude.

- Tu as raison, admit Taynara, le visage soucieux, elle ne nous en voudra pas de prendre soin de ces pauvres petits.

Elle passa par dessus la clôture sans effort, s'armant de quelques bouteilles de whisky pour faciliter les manœuvres, et le duo fut bien vite approché par leurs nouveaux meilleurs amis avides de plus de whisky pur malt. Taynara devait y aller plus doucement si elle ne voulait pas vider leur stock avant de s'être occupée convenablement des quelques blessés. Sacrifiant ses genoux qu'elle plongea allègrement dans la boue pour pouvoir être à leur hauteur, la géante tendit des mains remplies d'alcool au premier cheval qui avait l'air un peu mal en point. Effectivement, un impact visible de caillou lui avait ouvert le haut de la cuisse avant gauche. Dégainant sa baguette, Taynara murmura un « Episkey. » pour soigner cette petite plaie, même si le sort agita l'animal qu'elle dut caresser abondamment sur le chanfrein pour ne pas risquer un mauvais coup de sabot en pleine tête.

- Voilà, c'est bien... glissa-t-elle au pauvre animal.

Se tournant ensuite vers Tighnari pour voir comme il s'en sortait, elle se laissa aller à une plaisanterie maintenant que la situation était un peu plus sous contrôle.

- On va sortir d'ici couverts de boue et puant l'alcool. Je croise les doigts pour que ça ne jase pas trop !

Et ça pouvait jaser dans tous les sens avec une situation pareille. Que faisaient ces jeunes gens pour finir ainsi ? Sans compter l'évidente illégalité de la consommation d'alcool sur le campus ! Et Taynara ne se sentait pas la patience d'expliquer au moindre petit malin gloussant vers elle d'où ça pouvait bien venir. De toute façon, ce genre de rumeurs elle s'en fichait bien. Le principal là, tout de suite, était de continuer de soigner la poignée d'animaux blessés. Elle multiplia les génuflexions et autres contorsions pour ne pas oublier un seul endroit qui aurait pu être toucher. C'était un peu douloureux sur les bords, mais ils valaient bien ça, les magnifiques abraxans.

Effectivement, soigner les abraxans avaient réclamés à Tay une souplesse dont elle faisait rarement preuve et qui la rendait un peu fier sans qu'elle n'ose complètement se l'avouer. Elle avait lancé quelques sortilèges pour réparer les hématomes et les ecchymoses de ces pauvres animaux, pestant régulièrement contre leurs tortionnaires qui n'étaient plus là pour entendre ses gros mots murmurés dans la barbe qu'elle n'avait pas. C'était comme s'ils avaient jeté ces cailloux sur son corps à elle, qu'ils l'avaient tourmenté, elle. Taynara s'imaginait sans peine à la place de ces créatures, étant parfois aussi affublée de cette dénomination, et ça la rendait chèvre, tournant en boucle les images de l'agression comme pour les graver et se souvenir de ces crapules qui n'avaient aucun respect pour ce qui vivait.

Pour la salissure, elle ne s'en souciait qu'à moitié, en vérité. Voilà un an qu'elle avait rejoint ce cursus universitaire et les cinq années précédentes elle avait suivi l'option des soins aux créatures magiques. La boue sur ces vêtements étaient devenus la norme. Elle avait même appris un petit sortilège pour se débarrasser du plus gros sur ses vêtements, mais devait quand même passer à la laverie de l'école pour tout nettoyer en profondeur. D'aucun dirait que la douceur de sa peau venait de ces heures entières passées à s'occuper des animaux, mais bon, si vous lui demandez elle niera, préférant honorer la crème confectionnée par sa grande-tante, secret de famille bien gardé.

- Ah ça, nous on ne craint pas de se salir les mains, qu'on vienne seulement nous affirmer le contraire !

Parce qu'il y en avait, dans le cursus des Monstres & Créatures Magiques, qui rechignaient à mettre un pied dans les enclos de peur de se salir. Ceux-là voulaient plutôt s'orienter dans des métiers de col blanc, dédaignant l'essence même de ces études, du point de vue de Taynara ! Mais bon, lorsqu'elle sera au chevet des plus beaux dragons du Canada, elle s'en souciera peu, de ces pisse-froids. La remarque de Tighnari la fit rire en tout cas.

- Je m'y intéresse plus que ce qu'il faudrait, mais cette année au moins je peux sortir l'excuse de la préfète ! Je fais ça pour le travail !

 Elle n'avait pas franchement honte de ses défauts, et c'était sûr que son souci de l'opinion des autres en faisaient toujours un peu partie. Non pas que son ventre se tordait en imaginant qu'on se moquait d'elle, mais ses oreilles traînaient quand même de temps à autre, pour se tenir au courant, au grand dam de ses proches qui préféreraient qu'elle lâche définitivement l'affaire et se concentre sur son propre contentement, mais les people pleasers sont souvent têtus comme ça, même malgré eux.

Dans tous les cas, une bonne dizaine de minutes de travail et les abraxans étaient plus ou moins remis sur pied. Toujours choqués comme pas permis, évidemment, s'ébrouant, agitant les pattes, s'enfuyant quelques mètres plus loin avant de s'approcher de nouveau précautionneusement. Ils avaient réclamé une sacrée patience à nos deux amis, mais ça avait fini par payer. Taynara put enfin se relever et son dos craqua comme une coque de barque.

- Oulah... Je me suis relevée trop vite !

Là aussi elle s'en amusait plus qu'autre chose. Connaissant bien son corps, ce n'était pas un craquement inquiétant, mais quand même, double séance d'étirements obligatoire ce soir ! Regardant la petite caisse remplie de whisky qu'elle avait posée à-même la boue, elle acquiesça en direction du chef de son club.

- Y'en a toujours, la caisse est remplie. Je pense que Madame Vega l'a enchantée pour qu'elle se remplisse au fur et à mesure, ce qui veut dire que sur ce campus il y a une réserve de whisky colossale... Mieux vaut pas que ça s'ébruite, lança-t-elle avec malice.

Non pas qu'elle comptait trouver cette véritable caverne d'Ali Baba alcoolique ! Mais... Ce serait drôle de lancer quelques personnes bien choisies sur cette piste nébuleuse. Ah, elle se sentait importante d'un coup ! Elle adorait découvrir des secrets, ça lui donnait le sentiment d'être maligne ! Elle attrapa un duo de bouteille qu'elle tendit à Tighnari en s'approchant de lui.

- Et voilà. Regarde-les, eux aussi ils pensent mériter une récompense ! Ricane-t-elle en caressant la tête d'une des créatures.

Ouvrant la bouteille, reniflant son contenu par réflexe alors que ses mains sentaient déjà ce parfum à faire grimacer les enfants, elle versa de l'alcool au creux de sa large main pour la donner à boire au premier équidé, puis au deuxième, se trouvant bien vite encerclée et bousculée par les créatures.

- Mais, dis donc ! Chacun son tour ! Ah ça vous avez retrouvé des forces, ça se voit !