L’agent immobilier vient de vous laisser en tête à tête. Tu t’ennuies, et tu le fais assez vite remarquer à ton petit copain qui se tient à tes côtés. Certes, ta présence est surtout pour l’aider à choisir votre futur appartement à tous les deux, mais tu dois admettre que la procédure est surtout longue pour un logis que tu es loin de trouver impressionnant.

Les murs sont d’une teinte marbre à l’allure cassée, ils sont d’une tristesse sans pareil et la vue est loin d’être excellente. Qu’est-ce que tu t’y connais, toi, en vue ? Ce n’est pas comme si ta résidence pavillonnaire donnait sur un palace de verdure, au contraire. Tu ne peux t’empêcher de critiquer. C’est un peu ce que tu fais de mieux, râler.

Tu viens poser ta tête sur l’épaule de ton partenaire. Tu lui donnes un léger coup derrière le crâne, plus de manière à le provoquer qu’autre chose. Rapidement, tu t’éloignes pour éviter la pareille, mais, tu penses honnêtement qu’il ne compte pas te poursuivre. Il va simplement te faire la morale, et te dire d’arrêter de te comporter comme un enfant.

Dos au mur, tu te laisses glisser contre le placo, tu dégoulines. Fessier sur le carrelage, tu t’amuses un instant à te mettre en tailleur avant de reprendre, sans même te soucier de l’agent qui pourrait vous entendre depuis la salle de bain.

- Je me fais chier, homme. Viens, on fait un smash or pass le temps qu’il revienne. T’as pas le choix.

Tes ongles dessinent le carrelage dans un son inaudible. Tu ne mets pas pression sur ses derniers, tu dessines des formes, sans les marquer. Tu jettes un oeil curieux au balcon. Tu dois admettre que toi, les plantes, c’est pas spécialement ton truc. Tu dois éviter de dire que la seule plante que tu comptes arroser, c’est la sienne, mais, tu n’es pas complètement pervers.

- J’sais pas. Le temps que ça te plaise, j’ai envie d’dire, moi je m’en fiche. Rien peut être pire qu’un dortoir d’école de toute façon. Et puis, la salle est pas loin, donc genre, c’est un bon truc.

Tu es désormais en train de te concentrer sur le jeu, tu comptes bien passer le temps de manière efficace et surtout qualitative, les papiers, ça t’ennuie, l’immobilier de même. Forcément la première idée qui te vient est de proposer les professeurs, parce qu’il y a cette notion d’interdit qui rend la chose intéressante et surtout croustillante.

- On commence par nos enseignants. Alors, smash or pass, monsieur Leroy ? Et t’enchaînes, comme ça je réponds, direct. Tu dois dire pourquoi, bien sûr, sinon, c’est pas drôle.

Tu souffles du nez, amusé. Tu reprends vite, sans lui laisser le temps de répondre.

- En tout cas perso’, il est malaisant, mais directement, c’est un smash. Je sais que je peux genre compter sur un mec seul avec son chat pour passer un bon coup.

Tu ne peux t’empêcher de souffler du nez en l’écoutant parler de Leroy. Tu ne le dis pas, mais clairement, il est vrai que t’as clairement pas envie de l’entendre parler, encore moins de son chat pendant l’acte. Quel enfer. En rétrospective, tu dirais sûrement pass, mais c’est plus le moment pour revenir en arrière.

- Ah ouais, nan, va pas non plus falloir t’amuser à prendre ton petit temps. Je sais que Dimitri, les blonds un peu edgy, c’est ton type, mais quand même. Faut qu’on enchaîne, c’est un appel, pas une conférence de presse qu’il passe.

Tu viens fouiller dans une des poches de ton jean, avant de réaliser que ton téléphone est dans l’autre poche. Sans faire mine de rien, tu le récupères. Tu te mords la lèvre, pour te concentrer sur ton code avant d’aller chercher dans tes contacts. Rapidement, tu trouves ce que tu cherches.

- Ok, ok. J’ai sous les yeux la liste des membres du club d’Archerie. Je te donne cinq noms, tu réponds dans la foulée. T’es prêt ?

Un rire vient s’échapper de tes lèvres, en voyant les noms. Tu lèves la tête avant de reprendre avec aisance.

- Au passage, perso’, c’est un pass un peu clair et net genre. Nan, juste nan, j’suis pas une daronne pour vouloir me taper le sosie leader price de Leonardo DiCaprio. Pour Dimitri, je veux dire.

Tu hausses un peu les épaules avant de finalement reprendre la lecture.

- Du coup. Dans l’ordre. Hanzo Shimada, Gorou Inuzuka. On a aussi Aaron Michel Jeong de son nom complet, Ying Wei et pour finir Arthur Kirkland, le frère de Keith. On fait que les mecs, je suppose, hein.

Tu ne peux t’empêcher de lâcher un rire bien gras en l’écoutant, surtout en rapport avec sa manière de parler. Ton téléphone, tu le poses à côté de toi tandis que ton genou remonte de manière à ce que tu prennes appui dessus avec ton bras.

- Tu veux pas répéter plus fort que t’aimes les hommes ? Je suis pas sûr que les voisins ont entendu.

Tu écoutes désormais ses propositions, précédées par ses différentes réponses. Il te donne un peu la vie dure. Certes, tu travailles avec eux mais concrètement, tu n’es pas du genre à retenir le nom du premier qui vient t’adresser la parole. Tu prends ton temps pour visualiser les personnes.

- Xingqiu, c’est un pass direct. Tu ne peux pas faire plus facilement l’exemple du meme de Hooter là, genre de cheveux bleus avec des pronoms. J’aime pas spécialement la façon dont il parle non plus. Yūta, en revanche, je considère un peu plus la chose. Smash, mais, genre, généreux. Il n’est pas moche, quoi.

Tu mets ta tête en arrière, déposant l’arrière de ta nuque contre le placo. Le soleil d’Hiver frappe sur tes yeux, tu fais cligner ces derniers, le temps de t’y habituer. Le plafond, tu le dessines du regard, te laissant le temps de réfléchir.

- Diluc, je sais pas. Peut-être, tu sais quoi ? Ouais, on va dire smash. Je me demande s’il est aussi chiant au lit que dans le conseil. Aussi, tu penses que le tapis matche les rideaux ? Nan, réponds-pas. Pas sûr de vouloir savoir, en fait. Et le dernier… Em… Ah ouais, Kazuha. Bah, je vais te dire, vu comment il est, je pense que c’est une étoile de mer au lit. Un peu comme toi. Pass rec-di.

Tu le provoques un peu plus. Le trafic vient créer un bruit blanc, dans le fond. Discret bruit d’ambiance, tu lui offres un sourire taquin, prêt à recevoir une petite insulte au passage.

- Allez. Va plutôt me faire ton équipe de Quidditch. Doit y avoir Luciano, Alfred, déjà. Après, je sais pas. Le blond, là. Le mec de Berwald, comment il s’appelle ? Bref, tu sais sûrement mieux que moi.

- Le groupe de chinois ? Ah ouais ? On en est à ce stade ? Je savais pas que monsieur était raciste. De mieux en mieux.

Il te faut un peu de temps pour visualiser de qui il parle. Tu connais pas mal de monde, certes, mais pas à un stade où tu peux t’avouer un connaisseur de toute la population d’Ilukaan.

- Je suis vraiment pas cheveux longs. Je dis pas que c’est genre. Un tue-l’amour non plus, mais ce n'est vraiment pas mon truc. Je dirais qu’entre les quatre…

Tu te mords légèrement la lèvre en réfléchissant. Ah, sur le coup, il doit l’admettre, le brun lui pose une sacré colle. Hua Cheng, tu ne le connais pas vraiment, en dehors du fait qu’il n’a pas l’air d’être de bonne compagnie. L’autre là, avec les crocs sinon. Ouais, ça répond pas mal à la question, te connaissant.

- Je connais pas assez Pei Ming et Ying Wei pour dire. Toi, vas-y dis pour eux deux. Les deux autres, c’est clair et net, c’est un pass. Nan, c’est juste pas possible, de ce que j’en ai entendu des dernières soirées action ou vérité, c’est mort.

Tu regardes un peu plus en détails l’appartement avant de finalement commencer à traîner des pieds sur le carrelage. Vous venez à peine de commencer et pourtant, le temps que le mec de l’agence d’immobilier prend dans la salle de bain te paraît interminable. Tu ne peux pas t’imaginer de quoi il parle.

- Bon, t’as oublié d’autres membres aussi. T’es le président, t’es censé savoir qui y’a dans ton équipe, au minimum. En fait maintenant que j’y pense, je connais que Claude de plus. Smash direct pour lui. Quand il veut. Sinon t’as qui d’autres… Aryu. Harry, il est trop jeune. Enfin, j’crois. Berwald, Louis, aussi, niveau quidditch.

- Ah. Tu sais choisir des gens pour me plaire. On a déjà passé Barbaren ? Sinon, tu dois te le taper. Désolé, t’avais qu’à pas oublié.

Tu ne peux que visualiser les cours de ces dernières années, en train de te rappeler la manière dont ils se comportent. Tu dois admettre que c’est loin derrière toi les cours habituels, de botanique ou de sortilèges. Tout ce qui concerne le cursus commun, finalement.

- Leonhardt et Black, c’est mort. J’aurais plus d’actions avec leurs plantes que ce qui sert d’étoile de mer aux serres. Sans parler, clairement, j’ai envie de te dire que leur esprit est carrément ailleurs.

Ceux-là d'éliminés, tu considères un peu plus les différentes options qui te sont proposées. Un de tes types notables sont clairement les loups gris, alors, plus c’est vieux, mieux c’est. Donc, bon. Clairement tu as le choix. Enfin, tu dois admettre qu’il y a une rose dans ton champs de possibilités. Tu la saisis et tu te reprends.

- Professeur Harper, huh. Je dois admettre que son élégance est difficilement égalée, mais je ne suis pas pour ce genre de féminité bien propres. C’est un pass pour moi.

Tu t’amuses à tourner des genoux, ta jambe tremble un peu, comme impatient d’en finir. Tu t'occupes de l'esprit, mais pas du corps. Tes yeux sont sur la porte des toilettes, de la salle de bain, sans le réaliser. Bruit blanc du téléphone, tu tentes d’écouter sans réellement chercher à comprendre.

- Vanderey, boulot. Clairement. Désolé de l’opinion impopulaire, mais c’est grave mon genre d’homme. Tu me diras t’as un peu son charme, le type droitard au premier abord. Homosexuel de droite un peu.

Un peu plus de provocation, de teasing, tu souffles du nez, amusé.

-  Pareil pour Rivii. Je suis sûr qu’il aime les mêmes choses que toi, en plus. T’as oublié Nordskov dans le même genre, mais lui, je suis pas sûr qu’il m’approche, même si le côté marié est un plus. Han, je sais pas trop, je ne le connais pas assez pour savoir.

Tu marques une petite pause pour reprendre.

- Allez. Tu devrais faire le groupe de potes là, Scott, Simeon, Solomon, Carmin. Ajoute Keith, pour pas que je tombe dessus.

- Attends, Simeon, le Simeon… c’est pas ton genre ? Tu veux dire, le mec que tout le monde objectifie dans l’école ? Nan. Tu plaisantes. Je te crois pas. Tu dis ça car tu veux me flatter.

Dérangé par le son d’une notification hooter, tu portes tes yeux à ton téléphone. Rien de spécial, une recommandation. Tu mets ton téléphone en silencieux, avant de le mettre en veille. Au pire, ça vibrera si on a vraiment besoin de toi, là tout de suite, tu as la discussion la plus importante de ta vie avec ton petit copain. Rien de plus urgent qu’un smash or pass.

- Honnêtement, si je les ai pas cité c’est que y’a une raison. Nan, m’sieur Oakenshield, encore tu vois, il a un côté un peu brute de décoffrage, un petit charme qu’on peut apprécier donc vraiment je vais dire smash mais les deux autres. Ouais. Goetia… Sérieusement ? Et l’autre…

Tes mains reviennent sur tes genoux, pour y trouver un perchoir, mais cette fois, c’est un appui que tu prends. Tu finis ta phrase, longuement, avant de tenter de te relever.

- Uh. Kitsuragi, je sais même pas quoi dire à son sujet. C’est d’un extrême à l’autre, et pas d’une bonne façon.

Un bâillement, peu discret, presque dirigé à la porte blanche assez fine de l’autre côté de la salle. Tu t’étires, lui montrant une once de ton bassin désormais découvert. Peu après, tu te rhabilles correctement, de manière à être présentable quand il revient. Tu fais les cent pas.

- Tu peux pas me faire ça, c’est comme si je te demandais si tu voulais smash or pass ton petit frère, ça va pas. Le gang c’est la mifa. Même si je suis genre… Jamais là. Je suis un peu le cousin éloigné. Je savais même pas qu’Ichigo était dedans. Pass pour Aoki, Itto, les trois quoi.

Tu commences à faire les cent pas, clairement, tu n’es pas le plus discret - ni même du genre à vouloir l’être, quand il s’agit de cacher ton impatience. Tu traînes un peu des pieds, avant de vite réaliser que tu pourrais faire des traces alors, tu t’arrêtes. Tu commences un peu à ne plus avoir de noms en tête.

- Attends, attends, laisse-moi réfléchir aux anciens conseils, tout ça. Putain, commence déjà par les tic et tac d’Ilukaan. Laurent et Damen. Je sais même plus lequel était président. Les deux, j’crois.

Tu ne peux t’empêcher de rire un peu en t’écoutant toi-même. T’es vraiment trop marrant, tu mérites un grammy, mais genre pour les humoristes, en fait.

- Demi-portion de Karkat aussi. Il est sympa. Puis j’ai pas envie de tomber sur lui, pour être honnête. Je devrais avouer un smash un peu honteux. Y’avait Lucifer aussi… Tamaki, ça me dit un truc. Le blond, t’sais là. Au pire, on s’en fout de s’ils l’étaient ou non.

- Tu sais les deux en même temps, c’est pas une mauvaise option non plus. Je veux dire, je comprends. Damianos… J’y pense, c’est tout ce que je dirais sur le sujet. Je veux pas non plus te complexer.

En continuant de l’écouter tu ne peux t’empêcher de grimacer de manière claire et nette en écoutant la totalité des noms dont Moon est en train de dispenser. Les chevaliers ? Là, c’est clair, il te cherche un peu, mais pour être tout à fait honnête avec toi même, c’est de bonne guerre.

- Nan, mais tu veux ma peau. Le club de débat ? Le club sans ébats surtout.

Tu te mets à la fenêtre. Avec ta main gauche, tu trifouilles le store de la salle pour voir un peu comment il fonctionne. Tu te pinces les lèvres entre deux de tes incisives. Tu notes mentalement qu’il semble peu stable - tu devras prévenir le brun avant qu’il prenne sa décision.

- Nan c’est bien le roux Gabriel ? Ouais nan, lui, Riddle ou Komaeda, c’est mort. Y’a absolument pas moyen, même le temps d’une soirée. L’autre là… Yao, c’est ça ? Je sais pas qui c’est, pour être honnête, mais vu son groupe, on va partir du principe qu’il est insortable, aussi.

Puis vint le nom d’Hajime. Tu penches un peu la tête, comme pour y réfléchir. Tu mesures le pour et le contre avant d’en venir plutôt rapidement à une conclusion.

- Ok, honnêtement, en vrai de vrai… Smash. Mais genre, oh s’il pouvait ne pas parler tout du long ça serait parfait. J’en ai déjà assez d’un mec grognon, alors deux, t’imagines pas.

Tu relâches le store, avant de regarder par la fenêtre. Rien d'intéressant avec une ou deux voitures qui passent. Vue sur une intersection, mouettes pour représenter l’océan. Enfin, le golfe, celui du Saint Laurent.

- Je suis en train de racler mon cerveau pour essayer de trouver des noms restants, on en est à ce stade. Ouais… Euh. Y’a Lance. Putain, y’a aussi les frères de Lucifer. J’ai que Belphegor en tête.

Tu claques des doigts, quand dans l’espoir qu’un des tics te fait te souvenir mais rien.

- Putain, mec, on a oublié Lovino dans les présidents aussi. Y’a les deux frères là. Celui qui est clairement de droite et l’autre avec des cheveux bleus et des pronoms. Diluc et Kaeya. Je suis même pas sûr qu’il reste des gars dans cette école après ça.

- Ah ouais je vois le genre, putain, tu m’as expédié la moitié de la liste d’un coup. Bon, j’abuse un peu mais tu vois le genre. Déjà, je peux te dire que le mec là, Baset, c’est un pass. Clairement, tu le vois, t’as envie de le baffer déjà. Il est marrant par contre.

Le vent souffle contre la verdure que tu aperçois au loin. Une diaspora de lumière tandis qu’elle se reflète sur les feuilles d’un arbre du centre-ville. Tes yeux se posent sur cette dernière, et tu trouves un certain confort en ce paysage.

- Ah… Euh… On disait du coup. Lélio et Finnegann… Je sais pas. Tu sais, ça fait cet effet où t’as l’impression que tout le monde est bien plus jeune que toi. Enfin, je suppose que c’est le cas. Le sentiment de devenir un adulte, de vouloir se poser. C’est un pass du coup.

Printemps qui débute, tu finis par te tourner vers lui. Tu t’installes à ses côtés, silencieusement. Tu ne le dis pas, mais clairement, tu réalises peu à peu que cet appartement te plaît - et qu’il y a des chances qu’il soit le vôtre, dans quelques années. Tu ne traînes plus des pieds, tu profites simplement du moment.

T'approchant, tu sembles reconnaître ce qui semble être la fin d’une conversation. Tu soupires un peu, tu te dis que tu dois accélérer un peu le rythme, de quoi finir à temps. Bruit d’une main qui se pose sur la porte des toilettes, comme pour se préparer à sortir, mais toujours au téléphone.

- Pass pour Francis. Ce n’est… que le moi, le Henry du passé. Je ne vois que ça. C’est stupide, pardon. Je pourrais en dire de même pour les deux autres, le cycliste là, Owen et même Bill. Ils me rappellent la personne que j’étais. Et il n’y aucun trait attirants chez eux - chez moi.

Tu baisses un peu les yeux avant de soupirer. Tu réalises peu à peu que tu t’en fiches de ce jeu. Et c’est blasant, car ça t’amusait si souvent, avant. La poignée s’ouvre et tu succèdes dans ton train de pensée, en l’interpellant.

- Il nous manque l’ami d’Aoki, Tyli. Tu peux rajouter le rouquin fougueux là, Ajax, je crois. Parle d’un nom de merde. Je sais pas après, Felix ? Je le connais pas mais j’entends son nom de temps en temps. Baizhu dans le même genre. Tu peux faire Zhongli aussi, j’arrive pas à voir qui c’est.

- Je suppose que c’est le plus important, oui. Je suppose que… ça me fait peur, tout ça. Me dire que je vais bientôt quitter l’école. Devenir un adulte quoi.

Tu souffles du nez. Tu poses tendrement ta tête contre son épaule, un instant. Moon est là. Tu ne sais pas vraiment s’il peut t’aider - à affronter la vérité, le futur approche. Dans ton cœur, c’est le vide. Une anxiété. Un doute. Est-ce que tu l’aimes vraiment ? Ah. C’est ce moment de la relation. L’envie de partir, sans jamais lui reparler.

- Oui, arrêtons-nous.

Tes mots sortent de ta bouche, comme si tu parlais à la fois du jeu, mais aussi de ta relation. Une pensée que seul toi ne pourrait ressentir. Le son de la voix de l’agent immobilier qui annonce son retour. Retour à la réalité. Brutalité que tu voulais esquiver.

- … Je pense… que l’appartement me plaît, en tout cas.

Et pourtant. Tu lui confirmes que tu veux t’installer. Tu veux tenter de te poser, de surmonter les obstacles et lui laisser une chance. Bien entendu, tu n’es pas sûr de toi, loin de là. Mais c’est déjà un bon point : tu tentes de faire l’effort, d’essayer. Si tu veux être honnête avec toi-même, peut-être qu’il y a un peu de responsabilité personnelle qui se mêle dans le tas. Un sentiment, celui qui te souffle “Tu n’as pas le choix.”

L’homme revient, comme un colosse dans ses terres paisibles. Il s’excuse, ses mots que tu ignorais, presque ennuyé par ces derniers, maintenant tu les écoutes. Tu te tiens droit, la tête levée.

Le début d'un nouveau chapitre.