Henry est né à Sydney, en Australie. Dernier né de la famille Eilenberg, c'est dans la ville la plus peuplée de l'Australie que le jeune homme a été élevé. Il y a vécu avec ses parents et sa plus grande sœur dans une maison d'un quartier pavillonnaire de banlieue, bien loin donc du centre agité de la commune Canadienne.

Ses parents pouvaient se permettre d'y vivre : en effet, monsieur était un sorcier travaillant dans les affaires du ministère de la magie Canadienne, tandis que madame, quant à elle, était une ancienne olympienne. Cette dernière était principalement connue pour avoir remporté la médaille de bronze ou d'argent dans quelques compétitions en athlétisme et qui, après sa trentaine, s'était reconvertie pour ouvrir une des premières salle de sport sorcière d'Ontario. Un foyer bien loin du seuil de pauvreté, parfait pour l'éducation de deux nouveaux jeunes sorciers dans une maison sans grande saveur, classique des séries télévisées de la fin des années 90, mais qui faisait largement l'affaire. Il y avait bien entendu une petite parcelle qui servait de jardin. Jardin qui avait donné au père de notre Henry une source de compétition tout le long de son séjour dans la maison contre le voisinage. Une vie bien classique et surtout proche de ce qu'on imagine du cliché des familles nucléaires natives du capitalisme océanien.

Henry était un enfant comme les autres. Il aimait jouer avec les enfants du quartier, il se montrait déjà comme un enfant très sociable et surtout très actif. Doté d'un sens du risque à toute épreuve, il n'était d'ailleurs pas rare qu'il se blesse en jouant, à force de courir dans tous les sens sans faire attention. Il était d'ailleurs dès son plus jeune âge un adepte de la grimpette. Ses parents lui rappelèrent jusqu'à ses quinze ans la fois où ils avaient dû appeler les pompiers pour le faire descendre d'un arbre dans lequel il s'était perché et était resté coincé après une bonne heure de pleurs, un souvenir bien honteux pour le blond. C'est aussi à cette époque qu'il a commencé à se passionner pour le quidditch, ne manquant jamais une occasion de regarder un match avec sa mère et sa sœur. Ces deux dernières lui en apprenaient beaucoup sur le sujet qui le passionnait bien plus que les livres de cours.

En parlant de ça, pour ce qui est de l'école, elle fut ce qu'on peut qualifier de lambda. Ses premières années à l'école furent difficiles, certes, mais rien d'insurmontable. L'école fut compliquée pour le jeune Henry dans le sens où il avait du mal à tenir en place, plutôt que réellement pour un problème d'intégration. Il avait ses difficultés en cours, mais rien de spécialement inquiétant. Comme tout garçon d'entre cinq et neuf ans, il lui arrivait parfois de se faire punir suite à une altercation pour des affaires de billes volées ou d'autres sottises de la sorte, mais rien de spécialement marquant au point de se démarquer dans sa mémoire. Ses disputes avec sa sœur, Marie, l'étaient un peu plus, de marquantes. Ils se disputaient souvent, surtout parce que s'était formée une sorte de compétition pour savoir qui allait rendre plus fiers leurs parents. Ce n'était pas aidé par le fait que ces derniers avaient de grandes attentes pour leurs enfants, et dès leur plus jeune âge, leur mettait une certaine pression sur le plan scolaire.

Cependant, un problème se présenta rapidement aux deux. Sa soeur, envoyée à Ilukaan quelques années avant, excellait en cours, contrairement à Henry qui n'était pas des plus académiques. Ce fut pour cette raison que ses parents décidèrent de l'inscrire dans différents sports, de manière à ce qu'il se trouve une vocation dans le milieu. Ce fut donc aux alentours de huit ans et demi qu'il trouva ce qui lui plaisait réellement : le tir à l'arc. Bien sûr, bien que rassurés, ses parents ne relâchaient pas la pression, que ce soit dans le milieu scolaire comme le milieu sportif. Il fut d'ailleurs incité à commencer à s'entraîner à la compétition dès son plus jeune et sans mentir, il se débrouillait. Il était même assez bon pour son âge et s'imposa comme une des jeunes révélations de l'archerie dans la région de l'Ontario.

C'est aussi dans les environs de cette année que vint la question de la magie. Il y était préparé, mais la première manifestation fut une surprise assez agréable. Ce fut lors d'une soirée d'orage. Le courant était coupé depuis plus d'une heure et Henry regardait le ciel depuis la fenêtre de sa chambre depuis bien plus d'une heure. C'était dans cette ambiance paisible que notre jeune sorcier avait réussi à créer une légère source lumineuse pour illuminer la pièce qui s'était plongée dans un sombre-obscur uniquement dérangé par les éclairs qui illuminaient dans un flash lumineux la pièce. Dès lors, la question ne se posait plus, c'était Ilukaan qui était prévu pour leur enfant. Principalement dû au prestige de l'école, mais aussi par pure fierté puisque les deux y avaient côtoyés le directeur actuel lors de leurs années d'études, étant deux élèves venus de la maison Lupy, ce qui avait bien plus d'importance à leur époque que de nos jours.

Ilukaan donc. Une école pas si loin de la maison finalement. Sans mentir, même avec ce fait dans la tête, Henry avait eu bien du mal les premières années. Loin de ses parents et loin d'être forcément le plus autonome, la vie en dortoir fut difficile dans un premier temps. Il arrivait cependant à se faire des amis, l'intégration ne fut jamais un problème. Ce qui finit par changer fut son approche des cours. Il avait progressé dans ce monde, celui de la magie, qu'il ne connaissait qu'en théorie auparavant. C'était bien plus intéressant à ses yeux que les ennuyeux cours de grammaire anglaise qu'on lui avait enseigné jusqu’alors. Il ne fallait pas se méprendre, il n'était pas non plus un bon élève, et il travaillait principalement dans les matières qu'il avait envie d'étudier. C'est-à-dire, le plus souvent, celles qui concernaient une utilisation de la magie plus directe comme les sortilèges, la métamorphose ou encore la défense contre les forces du mal.

Sa relation avec sa sœur s'était améliorée une fois à l'école. Après tout, dans leurs voies respectives, il n'y avait plus cette compétition constante entre les deux pour savoir lequel plairait à papa et maman. D'ailleurs, Henry décida de lui-même et poussé par de nombreux amis de consulter le psychomage de l'école pour lui parler de la pression que ses parents lui imposaient. Après un long temps, il finit par en parler avec ces derniers qui furent très compréhensifs. Ils ne voulaient que le bonheur de leur fils, et bien qu'ils le poussaient encore un peu après cela, ce dernier se sentait plus soulagé et surtout plus libre. C'est ce dont il avait besoin au fond de lui.

Sa sœur venait de quitter l'école à la fin de sa cinquième année, et sa sixième année fut la première instance d'un réel détachement complet de sa famille. C'était un peu dur, mais il s'y fit assez rapidement. Ses études se déroulaient et bien que ses notes n'étaient pas les plus hautes, il s'en sortait avec une bonne moyenne. C'est d'ailleurs en redoublant d'effort qu'il put rejoindre un cursus universitaire dans l'école Canadienne. C'était celui qui lui plaisait ; Sports et Jeux magiques. Avec désormais moins de cours, mais toujours plus d'activités, il se disait qu'il pourrait bientôt rejoindre l'équipe de Quidditch en plus de continuer le tir à l'arc. Il était ravi. Son histoire venait de réellement commencer.

Trophées en main, il avance avec une détermination sans faille, rien ne semble pouvoir l'arrêter dans sa quête incessante de victoires. Il enchaîne les compétitions les unes après les autres, se rapprochant de plus en plus du podium olympique tant convoité, un rêve ardent qui brille dans ses yeux et qui devient de plus en plus intense à mesure que le temps passe. Inspiré par les exploits de sa mère, il suit ses traces avec une assurance croissante. Non content d'exceller personnellement, il endosse également le rôle de formateur pour les plus jeunes membres de son club, démontrant qu'il ne manque aucune compétence, qu’il ne lui manque aucune corde à son arc.

Cette euphorie, cet été empli de vie et d'espoir, ne sera pourtant pas éternel. Un jour, quelque chose s'est brisé en lui lors d'une soirée à l'Another Round. Peut-être que ses sentiments pour son meilleur ami en sont la cause, qui peut vraiment le savoir ? Une période de questionnements intenses s'ensuit, marquée par une profonde introspection et une absence notable de réponses claires à ses interrogations. Il se demande ce qu'il est réellement, pourquoi il ressent ce désir de plaire aux hommes, et bien que cette période le hante encore, elle a laissé des marques indélébiles.

Un cœur brisé, lors d'une soirée anodine entre amis, a laissé place à une amitié préservée et à des leçons précieuses apprises sur lui-même, sur les autres, et sur l'image qu'il renvoie. Malgré ses blessures intérieures, il se sent plus sain qu'il ne l'est vraiment, et prêt à explorer de nouvelles avenues pour trouver l'amour après cette déception sentimentale. Alors qu'une nouvelle rentrée s'annonce, il décide de se concentrer sur des aspects plus personnels lors de ses séances avec sa psychologue, notamment sur la question de son identité sexuelle et de ses relations avec les hommes.

Dans ce contexte, un homme en particulier émerge : un étudiant coréen qui l'aime sincèrement. Leur rencontre, marquée par des larmes et des efforts communs, est empreinte d'une sincérité que Henry peine à comprendre, ne voyant pas immédiatement qu'il y a plus que l'attraction physique. Face à ses propres incertitudes et à la peur de la routine, Henry, parfois pris au piège de sa propre immaturité, lutte pour ne pas gâcher cette nouvelle opportunité. Bien qu'il ait souvent joué le rôle de Don Juan, incapable de faire durer les choses, il espère profondément cette fois-ci pouvoir aller au-delà de ses habitudes passées.

À la fin de l'année, le divorce de ses parents sème le chaos dans sa vie. La peur d'être abandonné se fait de plus en plus intense, le poussant à vouloir abandonner les autres avant qu'ils ne puissent lui faire du mal. Seul face à ses démons et face aux hommes, il se retrouve dans une spirale d'insécurité et de doute. Lorsqu'il est seul avec son partenaire, il ferme les yeux pour tenter d'échapper à ses tourments, mais lorsqu'il les rouvre, il se retrouve dans les bras d'un autre, submergé par ses excès de luxure.

Cette errance se voit brusquement interrompue par un appel de l'hôpital, le confrontant à la réalité brutale : il manque de perdre celui qu'il aime. Cette expérience choc agit comme un électrochoc. Il ne peut plus continuer ainsi, il ne laissera pas cette spirale autodestructrice prendre le dessus sur sa vie. Résolu à se reprendre en main, il décide de se reconstruire, de mettre fin à ses comportements autodestructeurs et de se battre pour préserver ce qui lui est cher.

Depuis le divorce, il n'a pas revu son père et refuse de lui parler, ne souhaitant même pas entendre mentionner son nom. Bien qu'ils ne soient pas complètement en silence l'un envers l'autre, aucune initiative n'a été prise de part et d'autre pour résoudre leurs différends. Les non-dits persistent, laissant entre eux un fossé qu'aucun des deux ne semble prêt à combler. Pendant les vacances, il se réfugie chez sa mère, trouvant en elle un semblant de stabilité. Quant à son père, il restera absent même lors de l'événement le plus crucial de sa vie, lorsque celui-ci représentera l'Australie dans une compétition d'envergure internationale.

Il vient de décrocher son diplôme et, simultanément, a été accepté pour poursuivre son rêve le plus cher. Cependant, malgré cette étape marquante, il est préoccupé par le déclin silencieux de sa mère, qui sombre doucement dans l'alcool. Cette situation le tourmente, d'autant plus qu'il ne peut s'empêcher de penser à l'homme qu'il aime, et de s'imaginer à la place de sa mère, se demandant s'il pourrait lui aussi céder à cette habitude destructrice de boire en plein jour. Les pensées de cet être cher se superposent à celles de son père, créant en lui un tourbillon d'émotions complexes. Sa concentration vacille, une tension palpable se fait sentir alors qu'il s'apprête à tirer.

Sous le soleil ardent de Paris, il se retrouve à concourir aux Invalides, devant un public composé du monde sorcier entier. Ses pensées troublées le distraient et, au moment crucial, il commet une erreur fatale. Éliminé dès le premier tour, lors des 32èmes de finale, il voit son rêve s'effondrer devant ses yeux. Pas même une médaille de bronze pour atténuer la douleur de cet échec, aucune chance de prouver à nouveau sa valeur. Malgré la déception écrasante, il affiche une façade de fierté devant les caméras, cachant sous un masque de dignité les tumultes intérieurs qui le consument.

À l'horizon, une tempête semble se profiler, annonçant des bouleversements à venir. Pourtant, pour l'instant, il choisit de s'isoler. Avec les économies qu'il a précieusement mises de côté, il s'offre des vacances bien méritées : un road trip de deux semaines à travers l'outback australien. Sans prévenir quiconque, il coupe tout contact en éteignant son téléphone, se coupant du monde pour un temps. Cette rentrée s'annonce comme une période de changements radicaux, une véritable révolution où des décisions difficiles seront prises et des conséquences inévitables.

Mais pour l'instant, il savoure la quiétude de sa solitude, accompagné de quelques amis d'enfance, retrouvant un peu de paix et de réconfort dans la vaste étendue sauvage et désertique. Les têtes tomberont quand il aura décidé de les faire tomber.

(c) Ilukaan