Mont Kumotori, Arrondissement d’Okutama, Préfecture de Tokyo, Japon
─ 21 Janvier 2016

Ses joues ainsi que le bout de son nez, rougis à cause des basses températures, se faisaient mordre par le froid de l’hiver. Chacun de ses pas marquait l’épais manteau de neige, témoignant ainsi de son passage sur cette route qu’il connaissait par cœur. Tanjiro l’avait emprunté quelques heures plus tôt, lorsqu’il avait entamé une balade matinale. Sa mère, Kie, lui avait demandé d’aller chercher un peu de bois pour le feu de cheminée, chose qu’il avait acceptée avec beaucoup d’entrain.

Sans doute était-il un peu jeune pour accomplir ce genre de tâche. Cependant, Il était l’aîné de la famille, ce qui lui demandait d’être déjà assez autonome pour aider ses jeunes frères et sœurs qui eux, ne l’étaient pas. Laisser toutes les tâches à sa mère n’était pas envisageable. Son défunt mari, qui avait succombé suite à une maladie des poumons il y a quelques années, n’était plus là pour l’aider, il fallait donc quelqu’un pour assurer ses arrières.

[...]

Alors qu’il était presque arrivé chez lui, Tanjiro se figea.
Une horrible odeur de sang envahissait les alentours. Cette dernière, omniprésente, l’obligea à venir se pincer le nez tant elle était forte.

Son instinct prit alors le dessus sur la raison, le jeune garçon se délaissa du panier en osier qui se trouvait dans son dos, les branches d’arbre contenues dans ce dernier s’étalèrent sur le sol dans un bruit sourd.

Ses pas et sa respiration s’accélérèrent alors qu’il se mit à courir aussi rapidement qu’il le put pour rejoindre sa petite maison perdue au milieu des arbres du mont Kumotori.

Le spectacle qui l’attendait glaça son sang.
La cadette de la famille, Nezuko, était fermement tenue par un jeune homme aux cheveux de jais. Son bras était lacéré d’une morsure par laquelle du sang s’écoulait.

Le reste de sa famille était figé à l’entrée de la maison. Les plus jeunes tremblaient de peur et pleuraient à chaudes larmes tandis que sa mère restait bouche bée face à la vision de sa fille dans un état pareil.

Tanjiro fut celui qui brisa le silence de plomb qui régnait en ces lieux. Un hurlement de peur mélangé à de l’inquiétude transcenda la montagne. Il se mit à courir en direction de sa jeune sœur blessée, mais il fut immédiatement arrêté par l’homme qui la tenait.

- Ta sœur s’est fait mordre par un loup-garou et elle en est devenu un. Je vais devoir l’emmener avec moi et vous faire oublier ce que vous venez de vivre.
- N-Non ! Je vous en prie… Je dois rester avec elle. Je ne peux pas l’oublier. Nezuko ne peut pas rester seule. Je ne peux pas me résoudre à la laisser dans cet état sans nous. Je vous en prie, permettez-moi de rester à ses côtés.

Le jeune homme aux yeux d’un bleu océan profond fit mine de réfléchir pendant quelques instants.

- Très bien. Je vous emmènerai au mont Sagiri. Vous serez dorénavant sous la responsabilité légale du sorcier Sakonji Urokodaki.

Un sorcier ?
Tanjiro écarquilla les yeux, pas sûr de bien comprendre le discours de l’homme. Il parlait de magie, chose qui n’existait pas dans le monde où il évoluait. Il n’osa cependant pas relever ce qu’on venait de lui dire, alors il resta muet, encore sous le choc de ce qu’il venait de se passer.

L’homme reprit la parole.

- Oubliettes.

Le regard des membres de sa famille se mit à changer alors qu’une sorte d’effluve surnaturelle se mit à envahir la maison. Cela dura quelques instants, pas plus de trois minutes.
Après que tout se soit dissipé, ses frères et sœurs ainsi que sa mère les regardèrent avec étonnement.

- Tiens, serait-ce des voyageurs perdus ? Venez donc prendre le thé. Je soignerai le bras de la petite.

Tanjiro sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il avait envie de prendre tout le monde dans ses bras, de pleurer et de leur dire convenablement au revoir. Il sentit sa cage thoracique au bord de l’implosion alors qu’il força un sourire.

De toute manière, il était trop tard.

- Merci pour votre proposition, mais il est temps pour nous de continuer notre route. Il marqua une pause. Surtout prenez soin de vous, je vous aime.

Il murmura la dernière partie de la phrase avant de se tourner vers l’homme et sa petite sœur blessée qui s’était endormie, avec un sourire rempli de tristesse.

- Allons-y.

Mont Sagiri
─ 24 Avril 2017


Tanjiro et Nezuko Kamado furent recueillis par le vieux sorcier Sakonji Urokodaki qui les prirent sous son aile protectrice. Après quelques démarches auprès du ministère de la magie japonais, il devint officiellement le tuteur légal des deux enfants, qui se révélèrent avoir du sang de sorcier dans leurs veines. Visiblement, un de leurs parents en était un, probablement leur père qui leur racontait des histoires extraordinaires lorsqu’ils étaient encore petits.

L’aîné de la famille n’avait alors pas halluciné lorsqu’à ses six ans, il avait réussi à faire voler du bois, rien que par la pensée. Il s’avérait être un sorcier, chose qu’Urokodaki avait déjà senti lorsque lui et sa sœur arrivèrent chez lui.

Le vieil homme ne ménagea pas le jeune Tanjiro qui se mit à pratiquer le Kendo sous l’œil strict de ce dernier. Les entraînements étaient tous les jours et s’accompagnaient au cours qu’il leur donnait au vu d’entrer dans un établissement scolaire magique.

Lorsqu’il en aura l’âge, Tanjiro entrera à Ilukaan, prestigieuse école de magie canadienne dans laquelle Urokodaki avait étudié plus jeune. En apprenant à manier la magie à sa guise, peut-être, pourrait-il trouver de quoi soulager sa petite sœur qui devait à présent faire attention aux soirs de pleine lune.

Bien qu’il soit réticent à l’idée d’être un sorcier, aider Nezuko était son but principal. Pour y parvenir, il était prêt à tout.

(c) Ilukaan