« Donc… Je vais faire ça sous la forme d’une grosse chronologie, on verra comment mettre en forme joliment lorsque j’y serai.
— Tu fais bien comme ça te chante.
— Ok. Alors, disons… Deux décembre… Ah non, Ange est née le vingt-cinq juillet. C’est pas pratique, j’aurais carrément dû lui donner ma date de naissance.
— Ou faire un véritable original character ?
— C’est bon, t’as fini avec ça ?
— Jamais.
— Super. Bon. Tu viendras parler quand t’auras des choses intéressantes à dire, hein ?
— Vive l’amabilité.
— Hm. Donc je disais. Vingt-cinq juillet deux mille deux, Paris. Ange est née dans un hôpital tranquille, sans trop d’histoire. Son père, William Gri-… Mewdrak, était le plus heureux des hommes. Et sa mère, Cassandra, était fatiguée, trop pour sembler quoique ce soit.
— Ahah. Charmante métaphore.
— Si tu le dis. Ange était en parfaite santé, elle n’avait rien de spécial, si ce n’est… Que ses deux parents étaient des sorciers. Et donc, techniquement, elle aussi.
— Tu vas carrément mettre ça dans l’histoire ?
— Oui, pourquoi ? Les pouvoirs sont autorisés dans le contexte de ce forum, donc ça devrait aller.
— Ok.
— Hm. Donc les premières années d’Ange se déroulèrent comme chez beaucoup d’autres enfants. Cependant, alors que William était absolument fou d’elle, qu’il s’occupait de sa fille comme le père parfait qu’il était, Cassandra était… Détachée. Jamais elle n’avait ressenti l’amour maternel, celui qu’on lui vantait quand elle était enfant. Elle s’impatientait des braillements de sa fille, l’oubliait parfois et s’en occupait peu, finalement. William avait beau l’avoir remarqué, il ne perdait pas espoir, et de toute manière, il était là pour penser pour deux, à ses yeux.
— J’ai toujours admiré sa façon de faire, je dois dire. Il a quand même eu une gamine dure, il a dû s’en occuper quasiment seul, et il n’a jamais cédé une seule fois devant toi. Et pourtant, j’étais conscient bien avant que tu saches parler.
— C’est un père formidable, avouons-le.
— Ah ça, c’est certain.
— Le premier mot d’Ange a été “papa”, sans que cela ne surprenne grand monde. Elle a appris rapidement à parler, et il faut dire que, là encore, elle le devait à William. Tout en développant sa mémoire, sa faculté à lire et à parler, il lui a aussi permis de développer son imagination. Tous les soirs, il lisait une histoire avec elle, sans jamais oublier ce rendez-vous. Et Ange, déjà avare de connaissance, d’apprentissage et de temps passé avec William, dévorait cela avec insistance.
— Tu devrais garder cette phrase. Elle montre à quel point t’as toujours été un gouffre sur pattes.
— Je mange normalement, d’abord !
— Ouais, ouais.
— Breeeeef. Lorsqu’elle est entrée à l’école maternelle, c’était assez simple. Elle aimait les coloriages magiques, s’amusait sur le toboggan de la cour de récréation, observer les grands de primaire qui jouaient au foot dans leur cour à eux. Elle les enviait, quelque part, comme elle enviait les gamins qui, contrairement à elle, pouvaient passer leur temps avec leur papa.
— C’est bien beau tout ça, mais y en a que pour William. Quand est-ce que tu développeras ta relation avec ta chère mère ?
— Ouais, faudrait. Ange avait une relation fusionnelle avec son père. Elle aimait aussi sa mère, bien que le lien les unissant était… Disons faible. Mais à cet âge, Ange n’était pas encore assez mature pour le comprendre, malgré son intelligence.
— C’est mieux, même si c’est pas encore là, que ça devient intéressant.
— Intéressant ?! Tu te moques de moi ?
— Un peu. Mais on est d’accord que tu vas en parler ?
— Tu me saoules. Bien sûr que je le dirai, sinon ce ne sera plus vraiment moi.
— T’es toujours persuadée que c’est une bonne idée, de faire un personnage à ton effigie comme premier personnage de RP ?
— Je verrai. Les autres n’auront pas à savoir qu’il s’agit de moi et de mon histoire, de toute manière.
— En effet.
— Bref. Ange n’était pas spécialement une enfant à problèmes, en ces années. Elle vivait sa vie d’enfant, se chamaillait avec les autres, s’amusait… Vivait, quoi. Mais ça a changé lorsqu’elle a rencontré Rin.
— Faudra que tu leur fasses croire que Rin est un humain, un japonais. Mais juste à demi-mot, tu vois. Comme ça, quand ils sauront que c’est un chat, ils feront une drôle de tête en mode “attends, c’est un chat qui a rendu Ange détestable ?”. Avoue ça serait drôle.
— Très bien, je ferai ça, si tu veux. Bref. Donc Ange a rencontré Rin pendant les vacances d’été de ses cinq ans, sur la plage. Elle se baladait avec ses parents, ramassait des coquillages et s’exclamait lorsqu’elle voyait une mouette. Et puis son regard s’est posé sur lui. Elle l’observait, curieuse. Quel drôle de chat, qu’il était ! Son pelage noir, très court, lui créait comme un masque blanc sur le visage. Ses oreilles et sa queue étaient anormalement grandes, de même que ses pattes. Son visage ressemblait à une citrouille d’Halloween et d’étranges gemmes flottaient au-dessus de sa tête…
— Oui bon, ça va, je sais à quoi il ressemble !
— Pardon, c’est vrai que j’écris peut-être beaucoup, pour une chronologie simple.
— Un peu mon n’veu !
— Rin aussi l’observait bizarrement. Il a regardé derrière lui, puis elle a demandé à ses parents ce qu’était ce chat. Parents qui n’ont pas compris. Elle leur a montré le chat, ils n’ont pas vu le chat. Et le chat en question ne semblait pas plus comprendre. “Tu me vois ?” a-t-il demandé à Ange. “Le chat il parle !” a hurlé Ange en réponse, passé l’instant de surprise.
— Et ses parents ont cru qu’Ange était folle.
— Cassandra oui, mais William l’a rassurée en lui disant que c’était une enfant, et qu’elle avait le droit d’avoir des amis imaginaires, elle aussi. Ils se sont amusés avec elle, mais Rin ne cessait de répéter qu’ils mentaient. 
— Bien sûr qu’il le répète. Depuis le temps qu’il te dit qu’il existe vraiment.
— Parce que je suis incapable de me débarrasser de tout ça. Bref. Rin a décidé de suivre Ange, puisqu’en deux ans d’errance sur Terre, elle était la première personne à le voir. Et Ange a accueilli ce nouvel ami avec joie.
— Et alors, on parle quand de son vieux copain Orion ?
— Brûle pas les étapes, s’il te plait ! Nwer est arrivé avant toi !
— Techniquement non, je suis juste resté loin pendant longtemps.
— Certes. Donc parallèlement à sa rencontre avec Rin, Ange a découvert Nwer. En fait, Rin venait à l’origine de cette planète, et comme il était très bavard, il lui disait tout de son lieu de vie. Et Ange a commencé à voyager entre les mondes. Bon, entre nous, il ne doit s’agir que de rêves lucides et d’imagination, mais lorsqu’elle a raconté ça à ses parents…
— William n’a pas vu le problème, mais Cassandra, elle a continué à penser que sa fille était folle.
— Très bon résumé. Cela dit, comme Ange était jeune, William a encore réussi à la calmer.
— Allez, c’est le début de la partie marrante, maintenant ! Vas-y Lina, raconte-moi comment s’est passée la rentrée d’Ange !
— T’es vraiment sadique. Des fois je me demande comment je fais pour t’inventer comme ça.
— Héhé.
— M’enfin, de toute manière, c’est le moment. Ange est retournée à l’école. Mais plus la maternelle. Ange était à l’école primaire. Elle changeait de classe, d’âge, d’amis, de connaissances. Et la première chose qu’elle a faite ? Parler avec son nouvel ami, parler de lui à tout le monde, et ce alors que personne d’autre qu’elle ne le voyait. Mais vous savez comment peuvent être les enfants. Certains ne comprenaient pas, d’autres s’en fichaient et… certains ont commencé à se moquer.
— Et ça gueulait à coup de “Ange est folle !” et de “Ange a des amis imaginaires !”.
— Ange ne comprenait pas le problème. Rin existait pleinement à ses yeux, elle l’entendait, le voyait, sentait sa fourrure sous ses doigts. Les adultes tentaient de calmer les fauteurs de troubles et Ange a décidé que, comme on se moquait d’elle, elle ne devait rester qu’avec ses vrais amis.
— Ou son seul ami.
— Elle le préférait de loin aux autres, aussi. Quoiqu’il en soit, les années ont continué ainsi. À l’école, Ange se fermait totalement aux autres, repoussait les gamins qui tentaient de l’approcher par peur qu’ils viennent pour se moquer, continuait à vivre avec Rin et Nwer. Les professeurs n’arrivaient ni à changer son point de vue, ni à faire disparaître ses amis imaginaires, ni à calmer les gamins qui embêtaient Ange. D’un côté on les calmait en leur disant qu’une fois Ange plus mature, Rin disparaîtrait, et que tout rentrerait dans l’ordre.
— Et ils y croyaient.
— Bien sûr. William et Cassandra aussi. Ils avaient cependant une approche différente de la chose. Là où William tentait doucement de la ramener à la raison sans la brusquer, en lui offrant tout l’amour et toute l’attention qu’elle voulait, Cassandra… tentait de repousser violemment Rin et toutes les histoires de sa fille. Là où le lien entre père et fille s’est solidifié, celui entre mère et fille s’est fragilisé.
— Tu crois que si tu avais compris les intentions de ton père plus tôt, tu te serais sentie trahie ?
— Je ne sais pas, peut-être. D’un côté, heureusement que je ne l’ai compris que plus tard. Sinon, cette histoire aurait vraiment pu mal finir.
— Certes. C’est à mon tour de sortir du placard, maintenant, non ?
— En effet. Je ne le comprenais pas à l’époque, mais je crois que t’as parfaitement choisi ton moment, pas vrai ?
— Yep.
— Et t’as pas honte ?
— Ahah, Lina ! T’es vraiment marrante quand tu t’y mets.
— Okaaaay. Bon. Comme le satané parasite que tu es, tu es sorti de l’ombre alors que le lien avec ma mère s’effilochait doucement.
— C’est l’histoire d’Ange que tu racontes, pas la tienne, voyons !
— Elles sont tellement différentes que je me perds. Bref. Donc Orion a débarqué à ce moment. Comme une petite voix dans la tête d’Ange, qui la conseillait, qui lui soufflait des mots. Certes, pas les meilleurs conseils du monde, puisque, heureusement qu’elle l’a vite compris, Orion était un peu le démon sur son épaule.
— Et la pauvre petite a longuement cherché son ange, ahah !
— Orion est littéralement la voix de la conscience d’Ange. Celle qui lui parle tout le temps, qui la harcèle de questions, qui passe sa vie à l’emmerder. Oui parce que, allez savoir comment, le nouvel ami imaginaire d’Ange était sensé être un sale merdeux. Peut-être qu’elle se cherchait une façon de se protéger, et l’isolement intérieur qu’Orion lui a offert semblait fonctionner.
— Sous les conseils du vil Dae, Ange s’est de plus en plus enfermée dans son monde, dans sa tête. Nwer prenait une place encore plus importante, l’être humain devenait un cafard, et Orion, son cheval de Troie.
— Là où tous ceux qui connaissaient l’existence d’Orion pensaient à un nouvel ami imaginaire, Rin la prévenait. Il lui disait de ne pas écouter cette chose, quelle qu’elle soit.
— Mais dans le fond, que risquait-elle ? Elle était juste la gamine un peu folle qui voyait des choses qui n’existaient pas. Elle ne faisait que s’écouter elle-même, pas vrai ? Rin n’était là que pour pimenter les choses, puisque folie à moitié assumée, bien peu intéressante !
— La Ange de cette époque était persuadée qu’Orion, Rin et Nwer existaient. Qu’elle était juste la seule à le percevoir, le savoir ! Du moins, la seule de son entourage. Peut-être la seule de Paris. Mais peut-être que des gens étaient comme elle, ailleurs ? Elle s’accrochait à cette idée, elle s’accrochait à la vie réelle de ses seuls amis, de son univers tout entier.
— Mais s’accrocher à l’irréel fait toujours mal.
— Dixit le gars qui, paraît-il, existe vraiment.
— Je n’ai jamais eu la prétention de le dire. Rin oui, moi pas.
— Certes. Bref. Les années ont donc passé ainsi. L’école primaire n’allait pas dans le sens d’Ange, Cassandra non plus. Seul William tentait de l’aider. Quant à Rin et Orion, peut-on vraiment dire qu’ils faisaient de leur mieux ? Allez savoir.
— Moi toujours, Rin, j’sais pas.
— J’pense que l’inverse aurait plus de chance d’être vrai, à supposer que vous existiez vraiment. Enfin. C’est à l’entrée d’Ange au CM1 que les choses ont vraiment changé. L’arrivée d’Orion fut symbole d’une nouvelle étape dans la vie d’Ange. Rapidement, elle a recommencer à parler de son univers à elle. Les gamins n’ont pas changé et sont même… Devenus pires.
— Faut dire que t’as été bête de m’écouter. T’aurais mieux fait de suivre Rin, pour une fois.
— Et en soit, je t’en ai toujours voulu, de m’avoir poussée à reparler de vous. J’étais devenue une enfant sans problème, et t’as mis ton grain de sel. Mais bon, c’est fait désormais ! Ange est passée du calme à l’agression envers ses camarades, défendant de manière véhémente ses amis imaginaires. Elle se refermait totalement à l’être humain, à cause des propos que tenait son nouveau compagnon de vie.
— Désolé, j’ai jamais porté l’humain dans mon cœur. Cela dit, tu as développé ta propre pensée avec le temps ! Je n’ai fait que te guider, d’un certain point de vue.
— Certes. Quoiqu’il en soit, William et Cassandra ont vite été convoqués. Forcément, puisqu’Ange se retrouvait à lancer des bagarres, à mordre les autres et à chercher des problèmes.
— J’ai été fier de toi, lorsque t’as pété un câble, la première fois.
— C’est pas le sujet. Une fois rentrés chez eux, Cassandra s’est mise à hurler sur Ange. Comme quoi que ses amis imaginaires n’existaient pas, qu’elle était complètement folle et qu’elle aurait préféré ne jamais la voir naître. Bien sûr que ça a fait mal à Ange. À William aussi. Ange s’est énervée aussi et William a réussi à calmer les choses, non sans mal.
— Un bon gars ce Wil ».
— Après une discussion avec Ange, il a réussi à l’apaiser, au moins un peu. Et quelques jours plus tard, Cassandra a jeté de l’huile sur le feu. Elle voulait qu’Ange aille voir un pédopsychiatre pour faire disparaître ses amis imaginaires.
— Mais le grand William a réussi à sauver la situation, encore une fois !
— Bien sûr. Ange était énervée. Elle se tuait à dire que ses amis étaient vraiment vivants et on ne la croyait pas. Mais encore une fois, William est intervenu. Et Ange a décidé de céder au caprice de sa mère. D’un côté elle se disait que, peut-être, le psy pourrait permettre de prouver qu’elle ne mentait pas.
— Mais tout le monde sait que ce n’était qu’un rêve.
— Évidemment. Il a aussi voulu faire disparaître ses amis. Mais contrairement à Cassandra, il a tenté de s’y prendre plus subtilement.
— Mais c’était sans compter le grand Orion !
— La séance s’est terminée sur un ton agressif, Ange disant qu’elle ne voulait plus jamais le revoir, lui qu’elle n’aurait pas le choix, que ses parents savaient qu’elle avait besoin d’aide. Mais en voyant Ange revenir dans cet état, William a refusé de recommencer. S’est ensuivie une dispute entre lui et Cassandra, qui s’est achevée sur un beau “hé bien démerde-toi avec ta gosse !”. Cassandra est partie sur ça, le divorce a été prononcé, et jamais elle n’est revenue dans la vie d’Ange et William. 
— Entre nous, c’est pas une perte !
— Je suis plutôt d’accord. Après ça, Ange s’est calmée, grâce à son père. Elle est redevenue une enfant silencieuse et calme. Elle a cessé de riposter lorsqu’on l’insultait, restant dans son monde à elle, avec Rin et Orion. Elle s’est même totalement enfermée en elle-même. Elle s’est mise à écrire, à rêvasser. Et au fond d’elle-même, sa rancœur des humains grandissait.
— Et puis il y a eu Ilukaan !
— Oui, il y a eu l’école de sorciers. Puisque ses deux parents étaient sorciers, Ange a toujours vécu dans cet univers et lorsque ses pouvoirs se sont manifestés la première fois, ça n’a pas été une surprise. D’ailleurs, c’était en CE2, chez elle, alors que Rin l’encourageait. Enfin, c’est une précision inutile. Ange a aussitôt tenté de contrôler sa magie, pour que son père soit fier d’elle. Et heureusement qu’il était là. Précisons que, ayant vécu dans un quartier totalement moldu, dans une école moldue, elle n’avait pas le droit d’user de ses pouvoirs.
— Et heureusement que son père avait suffisamment d’influence sur elle pour qu’elle n’écoute pas Orion dans les bagarres, hein ?
— J’avoue, ça aurait été catastrophique si j’avais fait ce que tu me disais de faire. Enfin bref. Lorsque Lina a fêté ses onze ans, les lettres ont afflué dans la boîte aux lettres. Il y avait plein de brochures pour des écoles magiques, et celle qui a tapé dans l’œil de William et Ange fut celle d’Ilukaan. Qu’on appellera… hm… L’école de Scei Gormarie.
— C’est bas de taper “magie” et “sorcier” et de faire une anagramme avec ça. Vinçouille serait triste, j’suis sûr qu’il préfèrerait une anagramme d’Ilukaan, quitte à faire.
— Mais tu veux que je fasse quoi avec ça ? Kuilnaa ? Lanaiku ?
— Naakliu !
— D’où tu sors ça ?
— De ma tête. Je sais que je suis dans ta tête, mais quand même.
— Bon ok, on va appeler l’école Naakliu. Donc ! William avait déjà beaucoup entendu parler de Naakliu, et même si emménager au Canada n’était pas dans ses projets, il s’est dit que ça pouvait être un bon point de départ. Au sein d’enfants sorciers, Ange pouvait se sentir mieux, et comme personne ne la connaissait, elle pouvait ne pas retomber.
— Comme quoi, il avait pas tort. J’ai beau essayer de te corrompre, tu n’as plus jamais dit un mot à qui que ce soit à mon sujet. Ni sur celui de Rin ou de Nwer. Bon, au moins t’es toujours désagréable, même plus qu’avant. Je me rappelle de l’époque où t’es rentrée à Ilukaan… Euh… Ou Ange est entrée à Naakliu ! Elle était calme, silencieuse, discrète. Elle faisait tout pour être invisible. Avec le temps, elle est devenue irritable et irritée. Elle envoie des piques sans états d’âme, reste seule tout le temps. Et c’est mieux ! Pourquoi ? Parce qu’elle supporte le plus adorable des Dae, tous les jours, tout le temps. Parce qu’elle ne sait toujours pas si on est réels ou si on provient de sa tête. Parce que son papa chéri lui manque, aussi.
— Oui, oui… Elle parle aussi moins à Rin, ne lui répond que lorsqu’il n’y a personne ou lorsque la situation le permet. Elle a aussi appris la langue des signes pour lui répondre discrètement. Et ça marche, pour le moment. Elle suit ses cours de manière assidue, se voue à une carrière d’écrivain et… D’ailleurs, elle écrit un livre sur Nwer, qui retrace toutes ses aventures ! C’est un peu comme un gros carnet d’exploration et elle l’adore vraiment.
— Elle s’est également prise de passion pour deux sports de combat moldus, pour les histoires de fantômes, et probablement un peu pour le théâtre. Les deux premiers points étant mieux que le dernier. Et elle a adopté une chouette très cool, même si elle lui apprend à mordre les doigts des inconnus.
— C’est vachement marrant, avoue !
— J’ai jamais dit le contraire. Cette chouette est géniale. Plus que toi.
— C’est vrai.
— Bon… Et le mot pour la fin ?
— Lucian ! On parle de lui depuis tout à l’heure, faudrait peut-être que je dise d’où il sort. C’est un gars, rencontré sur Nwer. Il est stupide, pervers et bête. Et il colle aux basques d’Ange, où qu’elle aille sur Nwer. Un vrai pot de colle.
— Mais même si elle l’avoue pas, Ange l’aime bien, hein ?
— De temps en temps, probablement.
— Bahahah ! Par contre, tu sais que t’avais pas parlé de lui ailleurs ?
— Oui, mais je le ferai. Parce que ses conseils sont parfois meilleurs que les tiens.
— Hé, c’est pas gentil ça !
— Bon. On se met à la rédaction, maintenant ?
— Pas chiche de finir ça avant demain matin.
— Toi, tu veux me voir me casser la gueule en cours de vol.
— J’avoue.
— Chiche. »

(c) Ilukaan