C’est en Mars 1990 qu’Elain vit le jour, dans la ville de Toronto. Son père, Lancelot Belth était un petit avocat sans prestige, qui arrivait quand même à boucler la plupart de ses affaires avec succès. C’est surtout qu’il ne s’intéressait que peu aux grands bonnets et préférait aider les petites gens. Sa mère, Chun-Hei Hong était, elle, en revanche une sorcière, venant d’une ancienne famille de sorciers, forte de six générations de sangs purs. Heureusement, les Hong n’accordaient que peu de valeur à ce genre de choses, la pureté de leur sang étant plus un hasard qu’autre chose. C’est donc avec joie qu’ils accueillirent Lancelot et Elain dans leur famille, sans qu’aucune différence de traitement ne puisse se faire ressentir.

L’enfance d’Elain se déroulât sans accroc particulier, si ce n’était une maladresse toute particulière pour les arts culinaires et le violon, bien que pour ce dernier point, de nets progrès ont été constaté au fil des années. Et c’est à l’âge de sept ans que ses pouvoirs magiques se manifestèrent, lorsqu’elle changea son archet en batte de baseball, excédée de ne pas réussir à faire ce que son professeur demandait. Autant dire que la stupeur passée, sa mère fut très fière d’elle, tandis que son père lui, était content. Il faut dire qu’étant Moldu, il ne comprenait pas vraiment ces choses-là, mais il savait que c’était important et soutenait donc sa femme et sa fille. Quant au professeur… Un simple Sortilège d’Oubliette suffit à régler le problème. C’est quand même beau la magie. Et évidemment, le Ministère n’en tint pas rigueur, pour des raisons plus qu’évidentes.

C’est donc à onze ans que la petite fille intégra la prestigieuse école de sorcellerie d’Ilukaan qui était la plus proche de son domicile. Pourquoi pas après tout ? Cela dit, c’est à Ollivander qu’elle récupéra sa baguette ; bois de sycomore, ventricule de dragon, vingt-deux centimètres, souple. Lors de la cérémonie de répartition, la petite fille fut captivée par les récits de la fondatrice de l’école ainsi que de l’homme qui lui avait enseigné la magie, ce Kaïla. C’est à ce moment qu’elle décida que sa matière de prédilection serait la métamorphose. Et puis, la première manifestation de sa magie n’avait pas été justement une métamorphose ? Quant à sa maison, la Fontaine de la Répartition l’envoya chez les Stryxist. Chose amusante, Elain a encore du mal à prononcer, même à ce jour, le nom de son ancienne maison.

Ses premières années d’études se firent sans rien à noter de particulier, si ce n’était un talent tout particulier pour les cours de Métamorphose, dont elle faisait partie des meilleurs élèves de sa promotion. Elain était aussi douée en Sortilèges et Potions, mais avait un peu plus de mal avec la Botanique et l’Astronomie. Il faut dire qu'il s'agissait là de matières bien peu passionnantes pour l'enfant et autant la manipulation des potions pour des effets rocambolesques était captivante, autant l'étude des plantes... Bof, bof.

En troisième année, alors qu’il fallait choisir ses options, c’est sur les Soins aux créatures magiques et l’Alchimie que son intérêt désigna. Deux matières assez grisantes et qui lui permettaient d’en savoir un peu plus sur le monde qui l’entourait et accentuait son envie de voyages et de découvertes. Et puis, c’était toujours utile de savoir transmuter des matériaux ou de reconnaître telle ou telle créature en fonction de sa dangerosité. Lors de ses BUSES, en cinquième année, la jeune fille, désormais adolescente obtint un O en Métamorphose et en Sortilèges, mais un misérable T en Botanique. Autant dire que le professeur de l’époque ne risquait pas de la revoir en cours lors de sa sixième année…

C’est d’ailleurs durant cette période qu’elle se rendit compte de ses préférences sentimentales, et si, à l’époque ce fut assez dur à assumer, notamment face à la perplexité de ses parents, qui espéraient tout de même avoir un petit-fils, ils finirent par faire avec, comprenant que ce n’était pas une simple phase de leur fille et décidèrent de la soutenir, tant pour son bien-être personnel que sa réussite scolaire, car ses résultats scolaires en pâtirent quelques mois, avant qu’elle ne se reprenne en main, pour le bonheur de ses professeurs et de sa famille. C’était une période où elle se posa beaucoup de questions sur elle, son avenir et ce qu’elle souhaitait accomplir.

L’arrivée d’un nouveau directeur, en 2008 était vue d’un bon œil de la part d’Elain qui ne supportait pas la vieille peau conservatrice d’avant, préférant de beaucoup la jeunesse et le dynamisme de ce fameux Vincent Leroy. D'ailleurs, bien qu'il s'agissait de sa dernière année à l'école, et la plus intense à cause des examens, c'était aussi celle qu'elle apprécia le plus, notamment grâce à ce nouveau directeur. Elle savait qu'avec lui, l'école serait entre de bonnes mains.

C’est finalement après l’obtention de ses ASPIC, là encore en décrochant un O en Métamorphose, le seul qu’elle obtint cependant qu’elle intégrât le Bureau des Aurors du Ministère, grâce notamment à la recommandation de certains de ses professeurs. Bien sûr, elle n’intégra pas tout de suite le terrain mais suivit tout d’abord une formation auprès d’Aurors extrêmement talentueux, que ce soit dans l’art des duels face aux Mages Noirs ou de la collecte d’informations. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’elle apprit, durant de longs mois d’entraînements intenses l’art des Animagus auprès d’un vétéran du Bureau des Aurors. C'était la première fois qu'elle faisait un véritable blocage dans l'art de la métamorphose. Il faut dire que même les sorciers les plus doués avaient des difficultés à ce niveau. Autant dire que ça perturbait quelque peu Elain, qui ne savait pas trop comment s'y prendre. Mais c'est finalement grâce à l'aide de ses aînés qu'elle se rendit compte que pour y parvenir, elle devait faire une grande introspection mentale et comprendre qui elle était réellement, au fond d'elle.

Autant dire que la première fois qu’elle réussit sa transformation en chat, elle fut extrêmement contente et fière d’elle, accomplissant le premier pas vers son objectif suprême : surpasser Kaïla dans ce domaine. C’est également durant sa période de formation qu’elle apprit le Sortilège du Patronus, son préféré à ce jour qui prenait la forme d’un chat, comme sa forme d’Animagus, en somme. En tant qu’Auror et sans être la plus douée, elle était d’une efficacité certaine et appréciée de ses collègues.

Son travail lui prenait énormément de temps à l’époque et elle n’en avait pas vraiment à consacrer aux affaires politiques, laissant ça au Ministre de la Magie Nerissa Blackwell. Bien sûr, en tant qu’Auror, elle rencontrait de temps à autre et assura même sa protection une ou deux fois, mais leurs rapports n’allaient pas plus loin qu’une entente professionnelle cordiale. Certes, avec les années qui passaient elle devint une Auror relativement réputée et qui avait de l'expérience, commençant même à former des jeunes nouveaux venus. Il faut dire que l'on ne vivait pas forcément vieux, en pratiquant une telle profession alors les vétérans étaient toujours aux petits soins avec les nouveaux. Du moins, c'est comme ça que fonctionnait Elain et c'est à ce moment qu'elle commença à prendre goût à l'enseignement. Sentimentalement, rien à l'horizon. En même temps, elle n'en avait pas vraiment le temps, et puis, ce n'était peut-être pas la chose la plus prudente à faire étant donné son métier. Même s'il fallait avouer que le fessier de sa supérieure lui fit tourner la tête plusieurs fois...

Cependant, ça ne l’empêcha pas de voter Baguettes Vertes aux dernières élections ministérielles. Vive l’écologie ! Et autant dire qu’elle fut un peu déçue lorsque c’est le parti conservateur qui remporta les élections, n’ayant jamais aimé ces types.

Mais malheureusement, elle ne put trop s’intéresser à ce sujet à cause de circonstances… particulières. En effet, alors qu’elle travaillait avec un collègue Auror concernant une série de meurtres étranges dans un petit village sans histoire, ils se firent attaquer. Des Mages Noirs, très portés sur la pureté du sang et qui souhaitaient renverser le Ministère leur avaient tendu un piège. Et si son partenaire ne s’en sortit pas, mourant sur le coup, la sentence d’Elain fut pire. Baissant en effet sa garde pour sauver un enfant Moldu pris en otage, la jeune Auror se fit neutraliser par les criminels et se retrouva à leur merci, de longues heures durant. Des heures qui lui parurent des jours, alors que les hommes prenaient leur pied à lui infliger encore et encore le Sortilège Doloris. L’un d’eux, particulièrement brutal de lui infliger d’autres sévices… Très particuliers et qui lui procurent encore un haut-le-cœur lorsqu’elle y pense. Et ça, c’était sans compter le fait qu’ils brisèrent sa baguette. Sa plus fidèle compagnon était désormais bien cassé, en deux morceaux distincts, tout comme elle.

Heureusement, les secours arrivèrent et mirent en déroute les criminels, avant que l’on emmène Elain à l’hôpital pour des soins d’urgence. Il faut dire que les Mages Noirs n’y avaient pas été de mainmorte, ça c’était sûr et de nombreuses cicatrices étaient désormais présentes sur sa peau, bien qu’elle refusât qu’on les fasse disparaître, souhaitant les garder en preuve de son échec. Pendant de longs mois, Elain resta en convalescence, car ça n’allait pas très bien, surtout psychologiquement parlant. Au moins, l’étude cellulaire du professeur Prokopios lui servait de lecture de chevet… Heureusement, ses parents et anciens collègues avaient été d’un grand réconfort pour elle et c’est finalement après six mois, en mars 2020 qu’elle sortit de l’hôpital. Mais pour faire quoi ? Elle n’en avait aucune idée. Certes, elle avait une nouvelle baguette mais ne souhaitait pas retourner chez les Aurors, pour le moment.

Et autant dire que la situation dans le monde magique, durant son hospitalisation qui dura un bon moment, plusieurs années à vrai dire, étant donné les séquelles physiques et psychologiques subies lors de ce drame. Concernant les enregistrements qui avaient fuités sur des expériences étranges menées dans les années quarante sur les Nés-Moldus, Elain n’avait pas vraiment d’avis là-dessus. Cette histoire remontait à quatre-vingts ans et le monde était déjà assez sans dessus-dessous, avec la guerre mondiale que les Moldus se livraient et la création de leur bombe spéciale, d’une puissance jamais vue auparavant et qui avait été testé au Japon, causant beaucoup de remous, que ce soit dans le monde Moldu ou magique.

L’arrestation de Milicent Appleton, lors d’une manifestation du groupe de Liberté et Prospérité Magique ne lui fit ni chaud ni froid. Il faut dire qu’elle n’avait jamais apprécié cette vieille bique et si le fait que des innocents avaient été blessés, l’annonce de cette arrestation lui redonna légèrement le sourire pendant quelques instants.

Tandis que sa rééducation suivait son bonhomme de chemin, la jeune femme continuait de s’informer toujours plus avec intérêt de la situation dans le monde. L’Auror était assez surprise concernant les ouvertures de son ancienne école d’Ilukaan à la technologie et à d’autres cursus plus exotiques. Décidément, le Directeur, Vincent Leroy était un homme fascinant et même si cette idée novatrice avait le mérite de proposer de nouvelles choses, Elain restait un peu perplexe au fond d’elle-même… Est-ce que c’était une bonne idée de mêler à ce point la technologie Moldue avec le monde de la magie ? La Belth avait quelques réserves mais ne sachant pas tous les tenants et aboutissants de cette histoire ne fit rien à ce sujet. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire, coincée à l’hôpital de toute façon ?

En revanche, elle était bien plus virulente concernant l’idée du ministère de créer un registre concernant les ascendances de sang des sorciers… Et puis quoi encore ? Étant elle-même directement concernée, c’est avec une verve renouvelée que la jeune femme criait à qui voulait l’entendre que si elle avait été en état de sortir de cet hôpital, elle serait aller d’elle-même sauter au cou du ministre de l’Éducation afin de faire entendre son point de vue à la mode Moldu, à savoir avec ses poings.

Merlin soit loué qu’elle n’était justement pas en état de mettre ses menaces à exécution, le ministre, du nom de Corner, tenant des propos racistes avait été obliger de poser sa démission. Encore quelque chose qui fit bondir Elain de son lit et la motivait encore plus pour se sortir de là. Au moins, le fait que son ancien Directeur soutenait ses élèves et était contre ça lui réchauffait un peu le cœur et c’est avec un grand intérêt que la métisse suivit le déroulement de la manifestation à Bloombury, bien que la situation de Monsieur Leroy était inquiétante. Heureusement que ce dernier avait le soutien de professeurs comme Viren Wanderey, s’occupant des Potions.

C’est un peu par hasard et devant cette situation inquiétante qu’elle envoya un hibou à Vincent Leroy, directeur de son ancien établissement pour lui demander un poste de professeur. Après tout, elle aimait étudier et se savait bonne pédagogue, puisqu'elle avait également enseigné à quelques nouveaux Aurors, quand elle était encore en poste. Alors pourquoi pas ? Et puis, ça pourrait la stimuler un peu. Encore fallait-il qu’il accepte… Et c’est avec surprise qu’elle reçue sa réponse quelques heures plus tard à peine. L’homme semblait en effet assez enthousiaste et lui proposait donc de passer les tests pour devenir professeure de Métamorphose. Visiblement, il n'y avait plus de professeur et comme il fallait en recruter un en urgence, la demande d'Elain tombait à pic. Bien sûr, il la connaissait, ayant été une ancienne élève de l'école, mais il fallait tout de même respecter la procédure. Autant dire que les résultats étaient plus que concluants et lui permirent de décrocher le poste, bien qu'elle n'était pour l'instant qu'en période d'essai, étant donné que l'année scolaire était déjà presque finie.

Mais malheureusement, avant qu’elle ne puisse partir pour retourner à Ilukaan, un coup de tonnerre bouscula la communauté magique tout entière ; plusieurs directeurs à travers le pays avaient été « invités » à suivre les Aurors pour une garde à vue à durée indéterminée, à cause de leur opposition à la nouvelle politique de recensement des Nés-Moldus et compagnie par le Ministère de la Magie. Et parmi ces derniers… Il y avait le nom de Vincent Leroy.

C’est donc assez rapidement que la nouvelle professeure rassembla ses affaires et prit le train pour retourner à Ilukaan le plus rapidement possible, après les dernières paperasses administratives. Pas en tant qu’élève cette fois-ci, mais bien en tant que professeure. Tout ça pour soutenir les élèves et le reste du corps professoral, ne souhaitant pas trahir la confiance que Monsieur Leroy avait placé en elle en la nommant au poste de Professeure de Métamorphose. Bien sûr, elle se doutait qu’étant donné le timing de sa nomination, elle allait avoir le Ministère un peu sur les rotules, malgré son statut d’ancienne Auror. Mais elle s’en fichait et était prête à se battre pour cette nouvelle vie et cette opportunité qu’elle avait de pouvoir transmettre son savoir et son expérience à la nouvelle génération.

Une nouvelle baguette, un nouveau travail, une nouvelle vie… Voilà qui allait changer bien des choses.

(c) Ilukaan