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Tomorrow will be kinder [UA HUNGER GAMES] [TW WARNING SUICIDE, MORT, SANG]
Invité
Invité
Anonymous
Sujet: Tomorrow will be kinder [UA HUNGER GAMES] [TW WARNING SUICIDE, MORT, SANG]
Dim 20 Mar - 13:45
                    

Tomorrow  will    be    kinder 


 
Un bruit strident. Puis vient le boulet de canon qui fend les airs. Encore. Colton sait très bien ce que cela signifie. La Faucheuse a de nouveau emporté l’un d’entre eux. L’une de ses victimes de cette société oligarchique où seuls les plus opulents peuvent réclamer une vie décente.
 
Pourtant, le tribut du district 12 a la sensation que c’est son propre cœur qui vient de se faire transpercer par le coup de canon. Il n’a pas besoin d’attendre la nuit tomber, de prendre part au clou du spectacle, pour savoir qui les a désormais quittés. Sa jambe recommence à le lancer, alors qu’une vive douleur vibre à travers sa cage thoracique. Comme si, à cet instant, se répandait dans son cœur, puis à l’ensemble de ses membres. Il s’écroule contre un arbre, puisque ni sa béquille de fortune ni ses pieds ne peuvent le soutenir face au poids qui vient de lui tomber dessus. Il lui semble si réel, et pourtant, il ne meurt pas. Il aurait préféré.
 
Désormais, le voilà devenu comme tous ses tributs, le sang de quelqu’un d’autre dans ses mains, responsable d’une mort qu’il aurait pu empêcher, il en est certain. Lorsqu’il s’est aperçu que l’une de ses lames empoisonnées manquait quelques instants plus tôt, il s’est simplement dit que son coéquipier lui a pris dans l’optique d’être uniquement plus équipé s’il vient à se faire attaquer. Néanmoins, alors qu’il y repense, il sait pertinemment que son camarade du district 10 serait, tout comme lui, incapable d’ôter la vie d’une autre personne… Si ce n’est la sienne. Le cri de rage qui entend non loin de lui confirme ce que son instinct a commencé à lui insuffler. Il est trop près, trop proche de Keith, pour qui ce ne soit pas sa dépouille qui gise au sol. S’il ne l’avait pas quitté des yeux, s’il avait assisté jusqu’au bout, il n’aurait pas son décès sur la conscience.
 
C’est bien beau de vouloir refaire le monde avec des si, mais c’est trop tard pour y penser. Désormais, Keith ne rentrera pas à la maison et ses frères doivent se débrouiller tous seuls, sans leur aîné. Peut-être bien qu’eux aussi le rejoindront très bientôt, incapables de vivre sans le pilier de la famille. Tout ça à cause de son inactivité. Il n’a même pas pu rendre la pareille à l’homme qui lui a sauvé la vie face aux crabes géants.
 
 
Il ne mérite pas la chance qu’il lui a accordé. Aussi, songe-t-il à le suivre dans ses traces et embrasser alors qu’elle lui tend les bras. Il ne peut plus supporter tout ce sang versé, toutes ces atrocités menées au nom d’une pseudo-survie. Le garçon des mines ne sait comment il a même réussi à tenir aussi longtemps. Lui, si lâche et fuyant.
 
Il se saisit alors de la dague qui lui reste, embibée du poison des baies de l’Arène. Il la fixe, mais tout est flou. Est-ce parce que ce sont ses bras qui tremblent ou bien sa vision qui se trouble, nul ne le sait. Pour se repérer, il tente de pointer la lame contre son cœur.
 
En vain.
 
Il ne parvient pas à rester fidèle à ses convictions jusqu’au bout. Ce serait pourtant une belle mort que celle de succomber sans avoir eu la volonté de tuer. Cependant, il est incapable de rejoindre les autres par lui-même. Il a déjà blessé, ce serait hypocrite que de prétendre que se donner la mort soit un acte louable comme celui de son feu coéquipier. Il laisse ses bras pendre, totalement abattu, les yeux de tout espoir. Il va donc falloir qu’un autre tribut l’achève, lui délivrant le coup de grâce.
 
Colton ne sait pas combien de temps s’écoule alors qu’il reste là, ses orbites noires comme le charbon, vides de toute expression. Cela lui sembler durer une éternité.
 
 
C’est alors qu’un bruit se fait entendre. Enfin, il ne l’entend pas immédiatement, trop épuisé pour avoir pleinement ses sens en éveil. Ce n’est que lorsque qu’un dénommé Hajime se pose à ces côtés qu’il sait qui est là.
 
Il s’effondre en larmes, ne pouvant soutenir le regard de l’autre tribut, totalement dérouté. Est-ce des larmes de peine ou bien des larmes de joie, difficile à dire.
 
Ca y est, c’est la fin pour lui. Son salvateur est enfin arrivé. Il va être délivré de toute cette violence pour laquelle il n’est pas fait. Il se sent coupable de lui devoir lui faire porter un tel fardeau, mais lui n’en peut plus du sien. Aussi le supplie-t-il, ce que le tribut du district 5 semble prêt à faire.
 
Alors Colton attend quelques secondes que la grâce vienne le frapper et l’emporter loin de ce champ de bataille. Il attend, attend avant de finalement perdre totalement le contrôle. C’est trop long, beaucoup trop long. Alors, pour inciter son meurtrier à se presser, le voici qu’il lui plante sa dague dans la cuisse avant de lui indiquer finalement de viser la carotide.
 








 
 
A quatre pattes, ses dernières pensées vont vers les personnes qui l’attendent au district des mines. Ces visages qu’il ne reverra jamais, ses sourires qui ne lui réchaufferont plus jamais le cœur. Ces deux jeunes femmes à la beauté qui va désormais flétrir par leurs larmes et leur peine. Il est si désolé de pas avoir pu tenir leur promesse et de continuer de leur garantir leur survie au district 12. Cela lui fait si mal rien d’y penser. Elles ont été les lueurs d’espoir auxquels il s’est accroché tout au long de ces Jeux. Sans elles, il n’aurait jamais trouvé le courage de faire tout ce qu’il a pu faire jusqu’à présent.  Il espère, au fond de lui, qu’elles comprendront son choix et ne lui voudront pas. Qu’elles ne vivront plus dans la misère, qu’elles auront même une belle vie. Une âme sœur aimante, une jolie maisonnée et peut-être même quelques bambins. Qu’elles n’auront plus à s’inquiéter de quoi que ce soit désormais.
 
 















 
 
La mort frappe alors sans prévenir. Tous ceux et celles qui pensent que l’on a le temps de se voir mourir se trompent totalement. Alors que sa tête frappe le sol sans aucune douceur, Colton continue de voir la forêt trouble. Des tâches sanguinolentes semblent danser dans son champ de vision pendant plusieurs minutes avant de finalement s’envoler, emportant avec elle tous les malheurs du tribut.
 
 
 
Il cligne alors des yeux, reprenant peu à peu conscience dans sa nouvelle enveloppe, qui n’a plus rien de charnel. Il se relève alors, admirant alors la beauté de la forêt qui l’entoure. Celle-ci ne présente plus aucune hostilité et semble plutôt accueillante. Le vent souffle dans la canopée, alors que les oiseaux chantent. Depuis combien de temps n’avait-t-il pas entendu d’oiseau chanter, ne s’était-il pas senti à sa place dans cet océan de verdure ?
 
Il se laisse alors guider par le chant d’un geai moqueur, sifflotant même avec lui, jusqu’à ce qu’une main pâle se pose sur son épaule. Il se retourne alors, faisant face alors à Célestin, l’un des tributs qu’il avait rencontrés. Il le regarde, sa tête de chérubin semblant soulagé de tous les malheurs qu’elle a pu croiser. Plus aucune marque de blessure n’est visible, il n’est d’ailleurs pas dans sa tenue d’Arène. Non, celui-ci se trouve vêtu de la tenue qu’il portait au bal. L’Ange de la Mort, le surnom ne lui avait jamais aussi bien allé. Deux ailes blanches comme la colombe trônent fièrement dans son dos, les plumes légèrement secouées par la brise. Colton prend alors enfin la peine de regarder sa nouvelle apparence et constate qu’elle aussi, est lavée de tout le sang qui a pu couler. Son costume du district du charbon lui sied parfaitement, semblant presque scintiller à la lumière, comme le ciel parsemé d’étoiles sous lequel il était tombé. Les deux gros cristaux qui lui ont fait office d’épaulettes semblent soudainement grandir, avant d’éclater pour laisser place à deux ailes noires de corbeau. Alors que Célestin, rayonnant, le guide vers la corne d’abondance où les attendent les autres tributs déchus, Colton fait quelque chose qu’il n’a jamais réussi à faire depuis le début des Jeux : sourire.
 
 
C’était fini. Et, lorsque d’autres verront enfin la Lumière, Colton les attendra paisiblement, prêts à les guider à leur tour vers la paix. Après, il espère, de nombreuses années.
 
 
 
 
 

Colton Wang
La Faucheuse
The flower of sweetest smell is shy and lowly
            
Invité
Invité
Anonymous
Sujet: Re: Tomorrow will be kinder [UA HUNGER GAMES] [TW WARNING SUICIDE, MORT, SANG]
Dim 20 Mar - 20:31
                    


Tomorrow will be kinder


I will think of our song when the nights are too long
I’ll dream of you for that’s where I belong
Love can we meet again soon in the bluest of skies
Only in my dreams .. 
Do we meet again 



Voilà deux longues semaines que les Hunger Games s’étaient achevés, et bien qu’il fut douloureux pour Jelila de poursuivre le visionnage d’une telle hécatombe, elle s’y était efforcée jusqu’au bout. Un semblant de révolte avait ensuite été initié, bien rapidement maîtrisé. Le soulèvement général n’avait pas laissé naitre chez elle la moindre once d’espoir, et l’idée qu’il puisse être entendu par les meneurs de Panem lui traversa à peine l’esprit. Elle n’avait eu que ce faible réflexe de saisir Yon par le bras, pour la tirer hors de la cohue enragée.

Le temps passait. Et les souvenirs demeuraient.
Les images cruellement imprimées derrière leurs paupières, Yon et Jelila vivaient avec sans jamais en exprimer le moindre mot.



Un mot prohibé : mort.

L'air alourdi par un vide intense qui s'était pesamment abattu dans la maisonnée Wang. Une absence que ni le temps, ni l'effort ne saurait combler. Un trou béant qui se creusait dans sa poitrine, et qui la laissait croire que son âme quittait son corps à son tour sans même qu'elle ne cherche à la retenir. Son visage blême, il avait perdu de ses couleurs. La demoiselle parcourait le sol, à présent fangeux du fait de la dernière pluie, à l'entrée de leur habitation. Elle rentrait tout juste des mines, en témoignaient son visage couvert de suie et ses vêtements dans un état plus que déplorable. Elle accordait à peine un regard à sa propre figure, tant ses pensées pouvaient l’orienter ailleurs.

La pendule sonna cinq heures du soir.

Et son esprit lui offrit la plus impitoyable des tromperies. 

Une fois de plus, elle crut discerner cette silhouette qui lui apparaissait tel un songe, dont les contours se dessinaient gracilement à l'horizon, annonçant sa présence avec ce geste  de la main à travers lequel il avait pour habitude de dire "Je suis rentré". Les prunelles de Jelila s'écarquillèrent dans un élan d'espoir cruel, tandis que sa poitrine se soulevait dans une inspiration étouffée.

L'éclat de son sourire timide, sa démarche qu’il voulait voir assurée en dépit du lourd poids qui lui pesait, lui parurent si réels que la Maghrébine se risqua à entamer une marche fébrile en sa direction. Aussitôt, il disparut de son champ de vision, à la manière d'un rêve qui s'évapore peu à peu.

La désillusion passée

La douleur ravivée

De son regard terni, elle parcourut péniblement ce sol qui plus jamais ne serait marqué par les pas de cet homme qu’elle avait tant aimé. Cet homme qui était devenu sa raison de se lever chaque matin, comblant l’absence de sa propre famille biologique, et qu'elle accueillait chaleureusement à son retour, tandis que l'astre solaire s'en allait vers son déclin doré.

À chaque coucher de soleil, elle continuait de nourrir l'espoir de voir Colton rentrer à la maison.

Mais il lui semblait à présent que le temps n'avançait plus.

Il lui semblait que sa vie, à l'instar de celle de son tendre ami, s'était arrêtée.

Si la journée elle était, contre son gré, éloignée des murs de leur humble chez-eux où seul un écho silencieux lui répondait lorsqu’elle laissait échapper quelques mots, elle ne s’en plaignait pas. Yon ne quittait pas son lit, et bien que Jelila eut toujours entretenu avec elle une relation particulièrement étroite, elle s’était découvert une tendance malhabile lorsqu’il était question d’affronter le deuil d’un être cher commun. Que dire ? Quels mots employer ? Quels gestes initier ? Elle n’était pas si adroite que l’on pouvait l’imaginer. La seule chose dont elle pouvait être certaine, c’était qu’elle se refuserait de pleurer devant elle. Quoiqu’il puisse arriver.

Jelila l’avait déjà aperçue regarder du côté de la chambre de son frère aîné qui continuait d'abriter sa mémoire encore chaude. Et alors, un tremblement effrayé et involontaire faisait frissonner la plus jeune sans qu'elle ne parvienne à le réprimer, avant qu’elle ne rejoigne son lit aussitôt. Jelila entamait un mouvement en sa direction, avant de se raviser.

Quelle piètre figure protectrice elle faisait pour sa cadette. Colton la blâmerait certainement.

Elle glissa une œillade faible vers une balancelle qu’ils avaient construite ensemble, lui et elle, installée non loin de là, et parce qu’elle en avait émis le caprice. Décorée de fleurs, pour qu’elle ait les marques du botaniste en herbe. Yon avait fini par en être la réelle bénéficiaire, tant elle y passait ses journées assise autrefois. Jelila, elle, aimait en profiter quand le temps s'y prêtait. Quand l'air se faisait agréable.

Alors Jelila s'y installa. Laissa sa paume se poser doucement sur cette place à côté à présent inoccupée. Vide. Un peu trop froide.

Témoin de l'absence.

Elle crut sentir sa présence.

Et sa mémoire fut la cruelle instigatrice d'un ravivement de souvenirs soudains.

Elle se le figurait là, à ses côtés, serein tandis que face à elle se dessinait le vestige d’un passé lointain sous les reflets d’un soleil chatoyant : elle apercevait sa propre silhouette dansante à elle, s’agitant au gré des sons environnants, et elle se remémora ses propres paroles qu’elle avait naïvement prononcées il y a de cela bien des années, alors qu’ils n’étaient que des adolescents :

« J’aimerais danser pour toi jusqu’à ce qu’on ait cent ans ! »

Un faible sourire saisit les commissures de ses lèvres.

« Faisons-le ensemble. » lui répondait-il, en l'entrainant à son tour.

Ces moments qui ne seraient plus que des souvenirs.

Le temps passa.

Jelila laissa ses iris dont la lueur s'était désormais éteinte, errer vers le chemin sinueux guidant à la forêt. Elle était épuisée, mais n'osait plus se livrer au sommeil : en s'y essayant, elle se réveillait chaque matin avec l'ombre de ses cauchemars dans son esprit. Il fallût alors qu'elle laisse son corps décider pour elle.

Vide.

Absente.

« Tu me manques. »

Un souffle quitta ses lèvres, au même rythme que ses dernières forces qui l’avaient jusqu’à maintenant miraculeusement maintenu debout.

Le souvenir de sa silhouette rampante la frappa sans crier gare.
L’image impitoyable de ses larmes parcourant le visage du Coréen sans jamais s’arrêter.
Le geste de ce malheureux tribut qui avait fini par mettre fin à ses souffrances.
L’énième son retentissant du canon, qu’elle n’associait plus qu’à lui désormais.

Le nœud qui obstruait sa gorge se défit aussitôt, elle appuya ses paumes contre ses paupières. Elles coulaient entre ses doigts, le long de ses mains avec lesquelles elle finit par agripper ses cheveux dans une détresse incurable.

« Tu me manques tellement. »

La douleur acceptée, Jelila pleura sa mort toute la soirée.



Le hululement d’un hibou accueillit son réveil en plein milieu de la nuit. Elle s’était redressée, avait rejoint la maison sans plus attendre. Dans cet élan sororal qu’on lui connaissait bien, elle avait vérifié l’état de Yon, endormie, et avait fini par poser, doucement, une main consolatrice sur le haut de sa tête.

Elle s'y attarda un instant.

« Pardonne-moi, Colton. Il existe certaines de tes volontés que je ne pourrais honorer. »

Elle veillerait sur Yon. Lui assurerait le confort et la santé, même si ce devait être au détriment de la sienne. Elle l’accueillerait avec ce même sourire sans ne plus jamais laisser paraitre sa souffrance. Elle serait pour elle cette seule et unique famille qu’il lui restait.

Mais Jelila ne vivrait pas heureuse. Ne laisserait pas au destin l’occasion de l’amener à son âme sœur non plus. Rien qui ne puisse la dévier de son objectif. Elle se fit d’ores et déjà la ferme résolution de se désigner à la place de Yon, si elle-même n’était pas choisie avant. Elle attendrait ce jour. Elle s’y préparerait corps et âme. Peut-être contribuerait-elle à la perpétuation d’une tuerie innommable, pour le plus grand plaisir de leurs détracteurs.

À moins qu’un élément, aussi infime soit-il, ne parvienne à briser la boucle. 

Puisse Colton les couvrir de ces ailes protectrices dont il était à présent détenteur, dans l'espoir qu'un lendemain nouveau ne se lève.  

« Oui. Puisse le sort nous être à jamais favorable. »
            
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