Le lendemain de Noël. Londres. Cette nuit là, il pleuvait averse et on pouvait entendre l'orage qui grondait au loin. Mais dans les oreilles de Rachel Cecil, il n'y avait que les cris de ce bébé qui lui parvenait. Les cris de son enfant. Son précieux Oz qu'elle pouvait enfin tenir dans ses bras après cet accouchement difficile. Une naissance était un événement heureux en tant normal. En tout cas, ça l'avait été pour Rachel ainsi que pour Ada qui venait de devenir officiellement grande sœur. En revanche Zai Vessalius, le père de cette famille, lui n'a plus jamais affiché un seul sourire depuis ce jour et Dieu seul sait pourquoi.

Peu de temps après la naissance du petit blond, Rachel est tombée gravement malade. Elle était incapable de s'occuper de son fils, elle n'en avait pas la force. Zai, lui disait avoir trop de travail. Ada, elle était beaucoup trop jeune pour s'occuper de son frère comme ça, ce n'était pas son rôle. Ainsi ce sont les domestiques du manoir qui avait prit le relais pour permettre à la mère de se reposer, qu'elle puisse s'occuper de son fils quand elle en aurait la force. Malheureusement plus les mois, plus les années s'écoulaient, plus son état ne faisait que se dégrader. Oz était beaucoup trop petit pour comprendre. Il avait à peine eu ses quatre ans quand sa mère les avait quittées. Aujourd'hui encore, il a du mal à s'imaginer son visage et même avec une photo il a la triste impression d'observer une inconnue. Mais pourtant il sait qu'elle s'est battue pour lui, qu'elle aurait été capable de tout pour s'occuper de lui, mais aucun traitement, aucun sort, n'était suffisant pour la sauver. Et même si on dit que l'amour d'une mère est plus puissant que tout, même après la mort, cela n'a pas suffi à rendre l'enfance d'Oz joyeuse après son départ.

Son père était plus distant que jamais. Il était rarement chez eux. N'accordait aucune attention à son fils quand il était là. Oz ne pouvait compter que sur sa grande sœur et son meilleur ami Gilbert, un peu plus âgé que lui. Il y avait aussi son oncle Oscar avec qui il passait beaucoup de temps. Pour tout avouer, aujourd'hui il le considère comme son père. C'est lui qui lui a appris des tas de choses. Qui jouait avec lui. C'est lui qui était là dans les moments importants de sa vie. En soit avec ses personnes autour de lui, Oz n'avait pas à se plaindre, il avait de quoi être heureux. Mais il y avait toujours ce manque. Il avait besoin de son père et il faisait tout pour que ce dernier le regarde un jour avec le sourire. Au moins une fois. Le blond faisait tour pour essayer de rendre son père fier, que ce soit en excellant dans les activités qu'on lui imposait où pour les cours.

Parlant d'étude, le jeune Vessalius avait un professeur particulier qui venait le voir dans leur manoir. Il avait interdiction de sortir depuis qu'il avait failli se faire enlever vers ses quatre ans, alors... Il faisait tout dans le manoir (bien quand y repensant aujourd'hui, il se dit que ça devait juste être une façon de contrôler encore plus sa vie). Oz était un élève attentif et très travailleur. Même si certaines matières semblaient moins le passionner, il se donnait toujours à fond, même parfois au point de s'en endormir sur ses livres. Et plus les années ont passé, plus il se donnait. Il en perdait la notion du temps parfois aussi et il était aussi très curieux. Son professeur était un sorcier, comme tous les domestiques du manoir d'ailleurs, mais il avait pour ordre de ne rien lui dire sur le monde magique, qu'il aurait tout le temps d'apprendre quand il irait dans une école, s'il développait ses pouvoirs un jour. Cette phrase l'avait effrayé. Et s'il n'était pas un sorcier? Sa mère avait vu les premières signes de sa magie vers l'âge de quatre ans d'après ce qu'on lui avait raconté. Son père lui vers cinq ans. Lui venait d'en avoir sept et rien du tout. Était-ce une des raisons pour laquelle son père semblait avoir honte de lui? Le blond en était resté tracassé pendant des jours. Des jours à travailler sur son violon, sur son piano parce qu'il le devait. Des jours à redoubler d'efforts pour ses cours. Des jours à essayer de faire sortir sa magie au point de s'en rendre presque malade. Gilbert avait fini par intervenir. Il avait compris pourquoi Oz se mettait dans un état pareil. Alors il était parti confronté Zai Vessalius, qu'il aille dire à son fils que même si sa magie semblait tarder, qu'il était fier de tout ce qu'il faisait et qu'il allait être un merveilleux sorcier plus tard. En guise de réponse, il a juste totalement renié l'existence du blond, alors qu'il avait suivi Gilbert. Il avait tout entendu et fut brisé.

Oz était parti en courant à toute vitesse. Il était parti se réfugier dans la serre se trouvant à l'autre bout du jardin. Les larmes ne cessaient de couler. Puis il s'est mis à hurler. Et alors que les mots de son père résonnaient sans sa tête, ça c'était produit. Dans cette serre, il y avait des tas de chaînes qui traînait un peu partout. Certaines pour retenir des outils, certaines pour faire tenir des pots de fleurs au niveau du plafond. Le blond avait hurlé une autre fois alors que ses larmes coulaient toujours et au même moment, toutes les chaînes s'étaient brisées. Ses pouvoirs étaient là.

Quelques jours après. Le chagrin envolé mais son père toujours aussi distant, un autre événement inattendu s'était présenté. Oz allait faire la rencontre de deux filles un peu plus jeunes que lui. Mais plus particulièrement la rencontre d'Alice. C'était si rare qu'il y ait de la visite chez eux, ou plutôt que le blond ait droit de prendre part aux visites, alors il était très impatient de les rencontrer. Ce sont les Baskerville qui étaient venues. Une famille avec laquelle les Vessalius faisaient affaire. Le blond avait essayé de comprendre en quoi ils faisaient affaire d'ailleurs, mais il était encore trop jeune pour comprendre. Et il n'avait pas essayé de comprendre plus que ça après avoir rencontré les deux jumelles. Alors qu'Alyssa était restée avec les adultes, Oz et Alice étaient partis jouer ensemble de leur côté. Les deux s'étaient très rapidement entendu et au fil des années, un lien fort c'était créé entre eux. Même si la brune continuait toujours d'appeler le blond "son esclave" et que certaines de ses actions étaient maladroites, le jeune Vessalius avait toujours hâte de la retrouver. Il adorait tous les moments passés avec elle. Les aventures qu'ils créaient. Les chasses aux trésors qu'ils improvisent. Les histoires qu'ils inventaient. Les combats qu'ils menaient contre les terribles Chains de l'Abysse mais qu'ils arrivaient à vaincre grâce aux puissants pouvoirs de B-Rabbit. Les chamailleries aussi le faisaient sourire en y repensant. La brune avait son caractère. Elle était différente des quelques personnes que le blond connaissait. Mais tout lui plaisait chez elle. Tout ce qu'il voulait en la voyant, c'était qu'elle soit heureuse. Que sa précieuse Alice lui fasse le plus beau des sourires. Mais bientôt il n'allait plus pouvoir voir son sourire.

Une dispute entre les Vessalius et les Baskerville allait les empêcher de se revoir et ils ne pouvaient rien y faire. Ne serait-ce que de se dire juste au revoir et non adieu, non pas sans s'être fait une promesse avant d'être séparé après trois ans à avoir passé tant de temps ensemble. Une promesse, un contrat, comme quoi jamais ils ne s'oublieraient, que quoi qu'il arrive, quand ils se retrouveront, ce sera comme s'ils ne s'étaient jamais quitté, que tout allait rester pareil entre eux. C'est ainsi qu'Oz avait hérité de cette montre à gousset donc il ne se sépare jamais. Et puis il y avait eu ce baiser. Peut-être une simple façon d'officialiser ce pacte pour Alice. Pour le blond, ça avait eu un tout autre effet, mais il n'en a jamais rien dit.

Du jour où il ne pouvait plus voir Alice, les jours lui paraissaient extrêmement long. D'autant plus que Gilbert et Ada étaient partis du manoir depuis quelques années déjà. Même s'il les revoyait pendant les vacances ce n'était pas pareil et être seul après avoir étudié. Même les livres n'arrivaient plus à l'occuper. Heureusement, ses onze ans étaient très vite arrivés et ce n'était plus qu'une question de mois avant qu'il puisse lui aussi enfin apprendre la magie. Le choix de l'école avait très rapidement fait. Du jour où il avait développé ses pouvoirs, ils avaient longtemps réfléchi après avoir réclamé des papiers des différentes écoles de magie à son oncle. Poudlard semblait le choix le plus logique. Il était anglais, c'était l'école la plus proche. Mais son choix c'était porté sur Ilukaan qui lui avait simplement vendu du rêve. Il n'était juste pas question d'aller ailleurs maintenant que l'heure était venu. Ainsi, il avait attendu septembre avec impatience et le jour J arrivé, une nouvelle vie venait de s'offrir à lui.

Même s'il était habitué aux grands domaines, l'ambiance qui régnait à Ilukaan était-elle qu'Oz en avait plein les yeux à son arrivée. La cérémonie, voir tant de monde lui qui avait toujours eu interdiction de se mêler à la foule le peu de fois où il avait été autorisé à sortir. Il était vraiment heureux et très vite il allait simplement se sentir chez lui.

Le jeune Ursirre avait très rapidement trouvé sa place entre ses murs. Les cours lui plaisaient encore plus qu'il ne l'aurait imaginé. S'il n'avait pas peur de manquer de temps pour étudier et avoir des résultats qui suivent, il aurait sûrement pris plus de deux options. Il s'était fait de nombreux amis et plusieurs ennemis, on ne pouvait pas être aimé de tous. Mais il était heureux. Malheureusement, à chaque fois qu'il rentrait chez lui, il était confronté à son père et toute la bonne humeur qu'il avait accumulée disparaissait et en retournant à Ilukaan, il adoptait ce masque, faisant comme si de rien n'était. Ce masque qu'il a commencé à se forger du jour où son père l'a brisé. Bien sûr, il y avait eu le retour d'Alice qui lui avait donné beaucoup de baume au coeur. Personne ne lui avait dit qu'elle allait venir dans cette école alors, quand il avait croisé son regard lors de sa rentrée, il avait l'impression d'être dans un rêve éveillé. Mais son masque était pourtant toujours là. Ce masque qu'il arrivait à faire tomber avec elle quand ils étaient plus jeune mais qui était devenu une réelle part de lui-même après s'être quitté. Mais la vie continuait et Oz gardait tout de même le sourire, meme si parfois ses agissements blessaient ses proches. Jusqu'au jour où il a fait la rencontre d'autres personnes. Plus particulièrement la rencontre d'Elliot, qui a été le seul à lui balancer en plein figure son plus gros défaut. C'était tout ce qu'il fallait pour qu'il prenne conscience. À partir de ce jour, tout a commencé à changer et c'est ainsi qu'Oz est devenu celui qu'il est aujourd'hui. Acteur de sa propre vie et non plus spectateur.

(c) Ilukaan