Ce soir-là, Kiku avait prévu de passer une soirée tranquille dans le dôme, confortablement installé dans un des fauteuils, pour s'amuser à dessiner les élèves et professeurs qui l'entouraient. Et il ne comptait pas se coucher trop tard, ayant cours le lendemain et étant un étudiant sérieux qui avait besoin de ses huit heures de sommeil pour travailler convenablement. Il n'avait certainement pas prévu de se retrouver dans le parc du château d'Ilukaan, dans le froid encore présent de début juin, en compagnie de son ennemi juré Feliciano Vargas, sa cousine -ou quoi que Cirilla soit pour l'Italien, cela ne le regardait pas vraiment- et du directeur, pour rechercher le chat disparu de ce dernier.

Il se demandait encore comment il avait été embarqué dans cette aventure -qui selon lui, risquait d'être bien ennuyeuse. Peut-être avait-il eu pitié de la mine défaite de leur pauvre directeur, inquiet pour son animal de compagnie. Peut-être était-ce car Kiku appréciait les chats et ne pouvait se résoudre à laisser cette pauvre bête se balader seule dans l'école, bien qu'elle était sans doute habituée à s'y promener sans avoir besoin que l'on lui vienne en aide. Ou peut-être était-ce le fait que Feliciano et son amie -sérieusement, fait-elle au moins partie de la famille ?- allaient participer à cette excursion et qu'avec ces deux-là, il y avait des chances que la mission parte dans tous les sens. Mieux valait quelqu'un qui savait ce qu'il faisait et Kiku se considérait en tant que tel, étant plus âgé et possédant une maîtrise plutôt avancée du sortilège de pistage.

Bref, ils s'étaient rendus à une endroit apprécié de Minou le Terrible, Fils de Zeus, Conquérant des Terres Septentrionales, Terreur des Sept Mers -franchement, quelle idée de donner un nom pareil à son chat ?-, soit le parc, où le Japonais pouvait sans mal l'imaginer batifoler... et fondait discrètement rien qu'à cette pensée. Vraiment, un chat qui joue, c'est adorable. Cirilla, dans un désir d'épargner leurs pauvres yeux par cette nuit noire, avait allumé sa baguette pour rendre leurs recherches un peu plus faciles, pendant que Feliciano l'optimiste s'occupait de rassurer M. Leroy. Kiku, lui, attendait simplement que Vulcain, son merle, réponde à son appel. L'oiseau connaissait les moindre recoins de l'académie et avait un flair à toute épreuve, sûrement suffisant pour retrouver un chat égaré. Vu la taille de l'école, cela prendrait peut-être un petit peu de temps, mais c'était déjà ça. Cela leur faciliterait grandement le travail, et Kiku ne voulait clairement pas passer la nuit ici.

Une fois arrivés sur place, le Japonais leva les yeux, repérant déjà la forme sombre de son oiseau, se découpant sur les nuages gris et le ciel étoilé. Il leva le bras pour le réceptionner, et Vulcain se posa gracieusement sur son perchoir préféré, piaillant joyeusement. Kiku se mit à lui parler en japonais, la langue avec laquelle il avait été dressé.

« Le chat du directeur a disparu. Essaye de retrouver sa trace, s'il te plaît. Cherche dans les endroits où il a l'habitude d'aller. »

Vulcain lui répondit d'un nouveau pépiement, avant de déployer ses petites ailes et de s'envoler en direction du château. Ni une ni deux, Kiku sortit ensuite sa baguette, repassant en anglais en butant un peu sur ses mots.

« Le sortilège de pistage, je vais le lancer. Si tout se déroule comme prévu, nous devrions voir apparaître les empreintes laissées par le chat ces trois dernières heures. »

Et il était sûr que tout se déroulerait comme prévu, ayant confiance en ses capacités. Il prononça la formule à voix basse, faisant tourner sa baguette devant lui. Un nuage bleuté s'éleva alors autour de leurs pieds, avant de s'écarter en faisant voler les feuilles et les brins d'herbe, permettant l'apparition des traces. Il vit des empreintes apparaître sur le sol dans une lueur bleue, phosphorescente, cherchant déjà à savoir s'il s'agissait de celles du chat ou non.

Dé du destin: