Ça faisait bien longtemps que la nuit était tombée. Cependant, Edelgard n'arrivait pas à dormir, peu importe à quel point elle tournait, se tournait encore et fixait le plafond. Ça ne lui arrivait pas souvent, du moins pas tellement depuis son arrivée à Ilukaan, mais les insomnies ne lui étaient pas totalement étrangères. Il lui fallut une heure passée à fixer le vide avant de réussir à déterminer que sa situation ne changerait certainement pas, et que ça serait sûrement une idée plus judicieuse de tout simplement abandonner pour ce soir.

Elle sortit silencieusement de son lit, pour éviter de réveiller ses camarades de chambre. À pas de loup, elle quitta également la pièce - même si elle était encore en pyjama, elle décida de ne pas s'habiller pour ne pas faire de bruit, et, surtout, parce qu'il était... Quoi ? Deux, trois heures du matin ? Tard. Bien assez tard pour prendre le risque de sortir sans croiser qui que ce soit, donc sans s'embarrasser.

La préfète quitta le dortoir des Lupy rapidement. Un peu d'air ne lui ferait pas de mal, avait-elle déterminé. À force de marcher autour du campus, cependant, elle commença assez rapidement à s'ennuyer. Les balades de nuit lui faisaient du bien, beaucoup de bien, mais un petit mal de tête, hérité de sa tentative de s'endormir peut-être un peu trop longue pour les chances de réussite qui étaient en jeu, combiné avec le froid nocturne qui lui donnait la chair de poule, lui donna envie de trouver refuge.

Regardant aux alentours, il n'y avait que la lumière d'un seul bâtiment qui brisait la noirceur. L'observatoire, évidemment. Aux heures les plus sombres de la nuit, en plus d'être un endroit où elle pourrait être au chaud, une vue incroyable lui était pratiquement promise. Malgré sept longues années de cours là-bas, le ciel restait tout de même magnifique. Même des travaux ennuyants ne pouvaient pas changer ça.

Ouvrant la porte, la préfète resta sur place pendant quelques instants, profitant du silence et du calme de l'endroit, qu'il n'avait pas pendant les cours. Elle s'avança. Les échos de ses pas pouvaient être entendus, si on écoutait bien.

Le hall, là où se trouvaient les télescopes, était toujours aussi impressionnant. L'ouverture au ciel, la lumière calme de la lune... Ils suffirent, vu l'absence, encore une fois, d'un public qui la rendrait plus réticente à l'idée, pour lui tirer un léger sourire. Les yeux rivés sur le voûte céleste, elle s'arrêta pendant de longues secondes pour l'admirer dans toute sa splendeur. Son mal de tête lui paraissait même presque disparaître.

Le moment se termina cependant beaucoup trop vite, beaucoup trop tôt, lorsqu'elle remarqua finalement le bruit. Des respirations, des ronflements légers, même. Surprise, elle baissa la tête et balaya la salle du regard.

Le coupable fut facile à trouver. Un homme, aux cheveux blancs presque comme les siens, qui dormait avachi non pas sur une chaise ni sur le sol, mais directement sur un bureau. Pendant un instant, elle hésita. Serait-ce une meilleure idée de lui dire pour qu'il rentre et lui éviter un torticolis ou lui laisser la paix ?

Hmm. Non. Dormir dans les salles de cours en pleine nuit n'était pas vraiment permis non plus, alors ça serait une meilleure idée de le rediriger vers son dortoir.

Décidée, l'Allemande s'approcha de lui. Elle s'arrêta proche de son bureau et ne fit rien pendant une seconde avant de tapoter délicatement sa main sur son épaule.

« Réveille-toi. »

Il se releva avec une certaine lassitude, alors que l'héritière se contentait de regarder, le dos droit et son expression sérieuse de retour sur son visage. Comme d'habitude.

« Non merci, pas en particulier. Par contre, je ne sais pas si tu as choisi le meilleur endroit pour passer la nuit. Tu devrais rentrer, sauf si tu cherches à avoir mal au dos demain. »

Sans agression particulière, elle ne sonne cependant pas comme si elle plaisantait. Non, elle n'est... Pas très bonne pour la conversation agréable. Simplement de la cordialité.

Edelgard fit un pas en arrière quand le garçon se leva. Son pouce en l'air et son sourire n'eurent visiblement aucune réponse de sa part, qui resta impassible, comme toujours. Cependant, bien qu'elle ne le laisse pas savoir, la bonne humeur de son interlocuteur était une bonne surprise. Un changement bienvenu de d'habitude. Dans ce genre de situations, on lui disait plus souvent de partir, que ce n'était pas si grave ou quelconque autre forme de plainte. Évidemment. C'était son rôle d'être trouble-fête, donc c'était de sa faute si personne ne pouvait s'amuser ou faire ce qu'ils voulaient si leurs actions ne se conformaient pas aux règles. Ça ne l'affectait pas vraiment, elle savait que ce n'était pas personnel, mais c'était beaucoup plus simple de gérer quelqu'un qui collaborait que quelqu'un qui geignait.

« Ah bon ? Vraiment ? »

Pendant les cours d'astronomie, elle n'a pas vraiment remarqué de coin meilleur que les autres pour voir les étoiles. Cependant, peut-être qu'il y en a bien un. Jamais ça ne l'a intéressée au point de le chercher ; elle se contentait seulement de faire son travail comme il lui était demandé, sans frivolités ou distractions. Comme dans la plupart de ses cours, en fait.

L'inconnu marcha vers les bibliothèques collées au mur, non loin de l'endroit où il avait cru judicieux de faire un petit somme. Ne le quittant pas des yeux, elle ne s'avança pourtant pas avec lui. Il faisait ce qu'il voulait. Elle devait simplement le réveiller pour lui éviter de la douleur plus tard, et peut-être aussi parce que ses principes et ses standards lui disaient qu'un table n'était pas un matelas approprié.

La préfète leva un peu un sourcil en entendant sa remarque. Jamais elle n'avait vraiment fait attention à l'astronomie plus que nécessaire pour réussir ses cours ; pas par manque d'intérêt total, mais surtout car elle était très occupée avec toutes ses responsabilités en plus, et peut-être aussi des hobbies plus appréciés, comme finir ses romans à moitié commencés ou détruire Dimitri aux jeux de société lorsque l'occasion se présentait.

« Je ne savais pas. Est-ce que d'ici on pourrait les voir ? »

Sa question est simplement posée par curiosité. Si c'était possible, elle aimerait bien découvrir quelque chose ici ce soir. Voir quelque chose, sinon. Ça ne lui redonnerait pas sa nuit de sommeil malheureusement perdue aux forces cruelles du destin, mais au moins ça passerait le temps et serait une expérience nouvelle, ou peut-être même agréable. Ou peut-être que simplement ça serait impossible, et qu'elle aurait quand même appris quelque chose de nouveau, même en pyjama dans l'observatoire à une heure bien trop tardive pour que sa présence soit une simple soif de recherche.

La Lupy tourna de la tête et posa ses yeux violets sur le ciel étoilé. Elle écoutait, mais il était l'objet de la conversation après tout, non ? Ça ne pouvait pas lui faire de mal de chercher un quelconque signe de quoi que ce soit sur sa toile brillante, malgré la pratique impossibilité qu'elle y trouve quoi que ce soit de spécial sans télescope.

Oh- un petit mouvement se fit voir sur sa vision panoramique, ce qui fit se déplacer son regard sur son interlocuteur à nouveau. Ce dernier hochait de la tête. Oui, alors. Oui, ils pourraient voir la chute des météorites. Cette nouvelle satisfit la blonde, qui s'était déjà mis en tête qu'elles seraient l'objectif de son matin.

Ne s'attendant pas à voir l'Ursirre se rapprocher à nouveau d'elle et du bureau sur lequel il s'était endormi probablement quelques heures plus tôt, elle fit à nouveau quelques pas vers lui lorsqu'il y revint avec son énorme ouvrage. La page ouverte était totalement à propos du sujet du jour ; les Eta Aquarids, les meilleures conditions d'observation et des notes interminables écrites en toute petite police qu'elle ne prit pas la peine de lire sur le coup. Du moins, pas avant que le livre se referme devant elle après quelques petites informations supplémentaires. Ne s'y attendant pas, Edelgard sursauta un peu, mais ne le laissa pas paraître sur son visage ensuite.

« J'ai bien demandé si c'était possible de les observer, donc j'imagine que mon intérêt n'est pas nul. »

Elle haussa un peu des épaules ensuite avant d'aller poser ses mains sur ses hanches.

« Attendre l'aube ne me dérange pas. Il est trois heures du matin de toute façon et ce n'est pas une très bonne heure pour aller se coucher je crois bien. Un café demain matin fera. »

Un sourire ne serait pas son genre. Ses mots sont sérieux comme d'habitude et ne communiquent aucun enthousiasme, mais elle est quand même curieuse à l'idée d'être témoin de ce futur spectacle, malgré la lune gibbeuse qui risque de le rendre moins dynamique. Au moins, se dit-elle, ça lui donne quelque chose pour passer la nuit ; quelque chose de surprenant, d'inattendu, mais bon. C'est ça la vie. Pas tout ne peut être prévu. Elle n'avait pas prévu de faire une insomnie non plus ni de rentrer dans l'observatoire en ayant trop froid, mais c'est arrivé.

Edelgard n'est pas le genre à être téméraire ou à se lancer dans l'action sans réfléchir, ni à chercher la surprise dans ses journées. Elle a plutôt l'habitude de suivre des plans, mais bon, un peu de décisions prises rapidement, ça arrive à tout le monde. C'est une adolescente, pas un robot, après tout, malgré ce qu'on peut des fois en penser.

« Tant qu'à avoir un peu de temps pour attendre... J'ai oublié de te le demander. Comment t'appelles-tu ? »

En tant que préfète, elle aime apprendre le nom des élèves de sa maison - elle doute que celui-ci soit un de ses petits Lupy, mais elle a le même exact intérêt à le savoir malgré ce fait.

Sahel ? Hmmm... Le nom ne lui semblait pas inconnu. Le... Ah ! Ça lui revint. Le frère de Puhnan, si elle se souvenait bien. Elle ne connaissait pas spécialement le plus grand de la fratrie non plus, mais il avait tendance, disons, à être plutôt remarquable. Difficile pour elle qui devait garder un oeil sur ses camarades de ne pas le remarquer éventuellement.

Et, éventuellement, elle avait entendu le nom dans la salle commune. Les jeunes aimaient parler. Qu'ils soient en première année et encore des enfants, des ados de 5ème année ou des adultes de 11ème, ça ne les empêchaient pas de se raconter tout et n'importe quoi. Assez heureusement, elle n'avait rien entendu de particulièrement inquiétant à propos de lui. Vaut mieux rien que des mauvaises nouvelles.

« Edelgard. Enchantée. »

La politesse lui plut. Réflexe intégré après plusieurs années à vivre dans la haute-société sang-pur, et encore plus en sachant qu'elle avait comme intention de se lancer dans la politique une fois adulte et instruite, elle serra la main qui lui était tendue sans l'once d'un doute ou d'une hésitation. Après tout, qu'est-ce qui pourrait bien arriver ?

Cependant, alors que sa main prit contact avec celle de son interlocuteur, un bruit se fit entendre.

Un long, long, long prout.

Ses sourcils se froncèrent tout légèrement. Sans devenir ronds comme des soucoupes, ses yeux ne pouvaient pas trahir sa surprise. Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il venait de se passer, au juste ?!

Non. Non, il n'avait certainement pas... Fait ça. Avec une lenteur motivée par le choc, elle abaissa son regard. Vers la main de Sahel. Pour mieux observer, elle la lâcha, encore avec un petit mou à son action.

Oui. Oui, c'était bien ça, elle avait eu raison. Il n'avait pas pété. Il... Il avait seulement un coussin à pet dans sa main, pour, ce qu'elle réalisa à cet instant, lui faire une blague. Un prank, comme ils le disent sur WitchTube. Ne sachant pas trop quoi dire, n'ayant pas l'humour le plus fort de la planète, elle essaya de trouver ses mots pour quelques secondes.

« ... Tu m'as eue. »

Aucun humour dans sa phrase. Ses mots sont sortis tous seuls sous l'effet de la surprise et de l'incrédulité. Heureusement, elle n'est pas en colère ; seulement incapable de réagir comme il faut à une telle présentation.

Après tout, elle avait bien appris les manières de table, l'étiquette, bien parler et bien se présenter en public. Ses parents devaient bien couper quelque part, et il se trouvait que l'humour était un de ces endroits.

Hmmm... Au moins, la prochaine question, elle pourrait répondre plus aisément.

« Oui, c'est bien moi. »

Bon, ce n'est pas surprenant qu'il le sache. Les préfets sont faits très clairs en début d'année pour que les membres de chaque maison puissent aisément les retrouver et se référer à eux ; ce n'est pas très choquant que quelqu'un, même d'un groupe différent, les connaissent. C'est comme le conseil des élèves ; tout le monde sait qui en est le président et le vice-président pour les mêmes raisons exactement.

C'est même rassurant qu'il la reconnaisse, en réalité. Ça veut dire que le travail de présentation et d'orientation n'a pas été fait à moitié.

La question que Sahel lui posa après s'être confortablement installé sur la table devait bien être demandée à un moment ou à un autre. Lui, il s'était endormi ici, c'était simple ; par contre, pourquoi est-ce que quelqu'un serait bien ici à une heure aussi tardive ? Ou tôt, dépendamment du point de vue, mais tardive serait sûrement plus appropriée, vu que le soleil n'était toujours pas proche de se pointer.

« Je n'arrivais pas à m'endormir, alors je suis allée prendre une marche. Il se trouvait qu'il faisait froid dehors, alors je suis tout simplement rentrée dans le bâtiment le plus proche, donc ici, où il se trouve que quelqu'un faisait une sieste. »

En même temps qu'elle lançait sa petite pique (pas trop agressive, heureusement), la blonde tira la chaise du bureau adjacent à celui choisi comme tabouret par l'Ursirre et s'y assit. Elle ne comptait pas partir bientôt, alors autant se mettre confortable plutôt que de rester debout jusqu'au petit matin en attendant l'heure où les météorites seraient visibles.

« Et toi ? Enfin, tu dormais, mais pourquoi n'es-tu pas rentré pour avoir un lit plus confortable que du bois ? »

À la position dans lequel il était quand elle l'a trouvé, il n'était sûrement pas tombé dans les bras de Morphée en plein milieu de recherches ou de travaux. Il avait plutôt l'air de s'être fait confortable, mais... Sur la table ? C'était assez exceptionnel. Peu de personnes ne feraient pas l'effort au moins de se faire un coussin avec un pull ou quelque chose dans le style.

Bon, peut-être qu'elle connaissait bien quelqu'un qui ferait ça, en fait, mais... Mais ça restait tout de même un désagrément, et elle espérait ne pas avoir à le réveiller à des endroits inopinés bien souvent. Ou sinon que l'universitaire avait les moyens de se payer une physiothérapie.

Regarder les nuages ici... Ça faisait du sens. Il aurait tout aussi bien pu le faire dans le parc ou à un autre endroit en extérieur, mais cet endroit avait comme avantage d'être au chaud et d'avoir une vue dégagée, sans arbres ni toit dans le chemin, garanti. Si elle avait comme idée de faire ça, venir ici à une heure tardive, un jour sans cours, elle l'aurait fait aussi.

Cependant, la deuxième réponse à son interrogation fut plus intrigante. Comment est-ce qu'une surface dure et clairement pas assez grande pour la plupart des gens, sans support pour le cou à proximité, pouvait-elle être plus confortable qu'un lit mou avec un oreiller 5 étoiles ?

Edelgard prit une petite seconde pour y cogiter avant d'arriver à discerner quelques possibilités. Déjà, peut-être que ses camarades de chambre étaient bruyants ou agités. Elle ne pouvait que compatir à ça, vu qu'une fois les plans des dortoirs déterminés, difficile de changer de chambre. Même avec des plaintes, la plupart des gens devaient endurer leurs colocataires de septembre à juin, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Peut-être sinon qu'il avait eu la malchance d'avoir un mauvais lit ? Ou tout simplement qu'un changement d'air l'aidait à trouver le sommeil. Elle ne savait pas vraiment si c'était possible, personnellement, elle appréciait avoir un endroit similaire pour s'endormir. Sinon, elle avait plus de difficultés à le faire, ronflements agaçants ou pas.

« C'est dommage que tu aies du mal à t'endormir dans ta chambre. Y a t-il un problème avec, ou est-ce que c'est juste plus simple pour toi de faire des siestes sur des planches ? »

Peut-être que lui aussi faisait de l'insomnie ? Elle en faisait bien elle-même, après tout, sans particulièrement savoir pourquoi - mais bon, il n'y a pas toujours de raisons à tout. Peut-être que sa vie pas toujours particulièrement facile y avait contribué. Pas besoin de passer des heures à se demander pourquoi ; de toute façon, quand elle arrivait à dormir, ses cauchemars venaient souvent la hanter. C'était presque bien de simplement regarder le plafond quelquefois au lieu de revivre une noyade.

« Je ne suis pas sûre de pouvoir faire grand chose s'il y a un problème, mais si c'est possible, je peux en glisser un mot à un de tes préfets... »

Il n'était pas un de ses loups, elle le savait bien. Cependant, elle avait un contact direct avec les autres, donc même si elle-même ne pouvait pas changer grand chose, si quelqu'un dans sa chambre avait des problèmes de comportement, il pourrait avoir une petite discussion avec son responsable attitré. Ça ne ferait de mal à personne, juste un avertissement subtil, au contraire même. Edelgard, après tout, avait voulu être élue pour pouvoir au mieux aider les élèves de sa maison avec leurs problèmes quotidiens. Même ceux des autres, c'était aussi en partie sa responsabilité, d'au moins faire son possible.

Oh. Une des personnes les plus rigides sur les règles... C'est une bonne nouvelle, dans le sens où il n'y a personne à punir et c'est toujours mieux. Cependant, c'en est une mauvaise également, car ça veut dire qu'il n'y a pas grand chose à faire pour l'aider dans ce cas. Du moins, pas pour elle. Pour de la mélatonine ou des exercices spécifiques de relaxation, c'est une autre histoire.

Ça ferait moins de travail pour Jack. Ne connaissant pas ce Isaac, elle ne put qu'assumer qu'il était facile à vivre vu l'intonation de Sahel en parlant de lui. Rien qui sonne particulièrement inquiétant. Rien qui sonne inquiétant du tout, même, en réalité.

Elle avait eu raison lors de son premier brainstorm. Les insomnies. Ces sales pertes de temps qui ruinaient la santé pendant les périodes de cours, étaient énervantes pendant les vacances, sauf peut-être pour les jeunes plus nocturnes que diurnes.

« Oh... Je suis désolée. Ce n'est pas très agréable de ne pas réussir à s'endormir. La prochaine fois, j'y repenserai à deux fois avant de te réveiller, alors. »

Ou peut-être qu'elle demanderait plutôt à quelqu'un aux alentours de l'aider à lui trouver un oreiller ou quelque chose, ou le déplacer. Tant que les règles étaient suivies et qu'il n'était pas un danger pour sa future colonne vertébrale, autant le laisser dormir où il le pouvait.

« Il est bientôt 4 heures, hein ? »

Elle posa ses avant-bras sur la table devant elle, voulant se rendre un peu plus confortable. Il lui restait encore bien quelques heures ici avant que le soleil ne se lève et qu'elle doive aller enfiler son uniforme pour ses cours du matin.

« J'espère qu'avec aussi peu de sommeil, nous pourrons nous concentrer en cours demain. »

Edelgard en doutait. Elle pourrait peut-être y arriver, l'après-midi au moins, avec un repas équilibré et un café assez fort, mais elle n'avait absolument aucun espoir pour sa concentration du matin. Au moins, se dit-elle, elle pourrait demander à Dimitri d'emprunter ses notes. S'il avait dormi. Enfin, si il ne le faisait pas, elle aurait sûrement déjà un texto de sa part, alors autant garder espoir pour le moment.

Sahel aussi. En espérant qu'il ait quelqu'un pour l'aider avec ses notes, au moins. Elle s'en voudrait d'avoir été un détriment à son éducation. Pour une journée, certes, mais une erreur est une erreur, qu'elle soit à grande mesure ou pas. Elle devrait trouver un moyen de se racheter si ça se produisait.

Hmm. Il n'avait pas l'air de s'inquiéter, alors elle décida de lui faire confiance ; Sahel était son aîné après tout, il savait sûrement mieux qu'elle ses propres limites et faiblesses, et apparemment ça ne semblait pas trop le choquer de ne pas avoir sept heures cette nuit. Ça rassura la préfète, qui préférait ne pas mettre les autres dans une position désavantageuse si c'était possible.

Elle attrapa le coussin qui voleta vers elle avec aisance. Son regard se posa à nouveau sur l'Ursirre, exprimant assez bien sa reconnaissance avant même qu'elle n'ouvre la bouche pour le remercier.

« Merci d'y avoir pensé. »

Elle posa l'objet sous ses coudes pour le moment. Pas besoin de lui pour l'instant, elle ne comptait pas dormir. Au mieux fermer les yeux une dizaine de minutes plus tard, avant partir, peut-être. Ça ne lui ferait très certainement pas de mal.

Pendant la prochaine heure environ, leur conversation continua, légère comme elle l'avait été jusqu'à présent ; sans vraiment aborder de sujet personnel, tout simplement deux élèves qui passaient du temps ensemble lors d'une nuit où ils n'avaient rien de mieux à faire que d'attendre de voir un phénomène astronomique qui tuerait très certainement leur ennui.

Une fois l'heure venue, la Lupy se leva avec une petite excitation, causée par le long temps d'attente qui avait précédé la récompense, pour aller observer le ciel. Impassible, évidemment, à l'exception d'un petit sourire qui trahissait son état d'esprit du moment. Elle ne ferait pas ça à tous les jours, rester éveillée jusqu'au petit matin pour ça, mais pour une fois que l'occasion s'était présentée, elle ne regretta pas de l'avoir saisie.

Une fois qu'il y eut trop de lumière pour voir que que ce soit, elle reprit place sur la chaise qu'elle avait réclamée plus tôt. Avant même qu'elle le réalise, cependant, elle posa sa tête sur le coussin qui lui avait été passé alors qu'il faisait encore noir en cette matinée, juste pour se reposer en parlant avant de rentrer, se dit-elle. Ça lui ferait du bien de reprendre un peu d'énergie avant de se lancer les deux pieds devant dans une journée bien remplie.

Malheureusement, pas tout pouvait toujours se passer comme prévu. Sans même qu'elle le réalise, Edelgard s'endormit. Malgré la lumière et le jour levant, ils n'étaient plus assez pour la séparer du monde des songes. La fatigue l'avait prise après qu'elle se soit suffisamment changé les idées pour oublier tout le coton dans sa tête qui la tenait éveillée.

Et, pour une fois, elle fut chanceuse et se réveilla plus tard sans se souvenir de ses rêves.