Let's make a man out of you

Privé avec Kainé

Aujourd'hui est le jour le plus important de toute mon existence. C'est celui... où je deviens un homme. Mais comment pourrais-je devenir un homme alors que je m'identifie déjà comme un homme, me demanderiez-vous avec une naïveté enfantine ? Après tout, je ne ressemble ni un hippocampe ni une algue rousse attendant d'être allongée sur un sushi - ou alors mon miroir me ment depuis la naissance et soulève des questions bien plus inquiétantes. Théorie à creuser pour plus tard, mais bref. Sachez que, qui que vous soyez, ma réponse à cette question ne changera jamais : parce qu'il n'y a qu'en se faisant entraîner par la brute légendaire de l'école qu'on peut se prétendre homme, femme, non-binaire, agenre, ou n'importe quelle couleur agitée durant les marches des Fiertés. Aujourd'hui, Kainé va me péter la gueule... et je vais lui dire merci. Planté comme un piquet devant ma garde-robe que je dépouille de ses biens pour les jeter sur le lit de mes colocataires, mes mirettes, rendues rouges par ma conjonctivite fulgurante, s'arrêtent sur un ensemble que je ne porte d'ordinaire qu'en boîte. Mh. Qui dit gymnase dit sportifs, et qui dit sportifs dit mes jambes écartées en V genre claque-moi la fesse et appelle-moi Suzette. Pas le choix, il faut que je sois canon si j'y vais - Kainé comprendra, j'en suis persuadé !

Les jambes serrées dans le cuir de mon mini-short et les mamelons saluant le monde entier au travers de mon débardeur en tulle, je me prépare mentalement pour la dérouillée qui m'attend. Nul besoin d'avoir un O en divination quand on peut si facilement prédire ce qui va se passer dans ce gymnase : Kainé va m'éclater les dents de devant, probablement me déraciner la tignasse du crâne comme une carotte sortie du sol puis m'emboutir le bout du groin de par sa force de paysanne cocue. Cela ne me fait pas particulièrement plaisir mais... je ne peux pas me présenter tel quel devant elle - pas quand elle peut si aisément me les exploser façon porcelaine de chez mamie. Urgh... Tant pis. Avec une aisance décomplexée, je m'abaisse au-dessus de l'évier de la salle d'eau tout en pinçant entre deux doigts la pointe d'un premier croc. Il se disloque sans résistance, suivi du second ; je les dépose ensemble, satisfait et content de moi-même, dans une petite boîte transparente que je range en hauteur, loin de toutes les mimines susceptibles de vouloir les voler.

Mon précieux mis en sécurité, je bondis à pieds-joints jusqu'à ma paire de baskets, noue les lacets - une boucle, deux boucles, oreilles de lapin, une boucle, raté la boucle j'aurais dû prendre des scratchs, une boucle, deux boucles, oreilles de lapin [...] et me mets en chemin avec la joie de ceux qui savent qu'ils vont mourir. Je vais enfin me faire entraîner par Kainé, et une fois le mien de ravagé de la pire façon possible, je vais pouvoir détruire des BOULASSES. A commencer par celui de Baset. Ouais, ça, c'est un bon plan. Toujours partant pour le boulasse de Baset - et si ça peut étonner de ma part, pour une fois, c'est à 100% #NoHomo. Après quelques petites minutes à gambader, les tétons gelés par le froid et les poils roux de mes jambes dressés comme un chien d'aveugle, je me jette tel un désespéré sur la porte du gymnase et m'y faufile en grelottant. Kainé, Kainé, Kainé, où tu es, apprends-moi à être un homme, toi qui es une femme !

« Ave, professeure Kainé ! » Je m'exclame en la cherchant des yeux, puis sourit en la repérant. Dire que ce sac de frappe sera bientôt remplacé par ma poire : « Celui qui va mourir te salue, haha ! Par quoi on commence ? Des tours de terrain ? T'as vu, j'ai mis mes baskets qui clignotent ! »