Physique

Parmi les choses qui font sortir Nathaniel de l'ordinaire, ou en tout cas de l'apparence de citoyens normaux, il y a son style vestimentaire dirigé vers le street urban mais certainement pas aux couleurs moroses et tristes, ça non. Il ne se dérange pas pour se faire plaisir avec le spectrum des couleurs, tout particulièrement celles assez saturées et variées, et il n'a pas non plus peur d'essayer différentes combinaisons tout en gardant une certaine harmonie entre les couleurs. Il a aussi ses petites préférences pour certains habits, tel que les bonnets, les casquettes, les pulls ou sweat à capuche oversized, baskets, pantalons déchirés ou trop larges, tout du look d'un jeune délinquant des rues en bref ! Bien qu'en général, il portera surtout son fameux petit bonnet au dégradé violet/bleu, son sweat à capuche noir avec dessiné dessus une représentation assez simpliste d'une cage thoracique et d'un coeur, son épais manteau à capuche allant du cyan au rose pétant et au violet, mais aussi son jean d'un vert à vous tuer les yeux avec, là aussi, des représentations assez simplistes d'os des jambes dessus, et sans oublier ses chers gants sans doigts et ses baskets montantes noires !

Évidemment, en dehors de son apparence vestimentaire, notre jeune délinquant ressemble tout naturellement à un garçon de son âge.. ou presque. Passé ses 15 ans, la nature a décidé qu'il cesserait de prendre des centimètres et est resté depuis à environ 1m68, -si peu et pourtant contenant tant de colère-, ce qui le dégoûte profondément car la plupart des garçons de son âge, voire même plus jeune d'ailleurs, sont plus grands que lui et ne manquent pas de le lui rappeler par moment. C'est un sujet sur lequel il est encore très sensible et qui le fait facilement partir au quart de tour si l'on s'avise de le lui pointer. Heureusement, c'est bien l'une des seules choses qu'il déteste dans son apparence, en dehors de cela il possède des cheveux épais, courts et platines, souvent en bataille,  qu'il a hérité de son cher père et dont il ne fait pas particulièrement attention à vrai dire. Quant à sa peau assez bronzée, il la tient de sa mère qui est Espagnol et qui lui a refilé à la naissance, ça n'arrange pas toujours Nathaniel car il trouve qu'un teint comme le sien ne va pas toujours avec sa façon de s'habiller et surtout avec les couleurs qu'il choisit, cependant il a appris à faire avec.

Alors que pense-t-il de ses yeux ? Ah, il doit toujours se plaindre alors ils ne sont pas épargnés. Pour leur part, en plus d'avoir de jolis bagages en permanence en dessous, il les trouve trop banaux, encore. Des yeux bleus on en voit tous les jours, peut être pas aussi vibrants et clairs que les siens, il est vrai, mais ce n'est toujours pas suffisant pour lui. Alors pour pallier à ce manque d'originalité, il les couvre de pupilles aux couleurs et -plus rarement- aux formes variées.

Mais qu'a-t-il donc en dessous de toute cette masse de vêtements ? Il n'y a pas que ce qui est visible au premier coup d'oeil qui est particulier chez le jeune blond, loin de là. Possède-t-il enfaite un corps d’athlète qu'il dissimule sous ces épais tissus ? Non plus. A vrai dire, Nathaniel a un corps tout à fait banal, il n'est pas spécialement musclé, voire pas du tout, mais il n'est pas maigre ou fin non plus. Il est dans la moyenne si l'on devait l'en juger. Il n'a pas d'imperfections non plus, la seule chose qu'on dénote de sa peau bronzée ce sont ses tatouages. Mais pas n'importe quels tatouages, ce sont des tatouages phosphorescents magiques. Invisibles sous la lumière et se révélant dans l'obscurité grâce à un coup de baguette, ce jeune garçon sait mettre son imagination en route lorsqu'il s'agit d'offrir quelques décorations à son corps. Il les affiche surtout aux occasions spéciales, comme pour des fêtes, ou lorsqu'il sait qu'il pourra les montrer et s'en vanter. Inspirés par la Fête des Morts, ces marques ressemblent notamment à des ossements du corps humains, ornementés de petits symboles variés, et s'étendent sur tout le haut de son corps en partant du ventre pour finir jusqu'au visage.
Le seul tatouage qu'il s'est permis d'être permanent se trouve dans son dos.

Caractère

— Patience est source de sagesse (ou pas). Aussi étonnant que cela puisse paraître, notre chère petite teigne peut s'avérer être quelqu'un de très patient, après tout, lorsque l'on pratique l'art, il en faut bien sinon on arrive à rien et on abandonne très vite. Ayant pour habitude de passer des heures voire des jours entiers à dessiner ou à peindre, Nathaniel, malgré sa susceptibilité très au point, a réussi à apprendre à être patient, très patient même. Bien que malheureusement, cette patience à toute épreuve peut vite s'effondrer en fonction du contexte, comment exactement ? Ca reste à découvrir.

— Être complexé, c'est tout un art. Pourquoi est-ce que la plupart des garçons finissent par grandir comme des asperges même pas à 15-16 ans ?! Comment ça se fait ? Alors que lui, ce pauvre petit gars, ne fait pas plus d'1m68 ! Extrêmement jaloux de ceux plus grands que lui, en plus d'avoir un nom de famille qui n'aide pas, Nathaniel complexe énormément sur sa taille, il aurait aimé être plus grand, ne serait-ce que d'être dans les 1m70 lui aurait suffit, mais non, évidemment, la vie en avait décidé autrement et le voilà qui ne grandit plus depuis déjà quelques années. Ayant perdu tout espoir de prendre à nouveau des centimètres, cela ne l'empêche pas pour autant d'être très pointilleux sur le sujet, c'est sûrement l'une des choses dont il a le plus horreur que l'on se moque, gare aux fesses de ceux qui pensent qu'il n'y a pas de conséquences derrière ces moqueries.

— Comme on dit, plus c'est petit, plus c'est teigneux ! Et c'est loin d'être faux ! Le jeune blond a un caractère bien trempé contrairement à ce que certains pourraient se dire à cause de sa taille. Plus c'est petit, plus c'est mignon ? Ahah. Raté. Bien loin de ce que son apparence peut porter à croire, Nathaniel en a fait trembler plus d'un de part sa façon de s'exprimer et de la puissance de ses cordes vocales lorsqu'il se met à crier, bien que cours sur pattes, sa voix porte plutôt bien et il sait jouer sur les tons pour faire comprendre dans quelle humeur il se trouve sur le moment. En plus d'être teigneux, il sait aussi se montrer extrêmement têtu et crue dans sa façon de parler, brisant de loin l'image biaisée d'un garçonnet doux et sympathique que certaines personnes pourraient se faire d'un vague coup d'oeil.

— Petit de taille, mais pas d'esprit. Être un artiste s'avère avoir bien des avantages, comme le développement de la créativité ou bien.. l'ouverture d'esprit. Niveau vision des choses, notre jeune graphiste en a une assez large (et je parle bien de sa vision, bande d'esprits mal-placés), il sait imaginer bien des choses, allant du banal à l'extravagant, du simple à l'étrange, du pure à l'horreur, tant qu'il est désormais assez dur de le surprendre avec quoi que ce soit. Bien qu'il garde toujours dans un coin de sa tête qu'il est sûrement loin d'avoir tout vu. Ce manque de limite à sa vision des choses pourrait lui en faire une qualité car plus à même de comprendre et/ou d'accepter l'inhabituel.

— Une vraie marmotte. Ce ne serait pas surprenant que ce soit son animal spirituel, tiens ! Bien que parmi les clichés que l'on a des artistes, il y a celui de cette personne qui ne dort quasiment jamais et qui a des bagages sous les yeux, Nathaniel échappe.. plus ou moins à ce stéréotype. Même s'il aborde effectivement des cernes sous ses yeux et un air constamment fatigué, il apprécie beaucoup dormir car ses rêves lui apportent souvent de nouvelles idées ou de nouvelles inspirations même lorsqu'il en a toujours beaucoup en réserve. Il pourrait dormir n'importe où d'ailleurs, c'est un gros dormeur et c'est tout un challenge de le réveiller lorsqu'il est plongé dans ses rêvasseries ; bémol, étant aussi très exigeant avec lui-même, malgré son amour pour cette douce chose qu'est le sommeil, il se donne très peu de temps pour afin de continuer à dessiner, à peindre, à taguer, etc.. à s'améliorer en bref.

— Qui a dit que la gourmandise était un vilain défaut ? En tout cas, pas pour Nathaniel ! A croire que son estomac ne connaît pas de limites, mais lui, il les connaît. Tout ce qui est cochonneries de nos jours, il en est friand : boissons énergisantes, sucreries, bouffe grasse et pas forcément très bonne pour la santé, pastaboxes, ce genre de choses, il les gobe tout rond. Tout particulièrement les milkshakes à la vanille, son péché mignon. Pas le temps ni l'énergie pour se faire de la véritable bouffe bien équilibrée, ça non ! Les plats que l'on peut faire chauffer pendant 2 minutes lui suffisent, il n'a pas un palet très fin et franchement ? Il s'en fout. Son grand-père a bien essayé de lui faire manger plus sain mais en vain. Il fait aussi parti de ces personnes qui mangent beaucoup mais ne prennent pas un pet de kilos, la nature est vraiment bien faite.

— Déterminé ? Check. Confiance en soi ? Hum. Lorsqu'il s'agit de détermination pour faire des conneries ou pour terminer une oeuvre d'art, il y a du monde chez Nathaniel ! Surtout qu'il est loin d'avoir peur de prendre des risques si le résultat en vaut le détour, aussi dangereux aura été-t-il. Mais quand il s'agit d'être sûr de ce qu'il fait ou d'avoir confiance en lui-même, là, il n'y a presque plus personne. Loin d'être quelqu'un d'arrogant ou de prétentieux, ce jeune homme, bien qu'il sache le cacher, n'est jamais réellement sûr de lui. En général il fonce toujours tête baissée avant de réfléchir aux conséquences, bien souvent à son plus grand regret d'ailleurs.

— Aucune barrière psychologique, et encore moins physique ! Très peu affecté par les codes et les normes de la société (à part sur un sujet en particulier), Nathaniel a toujours cette petite devise en tête : "La vie est bien trop courte pour l'encombrer de règles." se répète-t-il bien souvent. L'autorité, quel quelle soit, ne lui fait ni chaud, ni froid, et le pousse généralement plus à faire l'inverse de ce que l'on attendrait d'un bon citoyen. C'est loin d'être nouveau, depuis l'école déjà, les professeurs se plaignaient souvent de cet enfant à problèmes qu'était Nath', car il ne connaissait pas réellement de limites quand il s'agissait de faire les quatre-cent coups ! Même si c'est au risque de se faire botter le derrière ou de se faire réprimander, il est ce genre de personne vivant pour contre-dire les autres. Vous ne voulez pas qu'il fasse ceci ? Vous auriez mieux fait de vous taire car il va le faire rien que pour prouver que vous n'avez aucun contrôle sur lui, ni psychologiquement, ni physiquement.

Histoire

Malgré toute la volonté du monde, personne n'est à l'abri si la malchance décide de frapper.

Nathaniel Petit Muñoz, ou Nath' pour les plus proches de lui, rêve de devenir un artiste de renom comme son grand-père n'a jamais pu l'être. Non pas pour prouver qu'il est meilleur que lui ou qu'il a plus d'ambition, mais tout simplement pour le rendre fier.

Son grand-père -à qui il offre moult surnoms comme "abuelo", "vieux crouton", "le vioque", etc- est la seule personne à s'être réellement occupé de lui quand Nathaniel a débarqué à sa porte, dans les bras de sa mère. Lorsque ses paternels l'ont délaissés au profit de leurs propres jobs et de leurs ambitions, c'est le grand-père qui a dû se coltiner l'amour qu'a prouvé être le mexicain (fort heureusement avec un peu d'aide financière des parents).
Il ne s'en est jamais plains, jamais n'est sorti de ses lèvres râpeuses voilées par une pilosité faciale blanchâtre prononcée qu'il regrettait d'avoir pris le gamin et de l'avoir élevé. Même lorsque ses pots de peintures étaient renversés sur ses toiles finies, même lorsque ses murs ont été redécorés à l'aide de quelques crayons de couleur, quand bien même le nombre de fois où Nathaniel l'a insulté et l'a blessé car il aurait préféré voir ses parents absents de leur rôle, jamais n'aura-t-il une seule fois dit qu'il n'avait pas voulu de son petit-fils.
Et malgré ses paroles blessantes, ce dernier n'en a jamais pensé moins non plus.

Luis était le prénom de son grand-père,  magicien tout comme le père du petit Nathaniel c'est lui qui a fait l'éducation magique du gamin en plus de l'élever. Même si sa mère n'était qu'une moldue, il se voyait déjà maitriser la magie plus tard. Cependant, en plus d'être le remplaçant de ses parents et de lui enseigner ce qu'il y avait à savoir sur le monde de la magie, Luis était aussi un grand artiste. Non pas connu des foules mais un artiste renommé aux yeux de Nathaniel. Peut être était-il trop discret pour se faire connaître par plus de personnes, ou peut-être que son art n'était pas au goût de la majorité.
Il était le modèle de son petit-fils qui prit exemple très tôt sur lui, vers ses 2 ans déjà il avait prit en main des crayons de couleur et avait gribouillé partout où il pouvait, temps que c'était coloré et que ça lui plaisait. Le temps n'eût pas raison de sa passion pour l'art et, même s'il rejetait les conseils de son grand-père quand celui-ci essayait de lui en donner, il finissait toujours par les appliquer sous un regard discret mais ravi de Luis. Lorsque ce n'était pas Nathaniel qui stockait les connaissances, c'était son vieux qui l'admirait et essayait de comprendre sa vision artistique. Et ils pouvaient passer ainsi des heures dans son petit atelier au fond de sa maison et aux multiples toiles blanches parcourant le sol et les murs.
Évidemment tout n'était pas rose non plus entre ces deux-là. Il leur arrivait de se disputer pour des raisons triviales, lorsque Nathaniel le traitait une fois de trop de "vieux crouton" dans la journée ou que Luis essayait de faire manger des repas plus sains à Nathaniel fan de junk food.
Les courses poursuites à travers les couloirs de la maison étaient fréquentes, presque un quotidien même pour eux. Rien n'était épargné sur leur passage, temps que ça pouvait aider à ralentir le poursuivant; chaises, bibelots, matériels artistique, argenterie, coussins, tout. Et bien souvent, c'était Nathaniel qui se faisait courser et qui finissait quand même par se faire attraper et donner une correction -pas bien méchante évidemment-. Malgré cela, ils finissaient toujours pas se réconcilier et retourner à leur occupation favorite : dessiner.

Ces petites chamailleries n'étaient pas le seul défaut à leur relation. Entre Luis, un vieil homme solitaire dont la femme était morte bien avant sa propre heure et vivant reclus dans sa maison, et entre Nathaniel, petit teigneux en manque d'attention et d'affection mais trop fier pour l'admettre, la communication n'était pas toujours facile. Passant la plupart de leur temps dans le silence artistique à se concentrer sur leurs œuvres, ils parlaient peu ensembles et ce n'était pas quelque chose que, l'un comme l'autre, était doué à tenter de  faire. Nathaniel, jeune garçon se découvrant par lui-même avec le temps, avait fini par comprendre qu'il n'avait aucune attirance pour les femmes mais que ses yeux étaient plutôt dirigés vers les hommes. Qu'il était homosexuel et qu'il en était bien embarrassé. Non seulement car il avait conscience de la façon dont les personnes comme lui étaient traitées, malgré une meilleure tolérance du sujet dans sa génération, mais aussi car jamais lui et son grand-père n'avaient abordés de sujet autour de l'amour, des envies, de ce genre de choses en bref. Il ne savait pas quoi faire de cette information et des conséquences qu'un coming out pourrait engendrer alors il avait décidé de complètement la refouler. Mais sa plus grande peur à cause de ça était sûrement le fait que, comme ses parents, Luis se déroge à ses responsabilités et ne veuille plus s'occuper de lui (ce qu'il n'aurait jamais fait, malgré tout, mais Nathaniel avait bien trop de doutes pour s'y risquer).
Prenez une pincée d'absence d'attention parentale, ajoutez-y un soupçon de peur du rejet et saupoudrez le tout d'un manque trop important de communication avec la seule figure familiale présente, mélangez le tout pendant quelques années et vous voilà désormais avec le début d'une dépression. C'est, en tout cas, comme ça que cela a commencé pour Nathaniel.

Tous ces facteurs réunis finirent par avoir raison du petit teigneux qu'il était. A force d'enterrer ses sentiments et ses émotions, à force de vouloir cacher son orientation sexuelle, elle parvint à commencer à se développer comme s'étend de la moisissure sur un bout de pain. Intraitée car trop bien cachée par la volonté de Nathaniel à ne pas inquiéter son vieux grand-père déclinant avec les années, le seul moyen que celui-ci trouvait pour s'en soulager ne serait-ce que temporairement était de peindre, de dessiner. Échapper à la réalité pour quelques heures pour ne pas avoir à y repenser était ce qu'il avait trouvé de mieux. Trop fier et, sûrement, trop buté-borné pour demander à être aidé, Nathaniel est parvenu à cacher non seulement son orientation sexuelle mais aussi cette maladie qui le rongeait. Elle lui prit plusieurs choses : son sommeil ; le peu de bonne humeur qu'il arrivait à exprimer ; son énergie ; et pendant une période son envie de vivre.
Il aurait été impossible de dire ce qui lui permettait de s'accrocher ainsi, peut être son ambition à devenir un grand peintre, ou tout simplement cette rage de vivre qu'il était parvenu à garder. Luis eût aussi un rôle à jouer là-dedans, même s'ils échangeaient sur peu de choses aussi profondes, il ne se défila pas sous ses responsabilités et même sans savoir comment aider son petit-fils, il était resté avec lui et lui laissa le temps de guérir par lui-même.
Bien qu'aujourd'hui encore Nathaniel soit dépressif, bien que sa vision sur la valeur de sa propre vie soit encore biaisée par cette expérience, il n'a pas abandonné son envie de vivre. Comme il suffit de couper la partie moisie du pain pour qu'il soit encore consommable, il avait décidé de se débarrasser de cette merde lui collant à la peau. Non pas sans utiliser les mêmes moyens qu'avant, l'art resta sa façon de s'en soulager plus efficacement que le temps, en plus de quelques somnifères.

Son quotidien changea de nouveau lorsque, dans sa neuvième année de sa vie, il fit exploser quelques pots de peinture dans l'atelier de son grand-père sans prévenir. Ce fût la première manifestation de ses pouvoirs. A la place de s'en énerver, Luis s'était enjoué et avait congratulé son petit-fils pour ça, après tout, il venait de prouver qu'il était un sorcier comme lui et son père.
Ce dernier, comme sa mère, reçurent cette nouvelle de la part du grand-père, car ils se devaient de savoir malgré tout. Et c'est sûrement pour ça qu'ils se décidèrent à revenir vers leurs fils. Ne passant qu'une fois durant tous les deux mois environ pour prendre des nouvelles de Nathaniel avant que cela ne se produise, les voilà qui s'intéressaient à nouveau à leur progéniture, notamment le paternel. Quand autrefois les réunions de famille entre le quatuor se résumaient à des conversations sur leur business, sur les actualités plus ou moins intéressantes du moment, sans vraiment s'inquiéter du gamin à part de façon superficielle, désormais elles avaient changés.
Des discussions sur ce que pourrait apprendre Nathaniel dans une école de magie et à quel point il pourrait devenir un grand magicien afin d'avoir une grande carrière plus tard étaient de mises. Ils ne s'intéressaient toujours qu'en surface à ce que leurs fils était devenu avec le temps, à ce qu'il aimait faire, ses passions, ses désirs, ses goûts. Pourtant ils semblaient enfin lui donner plus de valeur qu'à leurs propres affaires; et contrairement à ce que l'on pourrait penser.. Nathaniel en était satisfait. Il ne portait plus autant d'amour et de besoin pour ses parents que lorsqu'il était plus jeune, mais maintenant ils lui offraient enfin ce qu'il avait cherché à avoir : leur attention.

Pendant les années qui suivirent, jusqu'à ses 11 ans, d'autres choses changèrent les plans que ses parents avaient dessiné. Notamment lorsque le père du gamin fût muté au Canada pour son boulot. Malgré leurs apparences froides, ses parents étaient un couple soudé et de ce fait, sa femme le suivit et, évidemment en même temps, elle prit avec eux leur fils.
Il perdit tous les repères qu'il avait réussi à planter, il allait dans une nouvelle école, dans un nouveau pays, il devait apprendre plus assidument une langue qu'il n'aimait pas avec des personnes dont il ne connaissait pratiquement rien au final. Son grand-père, Luis, l'y encouragea tout de même, pour lui c'était le meilleur moyen pour que son petit-fils découvre de nouvelles choses et sorte de son cocon, tout en lui faisant promettre de venir le voir aussi souvent que possible.
Mais ce n'était pas la seule chose qui changea non plus. Les années précédentes à son déménagement, Nathaniel s'était rendu compte qu'il ne portait plus autant d'importance à ce que ses parents lui donnent l'attention qu'il avait tant désiré. Avec le temps, il avait compris qu'ils en attendaient beaucoup trop de lui, que leurs attentes n'étaient pas les siennes, qu'elles n'étaient que celles que ses paternels voulaient qu'il atteigne et non pas ce qu'il voulait, lui. En y repensant, ils n'avaient toujours que grossièrement portés de l'attention à la passion principale de leur enfant : l'art. Ce n'était que futile et ça n'allait le mener nul part, disaient-ils.
Il apprit à ses dépends que, au final, le seul avantage que lui donnait le fait d'avoir retrouvé l'intérêt de ses parents sur lui était l'argent qu'ils étaient prêts à lui donner pour réaliser ce qu'il voulait et surtout combler ses caprices. Loin d'être pauvres, même très aisés si l'on peut dire, Nathaniel pouvait se permettre de s'acheter pratiquement tout ce qu'il souhaitait. Et il en profita. Il en profite aujourd'hui encore.

L'année de ses 11 ans, il débarqua à Ilukaan comme une fleur. Ou plutôt une rose avec beaucoup trop d'épines. Renfrogné et teigneux, dont la solitude ne le dérangeait absolument pas, il eût quelques difficultés à s'intégrer. Tout comme il eût du mal à accepter l'autorité là-bas, même si elle ne changeait pas vraiment de ses années scolaires précédentes, il était parvenu à se persuader qu'aucune autorité ne le ferait plier, en tout cas pas entièrement.. Nathaniel est un petit con, du haut de ses 11 ans et de ses 1m42 à l'époque, il était un sacré fouteur de troubles et s'est mangé plus d'une punition -et à l'occasion quelques tatanes aussi-. Avec les années suivantes, il finit par se calmer et se faire plus discret, mais il manquait rarement une occasion de faire une connerie qui lui vaudrait les foudres d'un professeur.
Mais ce qui dû le calmer le plus efficacement sûrement, c'est lors de sa 6ème année où on lui appris que Luis, son grand-père, avait été alité dans un hôpital car il n'était plus capable de s'occuper de lui-même à cause de son âge avancé et de ses problèmes de santé. Ses visites pour le voir s'espacèrent un peu plus car ses parents ne l'y autorisaient plus aussi souvent, même son grand-père lui demandait à ce qu'il passe moins souvent pour se concentrer sur ses études et sur son propre avenir à lui. Ce fût une douche froide pour le jeune mexicain qui, depuis ce moment-là, commença à compter inconsciemment le temps qu'il pouvait rester à la personne qui l'avait élevé.

"La mort n'est pas une fin", disait Luis. Nathaniel en avait conscience et le comprenait. Il avait voué depuis très jeune un certain intérêt pour la mort, nourrie par cette fête se déroulant tous les 2 Novembre, la Fête des Morts. Il vous mentirait s'il disait ne pas avoir peur de mourir, après tout, ce qu'il souhaite le plus, c'est de devenir un grand peintre avant que son heure n'arrive. A vrai dire, la mort le terrifie en même temps qu'elle le passionne, et cet intérêt morbide pour le sujet est sûrement sa plus grande inspiration dans ses chefs d’œuvres (en dehors de dessiner des hommes nus, bien évidemment). Tout comme ce sujet est très contradictoire avec Nathaniel, son envie brûlante de vivre est tout autant en contradiction avec les réminiscences de sa dépression voulant éteindre cette flamme.
Il ne mourra pas aujourd'hui, ni demain, ni d'ici plusieurs années car, avant, il deviendra un artiste de renom pour faire la fierté de son grand-père.