Hans avait un devoir à faire. C’est ce qui justifiait sa présence en ses lieux : la salle d’alchimie. Une magie plus scientifique que tout ce qui pouvait être enseigné dans les autres classes. Rigueur et persévérance. C’était les clefs pour réussir dans ce domaine et sans vouloir se vanter, non c’était ironique, il était excellent. Le roux ne parlait pas de ce genre d’excellence que certains ont l’audace de posséder dès le berceau. Non ! Il voulait évidemment parler de celle que l’on obtient à la sueur de son front. La seule qui méritait récompense.

Le danois s’installa à l’une des payasse et commença par sortir le devoir en question. Accompagné d’un livre et de diverses notes. Il ne fallait pas prendre l’alchimie à la légère. Certains des plus grands sorciers s’étaient fait exploser la tête en partant trop confiant. Ca ne lui arriverait pas. Il savait exactement où était les points dangereux à stabiliser, les éléments à écarter. L’ursirre n’avait jamais échoué et ne permettrait pas que cela se produise aujourd’hui. Après tout, il était excellent dans cette matière non ? Peut-être l’avait-il déjà dit mais cela ne changeait rien au fait qu’il soit excellent. Et que les autres devraient le remarquer et venir lui demander son aide. Ca lui ferait au moins un début de renommé et peut-être même que ça remonterait jusqu’aux oreilles de son père.

Le 6ème année savait que ses dernières pensées étaient illusoires. Quant bien même ses frères ainées entendraient parler de lui en des termes élogieux, jamais ils n’iraient reporter cela à père…

Perdu dans ses pensées, Hans était en train de rassembler le matériel comme un automate. Toujours tout en élégance car c’était là des gestes qui lui venaient naturellement. Avec cependant un poigne ferme pour ne rien laisser choir. Bien sûr, si une certaine rousse débarquait, cela pourrait déstabiliser l’étudiant mais pour le moment il était seul et cela lui convenait. La dernière chose qu’il souhaitait était de se faire interrompre au beau milieu de son œuvre. Une fois qu’il était plongé dans ses affaires, le roux détester qu’on vienne l’en distraire.

Le danois était fort concentré jusqu’à ce qu’une de ses horribles bêtes, que l’homme s’était amusé à domestiquer sans jamais obtenir un résultat parfait, ne saute en plein sur ses mains. L’homme retient un juron de peu. Qui donc laisser ainsi se balader son chat sans aucune surveillance ? Les étudiants n’avaient-ils donc aucuns sens des responsabilités ? Cela s’en était fallu de peu que le laboratoire explose. Hans leva les yeux au ciel. Une légère exagération, il le reconnaissait. Après tout, il n’avait encore rien mélangé. Le feu sous le ballon n’était même pas encore allumé.
Et bien, et bien. Ce félin avait donc une propriétaire et il savait obéir plus qu’il n’y semblait à première vu. Le roux s’essuya les mains l’une avec l’autre pour être sûr que la bestiole n’avait déposé aucun poile sur ses gants de protection. Un seul corps étranger et ça serait toute l’expérience qu’il devrait reprendre.

En voyant la jeune fille s’approcher, Hans lui sourit doucement. Tous ces contretemps n’étaient pas pour le mettre de bonne humeur mais son éducation l’empêchait de se montrer désobligeant envers une jeune fille.

« Bonjour. Vous parlez à votre chat ? » Vous m’ignorez pour parler à votre chat aurait été plus correct. Plus proche de ce qu’il avait ressenti mais tellement moins conventionnelle. Ah ! Elle finissait par se présenter. Ce n’était par forcément utile. L’ursirre connaissait sur le bout des doigts le dossier de chaque élève de l’école. C’était la moindre des choses quand on évoluait dans un milieu social que d’en connaitre tous les acteurs. Evidemment, c’était un travail qui l’ennuyait mais il était rapidement devenu une habitude. C’était comme cela que son monde fonctionnait depuis son plus jeune âge et il est des habitudes qui deviennent incontournable. Comme était-il savoir comment se comporter avec les gens s’il ne les connaissait pas ?

« Embêter ? » Il rigole un peu. « Je pourrais vous mentir en prétendant que non mais vous me semblez une jeune femme raisonnable. Je pense que je ne trompe pas en pensant que vous ne le prendrez pas mal si j'affirme que votre félin aurait pu en effet m'embêter.» Voilà, courtois mais un minimum honnête. Cela fait une belle image à donner aux gens non ? « Heureusement, il est arrivé 5 minutes trop tôt pour causer de réel dégâts. »

Ah et maintenant elle lui proposait son aide … Comme s’il était désespéré au point de faire confiance à une sang-mêlée sur ses compétences magiques. « Je n’ai même pas encore commencé mais il s’agit ici d’entrainement. Je pense qu’il est préférable de me débrouiller seul » Un nouveau sourire, légèrement désolée. Et voilà le tour était joué. Se débarrasser des problèmes sans paraitre méprisant. Un jeu d’enfant.

« Les animaux ne sont pas toujours contrôlables mais il est de notre devoir de les faire obéir » Si Charlotte avait le sens du mot caché, Hans l’avait tout autant. Oh, il ne lui signifierait jamais clairement qu’il désirait la voir quitter les lieux. Son attitude commençait à peine à le faire percevoir.

Hans n’était pas habitué à être le centre de l’attention. Pas dans le bon sens en tout cas. Certes, les professeurs étaient content de lui et lui accordait le même temps de conseil et de reconnaissance qu’aux autres élèves. Ils pouvaient même se montrer satisfaits par les résultats scolaires du danois. Ca n’en demeurait pas moins de simple enseignants, amenés à rester enseigner dans un certain milieu social et à oublié petit à petit leurs anciens étudiants. Le roux ne se faisait pas d’illusion quand à sa pérennité au sein d’Ilukaan tant qu’il n’aurait pas eu l’occasion de montrer son potentiel de leadeur. Malheureusement, pour l’heure, la plupart des places étaient déjà occupé. De toute façon, c’était des rôles qui demandaient une préparation minutieuse pour ne pas laisser une mauvaise impression à la fin de leur « mandat ».

La jeune femme, pardon… Charlotte, puis-ce que c’était son nom, n’avait pas l’air de vouloir partir. Pire ! Il sentait qu’elle n’était pas aussi innocente qu’il n’y paraissait à première vue. Hans allait devoir redoubler d’effort pour ne rien laisser paraitre. Rester cet homme droit, juste et charmant que la plupart des gens connaissaient. Un jeu d’enfant tant que la sale bête à poile ne remettait pas sa truffe dans ses affaires. « Je m’excuse si je ne vous fais pas la conversation mais vous devez le savoir. L’Alchimie demande de la concentration.»

Il était temps d’essayer d’oublier ces deux autres présences dans la pièce. Elles n’auraient même pas dû avoir l’audace de rester en vu de leur manque d’autorisation. Si on venait à les contrôler dans les minutes qui suivent, c’est sans aucun doute LUI qui en serait tenu responsable. Ca lui semblait une évidence de rester à sa place et de quitter la salle.

Le danois chassa ses pensées et mis toute sa concentration dans son exercice. Tout d’abord, il vérifia le cheminement du système. Le ballon et son bouchon juste à côté pour refermer une fois le liquide versé. Les pierres qu’il devrait charger en énergie au bon moment. Bien toutes à leur place. Et enfin le filtre et la fiole. Parfait. Plus qu’à préchauffer le ballon à feu moyen et il pourrait passer au mélange de la matière de base. Ah ! Avant qu’il n’oublie, il rapprocha le bac de refroidissement à coté de la fiole.

Si une erreur survenait ce serait soit une erreur matérielle liée à un défaut des outils. Bien que l’ursirre est vérifié les possibles éclats, ce risque existait toujours. Ou bien, une erreur magique liée à la charge des pierres. Hans ne pensait pas ce deuxième cas de figure possible. La confiance en soit était mère de réussite. Il n’était pas un raté.

Le danois se retient de se crisper à l’énième interruption vocale de la blonde. Qu’elle était exaspérante à le fixer de la sorte juste pour assister au moindre faux pas. Il n’avait pas réservé la salle pour une heure s’il n’avait pas l’intention de s’y trouver seul. L’ursirre continua ses démarches, le plus naturellement possible. C'est-à-dire, toujours extrêmement méticuleux, son regard fixé sur sa table de travail.

Hans sentait encore sur lui le regarde de Charlotte. En tant qu’experts de l’analyse, il savait reconnaitre une « collègue ». Le statut de la jeune femme passa de « oubliable » à « dangereuse ». Sa fausse voix douce, sous ses aires de jeune fille aimable … Il ne l’avait pas vu quitter son sourire depuis qu’elle était entrée. Seul les gens profondément triste et seule souriaient de cette façon. Comme un automatisme, un masque que son visage n’arrivait plus à quitter. Quel était ce sentiment qui pointé dans son cœur ? Ah oui, de la pitié. Le roux laissa échapper un petit rire.

Il allait devoir se montrer humble. Et bien soit. Hans en était parfaitement capable. Cela faisait partie de son rôle, de savoir rester à sa place de 6ème année quand une vieille venez vous déranger juste pour vous donnez des conseils.

« Je reste sur mes paroles. Il s’agit d’entrainement. L’échec en fait partie et permet souvent d’en retirer plus qu’une réussite immédiate mais merci pour vos conseils » Hans avait retrouvé son calme dès que Charlotte avait fait mine de partir. Le sourire doux qu’il abordait été on ne peut plus chiant de vérité. Pourtant intérieurement, ce sourire lui était destiné à lui Hans Westergaard. Il avait réussi à la faire partir bien plus rapidement que prévu.

Le roux n’avait pas rougit à la tentative de flirt. Comme si une demoiselle sans rang et sans nom pouvait lui apporter quoi que ce soit. Il avait déjà une personne qui occupait son cœur. Elle était mille fois plus vivante que la blonde et mille fois plus amusante. Elle semblait même pouvoir percer sa carapace… un jour. S’il arrivait, pour une fois, à la fin de son projet. En attendant, la lupy se vit accordé une second d’attention. Un petit hochement du haut du corps, le regard posé sur elle peut-être pour la première fois depuis le début de leur échange. « Je vous souhaite également une bonne journée » Oh ces formules étaient insipides à souhait. Il fut grandement soulagé quand elle franchit enfin la porte.

Il attendit quelques minutes pour être sûr que Charlotte se soit bien éloignée avant de donner une claque rageuse dans les pierres. Le jeune homme entreprit de tout recommencer avec des tiges de fixation un peu plus épaisses.