Au matin, Peridot s’installa à côté de Pidge, comme toujours. Le cours n’ayant toujours pas débuté, son amie s’exclama qu’elle souhaitait l’emmener quelque part après les cours et que ce serait une surprise. Ooh, elle aimait les surprises ! Mais vu le temps qu’elle devait attendre avant de savoir, sa curiosité allait être difficile à contenir.

Ce fut lorsque le professeur se mit à faire un rappel de théorie que la classe avait déjà apprise qu’elle se sentit particulièrement ennuyée. Elle détestait quand les enseignants faisaient cela ! Elle savait que certains élèves avaient un quotient intellectuel inférieur, mais ce n’était pas de sa faute s’ils avaient des problèmes de mémoire. Son esprit se mit alors à divaguer et elle se pencha vers sa voisine de bureau.

— Tu es sûre que tu ne peux pas me dire où on va ?! lui chuchota-t-elle.

Réponse négative. Humph. Elle passa donc à autre chose et elles commencèrent à discuter discrètement. Comme elles étaient pratiquement au fond de la classe, il était moins probable qu’elles se fassent choper. Le reste de la journée se déroula sans accroc et suite à la sonnerie du dernier cours, elles allèrent dîner. Mieux valait se remplir l’estomac avant la dites surprise. Ce fut en lavant ses lunettes à l'aide de son t-shirt qu’elle leva les yeux vers elle et déclara :

— Wow. C’était vraiment cruel de me dire ça ce matin et de me faire attendre tout ce temps. On peut y aller maintenant ?

Elle se leva de sa chaise, prête à suivre Pidge.

Pidge se leva à son tour, un sourire aux lèvres. Évidemment, pour elle, cela avait dû être très drôle de voir la jeune fille se torturer toute la journée à se demander où elle pouvait bien vouloir l’emmener. Après avoir installé son sac sur son dos, elle l’invita à la suivre. En chemin, elles discutèrent de plusieurs anecdotes, dont une que la blonde trouva si drôle qu’elle manqua de s’étouffer avec sa salive.

Elle regardait parfois autour d’elle et se demandait si elles arrivaient bientôt. En tout cas, elle n’avait toujours aucune idée d’où elles se rendaient, car il y avait plusieurs possibilités en ville. Elle continua de parler, s’emportant dans ses récits, et ne s’aperçut même pas qu’elles rentraient à l’intérieur de l’animalerie. Une fois qu’elle eut fini son monologue, son regard passa de Pidge au décor. Elle fronça les sourcils, confuse.

— C’est ici que tu voulais m’emmener ? Tu veux un nouvel animal ..?

Si c’était vraiment ça, alors elle était déçue. Elle avait parlé de leur sortie comme si cela la concernait, mais en fait, pas du tout… Ça ne la dérangerait pas de l’accompagner, mais pourquoi avait-elle dit que c’était une surprise ? Elle souriait bizarrement aussi… Elle l’observa un moment, les yeux plissés, avant de les écarquiller.

— Oh non ! Oh non non non ! s’exclama-t-elle en agitant les mains devant elle.

Elle avait compris pourquoi elles se trouvaient ici.

Face à la réaction de Peridot, la jeune fille ne put s’empêcher de se mettre à rire. Et alors qu’elle lui répondait moqueusement, elle secoua brusquement la tête de droite à gauche, comme si cela pourrait l’aider à remporter ce désaccord. Son regard se porta sur la porte, mais son amie se tenait juste devant, sûrement pour la bloquer, justement. Elle reprit sur un ton un peu plus sérieux et s’exclama qu’elle pourrait simplement les regarder, que cela ne lui coûterait rien même si elle n’en adoptait aucun au final. Elle plissa les yeux, grommelant.

Ce n’était pas la première fois que Pidge tentait de la convaincre d’adopter un animal. Elle ne comprenait pas pourquoi elle y tenait tant ! L’idée ne l’attirait pas. Elle avait déjà ses études, des séries télé et pleins de théories qui lui occupaient l’esprit. Pourquoi voudrait-elle devoir s’occuper d’un petit être ? Sans compter qu’elle devrait payer pour s’assurer que tous ses besoins soient comblés ! Alors qu’elle réfléchissait à tout ça, son amie en remit une couche en disant qu’elle pariait qu’elle n’était jamais allée dans une animalerie avant.

— Bien sûr que je suis déjà allée dans une animalerie, je ne suis pas une extraterrestre ! Même si j’aimerais bien !

L’italienne dit qu’elle pourrait au moins les saluer, puis la supplia du regard. Tactique classique Pidge.

— Bon d’accord, allons saluer les animaux.

Elle s’avança vers la partie des chats, celle qui était la plus près. Elle leva la main, l’air ennuyé alors que l’un d’entre eux se roulait sur le ventre.

— Salut chat.

Puis, un autre s’avança vers la vitre les séparant et feula pour une raison inconnue. Peut-être que la tête de Peridot ne lui revenait pas. En tout cas, elle lui feula dessus en retour.

— Tu veux te battre ?!

Suite au feulement de la jeune adolescente, le chat courut à l'arrière, sûrement intimidée par la grande et merveilleuse Peridot (en tout cas, ce fut ce qu'elle pensa dans sa tête.). Elle croisa les bras sur sa poitrine, un sourire en coin, fière de sa victoire. Puis, Pidge se mit à rire, son rire redoublant d'ardeur lorsqu'elle passait du visage de son amie à celui de l'animal. Qu'y avait-il donc de drôle ? Une fois qu'elle eut parvenu à se calmer, elle lui reprocha de lui avoir caché ses origines félines.

— Des origines félines ?! Moi ?!! Ne m'associe pas à ces créatures !

Les chats étaient des êtres égoïstes, narcissiques, manipulateurs et trouble-fêtes. Ils ne venaient te voir que lorsqu'ils voulaient de l'attention ou de la nourriture. Rien à voir avec elle (si en fait, mais chut, ça elle ne le réalise pas) ! La brunette s'exclama qu'elle allait certainement en parler encore dans trente ans.

— Hein ? Pourquoi, ce n'est pas vraiment quelque chose d'exceptionnel ? Je suis plutôt convaincue que tu vas oublier.

Elle continua ensuite en disant que visiblement, un chat n'était pas la meilleure option pour Peridot. Sans blague ? Elle la prit par la main et la traîna jusqu'aux rongeurs. Elle s'arrêta devant un hamster, qu'elle regarda tourner dans sa roue pendant un moment.

— Ta vie n'a pas l'air des plus passionnantes.

Elle bougea alors pour passer à des souris. Il y en avait trois dans la cage : une qui mangeait, une qui dormait et une qui grimpait sur celle qui dormait. Elle plissa les yeux en les observant.

— J'imagine que ça pourrait servir à des tests.

Sinon, à qui bon adopter des souris ? À la limite, elle pouvait comprendre un chat ou un chien. C'était de bonne taille, doux, les gens pouvaient les serrer contre eux pour se réconforter. Mais des souris... quel était l'intérêt à part celui-ci ?