Use a trash, not the floor !

Savoir si Milo était pressé ou simplement qu’il marchait d’un pas rapide laissant ses cheveux démesurément longs flotter dans son dos relevait du mystère divin. Le jeune homme marchait quasiment toujours d’une cadence presque militaire allant d’un point A à un point B sans jamais dévier de sa trajectoire. Le blond sous sa coloration aux goûts douteux était très méthodique, tout était calculé. Il semblait con ? Bon… Il l’était ou en tout cas s’il jouait la comédie il le jouait extrêmement bien. Et comme un magicien ne révèle pas ses secrets le scorpion n’aurait donné sa langue au chat pour rien au monde. Il était bien trop fier pour cela. Bien trop lui. Un esprit finement aiguisé derrière une apparence enfantine qui devait terminer son adolescence pour entrer dans la vie active. Honnêtement Milo n’en avait rien à foutre. Il aurait pu arrêter l’école qu’il n’en avait rien à foutre. Il aurait continué d’aider sa grand-mère au bar puis aurait repris le flambeau. C’était la seule chose qu’il voulait faire de son avenir et ça lui convenait très bien. Retourner sur son île, tenir le bar de la place du village, parler avec les villageois et les gens de passage, profiter du soleil c’était le plan parfait pour la petite vie tranquille à laquelle il aspirait. Ni plus ni moins.

Et le grec s’était mis à repenser à sa grande île qui était si chère à son cœur. Dieu que la Crète lui manquait… Il aurait vendu tout ce qu’il possédait pour y retourner là maintenant ! Il aurait vendu un bras pour boire des cafés frappés et des bières sur la plage avec ses amis. Il aurait vendu un rein pour faire du scooter et rouler comme un fou sans casque sur les petites routes sinueuses qui slalomait entre les plaines arides et les gorges désertes. Son pays lui manquait. Ici il faisait froid. On ne parlait même pas grec, soit dit en passant la plus elle langue du monde. Et puis en son absence et celle de son frère qui pouvait s’occuper de leur grand-mère correctement ? Il ne doutait pas que les villageois s’occupaient bien d’elle mais c’était aux fils Diamantis de bien s’en occuper, la famille était une chose sans prix, une chose pour laquelle on se bat corps et âme quitte à y laisser la vie.

Toute ces pensées plus ou moins joyeuses ouvrirent l’appétit du jeune homme qui se mit à farfouiller dans ses poches plus ou moins propres et plus ou moins ordonnées. Il trouva rapidement l’objet de ses pensées, un paquet de biscuits duquel il tira un biscuit plus écrasé qu’entier puis qu’il porta à sa bouche pour croquer dedans, le mastiquer, le mâcher puis l’avaler et recommencer l’opération. Cependant le biolet, en prenant son dû ne se rendit pas compte que ledit paquet de biscuit se prit des envies de libertés et sorti de sa poche pour tomber au milieu du couloir. Éventré ses boyaux de miettes de gâteaux se rependirent au sol le laissant agoniser dans la solitude et la souffrance alors que feu son propriétaire s’en allait.

Use a trash, not the floor !

En entendant l’homme s’adresser à lui le grec se retourna d’un coup faisant voler ses longs cheveux frisés tout autour de lui créant au passage de nouveaux nœuds. Il haussa un sourcil sans mot dire un instant mâchant simplement et bruyamment son biscuit. Il l’ingurgita rapidement en suivant son regard avant de baisser le sien. Oh !! Mince. Sa main fit donc le trajet de sa bouche à sa poche pour vérifier ses soupçons et… et oui… en effet c’était bien SON paquet qui était au sol devant lui ! Et devant le professeur au passage. Il franchit les quelques enjambées qu’il avait fait à peine une minute auparavant pour revenir à l’endroit où il se trouvait lorsque le paquet s’était fait la malle. Une fois devant Robert Small, professeur d’étude des moldus, il se baissa en grommelant lorsque ses beaux et soyeux cheveux touchèrent le sol et ramassa ce qu’il avait fait tomber. Une fois le bout de plastique en main avec les restes des biscuits il se redressa pour planter son regard bleu dans celui de l’adulte puis ouvrit la bouche pour laisser entendre son accent très typique.

« Non, il est juste tombé et je l’ai pas vu. »

Bien que le nom du professeur ait été cité quelques lignes plus haut le jeune homme blond au naturel (chose invisible puisqu’il arborait une couleur quelque peu…. voyante) ne savait pas qui il était exactement. Il se doutait que c’était un professeur mais QUI était l’homme et quelle était sa matière il l’ignorait et il s’en foutait un peu puisqu’il n’avait pas la matière qu’il enseignait. Quoi qu’il allait peut être l’avoir plus tard ? En cursus universitaire ? Oh merde ! Peut être il devrait faire bonne impression devant le vieil homme. Enfin vieil homme. L’homme d’un âge bien plus avancé que lui. Il fourra donc le paquet dans sa poche puis rejeta ses cheveux dans son dos avec un geste digne d’une pub L’Oréal. Un sourire en coin révélant une canine sponsorisée Colgate se fendit sur son visage.

« Désolé Monsieur… »

Tentative de Milo pour apprendre le nom de l’homme. Cette technique marchait relativement bien en général. Laisser sa phrase en suspens. La technique d’un peu tout le monde mais si justement tout le monde l’utilisait c’est qu’elle fonctionnait. Mais l’étudiant voulait en savoir plus, le simple nom de l’homme n’allait pas lui être suffisant, non il voulait aussi savoir quel poste il occupait dans l’école. Histoire de… savoir. Il se piquait bien du reste mais il voulait savoir et puis il semblait sympa, il ne l’avait pas engueulé et la manière dont il l’avait hélé semblait plutôt sympathique et sur le ton de la rigolade. Milo aimait les gars comme ça. Milo n’était pas compliqué. Milo était assez chaleureux et sympa. Milo était un brave gars qui appréciait discuter et parler avec des gars de son âge c’était grave cool mais parler avec des adultes accomplis c’était fort intéressant, on apprenait pleins de trucs.

Use a trash, not the floor !

La queen qu’était Milo haussa un sourcil, puis un second avant de comprendre la référence. James Bond ! Ouais enfin c’était un film de vieux donc le prof devait avoir au moins l’âge de son père. Au moins… Pourtant il semblait plus jeune que lui. En tout cas ils étaient pour sûr de la même génération. Lui en tout cas n’avait jamais vraiment aimé tout ces histoires d’agent secret, non, ce qui le faisait rêver c’était les héros de l’antiquité pas les vieux agents secrets alcooliques. Mais après ce petit étonnement le jeune homme ne put retenir un petit sourire. Son père se présentait comme ça parfois pour blaguer ou lui faisait le coup au téléphone. Il croisa ses bras en secouant légèrement la tête faisant voleter ses jolies bouclettes sur ses épaules. Ainsi le « professeur » lui demandait son nom. Il ouvrit la bouche, la refermant et se mit à sourire en coin dévoilant une belle canine blanche signée Colgate qui pourrait rendre jalouses les égéries de marques.

« Diamantis. Milo Diamantis. »

Au vu de l’éclat qui brillait dans son regard perçant il s’amusait quelque peu. Il enroula une mèche autour de son doigt avant de la lisser pour ensuite reprendre la parole.

« Elève »

Il ne précisa pas la maison imitant le professeur. Il lui semblait avoir trouvé un adversaire à sa hauteur ! Cependant si lui ne pouvait deviner la matière que l’homme-daron enseignait, le brun pouvait tout à fait deviner sa maison au vu des couleurs qu’il arborait fièrement sur son uniforme agrémenté d’une pierre ici encore de la couleur de sa maison. Mais Milo tenait à « jouer le jeu ». Mais n’appréciant pas de ne pas savoir à qui il avait à faire il rouvrit sa bouche pour s’exprimer et avoir la réponse qui le taraudait.

« Professeur de ? »

Il haussa une nouvelle fois un sourcil attendant clairement une réponse « utile » pour pouvoir ranger la fonction dudit Monsieur Robert Small qui lui semblait être un ressortissant du monde anglophone… en partie à cause de l’accent de l’homme avait. C’est sûr que c’est pas lui qui allait causer comme lui. Non de toute façon son accent à lui était bien mieux, bien plus chaud, bien plus chaleureux, lui il amenait le soleil avec lui par un simple flot de mots. Quand il parlait il y avait certes les mots mais aussi le soleil. Si bien que parfois il était incompréhensible pour ses pauvres camarades quand bien même il ne forçait pas sur l’accent. Quelle honte.

Use a trash, not the floor !

Le grec attendait sa réponse. Son splendide sourire Colgate ayant repris sa place sur son visage. Le jeune homme savait comment plaire et se faire voir correctement, ou tout du moins le pensait-il. Honnêtement Milo se foutait de comment les autres le voyait. Il était beau, charismatique, super cool et avait un corps de Dieu grec -sans mauvais jeux de mots-. Certes Milo pouvait avoir des airs de Diva mais il n’en était pas une. Il était bien au-dessus de tout cela ! De toute façon Milo était au-dessus de tout ! Il était simplement… Milo. Milo devrait être un mot du dictionnaire d’ailleurs !

« Ah ouais je vois ! »

Son sourire s’agrandit ! Il avait fortement hésité à prendre cette matière, après tout il aurait pu avoir de bonnes notes sans faire trop d’efforts, et il fallait l’avouer cela l’aurait fortement arrangé. Il AURAIT dû prendre cette option. Milo n’était pas le genre de mec à s’arracher à l’école, voire même pas du tout. Il faisait acte de présence, prenait quelques notes et en fin d’année était l’élève communément appelé « Le touriste », bien entendu Milo faisait parti du genre d’élève qui portait fièrement ses couleurs de touriste ! Mais là n’était pas la question. La question était de savoir que Milo aurait sans problème eut de bonnes notes. Sa mère étant moldue et ayant grandis dans un village moldu il s’en serait sorti ans problème. Il aimait d’ailleurs beaucoup leur univers et comptais s’installer dans le village de son enfance pour vivre comme il avait toujours vécu entouré de moldus.

« Nan. J’vais pensé prendre l’option mais j’ai paniqué et j’ai coché la case « Arts et musique magique » honnêtement je sais pas ce qu’il s’est passé mais j’ai fini dans cette classe ! Et entre nous, je chante très bien, mais je joue de la musique comme un manche ! »

Et le grec parti dans un grand rire sur cette confidence qui était plus factuelle qu’autre chose