Physique

Tu fais partie de ces gens qu’on appelle charismatiques. Et le charisme, ce n’est pas un détail unique mais une pluralité de trucs, de tout et de rien, qui fait que les gens aiment te regarder. Il faut avouer, tout d’abord, que ta stature ne te laisse pas vraiment l’opportunité de passer inaperçu. Ton mètre quatre-vingts légèrement dépassé, tes épaules larges et tes grandes mains rêches ; voilà qui permet de te reconnaître aisément dans une foule.

Ton aura est celle d’un voyou au grand cœur. Froide et dangereuse au premier abord, puis plus douce, presque chaude. Avec ta veste en cuir fétiche – recousue par endroits – et ton jean élimé, tu as l’air d’un vieux rockeur. L’air de quelqu’un qui sait comment s’y prendre, comment faire, comment gérer presque n’importe quel type de situation. Un tatouage dépasse de ta manche gauche, d’autres sont parsemés, ça et là sur ton corps. Un derrière ton omoplate droite. Un à l’une de tes chevilles. Tu n’aimes ni les justifier, ni les expliquer. Ils sont là, font partie de toi. Et participent indéniablement à ton allure de tough guy. Ajoutons à cela ta peau mate et les insécurités de l’américain moyen : voilà, les mamies changent de trottoir quand tu les croises. Et les jeunes filles accélèrent le pas quand tu es derrière elles, le soir. Tu pourrais faire en sorte d’inverser le cours des choses, de leur faire comprendre que tu n’es pas une menace. Mais tu n’es pas d’un naturel souriant. Pas quand tu te balades dans la rue, pas quand tu veux être au calme.

Au final, c’est ton visage qui est le marqueur du temps qui passe. Derrière ta mâchoire carrée et ton nez droit, les traits d’un homme fatigué. Des cernes creusés et des rides qui sculptent le contour de tes yeux, ainsi qu’un semblant de fossette. Tes cheveux sont poivre et sel, généralement messy comme ta barbe, que tu entretiens avec plus ou moins de régularité.

Caractère

La vie et toutes ses péripéties laissent des marques. Certaines sont physiques, d’autres plus intérieures.  Tu as connu le racisme, le rejet. Tu as connu la galère. La joie. Puis la perte d’un être cher. Tous ces éléments ont peu à peu construit une carapace, une sorte d’armure entre toi et les autres. Toi qui étais jeune exalté, extraverti, insouciant voilà que tu es devenu renfermé, froid. Il n’est pas facile de s’adresser à toi, pas facile d’établir le premier contact. Ta mâchoire est souvent serrée, tes yeux noisette n’indiquent rien d’autre que la volonté d’être seul. Tu te dis que c’est plus facile, moins dangereux, d’être seul. Rien à attendre des autres, aucune pression extérieure. Juste toi. Toi, ton alcool et tes cigarettes. Tes films aussi, tes documentaires sur les cryptides. Une belle vie, non ?

Pourtant, tu as tout d’un animal social. Tu as le rire facile, le sourire taquin qui vient se loger au coin des lèvres. Tu as toujours un petit mot d’humour, noir et jaune parfois, mais souvent bon enfant. Si jamais on parvient à être dans tes bonnes grâces, on découvre alors un allié incroyable. Loyal, protecteur, et même attentionné. Tes réflexes sont encore un peu rouillés, tu n’es pas toujours à la hauteur, mais quand tu aimes, tu aimes pour de vrai. Il faudrait vraiment te trahir pour s’enlever ton amitié. Et si jamais, si jamais quelqu’un venait à te jouer un sale tour … Gare à lui.

Tu as certes la quarantaine et plein d’expériences mais la maturité, tu ne l’as jamais eu tout à fait. Pas vraiment. Tu aimes les farces comme les bastons – celles là ne t’ont jamais quitté. Il ne vaut mieux pas te provoquer, tenter de jouer avec toi. Il suffit d’un acte de trop pour te remuer, pour t’ébranler et jouer avec ta stabilité mentale. Tu es persuadé d’être quelqu’un de bon, un gentil gars, dans le fond. Cependant, tu as le sang chaud et la colère facile. Et quand tu es lancé, il est bien difficile de te retenir. Tu sais que c’est mal, tu sais que tu devrais réagir autrement, mais tu ne peux pas t’en empêcher. Quand tu vois rouge, il n’y a pas de marche arrière.

Tu apparais un peu brute de décoffrage. Un peu comme un ours mal léché. Mais un ours cinéphile, lecteur, curieux et passionné. Bien que personne ne l’attendait de toi tu as développé une très bonne culture, des connaissances diverses et variées que tu entretiens dans ta zone de confort, à l’abri des regards. Cependant, ça se sent. Ça se sent quand tu parles, quand tu abordes certains sujets. Tu es sûr de toi, confiant. Et que celui qui te prennes pour un idiot oses te le dire, tu l’attends.  

Histoire

Tu es né à Hermosillo, au Mexique. Un mois de novembre tiède. Tes parents, Alan et Ximena, te donnèrent un nom blanc, un nom d’américain ; Robert. Et si tu t’appelais Robert Florez jusqu’à tes deux ans, ton nom de famille glissa vers l’Amérique au même moment que toi et ton père. Ta mère était restée derrière, pour s’occuper des papiers. Ils voulaient te donner une meilleure vie, plus juste, plus de chances de réussir et, pour eux, l’unique moyen était de devenir américain. Alors voilà, Robert Small, trois ans désormais et officiellement un ‘ricain.

Quand ta mère vous a rejoint, vous vous êtes installés dans un petit village. Un petit village chrétien. Si ton père, motard au grand cœur, était athée depuis longtemps, ta mère était une fervente catholique. C’était elle qui s’était renseignée, qui s’était dit que l’endroit était parfait pour élever un enfant. Malheureusement, le nom de famille changé ne fait pas tout et votre peau mate, vos cheveux de jais, tout cela était une excuse pour changer de trottoir, vous fermer la porte au nez, vous ignorer. C’était loin d’être facile mais vous avez fini par vous sentir chez vous. Deux ou trois familles, dans leur ‘charité chrétienne’ étaient finalement devenues des amies. Toi, tu découvrais à quatre ou cinq ans les affres de l’amitié auprès d’une petite blondinette. Une certaine Mary, Mary Christiansen.

Tu grandissais sans mal, courant à travers les rues du village. T’étais déjà costaud, même pour un gamin. Tu aimais bien faire le grand, faire peur aux autres aussi. Mais surtout, surtout, tu étais prêt à tout pour défendre tes quelques véritables amis. Plus d’une fois on t’avait récupéré dans des bagarres ridicules. Mais ça t’allait bien, le pansement au nez et l’œil un peu noir, tu étais heureux. A l’école, t’étais loin d’être le plus doué, mais loin d’être un cancre non plus. Plutôt fin, tu semblais te surpasser sur les sujets qui t’intéressaient et flirter avec le zéro parfait lorsque tu n’en avais rien à faire.

La vie au village était calme. Très calme. Jusqu’au jour où ta meilleure amie, Mary, a commencé à développer des …habilités spéciales. Le genre qu’il vaut mieux éviter d’avoir lorsqu’on vit dans un environnement aussi religieux. Tu ne te souviens que vaguement de cette période. Entre peur, colère, jalousie peut-être. Mais tu avais tout fait pour la protéger. Au final, elle était partie. Et deux ans plus tard, tu l’imitais finalement. Tu te rappelles encore quand ce type du ministère était venu t’annoncer que tu étais un sorcier, un brujo. Ta mère était effrayée et ton père acceptait la situation sans vraiment la comprendre. Pendant cinq ans – et donc jusqu’à tes dix-sept ans – tu fis tes classes dans une petite école de sorcier, plus abordable que la grande Ilvermorny. Tu rentrais pour les vacances en prenant le train, puis un bus jusqu’à ton village. Tu ne leur parlais jamais trop de ce que tu apprenais, tu cachais tes livres et ta baguette en arrivant. Tu savais bien que ta mère en avait peur et tu ne voulais pas la brusquer. Si le sujet restait tabou dans la maisonnée, tes parents ne te rejetèrent jamais.

Quand tu finis les cinq années obligatoires à l’école des sorciers, tu reviens définitivement à la maison. Mais, tes parents étaient vieux, installés, ne manquaient pas trop d’argent. Ton père était ouvrier et ta mère avait réussi à devenir professeur d’espagnol. Toi, tu avais envie de bouger. De découvrir la vie, la vraie, une vie sans facilités, une vie de moldu, juste pour voir. Alors, quand tu atteins dix-huit ans, tu décidas de partir. Tout commença avec un passage chez les militaires. Six mois dans l’US Army, l’armée de terre. C’est à cette période que commença ta fameuse collection de couteaux. Également à ce moment-là que tu découvris que les hommes te plaisaient autant que les femmes. A ta sortie, tu t’installas près de New York, avec la veine idée que tu trouverais bien quoi faire. Entre divers petits jobs, tu découvrais le plaisir de l’alcool, de la cigarette et du tatouage.

C’est à l’âge de vingt-et-un ou vingt-deux ans – l’âge de toutes les déraisons – que tu finis par te calmer. A vrai dire, tu avais trouvé la meilleure des motivations pour devenir plus assagi ; tu venais de découvrir le véritable amour. Marilyn. Caissière d’un vieux cinéma New-Yorkais, un peu miteux peut-être mais chaleureux. Peu de temps après avoir rencontré Marilyn, vous formiez un couple et il ne fallut pas attendre longtemps pour le mariage et le premier enfant : Val.

Les premières années se passèrent à merveille. Tu vivais heureux dans le monde moldu, sans contact avec le monde magique qui avait bercé ton adolescence. Malheureusement, un accident de voiture vient faucher ta femme alors que Val n’avait qu’une dizaine d’années. Papa célibataire. Voilà ton nouveau statut. C’est à ce moment précis que tu as décidé de reprendre contact avec ta nature de sorcier – est-ce que tu aurais pu éviter ce drame si tu n’y avais jamais renoncé ? Surprotecteur envers Val tu as tout fait pour lui offrir une des meilleures éducations possibles. Et ça a payé, aujourd’hui, à 23ans, elle est photographe professionnelle et travaille à New York. Tu es fier d’elle mais profondément attristé de la savoir si loin de toi. Vous vous appelez de temps en temps, tu lui envoie des cadeaux, c’est elle qui s’occupe de Betsy, depuis que tu es entré à Ilukaan.

Ce retour, quasi-inespéré du monde moldu au monde sorcier, c’est à Mary que tu le dois. Mary, ta précieuse amie d’enfance. Elle s’était éloignée de toi quand elle avait rencontré celui qui allait l’épouser, Joseph. C’était lui qu’il l’avait aidé à s’enfuir, toi aussi, tu aurais pu le faire. Elle avait bien changé depuis les années de l’enfance mais ça tombe bien, toi aussi. Vous vous êtes recontactés, elle a compris ta situation et t’as aidé. T’envoyant un nombre incalculable de livres et de ressources en ligne – aussi bien sur internet que sur le witchnet – elle t’as aidé à te mettre à jour, à te réintégrer dans la culture du monde magique. Tu as fini par rattraper ton retard. Tu es même un plutôt bon sorcier, ce qui ne te rend pas peu fier. Mary t’a introduit auprès de ses amis et connaissances et, il y a quelques années de cela, elle t’as proposé le poste de professeur d’Études des moldus à Ilukaan ce que tu as accepté, sans hésiter.